Élections en Grèce, le temps de l’incertitude

C’est sans enthousiasme que les Grecs vont se rendre aux urnes ce dimanche pour ce qui ressemble à un referendum sur la politique d’austérité.

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Grèce Credit RG1033 (Creative Commons)

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Élections en Grèce, le temps de l’incertitude

Publié le 24 janvier 2015
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Par Dimitri Anagnostaras

Grèce Credit RG1033 (Creative Commons)

La campagne électorale en vue des élections qui auront lieu ce dimanche en Grèce aura été pour le moins terne selon les standards grecs. Il y a bien eu les grands rassemblements devant le Parlement, ainsi que leurs équivalents en province, les marches électorales au rythme des mégaphones, les militants qui installent des stands sur les places de chaque quartier et de chaque village, mais il n’y a plus l’insouciance d’avant la crise, où les gens pouvaient croire sincèrement, le temps d’une élection, aux promesses les plus farfelues des politiciens.

La mobilisation politique de la société civile en réaction à la crise avait eu lieu en 2010-2011 avec le mouvement des indignés et les mobilisations syndicales contre les mesures d’austérité. Cette période d’intense activité politique qui fit exploser la classe politique grecque en la polarisant entre pro-austérité et anti-austérité est également bien loin. L’absence de résultats des mobilisations générales a lassé les gens.

Depuis les élections de 2012, le parti Syriza réclame constamment la démission du gouvernement, multipliant les motions de méfiance au parlement. Le pays vit depuis trois ans dans un climat de campagne électorale permanente, il a déjà renouvelé les autres mandataires lors des élections communale, provinciale et européenne de mai 2014. Les gens sont las de cette activité politique continue et espèrent que ces élections permettront de donner un mandat clair à une formation afin qu’elle applique son programme pendant toute une législature.

C’est donc sans enthousiasme que les électeurs vont se rendre aux urnes ce dimanche pour ce qui ressemble à un referendum sur la politique d’austérité. Les élections se joueront entre Nouvelle Démocratie, le parti de droite, et Syriza, le parti de la gauche de la gauche qui a phagocyté le parti socialiste Pasok au point que celui-ci pourrait ne pas entrer au Parlement.

Tout les sondages indiquent que Syriza devrait l’emporter ; il est probable qu’il doive s’allier avec un autre parti pour atteindre les 40% qui lui permettent de faire un gouvernement dans le système semi-proportionnel grec.

Le parti Syriza est l’équivalent grec du Front de gauche : il a un programme de généreuse redistribution, mais s’il arrive au pouvoir, ce sera dans un pays exsangue, dont la dette publique est de 170% et qui n’arrive à se financer que par un mécanisme de soutien européen, conditionné à une politique d’austérité. La question que tout le monde se pose est de savoir où l’on trouvera l’argent pour financer les promesses d’augmentation des retraites, du nombre de fonctionnaires, de baisse d’impôts et de suppression de l’impôt foncier.

Syriza dit qu’il ira négocier un plan de relance auprès de l’Europe, mais peut-on sérieusement envisager que des pays d’Europe de l’Est plus pauvres que la Grèce payent pour ses déficits ? La lutte contre la fraude fiscale est également une idée qui revient régulièrement dans les discours du parti, mais espérer combler les déficits du jour au lendemain de cette manière semble utopique. D’autant plus que depuis l’annonce des élections, les ménages retardent le paiement de leurs impôts en prévision de temps troublés…

Au-delà des pétitions de principes, le programme de Syriza est pour le moins flou, et les déclarations des candidats sont souvent contredites ultérieurement par le parti. Prévoir ce qui se fera dans un gouvernement anti-austérité et quelles mesures seront prises lorsque ses bonnes volontés se heurteront à la réalité est pour le moins hasardeux. Les scénarios vont du tournant de la responsabilité qui amènerait le parti dans une voie social-démocrate à un gouvernement populiste de gauche à la sud-américaine.

