Par Jean-Baptiste Noé.
Les amateurs de Chesterton (1874-1936) l’attendaient impatiemment, et c’est chose faite, puisque paraît La Chose dans une traduction en français. Il s’agit d’un recueil d’articles publiés entre 1928 et 1929, dans lesquels Chesterton explique pourquoi il est devenu catholique. Sa conversion date de 1922, à l’âge de 48 ans. Dès lors, il met tout son talent d’écrivain et de polémiste à défendre le catholicisme, dans une société anglaise encore structurée par le conformisme anglican.
La Chose, c’est l’Église catholique, « poursuivie d’époque en époque, par une haine déraisonnable qui change perpétuellement de raison. » Chesterton veut dire sa joie d’être catholique, et les raisons qui l’amènent à adhérer aux mystères de cette foi, et au chemin tracé par l’Église. Chesterton s’inclut dans ce vaste mouvement spirituel anglais des années 1920-1930 qui a conduit de nombreux écrivains à devenir chrétiens. Parmi eux Tolkien et Lewis. Ancien ennemi de l’Église, Chesterton est à même de comprendre les griefs que l’on oppose à cette institution tout autant humaine que divine, et donc à y répondre avec une grande verve.
Il part très souvent d’un fait anodin pour le rattacher à sa vaste démonstration, et pour défendre sa thèse. Souvent, il s’égare dans des pensées un peu confuses, un peu lointaines par rapport au sujet qu’il se proposait de traiter, mais c’est finalement pour mieux rester au cœur de ce qui lui est cher. Il s’attaque aux dégénérescences de l’esprit chrétien qui teinte de mondanité les grandes œuvres du christianisme, comme la charité : « La charité, qui était le cœur flamboyant du monde, est devenue le nom d’un patronage, à la fois pompeux et avare, pour les pauvres, qui n’est rien d’autre, à l’heure qu’il est, qu’une réduction en esclavage des pauvres. »
Dans cet inédit, les amateurs trouveront tout ce qu’ils aiment chez Chesterton.
- Gilbert Keith Chesterton, La Chose, Flammarion, avril 2015, 352 pages
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Merci jean baptiste, je comptais m’acheter un livre de chesterton, sans trop savoir lequel…. ayant lu quelques articles sur le net à son sujet.
En auriez vous d’autres de cet auteur à conseiller, pour ” débutante” 🙂
anne
Pour Anne: “L’homme éternel” http://www.amazon.fr/Lhomme-%C3%A9ternel-Gilbert-Keith-Chesterton/dp/2856522785/ref=sr_1_7?s=books&ie=UTF8&qid=1429979873&sr=1-7&keywords=Gilbert-Keith+Chesterton
“Saint Thomas du Créateur” http://www.amazon.fr/Saint-Thomas-Cr%C3%A9ateur-Gilbert-Keith-Chesterton/dp/2856523250/ref=sr_1_8?s=books&ie=UTF8&qid=1429979873&sr=1-8&keywords=Gilbert-Keith+Chesterton
“Les enquêtes du Père Brown”? (pas lu)
A lire aussi, du même Gilbert-Keith Chesterton:
“Plaidoyer pour une propriété anticapitaliste” (aïe, ça ne va pas plaire, sur contrepoints!)
merci.
anne
Je vous conseille à commencer par ses romans apologétiques tels “la Sphère et la Croix” ou “le nommé jeudi”.
Permettez moi quelques clarifications.
Chesterton est devenu un fervent chrétien dès le début du XX siècle, suite à la rencontre de Frances Blogg, sa future femme, une anglo-catholiques faisant partie de cette branche ultra conservatrice d’anglicanisme, à l’époque plus encline à applaudir l’évêque de Rome que “le primat” d’Angleterre. Le mouvement des Lewis et Tolkien a par contre profité des écrits de Chesterton dans leur approche du christianisme.
Chesterton, en tant qu’écrivain, n’a jamais été un ennemi de l’Eglise catholique. Jeune adolescent il a par contre professé des idées en vogue sur la rigidité dogmatique et les guerres de religion qui en découlent…
Défenseur du christianisme mais ne tranchant pas quelle Eglise était la véritable (Cf. Orthodoxie), il envisageait sérieusement la possibilité de se convertir au catholicisme dès 1913, un pas qu’il n’a effectué cependant qu’en 1922. “La chose”, publié en 1929 ne concerne pas tellement sa conversion (bien qu’il en donne les motifs) mais ses polémiques apologétiques, surtout avec les modernistes protestants de son époque.