Par Jacques Garello.

Cocorico au Quai d’Orsay vendredi dernier : le déficit commercial de la France s’est réduit en 2014, passant de 69,8 milliards d’euros en 2013 à 53,8 en 2014. Sur trois ans, c’est un tiers du déficit qui a été effacé. Voilà un résultat qui doit sans doute beaucoup au fait que le commerce extérieur de notre pays est désormais sous la coupe des diplomates de notre ministère des Affaires Étrangères au lieu de dépendre du ministère de l’économie. On aurait dû y penser plus tôt ; le commerce dépend de l’État bien plus que des entreprises.
En fait, le déficit ne s’est pas réduit, mais plutôt creusé. Notre compétitivité est nettement insuffisante. C’est en soi inquiétant. Mais ne doit-on pas s’alarmer aussi de la baisse du commerce au niveau mondial ?
Un déficit purement comptable
La balance commerciale est une donnée purement comptable et il ne faut pas céder à l’obsession de la balance. Bastiat expliquait qu’après tout, si on importe plus qu’on exporte, c’est signe qu’on peut acheter moins cher à l’étranger des marchandises que nous consommons : c’est un gain de pouvoir d’achat. Si un bateau chargé d’une riche cargaison coule à l’entrée de la Gironde, la balance s’améliore !
En fait, le déficit a diminué surtout du fait de la baisse du coût des produits pétroliers amorcée dès juillet, ce qui représente 11 milliards de moins sur la facture énergétique extérieure.
Mais la balance donne une information plus significative : elle permet de comparer les capacités d’exporter d’une économie nationale. Or, de ce point de vue, on observe deux phénomènes. D’une part, la France est en déficit commercial avec la plupart de ses partenaires européens : Allemagne, Belgique, Italie, Pays Bas. D’autre part, certaines de nos exportations, jusqu’à présent bien solides, ont perdu des parts de marché mondial : ainsi en est-il de l’industrie pharmaceutique et de l’agro-alimentaire.
Vive le « made in France »
On sait que les exportations françaises sont très concentrées sur un très petit nombre de secteurs, comme l’aéronautique et la chimie, et de produits (alcools et agro-alimentaire) dont les fluctuations sont importantes, ce qui s’est constaté en 2014. Elles ont atteint les « gros exportateurs », représentant 70 % de l’ensemble. Quant aux PME qui se lancent dans la compétition internationale, elles ont du mal à y rester plus de deux ans, d’après le secrétaire d’État Mathias Fekl. Il y a une vieille tradition française : les débouchés extérieurs sont une roue de secours quand il y a des invendus sur le marché français. Cette tradition n’est pas morte et, avec la campagne effrénée du « made in France », on semble repartir à la « reconquête du marché intérieur », comme disait Monsieur Fabius en 1981. Restons entre Français ! Tout se passe comme s’il fallait avant tout barrer la porte aux importations et inciter le consommateur français à se passer du bienfait de produits étrangers à bas prix pour cause de patriotisme – et à pérenniser la faible compétitivité de nos producteurs.
Frein de la mondialisation ?
Il est vrai que, de façon plus générale, le commerce mondial n’a pas été très brillant au cours des trois dernières années, où sa croissance a été inférieure à celle du PIB de la plupart des pays. Certains disent que les taux annuels de croissance du commerce, à 20 % et plus, étaient exceptionnels, dus à de fortes disparités de salaires entre pays riches et émergents. Maintenant tout « rentrerait dans l’ordre ». Il faut au contraire souligner que les changements dans la structure des pays émergents ont été spectaculaires : ils exportent de plus en plus de produits manufacturés, ils n’ont donc plus à être les importateurs ou les sous-traitants d’entreprises étrangères. Quant à la baisse mondiale de la demande, intervenue à la suite de la crise, elle n’a pas eu une intensité suffisante pour expliquer le ralentissement du commerce mondial. Il est donc vraisemblable que les modifications structurelles sont bien plus importantes que toute considération conjoncturelle.
Enfin, n’oublions pas le risque de « guerre économique » : le protectionnisme larvé, parfois même ouvert, a ralenti les échanges. Si cela devait se confirmer, on pourrait en effet parler d’un frein à la mondialisation et ce serait bien dangereux. Mais l’interdépendance des économies nationales n’a-t-elle pas atteint un point de non-retour ?
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les bienfaits des produits étrangers à bas prix….un bienfait ? je ne vois pas quel bienfait il y a à acheter des produits de mauvaises qualités qui du coup s’avère être chers vu qu’il ne valent rien ; et au fait , l’inde à décider de fabriquer du made in inde , car cela perméttrai de créer un grand nombre d’emploi dans ce pays ; quel mal y a t’il à ça ?
Vous n’êtes pas obligée d’acheter des produits de mauvaise qualité, qu’ils soit français ou étrangers. Pire, les produits de bonne qualité n’existent pas ou plus en France dans de nombreux secteurs économiques pour les raisons que l’on sait. Imposer d’acheter local réduit non seulement le pouvoir d’achat des Français mais aussi la qualité acquise. La perte de pouvoir d’achat conduit à une perte de pouvoir investir, donc à la perte d’emploi. Cette triple peine explique pourquoi le choix des consommateurs ne consiste pas à choisir d’acheter français ou pas, mais de consommer ou pas. Quand bien même un produit serait français, s’il est mauvais, s’il ne satisfait pas la demande, s’il n’est pas efficient, il ne sera pas consommé du tout (ou beaucoup moins).
Contraindre d’acheter des produits artificiellement estampillés français ou étrangers est parfaitement indifférent pour l’emploi local, en Inde comme en France. Ce qui compte, c’est la localisation des marges car ce sont elles qui permettent les investissements, donc les emplois de demain. Dans cette optique, il faudrait peut-être cesser de taper sur les capitaux ou de pourchasser les entrepreneurs, ne pensez-vous pas ?
J’imagine, en lisant votre commentaire, que vous n’avez pas encore lu la “Pétition des marchands de chandelle” de F. Bastiat. Réparez vite cette lacune : http://bastiat.org/fr/petition.html
Ce texte, est comme toujours chez Bastiat, d’une clarté extrême. Tout autre argument serait superfétatoire.
Le commerce extérieur n’intéresse pas nos Socialos.
Une bande de riches, pour s’enrichir, ils ne les intéressent que quand ils peuvent y placer à des postes de haut cadres, leurs amants, amantes, cousins et autres petit-enfants.
Ce qui intéresse la Gauche c’est l’ouvrier qu’ils ont détruit : le mineur, le gars des hauts fourneaux, qui sue devant le métal en fusion, la couturière, le tanneur…. Un monde virtuel, sur lequel ils débattent et dont les ultimes représentants votent FN.