Par Valérie d’Emploi2017
Pour de nombreux Américains, la dernière reprise économique semble plus lente que jamais. La plupart des indicateurs économiques se sont nettement améliorés depuis la fin de la crise, mais ce n’est pas le cas de l’emploi qui progresse à pas comptés et n’a pas encore retrouvé son niveau d’avant-crise. Deux économistes américains expliquent ce phénomène par la transformation profonde du marché de l’emploi, qui n’a plus besoin des emplois routiniers tellement importants autrefois.
La dernière crise financière était officiellement finie en juin 2009, mais certains Américains ont mis plusieurs années pour s’en rendre compte, alors que les autres ne l’ont toujours pas ressenti. Plusieurs indicateurs économiques, comme indices boursiers, inflation ou taux de croissance du PIB, se sont remis très rapidement, mais le marché de l’emploi continue à stagner.
Le taux de personnes ayant un emploi1 aux États-Unis était de 62,7% au moment de l’expansion économique en 2007, ensuite il est retombé à 59,4% au moment de la fin de la crise. Pratiquement aucune amélioration observée cinq ans plus tard, avec un taux d’emploi affiché à 59,2% en décembre 2014. Il faut noter que ces chiffres ne nous disent rien sur le nombre de personnes occupant des emplois sous-qualifiés ou à temps partiel, soit sur une dégradation possible de l’offre d’emploi.
Mais ce n’est pas la première fois qu’on observe cette déconnexion entre la reprise économique et celle de l’emploi. En effet, c’est lors des récessions de 1991 et 2001 que les économistes ont commencé à parler des « reprises sans créations d’emplois ».
Au cours des récessions qui ont suivi les Trente Glorieuses, les emplois avaient tendance à réapparaître très rapidement, pratiquement au même rythme que la progression du PIB. Il fallait en moyenne seulement trois mois pour arrêter la chute de l’emploi et reprendre l’évolution à la hausse dans les années 1970-80. Depuis les années 90, on parle plutôt de 21 mois en moyenne pour les trois dernières récessions.
Pour regagner la moitié des emplois perdus durant la récession, il fallait 27 mois au plus dans les années 1970-80, ensuite on était à 38 mois pour la récession de 1991, et pour les récessions plus récentes cet objectif n’était toujours pas atteint.
Comment expliquer ce phénomène ? Pourquoi est-il plus difficile de relancer l’emploi aujourd’hui qu’autrefois ?
En se basant sur les données extrêmement détaillées du Bureau of Labor Statistics pour les secteurs de l’économie américaine, les deux chercheurs2 ont démontré que la cause de cette résistance de l’emploi se trouve dans la disparition progressive des emplois routiniers.
Par emplois routiniers, on entend ceux qui impliquent un nombre de tâches limité. Ces tâches se basent souvent sur des règles bien définies ou des instructions précises, et ne supposent pas d’initiative ni de prise de décision.
On peut faire une distinction entre les emplois routiniers manuels et les emplois routiniers intellectuels. Les emplois routiniers manuels sont ceux des ouvriers d’usine qui font fonctionner des machines de soudage, de montage ou de presse de métaux, des opérateurs de chariots élévateurs ou des réparateurs d’appareils électroménagers. Les emplois routiniers intellectuels incluent secrétaires, comptables, gestionnaires de bureau ou caissiers de banque.
L’impact du progrès technologique sur les emplois routiniers a été considérable. Plusieurs de ces métiers ne sont plus d’actualité ou ont complètement disparu. Les nouvelles technologies se sont montrées plus efficaces à effectuer la plupart des tâches qui demandent de la routine. Les machines à écrire ont été remplacées par les ordinateurs et les logiciels de traitement de texte. Pour trier, classer, ranger, rechercher des documents et faire des calculs on n’a plus besoin de secrétaires mais de Microsoft Office. Les équipements informatiques ont remplacé les guichetiers par les distributeurs automatiques et les agents de voyages par les sites de réservation en ligne. En seulement 20 ans, le nombre d’employés de bureau chargés du support administratif a chuté de 10%, malgré l’accroissement de la population en âge de travailler de 25%.
Dans les années 1980, un Américain en âge de travailler sur trois détenait un emploi routinier ; maintenant on est passé au ratio de un sur quatre.
Les emplois non routiniers manuels comprennent concierges, aides de soins de santé à domicile et aides-soignants. Les emplois non routiniers intellectuels sont les chargés des relations publiques, les analystes financiers ou les programmeurs informatiques.
La disparition d’emplois routiniers conduit à la nécessité de créer de nouveaux emplois, souvent suite à l’émergence de nouveaux secteurs comme les nouvelles technologies ou internet, mais aussi à l’exploitation de potentiel existant non employé dans les secteurs traditionnels ; prenez comme exemple les innovations introduites par Uber dans le secteur de taxi.
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Sur le web.
Le revenu médian des ménages américains est en baisse, je ne sais pas si il faut appeler ça une reprise.
Il n’est pas en baisse, il augmente, mais trop faiblement.
si : une reprise de chaussette …
Et nous ne sommes qu’au début de la robotisation donc cela va davantage s’accroître.
La crise aura accéléré les choses car les entreprises ont accru leur productivité pour produire autant avec moins de salariés.
un article routinier :
beaucoup de gens ne cherche pas de travail car les allocations dont ils disposent leurs suffisent …
beaucoup de patron n’embauche pas car les perspectives économiques sont flou alors que les contrats de travail ne sont pas flou du tout …
pour moi, l’impact de la réglementation est bien plus important que l’évolution technologique : au début des années 90 , on parlait de robots pour ramasser les fruits … on les attend toujours. en france ou la main d’oeuvre est chère et la réglementation bornée, on arrache les vergers, mais en espagne on en replante …
on ne peut qu’approuver notamment lorsque vous évoquez le potentiel inexploité, un véritable gâchis.