Relance de l’économie : vive la guerre ?

Et si une bonne guerre pouvait relancer notre économie atone ?

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explosion atomique credits Pierre J (licence creative commons)

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Relance de l’économie : vive la guerre ?

Publié le 9 décembre 2014
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Par Rafael Anselem.

explosion atomique credits Pierre J (licence creative commons)

De plus en plus chaque jour, la France s’enfonce dans le marasme économique. Si vous cherchiez le pays de l’incompétence, alors il me semble que vous avez trouvé la bonne affaire ! Instabilité fiscale, dette publique explosive, déficit record, chômage de masse, et j’en passe : notre pays est unique.

Pendant ce temps, les idées keynésiennes continuent de se propager dans la classe politique mondiale : les taux directeurs de la BCE sont à un niveau historiquement bas, Mario Draghi pense à mettre en place une politique monétaire accommodante, Juncker veut lancer un plan d’investissement au niveau européen, et tout le monde appelle à l’augmentation des dépenses publiques. Tous les signes sont présents pour nous faire comprendre que le libre-marché est à jeter à la poubelle. Il semble que ce soit plutôt l’heure de nous resservir une tasse d’interventionnisme. Alors, il serait peut-être légitime de se demander : et si une bonne guerre, bien sanglante, nous permettait d’oublier ce climat économique si triste ?

Étonnante question ? Je ne la pose pas de manière hasardeuse. Le sujet s’est présenté à moi lors d’une discussion avec un ami durant un cours d’histoire. La partie traitée par le professeur était la situation économique de Berlin après la Deuxième Guerre Mondiale. Après avoir étudié le constat d’une ville ruinée, et dévastée, il nous avons appris que la ville s’est reconstruite par des subventions américaines. Elles représentaient 50% du budget total de Berlin Ouest. Une grande partie de ces fonds partaient dans le financement de la culture : théâtres et opéras en grande partie.

J’ai alors enchaîné, avec mon voisin, sur une discussion à propos de Paul Krugman. Ce néokeynésien avait en effet affirmé sur un plateau télévisé : « Si nous découvrions que des extra-terrestres avaient prévu de nous attaquer et que nous ayons besoin de produire massivement des armes pour nous défendre, nous pourrions cesser de nous inquiéter pour l’inflation et les déficits, de sorte que cette crise prendrait fin en 18 mois. Et si nous découvrions que nous avions tort, qu’il n’y avait pas d’extra-terrestres là-haut, ce serait encore mieux … » (14 août 2011)

Pour des raisons que j’ai déjà pu évoquer, ses propos me laissent sans voix. Et, naïf que je suis, je pensais que mon voisin allait avoir la même réaction. Mais je fus assez surpris de voir qu’il y trouvait une part de vérité. Sans être en accord total avec notre Prix Nobel, il était d’avis que pour relancer l’économie, le gouvernement pouvait dépenser à court terme.

Alors le débat est ouvert. Après tout, si on y réfléchit un peu, si le gouvernement se spécialisait dans la guerre pour relancer l’économie, n’aurions-nous pas à y gagner ? Afin que l’effort se fasse, il faut employer une très grande partie de la population. Ensuite, il faut payer toute cette main-d’œuvre, qui pourra dépenser son salaire, investir ensuite dans des projets et créer un cercle vertueux dans l’économie. De même pour la production d’armes, pour le financement des véhicules et j’en passe. Mais la voilà, la solution, engagez-vous ! Qu’ils disaient…

Un peu de bon sens

Mais sommes-nous devenus fous ? Voilà, ceci est la situation où nous sommes arrivés. Le climat est devenu tellement catastrophique que les propos les plus dangereux ne sont plus contestés. Je ne prétends pas détenir la science infuse. Mais il me semble qu’il y a des limites à l’acquiescement bête et discipliné aux propos d’une personne « reconnue ».

Le problème est pourtant toujours le même : il y a ce qu’on voit, et ce qu’on ne voit pas, comme le disait Frédéric Bastiat. D’un côté, le chômage diminue par l’emploi public, via l’engagement dans l’armée et les différentes nationalisations d’entreprises. Mais rien n’est créé par le marché. Par conséquent, le secteur public prend le dessus sur l’initiative privée, en rappelant qu’un emploi public détruit 1,5 emploi privé. L’État devient le seul acteur, et empiète sur la vie privée, puisqu’il obtient tous les pouvoirs. De plus, si tous les citoyens étaient engagés dans l’armée et partaient au front, il n’y aurait plus de chômage, et aussi plus rien à manger. Tous les agents du marché qui produisent les biens et services nécessaires à la société sont désormais occupés par l’effort de guerre. Et par le marché, il ne faut pas entendre les grandes entreprises cotées en bourse… Il faut voir le marché comme tous les individus qui échangent. En d’autres termes, nous. De même, les salariés seraient payés, n’est-ce pas ?