Mais une chose est sûre, pour qui travaille ou a une entreprise en Grèce, le fait que ce gouvernement n’ait pas le contrôle de sa monnaie et que l’Europe garantisse le droit de propriété ne semblent pas des précautions superflues. Ces prochaines semaines risquent d’être mouvementées. 

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  • Les grecs sont pitoyables, ils font des erreurs et quand vient l’addition ils refusent d’admettre leurs fautes et vote pour un Mélenchon qui promet hausse du salaire minimum, embauche des fonctionnaires et des travaux publics. Curieux de voir où il trouvera l’argent.
    Espérons que Merkel leur fera pas de cadeau.

    • C’est simple, si Syriza est un parti genre Méchancon, il se fera élire sur de belles promesses et de beaux discours idéologiques de justice et toussa. Et quand, parvenus au pouvoir, ils prendront la mesure de l’étendue des dégâts, ils commenceront alors à ouvrir des kolkhozes…

      • Pas tout à fait d’accord sur la fin … Ils diront alors que ce sont les néo-libéro-capitalistes qui minent le pays ; un peu à la Vénézuélienne.
        Et une fois de plus l’échec flagrant, sans équivoque, du socialisme sera mis sur le dos du capitalisme débridé mangeur de bébés communistes. Et ce sera reparti pour un tour …

        • Oui oui, ils diront tout ça, vous avez raison, et après, quoiqu’il en soit, ils ouvriront les kolkhozes!
          Evidemment, comprenez les kolkhozes dans un sens symbolique, pour signifier que le gouvernement Syriza embrayera sur une collectivisation communiste, porte ouverte à toutes les dérives tyranniques comme au Venezuela, en effet.

    • j’ai un peu de mal à saisir leur raisonnement. la gauche détruit leur pays (le PASOK) et ils votent pour un parti de gauche radical qui en gros leur promet de rétablir la situation d’avant où tout le monde profitait de l’argent gratuit. on voit la propagande gauchiste des médias étrangers qui mettent sur le même pied le PASOK et la Nouvelle Démocratie. bien que je ne sois pas fan de la nouvelle démocratie car c’est un parti beaucoup assez socialiste et antilibéral, il est à trop à gauche pour moi et que je nie pas qu’il a une part de responsabilité dans la situation actuelle en Grèce, je trouve injuste de mettre ce parti sur le même pied que le PASOK qui est clairement le plus grand responsable de la situation actuelle. d’ailleurs, ce n’est pas pour rien que la nouvelle démocratie reste un parti important tandis que le PASOK s’est complétement effondré

    • certe les grecs sont pitoyables et surtout croient encore au père noël , mais ce sont les dirigeants qui sont le plus à blamer car ce sont eux qui ont mis la grèce dans ce pétrin , et ces gens là , les politiques , les zélus , ne morflent jamais ; ni en grèce ni ailleurs ;

  • Les gens sont tous les mêmes, andoctriné par la propagande socialiste, ils essayent la droite sa marche pas, la gauche sa marche pas, de nouveau la droite, de nouveau la gauche, puis l’extrème droite, puis l’extrème gauche, etc… le communisme, le socialisme ne fonctionne pas! Maintenant que vous avez fait joujou les socialos, essayer une politique liberal, est vous verrai… (j’en peut plus)

  • Un petit Venezuela en Europe, avec notre argent, youhou.

  • Syriza n’aura pas besoin de s’allier à d’autres pour gouverner car les Grecs ne sont pas idiots et voteront massivement pour ceux qui veulent mettre fin à une austérité mortifère et destructrice d’emplois.
    Ce n’est pas le peuple grec qui a endetté le pays mais les tès riches entrepreneurs grecs qui ont mis leurs capitaux à l’abri dans les paradis fiscaux et n’ont apporté aucun soutien financier au pays en fonction de ce qu’il devait à la collectivité

    • il faut arrêter de dire que c’est de la faute des riches c’est ridicule. c’est l’ensemble du peuple grec qui est coupable (même s’il faut admettre que l’élite grec (tant politique qu’économique) a une plus grande responsabilité que le reste de la population). toute la population a profité de l’endettement de la grèce à commencer par les fonctionnaires grecs qui avaient le même salaire que les fonctionnaires belges. parfois, ils avaient 14 mois de salaires. ils avaient des avantages scandaleux. la fonction publique grecque est l’un des plus inefficace d’europe. la Grèce doit d’urgence réformer sa fonction publique. les riches grecs ne payaient pas leurs impôts tout comme le reste de la population.

