Par Benoît Rittaud.
Après le championnat d’hiver du climathon, qui a tenu toutes ses promesses avec la belle victoire, sur le fil, de Jean Jouzel sur François Hollande (cliquez ici pour revivre les meilleurs moments du climathon), place au championnat de printemps pour mettre en lumière les plus belles réalisations de propagande climatique francophone.
Accessit mérité pour « Politiques », l’émission de LCP présentée par Serge Moati, qui a abordé samedi un thème original, la conférence Paris Climat 2015 (à partir de 20’00). Avec des invités aux positions extrêmement originales elles aussi.
Paris Climat 2015, dernière chance pour la planète ? Non, « seulement » pour l’humanité explique doctement Pierre Radanne, qualifié par Serge Moati d’« expert plus que reconnu des questions énergétiques et climatiques ». Le même Serge Moati s’étonne et s’inquiète ensuite que seuls 13% des Français considèrent le climat comme un enjeu prioritaire, avant de s’emporter : « Il faudrait quand même essayer de faire quelque chose ! », tonne-t-il dans l’un de ces élans de neutralité auxquels le journalisme français nous a maintenant bien habitués. Réponse d’Anne-Sophie Novel (23’10) :
« En tant que journaliste, je me rends bien compte qu’il est difficile de parler de ces sujets, que le climat n’intéresse pas les foules, qu’on s’intéresse plutôt à Nabilla ou à d’autres sujets superflus, et malheureusement c’est pourtant le sujet le plus important aujourd’hui. »
Ne pas se laisser voler la vedette par des problèmes secondaires, tel est l’objectif. Nul doute en effet que ces arriérés de Français n’attendent des médias que des infos people. Le chômage, l’éducation, la santé ou la sécurité n’étant pas des sujets, force est de convenir que c’est la faute de Nabilla si tout le monde se désintéresse du climat. (Défense, en revanche, de s’en prendre aux stars de la chanson qui avaient participé à ce clip de fine propagande pour la conférence de Copenhague qui devait sauver le climat en 2009. Ces people-là ont, eux le droit de l’être : ils pensent dans le bon sens.)
Autre accessit de cette semaine décerné au Haut Conseil de la Santé Publique, qui vient de produire un rapport, présenté à la presse cette semaine, affirmant qu’il est « impératif » de réduire les émissions de gaz carbonique. Enfin… c’est ce qu’en rapporte Le Point, qui en profite pour titrer « Danger : les effets du changement climatique déjà perceptibles », agrémentant son article fin et mesuré d’une photo de feu de forêt ainsi légendée : « La réduction de l’émission de gaz carbonique est devenue une priorité absolue ». Le jury regrette que le rapport en question n’ait été que présenté à la presse et ne soit pas, semble-t-il, en libre accès au public : en effet, la présentation qu’en fait Le Point suggère à l’évidence que, sur le plan de la qualité et de l’intérêt, ce énième très important rapport a une forte parenté avec celui sur le climat en France au XXIè siècle, dont les lecteurs savent déjà tout le bien qu’il faut penser…
Le vainqueur de la semaine 13
C’est avec une joie non dissimulée que le jury décerne le titre de vainqueur de la semaine 13 à Sylvestre Huet, un journaliste bien connu pour ses propos toujours dans la ligne du parti. Cet excellent soldat du carbocentrisme, à la docilité jamais démentie, vient en effet de reproduire sur son blog hébergé par Libération une interview de lui-même. Cette belle illustration d’endogamie journalistique est pour lui l’occasion de se faire passer la brosse à reluire de répondre à des questions neutres et objectives sur son travail, tout en renvoyant lui aussi l’ascenseur en rendant hommage à ceux dont il sert si loyalement la cause. Avec fierté, il explique ainsi avoir définitivement rompu avec cette éthique archaïque qui imposait une raisonnable distance du journaliste avec ceux qu’il interroge. Cette éthique, qui présentait l’évident inconvénient de favoriser un regard critique, a donc laissé la place chez lui à une « relation de confiance avec les scientifiques spécialistes du climat », « assise sur une longue fréquentation ».