Cet effort collectif doit être financé. Mais par quoi ? Soit l’État augmente les impôts, et les ménages voient leurs revenus diminuer, ce qui les appauvrit car ils baissent leur consommation et leur investissement (même chose pour les entreprises) ; soit l’État s’endette, ce qui correspond donc à des impôts futurs. Il peut également imprimer pleins de jolis petits billets, histoire de financer tous ses projets en douce, et continuer à appauvrir la population par l’inflation. Enfin, n’oublions pas que lorsque le gouvernement américain via la Fed a fait cela pour financer la Premiere Guerre Mondiale, il y a eu la déflation en 1920, car le marché devait se purger des liquidités injectées dans l’économie. Si les salaires augmentent effectivement, il faut que le gouvernement engage l’un des trois processus précédemment évoqués. Des dépenses continues ouvrent la voie au malinvestissement, aux bulles puis à l’explosion de la dette.

Autre conséquence, les entreprises financées pour la guerre se voient largement favorisées par rapport aux autres secteurs, créant ainsi de la concurrence déloyale. Toute cette logique doit aussi être appliquée pour la reconstruction des infrastructures détruites.

Il est inutile de s’attarder sur les arguments évidents contre la guerre, comme les morts… c’est anecdotique…

Bien entendu, cet article peut apparaître comme étant franchement dérisoire : personne n’appelle à la guerre. Enfin, pas les gens sensés. Ce qu’il faut comprendre, c’est que l’idée selon laquelle l’intervention de l’État peut être bénéfique ou souhaitable est absurde. Tout ce qui améliore l’économie en apparence cache en fait des effets plus que néfastes. Lorsque vous entendez parler de blocage de loyers, de subventions, de limitation des salaires, ou encore de dévaluation : n’oubliez jamais que ces propositions cachent des résultats peu souhaitables à long terme. Comme le disait Milton Friedman« Lorsqu’un homme se livre à une beuverie, le soir même cela lui fait du bien. Ce n’est que le lendemain qu’il se sent mal. »

Il faut aussi comprendre que le marché n’est pas efficient par un manque de salaire, par un manque de consommation, mais d’un trop plein d’État. L’erreur étatique est toujours la même.

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  • Non ce n’est pas du tout absurde. En 2008 j’avais dit à mon entourage ça se terminera par une guerre.
    Qu’a voté le Congrès Etsunien => une déclaration de guerre à la Russie, sur une base mensongère à 100%.
    Seule une grosse guerre peut sortir ce pays du marasme financier dans lequel il se trouve, et ils sont capables de la faire tellement ils ont tarés.
    Quand je vois Merkel les suivre en bon petit toutou, c’est très inquiétant.
    Quant à Hollande……………………………

    • quand à hollande …au moins il a fait un pas vers poutine…..mais je suis tout à fait d’accord avec votre réaction ; j’espère seulement qu’il n’y aura pas de guerre d’autant que ceux qui la déclancheront seront bien à l’abris , comme d’hab ;

  • C’est triste 🙁

    • bonjour Mathilde de St Amour, d’autant plus triste que cette réflexion vient souvent de personnes qui n’ont jamais portés les armes de leur pays et participer sous l’uniforme à un conflit armé . A les lire ou les entendre on est fondé à penser que tout un chacun dans ce pays n’a pas lu son histoire , que personne n’a d’ancêtres dont le nom est inscrit sur le monument de son village .

      • Je suis doublement triste maintenant, mais ne serait-ce qu’écouter leurs aïeuls parlaient de la vie quotidienne pendant la guerre, on ne s’intéresse donc plus vraiment aux autres 🙁

  • Après tout, beaucoup de gens croient toujours au mythe de l’Allemagne nazie prospère grâce à l’économie de guerre, mythe archi-démonté, donc la position de ton camarade n’est pas étonnante.

    • Cédric Salvador: « de l’Allemagne nazie prospère grâce à l’économie de guerre »

      Effectivement. De fait l’allemagne nazie était condamnée économiquement, elle n’a dut sa survie momentanée que grace aux pillages.

  • Si la guerre est si bien, pourquoi en faire profiter un éventuel ennemi ? Bombardons nous-mêmes nos propres villes.

    • Ha excellente remarque !

    • Pour l’auto-bombardement des villes c’est presque déjà fait par la Duflot, donc ça va forcément aller mieux non?
      Mais il y a infiniment plus économique, efficace et à la portée de tous que les bombes.
      Comme l’auteur cite Bastiat ajoutons qu’il proposait ironiquement un système encore plus infaillible que la guerre : l’incendie volontaire.
      Brulons tout nous mêmes et reconstruisons, les bénéfices à venir sont inimaginables.