    • syriza promet tout et son contraire. si elle appliquait son programme il faudrait pas 6 mois pour que la grèce fasse faillite. regardez un peu le désastre en amérique latine où la gauche est obligé d’utiliser des méthodes autoritaires (qui vont jusqu’à des assassinats) pour se maintenir au pouvoir. la différence avec des pays comme le vénézuela qui était très riche en ressources naturelles s’est que la grèce est déja en faillite. pour rappel, la grèce est l’un des pays les plus socialistes d’europe.

    • si les grecs étaient intelligents, ils sortiraient de l’euro. il faut que l’état grec fasse un défaut de paiement. mieux vaut souffir énormément quelques années pour permettre un avenir meilleur aux futures générations que souffrir moins sur le court terme mais condamner son pays pour plusieurs générations

    • juste pour votre gouverne. le service public n’a aucune incitation à la rentabilité (puisqu’il est subventionné moins par ses usagers que par la coercition fiscale), au contraire du privé, pour qui la rentabilité est une question de survie. Ce manque d’incitation se traduira par des gaspillages, des sur-effectifs, une forte inertie du personnel (avec un usage fréquent de la grève), de la bureaucratie, des tâches improductives faites au nom du prétendu « intérêt général », des retards technologiques, etc.
      Les cas où le service public est en apparence moins cher que le service privé s’expliquent aisément par les subventions étatiques affectées au service public (pour donner à l’usager une apparence de gratuité ou de coût bas), subventions dont le secteur privé ne profite évidemment pas, ce qui l’oblige à afficher le « vrai coût » de ses services, à la différence du secteur public. renseignez vous sur la loi de Savas (le secteur privé est entre 20 et 40% moins cher que le secteur public pour un service collectif équivalent. Ainsi, selon les calculs de Savas dans le cas américain, l’économie est de 42% pour les ordures, 73% pour le nettoyage des bureaux, 56% pour l’entretien de la signalisation lumineuse, 40% pour la tonte du gazon ou encore 37% pour l’émondage des arbres). en france, un élève en classe préparatoire publique coûte à la collectivité plus de 14 000€ par an, alors que les frais de scolarité s’élèvent à 7 500€ dans le privé chez Ipesup (chiffres 2007). une étude de 2011 de l’Ifrap montre que l’enseignement public serait entre 30 et 40 % plus cher que le privé. Une opération de l’appendicite coûte en France deux fois plus cher dans un hôpital public que dans un hôpital privé. L’assurance-santé publique obligatoire, en France, coûte beaucoup plus cher que l’assurance-santé privée vendue par les compagnies d’assurances.

    • le problème des grecs c’est qu’ils veulent le beurre et l’argent du beurre. d’un coté, ils veulent rester dans la zone euro et continuer à être aidé par les autres pays mais de l’autre, ils refusent l’ingérence de la troika et ne veulent pas adopter de mesures en contrepartie de l’aide financière accordé. ils doivent choisir. il est normal que les pays qui aident financièrement la grèce comme l’allemagne demandent des contreparties et qu’ils interviennent dans les affaires des grecs

      • Arrêtez de vous fatiguer, Jacques, vous vous battez contre un troll.

