Climathon, semaine 3 : la constance récompensée

Les perles en matière de désinformation sur le réchauffement climatique !

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Climathon, semaine 3 : la constance récompensée

Publié le 21 janvier 2015
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Le Climathon est entré dans son rythme de croisière cette semaine. Malgré la diversion incongrue qu’a constituée l’actualité autour de Charlie Hebdo, les compétiteurs ont su rester concentrés sur l’essentiel et produire le meilleur d’eux-mêmes. Voici le bilan d’une semaine de compétition.

Par Benoît Rittaud.

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Le Huffington Post s’est montré digne de la tradition de la presse française d’alarmisme univoque et sans nuance avec cet article très “méthode Coué” signé Gilles Finchelstein et Ernst Sterre, dont le portfolio final est tout simplement magnifique. Une mention également pour Naomi Klein qui, dans l’Humanité dimanche du 8 au 14 janvier, affirme que :

« L’enjeu climatique peut devenir le meilleur argument pour les progressistes pour faire valoir leurs revendications : rebâtir et raviver les économies locales, libérer les démocraties de l’influence des géants du secteur privé, empêcher l’adoption d’accords de libre-échange néfastes, investir dans les infrastructures publiques (transport en commun, logement social), se réapproprier des services publics essentiels comme l’énergie et l’eau, ouvrir les frontières aux réfugiés climatiques, respecter les droits territoriaux des peuples autochtones. »

Faire du climat le bras armé du progressisme réactualise une belle tradition de récupération idéologique que l’on craignait disparue.

Jusqu’à présent, les heureux gagnants et nominés du climathon se sont en général trouvés être politiquement plutôt à gauche. Le jury tient à faire savoir qu’il ne s’agit que d’une coïncidence, qui n’a pas vocation à durer tant la propagande climatique ne connaît nulle frontière politique. Pour inciter les compétiteurs de toutes tendances politiques à croire en leurs chances, le jury tient donc à faire une place à cet article du Figaro signé Marielle Court, une compétitrice dont le jury espère par ailleurs beaucoup. L’article tire parti d’une publication de Nature qui en appelle aux politiques (ses auteurs y quantifient le charbon, le pétrole et le gaz qu’il nous faudrait laisser sous terre pour sauver le climat) pour broder sur le climat et interroger les grandes figures que sont le LSCE et Alain Grandjean. Sans donner la parole à une voix critique, fort heureusement.

Le vainqueur de la semaine 3

climathon rené le honzecC’est avec plaisir que le jury récompense les efforts soutenus du journal Le Monde, déjà deux fois nominé lors des deux premières semaines. La constance paye : telle est la leçon du vainqueur de cette semaine, auteur ces jours-ci encore de multiples réalisations méritoires, dont cet article de Stéphane Foucart destiné à effrayer les lecteurs avec « 2014 année la plus chaude ». Le jury se réjouit d’y lire que « la messe n’est pas formellement dite » pour savoir si 2014 détient bien ce record, ce qui sous-entend qu’un autre article du même niveau sera publié à la fin du mois. C’est dans les vieilles marmites qu’on fait les meilleures soupes, le classique « record absolu » de telle ou telle donnée mérite donc à l’évidence d’être exploitée sans craindre le rabâchage. La conclusion de l’article, qui s’en prend aux vilains dirigeants américains et à leurs « penchants climatosceptiques », complète brillamment le tableau.

C’est toutefois surtout cette interview de Christophe Cassou réalisée par Le Monde et Universcience qui a emporté la décision du jury. Celle-ci permet en effet à l’interviewé de marteler pendant près de quatre minutes un message particulièrement ciselé. En voici quelques éléments de langage parmi les plus remarquables :

  • Les intervalles de temps sont trop longs pour faire peur, alors divisons-les par 2 (1′20) :

« Environ tous les deux-trois ans, on bat le record de la température globale de la planète. »

(NB : les records de température globale sont 1998, 2005, 2010 et 2014, donc séparés de 7, 5 et 4 ans. L’écart de température entre ces quatre « records » est par ailleurs de quelques centièmes de degrés à peine.)

  • Le réchauffement ralentit : et alors ? (1′24) :

« Même si, en termes de tendance, le réchauffement est un petit peu plus faible depuis une dizaine ou une quinzaine d’années… »

  • Si ma tante en avait, on l’appellerait mon oncle (1′34) :

« Si on avait eu un événement El Niño extrêmement fort, du type 1997-1998, qui serait arrivé (sic) aujourd’hui cette année (re-sic), on n’aurait non pas battu le record un tout petit peu, mais on aurait explosé le record. »

  • La pause ? Quelle pause ? (2′02) :

« Quand on replace [le record de 2014] sur les deux-trois dernières décennies, il s’inscrit évidemment dans la tendance lourde du réchauffement climatique. »

  • Pardon d’utiliser un terme un peu trop technique pour le profane… (2′17) :

« Le système climatique ne se réchauffe pas de manière continue et… on appelle ça « linéaire », dans notre jargon. »

  • S’il fait chaud, c’est que ça se réchauffe (3′00) :

« Si l’on regarde les années de température globale les plus chaudes, on voit qu’elles se situent toutes sur les vingt dernières années, sur les deux dernières décennies, ce qui traduit une tendance forte et lourde vers le réchauffement climatique. »

Le jury remercie le public de continuer à lui proposer des nominés pour la semaine 4. Il sera sensible, outre à l’équilibre entre tendances politiques comme signalé plus haut, à la propagande francophone hors de France, tant celle-ci ne connaît pas plus de frontière géographique que politique.


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  • Cette incitation politicienne à mobiliser toutes les fausses évidences relève du sordide. Rebaptisons-les « Clim-à-cons » (en remarquant leurs effets dévastateurs sur nos populations).

    J’assistais encore hier à une conférence-débat internationale : ASIE et le piètre positionnement de l’U.E. à l’égard de cette zone vitale pour le futur (démographie – croissance – expansion scientifique/technologique – leadership – enjeux géostratégiques).
    Le nombrilisme occidental et son aversion aux risques va drôlement handicaper la génération à venir, la France en tête du peloton en déshérence …

  • Toute la science et la réflexion de nos savants et intellectuels français a été mobilisé dans un but unique : montrer que dans une tendance au réchauffement sur plus d’un siècle (qu’on qualifiait auparavant de sortie de petit age glaciaire), une année donnée est statistiquement plus chaude que la précédente.

    Gageons qu’avec une telle maîtrise de la logique, la supériorité intellectuelle et technologique française va nous permettre de nous adapter aux changement mondiaux et à la montée en puissance de l’Asie. Il serait en effet regrettable que les français restent accrochés à une perception archaïque et bornée des réalités et il est donc indispensable de leur expliquer cette (in)équation dont la profondeur et l’implication surpasse de loin les médiocres découvertes de Einstein, Heisenberg, Schrödinger ou autres :

    N+1 > N (la grande découverte de la climatologie moderne)

    dont la conclusion évidente est : on va tous mourir dans d’atroces souffrances.

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