    • Très rigolo effectivement 🙂

  • La Seconde guerre mondiale a certes été un suicide pour l’europe, elle a complétement ruiné l’europe mais cela a été une bénédiction pour les usa. C’est la seconde guerre mondiale qui a permis à l’économie américaine de repartir (et non pas le New deal) et c’est elle qui a fait des usa de devenir la première puissance mondiale

    • Faut arrêter avec ces idioties de la guerre qui fait repartir l’économie US.
      Dans la grande crise de 29 la production repart partout dans le monde à partir de 1932-1933, et dépasse ses niveaux de 1929 à partir de 1937 (sauf … aux USA ! merci le « new deal » et surtout le « new deal 2 » : en 19938 les USA sont le seul pays en récession, bravo FDR …).

      La bénédiction pour les USA c’est d’abord d’avoir perdu largement moins que les autres grandes nations en hommes et capital : pas des destructions sur son sol, peu de pertes humaines, engagement financier relativement limité.

  • COLUCHE avait dit

    « LA guerre c’est l’hygiène des peuples. »

  • Nombreux sont ceux qui croient en la nécessité du chômage, au caractère créateur d’emplois de la guerre ou de l’« obsolescence programmée », sous prétexte que ces phénomènes relancent la demande, et que le chômage est le résultat d’un manque de demande. Ces opinions ne sauraient être plus erronées, et je m’apprête à montrer en quoi.
    Une absence de demande implique une absence de désirs non satisfaits, or si tout désir est satisfait le chômage n’est guère un problème, car la motivation pour la recherche d’un emploi est la satisfaction de désirs.
    La présence de désirs insatisfaits implique une demande pour la satisfaction desdits désirs, demande pour laquelle les individus insatisfaits sont prêts à payer un certain prix pour se débarrasser de leur insatisfaction, prix à la hauteur de cette insatisfaction. Autrement dit, ils offrent une rémunération en échange d’un service, c’est-à-dire qu’ils offrent des emplois.
    La question qui se pose à présent et qui effraie tant de monde est la suivante : suffisamment d’emplois seront-ils offerts ?
    D’une part, on a une offre d’argent et une demande de services ; de l’autre, une demande d’argent et une offre de services. S’ensuivent alors les conclusions habituelles d’une telle situation :
    _si l’offre de services en dépasse la demande, alors le prix desdits services baisse, faisant diminuer l’offre et augmenter la demande
    _si demande de services en dépasse l’offre, alors le prix desdits services augmente, faisant diminuer la demande et augmenter l’offre.
    D’où l’on conclut aisément que le prix tend vers une situation où l’offre égale la demande, c’est-à-dire où chaque employé trouve un employeur et vice versa. Le chômage n’est alors que volontaire.
    Aussi, lorsque l’État force le prix à un niveau différent de ce prix d’équilibre, il est clair que cela ne peut que détériorer la situation :
    _si le prix est fixé au-dessus du prix d’équilibre, alors l’offre de services est supérieure à la demande (il y a du chômage)
    _si le prix est fixé en-dessous du prix d’équilibre, alors l’offre de services est inférieure à la demande (il y a pénurie de main d’œuvre).
    L’instauration du salaire minimum, par exemple, est une tentative de forcer les salaires à la hausse, et si une telle mesure permet à certains privilégiés d’obtenir un salaire légèrement plus élevé, cette hausse est financée par la destruction d’innombrables autres emplois. Le bonheur de quelques uns justifie-t-il le sacrifice de tous les autres ?
    Addenda :
    Quid d’un individu dont personne ne désire les services ?
    Le commerce est la satisfaction par des individus de leurs demandes mutuelles. Si un individu ne satisfait pas la demande d’un autre, il ne peut s’attendre à commercer. L’échange est par définition bilatéral. Si un individu ne satisfait pas les désirs d’autrui, alors s’offrent à lui deux alternatives : vivre en autarcie ou de la charité. Une troisième alternative consiste à détruire les biens des autres pour leur « créer des désirs », en espérant que l’un de ces désirs soit ceux de l’individu en question. Mais cette alternative résulte clairement en un appauvrissement général : des ressources ont été détruites. Certes, un emploi aura été créé pour notre individu peu scrupuleux, mais la société se trouve plus pauvre, alors à quoi bon créer des emplois si cela appauvrit la société ? On se trompe de but, à considérer que l’important est de créer des emplois. L’important est l’enrichissement général, et la création d’emplois ne se doit que d’être un moyen vers une telle fin, jamais une fin en soi.

  • Mais nous sommes en guerre !!! …………………….. contre le RCA !!!

  • Les commentaires sont fermés.

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Nicolas Tenzer est enseignant à Sciences Po Paris, non resident senior fellow au Center for European Policy Analysis (CEPA) et blogueur de politique internationale sur Tenzer Strategics. Son dernier livre Notre guerre. Le crime et l’oubli : pour une pensée stratégique, vient de sortir aux Éditions de l’Observatoire. Ce grand entretien a été publié pour la première fois dans nos colonnes le 29 janvier dernier. Nous le republions pour donner une lumière nouvelles aux déclarations du président Macron, lequel n’a « pas exclu » l’envoi de troupes ... Poursuivre la lecture

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