Davos détourné par les bureaucraties anti-croissance

Le forum de Davos a servi cette année de plateforme de communication aux bureaucraties nationales et internationales pour accroître l’argent public.

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Forum économique de Davos 2015 - Credit World Economic Forum (Creative Commons)

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Davos détourné par les bureaucraties anti-croissance

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 25 janvier 2015
- A +

Par Bernard Zimmern

Forum économique de Davos 2015 - Credit World Economic Forum (Creative Commons)

Davos aurait dû être le rassemblement mondial du capitalisme tourné vers les politiques de croissance dont l’absence se fait tragiquement sentir dans la plupart des politiques publiques.
Il a servi cette année de plateforme de communication aux bureaucraties nationales et internationales pour accroître l’argent public qui les nourrit sous prétexte de plus d’égalité, et de défendre la croissance, mais en réalité avec l’effet inverse.

Dans le sillage du succès remporté par les idéologues de gauche avec les impostures statistiques de Thomas Piketty & Co. (voir ci-dessous l’une des plus belles), les organismes internationaux qui vivent de l’argent public, l’OCDE, la Banque Mondiale, le FMI se sont coalisés pour faire diffuser dans l’opinion que les inégalités tuaient la croissance et convaincre nos dirigeants qu’il fallait plus de redistribution, que les États prélèvent davantage sur les riches et reversent plus aux défavorisés.

Pour le FMI et Christine Lagarde, c’est compréhensible : Olivier Blanchard, le chef économiste du FMI, est depuis longtemps de gauche ; c’est lui qui a fait venir aux États-Unis Piketty et Saez, frais émoulus de Normale Sup. Pour l’OCDE et la Banque Mondiale, il semble qu’il s’agisse de conversions plus récentes, quand ils ont vu l’aéronef des égalitaristes s’envoler et qu’ils se sont dit qu’il valait mieux se trouver du bon côté de la sébile pour leur carrière et l’argent qui coule sur leurs organisations. Pour ceux qui auront le courage de lire le dernier rapport de l’OCDE sur inégalités et croissance, nous doutons qu’ils soient convaincus par des équations qui finissent par découvrir ce qui, au mieux, est un cheveu dans les paramètres de la croissance.

Il vaut mieux aller voir ce que dit le maître : les inégalités auraient augmenté aux États-Unis ; cela est impardonnable en soi car, comme tout le monde le sait, les inégalités divisent la société. Nous croyons au contraire que les inégalités sont l’ascenseur qui pousse les humains, notamment les jeunes, à prendre l’ascenseur social, à se dépasser, à créer de la richesse, à faire reculer le chômage et la pauvreté.

Le maître dit : ce sont les très hauts salaires, ceux des dirigeants du Dow Jones ou du CAC40 qui sont devenus fous, et ceux des hauts cadres dont le salaire n’est plus en rapport avec leur apport effectif à la société. Comme toutes les affirmations de Thomas Piketty, c’est là où il faut gratter et vérifier.

Nous avions mis deux mois à trouver où était son escroquerie dans son ouvrage précédent Pour une révolution fiscale1, nous avons mis à peu près le même temps pour montrer qu’aux États-Unis, le temple de la montée des inégalités, il y a bien montée, mais faible, et que celle-ci s’explique par le succès de ses entrepreneurs, pas par les salaires. (voir « Le point sur la montée des inégalités de revenu et de patrimoine aux États-Unis »). Plus de 80% en effet de la montée de leur patrimoine se trouvent dans leurs investissements industriels, et notamment dans les très petites entreprises que dirigent les trois quarts d’entre eux, mais pas dans les salaires.

Ce qui gêne le plus les égalitaristes, ce sont les listes des milliardaires de Forbes qui montrent que les deux tiers d’entre eux ont créé leur fortune de leur vivant et que plus de 80% du patrimoine total des milliardaires aujourd’hui proviennent, non pas de la croissance de la fortune de ceux qui étaient déjà dans la liste de Forbes à ses débuts – la théorie de la rente chère à Piketty et Stiglitz –, mais de ceux qui y sont rentrés depuis. Ceux qui sont au sommet n’y restent pas, mais c’est cette montée de tous ces entrepreneurs vers le sommet qui soulève la toile cirée des richesses vers le haut et a fait la prospérité des sociétés occidentales. Dénoncer cette montée, c’est faire la guerre à tous ces entrepreneurs.

Demandez donc aux Français s’ils ne préfèreraient pas avoir deux fois plus de milliardaires mais aussi le taux de chômage des États-Unis ou de la Grande-Bretagne. Il ne faut certes pas prôner les inégalités que l’on rencontre dans les dictatures des pays en voie de développement. Mais, dans les pays occidentaux, faire la guerre aux inégalités ne sert que les bureaucraties qui en vivent.

Il faut savoir que la France est l’un des pays ayant le Gini, l’indice d’inégalité, le plus bas, mais que la part des prélèvements transférés des riches aux pauvres est environ moitié de ce qu’elle est aux États-Unis, au Gini beaucoup plus élevé, et que la différence va dans la poche des fonctionnaires qui vivent de cette redistribution.

Il serait peut-être temps que les entrepreneurs de Davos s’inquiètent des statistiques et conclusions qui leur sont présentées par les organismes publics.

Un remarque pour conclure : dans la même veine, il faut citer la réplique de Marc Fiorentino dans sa newsletter à propos d’Oxfam :

« Hier une des « news » du jour que tous les médias se sont précipités de reporter était que « 1% de la population mondiale détenait 50% des richesses mondiales ». Chacun y est allé de son commentaire. Le problème c’est que personne n’a lu le fameux « rapport » qui soutient ces chiffres et personne n’est allé sur le site de l’ONG qui publie ces chiffres. Je l’ai fait. Et je vous conseille de le faire. Il s’agit de l’OXFAM dont la branche française est une émanation d’ATTAC. Si vous avez le temps, lisez ce qu’ils écrivent des pays où ils interviennent : la Russie et Cuba sont des pays formidables, le Maroc une démocratie éclairée, Israël n’existe pas mais il y a un pays qui s’appelle « la Palestine occupée », etc. etc. C’est donc une étude aussi fiable que celle que pourrait faire la CGT sur la place des patrons en France. Mais comme tout le monde répète ce que tout le monde répète, sans creuser, c’est parfait. »

« Si vous voulez des données sérieuses, le rapport sur la pauvreté dans le monde de l’ONU : The millenium development goals report qui montre le recul spectaculaire de la population dans le monde qui vit en dessous du seuil de très grande pauvreté, le recul de la mortalité infantile, le recul de la malnutrition. La route est longue mais le monde s’améliore. »


Sur le web.

  1. Voir Les Échos du 31 mai 2011.
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