Il lui en faut du courage, à Sylvestre Huet, pour lutter vaillamment contre ces hordes de rédacteurs en chef qui veulent l’empêcher de diffuser le bon message d’informer. Celui-ci « proche de Claude Allègre » (scandale !), celui-là qui veut le forcer à simplifier son article, cet autre qui voudrait donner la parole à Vincent Courtillot… « Pourquoi tant de haine ? » se demande finalement un Sylvestre Huet qui, comme il le démontre une fois encore dans cette interview, demeure pétri de tolérance pour les opinions qui ne sont pas les siennes. À cette question naturelle il répond ceci :
« Il serait toutefois erroné de voir dans le climato-scepticisme la raison profonde de la difficulté à conduire des politiques de maîtrise des émissions de gaz à effet de serre. Il faut plutôt chercher ses origines du côté des modèles économiques et de consommation, des inégalités sociales et de la géopolitique des ressources énergétiques. »
À tous les compétiteurs qui se réjouissaient secrètement de sa relative discrétion lors du championnat d’hiver : prenez garde, le grand journaliste scientifique de Libération est bel et bien au rendez-vous du climathon. Il sera difficile de l’arrêter.
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Mer il et fou le Huet
Il vous reste encore du temps avant de vous repentir de votre climato-septisme. Le jour du réchauffement final, vous ne serez pardonné si vous continuez ainsi. Que l’Etat soit avec vous et vous guide vers lui …
la pendaison des climato-sceptiques est pour moi la manière la plus écologique de se débarasser des ennemis de la planète.
Vivement qu’il fasse plus chaud ❗ J’ai des cornichons à faire pousser moi, et il ne fait pas assez chaud 🙁
C’est vrai on se les caille encore cette année, et meteo.fr nous prévoit encore du 2° / 14° pour la quinzaine qui vient
On se les caille? Et pour les cornichons, vous espérez avoir un temps estival dès le 2 avril?
Encore une fois, l’exigence météo démesurée est à l’oeuvre. Donc selon vous, on se les caillerait encore une fois cette année. Pouvez vous me citer les autres fois? C’est un propos tellement flou (et faux) qu’il veut tout et rien dire à la fois (ou? quand? combien de temps?).
Secondement, les températures de ces derniers mois et notamment ce début de printemps sont conformes aux moyennes de saison. Ainsi, lorsque l’on ne connait pas un temps exceptionnel comme notamment en 2011 , on hurle au froid. Alors que serait vos réactions si on avait un temps plus froid que la moyenne? On n’imagine même pas, tant cela devient rare au printemps.
Après un hiver 2013/2014 tout à fait exceptionnel, un printemps 2014 chaud, un été normal (pour une fois..), un automne exceptionnellement chaud, un hiver assez doux mais sans plus mais surtout très pauvre en phénomènes hivernaux ( épisode de gel fort ou prononcé.. neige..), le printemps commence normalement et vous osez parler de froid. Et encore, on a battu des records de douceur au mois de mars en dépassant largement les 20° en début de mois.. mais ça, vous ne le voyez pas bien sur.
Et 2/14 est parfaitement conforme aux normales (un peu frais le matin mais banal, un peu plus doux l’après midi que la normale … pour le bassin parisien) enfin, précisez à quel endroit car ça ne veut rien dire…vous vous attendiez à quoi, 12/25 peut être?
Vous voyez votre ignorance et votre exigence incroyable. Si on avait à nouveau les printemps d’il y a 40 ans, vous auriez hurlé au danger du retour de l’ère glaciaire…
Il y a 2 semaines on était encore à l’hiver calendaire…. on est dans un pays au climat tempéré jusqu’à preuve du contraire….
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