Taxer les importations pour réduire le déficit commercial ne sert à rien

Le protectionnisme se fait toujours aux dépens des entreprises et des consommateurs.

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Taxer les importations pour réduire le déficit commercial ne sert à rien

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 27 février 2015
- A +

Par Marius-Joseph Marchetti.

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Dire qu’il faut taxer les importations pour “réduire le déficit commercial” ne sert à rien. Pour la simple et bonne raison qu’une taxe sur les importations se traduit irrémédiablement par une taxe sur les exportations ou inversement, qu’une subvention à l’exportation se traduit également par une subvention aux importations. Lorsque vous mettez un droit de douane sur un bien pour protéger une entreprise en particulier, vous la protégez certes (à court terme, car lorsque ce privilège cessera, elle trinquera, il suffit de regarder la SNCM) mais au prix de la prospérité des autres entreprises, car avec ce droit de douane, vous modifiez les prix relatifs et donc à terme, vous modifierez les structures de production et l’allocation des ressources vers une position qui n’aurait pas été souhaitée si l’échange avait été libre, non entravé par l’usage de la contrainte. Ainsi, vous permettez sûrement le développement de l’entreprise protégée, mais les autres entreprises non protégées sont, ipso facto, désavantagées. Grâce à ce privilège, l’entreprise protégée va donc utiliser et gaspiller des capitaux supplémentaires qui ne pourront être alloués aux autres entreprises en ayant besoin, soit un bon moyen de détruire de la richesse et d’appauvrir tous les non privilégiés.

On peut alors rétorquer : “Maintenons donc des droits de douane partout dans ce cas.”

Instaurer des droits de douane sur l’ensemble d’une économie n’a qu’un seul effet, et pas le moins néfaste, au contraire. Des droits de douane équivalents sur l’ensemble des biens, imaginons de 3%, n’a aucun effet, car les prix relatifs ne sont pas modifiés (et donc tout le monde paie le privilège de tout le monde). En revanche, il se produit  le retrait du pays dans le commerce international car rappelons cette vérité bafouée aujourd’hui, pour vendre, il faut d’abord ACHETER. Ainsi, des droits de douane généralisés n’ont aucun effet protecteur mais nuisible : diminution et retrait des flux commerciaux internationaux, division du travail complexe, encouragement de l’autarcie des pays, et incitation potentielle à la guerre, l’échange et la coopération volontaire ne présentant plus d’avantages. Et autant dire que plus un pays est petit et plus il a gros à perdre, car il a moins de chances d’avoir une économie diversifiée (il souffrira d’autant plus de ses politiques protectionnistes).

Nous pouvons ainsi entendre cette phrase récurrente : “Nous souffrons d’une sortie de capitaux ET d’une balance commerciale déficitaire due à la liberté d’importation.” Or, une sortie de capitaux s’accompagne obligatoirement d’un excédent commercial et d’une entrée de capitaux par un déficit commercial. Vous ne pouvez pas souffrir d’une sortie de capitaux ET d’un déficit commercial, c’est impossible, car il y a toujours équilibre de la balance des paiements (et non pas de la balance commerciale). À une exception près, qui est généralement la conséquence même des politiques des tenants du protectionnisme. Seules deux choses peuvent amener à un déficit de la balance des paiements : la création de faux droits, qui résulte soit d’un déficit public, soit de la création monétaire. Remercions donc nos politiques pour ces décennies de déséquilibre de balance de paiement (dont ils ne semblent pas s’offusquer).

Voir les commentaires (9)

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  • pas convaincu du tout et la fin me laisse perplexe : une sortie de capitaux est bonne pour la balance commerciale..les russes et les grecs en sont ravis .

    • Là, vous parlez de fuite des capitaux, à cause de l’insécurité juridique concernant le droit de propriété. Pas une question de balance commerciale…

      Le commerce international est un échange. On échange des marchandises contre des devises étrangères. On importe des devises étrangères, non pas pour les collectionner, mais pour les échanger, soit contre des devises nationales à des gens qui trouvent une utilité aux devises étrangères, soit directement contre des produits étrangers.
      La valeur de la devise étrangère provient de la garantie qu’elle pourra servir à l’importation de produits étrangers, ou encore à l’investissement ou au prêt aux pays d’origine de cette devise.

      Le protectionnisme, c’est une déclinaison de la croyance populaire qui veut que l’État est éclairé et sait mieux allouer les ressources que le marché. Si c’était vrai, l’URSS existerait toujours et la France serait première puissance économique européenne…

    • Bon, déjà, la balance commerciale on s’en fout. C’est un fétiche qui est, en plus, compris à l’envers : une exportation c’est un bien qui sort du pays au profit des étrangers, et on compte ça “positivement” ! Quoi de plus débile ? On devrait se réjouir des importations puisque ce sont autant de biens qui rentrent, mais non, on s’en désole !
      et pourquoi donc ? Parce que le peuple est débile. C’est le prince qui se réjouit de voir son peuple au travail, pendent ce temps il ne fait pas le con et ne fait pas chier le prince. Et si le prix à payer pour ça c’est que les biens produits soient envoyés à l’étranger, c’est encore mieux pour le Prince : ça fait autant que le peuple n’aura pas !

      Une balance commerciale “positive” est bonne seulement quand elle manifeste la supériorité des biens produits dans le pays par rapport à l’équivalent étranger, elle est alors le signe de la performance du système productif. Et inversement, u ndéficit commerciale PEUT résulter d’un appareil productif attardé par rapport à la concurrence étrangère. Corriger ça par des taxes c’est aussi con mettre des glaçons sur le thermomètre parce quo’n observe une fièvre. C’est même encore plus con, car parmi les biens taxés il en est qui sont nécessaire à l’appareil productif, qui va donc supporter des charges supplémentaires et être encore moins efficace

  • On néglige trop l’effet bénéfique d’une taxe sur les importations, qui permet de lancer ou de relancer une (des) activité qui était auparavant réalisée à l’étranger. C’est ce qu’ont fait et font directement ou indirectement les plus grandes économies du monde, actuellement les USA et la Chine pour assoir leur domination économique. Cela permet une réduction du chômage et une croissance économique dans le pays qui a établi une taxe de montant adéquat.
    Pour les plus grands pays cela permet la prise de contrôle au moins momentanée d’une activité, et permet ensuite d’imposer éventuellement une baisse les taxes chez soi et les autres, si c’est plus profitable au pays et empêche les autres pays concurrents de se renforcer à l’abri de leur propre taxe sur les importations (une phase de libéralisation du commerce). Mais la taxe sur les importations est insuffisante à compenser la dégradation économiques créée par trop de mauvaises dépenses et de bureaucratie publiques, les lois antiéconomiques (complexification, travail le dimanche en grande et moyenne distribution,..),…

  • Petit détail :

    Ainsi, vous permettez sûrement le développement de l’entreprise protégée,

    Je dirais que vous lui enlevez des chances de s’adapter.

  • le protectionnisme est le premier pas vers le totalitarisme, l’histoire le prouve

  • Les exportations servent à payer les importations. Les importations sont l’avantage principal du commerce international.
    Le deficit commercial est dû à l’arbitrage entre epargne et consommation. Si on consomme plus que l’on produit, il faut inevitablement importer. Dans ce cas là, les importations sont payées à credit sur notre production future (la balance commerciale s’equilibre à terme). C’est le deficit public. Les Francais epargnent mais l’Etat depense de facon invraisemblable.

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