      • c’est ça le socialisme : laisser faire le boulot à son voisin , éventuellement mettre la main dans la culotte de sa femme si elle est bien disposée … et aller s’assoir à sa table à midi en lui disant :

         » alors voisin , pas trop fatigué ? finalement, je vais rester manger … « 

    • il y a une raison historique à ce que les armateurs grecs ne paient pas d’impots : leurs activité est complétement ouverte au vent du large, ou la concurrence fait rage, le secteur fournit beaucoup d’emplois et est facilement délocalisable en cas de trop forte pression fiscale …

      quand au fait de mettre son argent à l’étranger, il ne faut pas s’en étonner dans un pays qui a fait défaut sur sa dette plusieurs dizaine de fois depuis son indépendance au début du 19ième siècle. ça devient surement trés vite un réflexe …

      • les riches grecs ont pour la plupart leur fortune à l’étranger. en plus, ils ont été dans des universités à l’étranger. donc cela ne leur pose aucun problème de partir de Grèce si syriza commence à les ennuyer. il est beaucoup plus facile pour les riches grecs de partir de la grèce que pour les riches francais de partir de france

    • oh le beau conte de noel…avec un peu de retard quand même…
      Les grecques ont vécu à crédit pendant 20 ans, ils ont fait la fête, en on bien profités et quand la bise est venu et bien ils l’on eu dans le c…bien fait pour leur gueule. Maintenant deux possibilité : il arrive à touver des pigeons pour leur assurer leur niveau de vie ou ils se mettent au boulot.

    • Les Grecs n’ont jamais voté pour ceux qui leur ont promis la grande vie à crédit.

  • La victoire de Syriza va être énorme et historique.

    http://www.lefigaro.fr/international/2015/01/23/01003-20150123LIVWWW00310-en-direct-elections-grece-syriza.php#181802

    Bien, entendu sur Contrepoints ont va se rouler par terre de rage, en gueulant « quelle bande de cons ces grecs » et on va vite préparer un article pour prendre le contre-pied de l’évènement et en tirer des conclusions à coté de la plaque.
    Mais les cons , ceux qui n’ont rien compris, c’est Contrepoints

    • Cool !!
      L’Amérique du Sud à moins de 2 heures de Paris ! Champagne !
      Surtout gardez bien votre post, on vous le ressortira dans quelques mois.
      Personnellement, je me frotte les mains.

    • Amen !
      En attendant ce n’est pas demain la veille que le front de gauche fera un tel score et ça doit sacrément vous faire enrager pas vrai ? C’est une excellente chose que syriza ait pris le pouvoir, cela montrera à quel point le socialisme mène partout et toujours aux mêmes conséquences catastrophiques !

    • revenez nous voir dans 3 ans soit la grèce sera en faillite soit syriza obéira aux ordres de la troika. essayez de me citer une seul expérience où la gauche radicale a réussi ?? chaque fois, c’est la faillite. bien sur chaque fois c’est un complot. regardez l’amérique latine (vénézuela, argentine,…). ce qui me fascine chez les socialistes c’est le fait que malgré tous leurs échecs, ils veulent encore faire les même choses

    • vous me faites pensé aux socialistes qui se réjouissaient de la victoire d’Hollande en croyant que tout allait changé. les promesses de syriza sont juste intenables. je me réjouis que syriza soit au pouvoir.

    • J’ai prié toute la journée pour que Syriza ait la majorité absolue, et que personne d’autre n’ait la moindre responsabilité dans leur manière de gouverner. Tant pis pour les Grecs !

      • MODÉRATION CONTREPOINTS >>
        Message modéré. Premier avertissement : les messages d’incitation à la haine et à la violence ne sont pas tolérés sur Contrepoints

    • C’est beau, l’espoir!
      La énième tentative d’ultra-socialisme, la totalité des précédentes s’étant terminé par une catastrophe, faillite, etc.
      Et je sais déjà ce que vous direz, si vous dites quelque chose, au jour de l’échec constaté: c’est la faute des autres (je vous laisse le choix des autres) et ce n’était pas du vrai ultra-socialisme.

    • #Popcorn #Récurrence

      • Lilolol: #Popcorn #Récurrence

        Bien dit, les socialos croient toujours et encore à leurs « fantasme », « utopique » que de vivre avec l’argent des autres en sirotant un cocktail, tout en insultant les entrepreneurs de « radin », « esclavagiste », etc… Pourtant il y en a des exemples pour prouver que le socialisme ne fonction pas.

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