Par Aurélien Véron
Manuel Valls a annoncé à nos amis anglais, lors d’une visite à la City, vouloir libérer le travail le dimanche. C’est une saine ambition, d’autant que 29% des Français travaillent déjà régulièrement ou occasionnellement ce jour de la semaine. Aucun gouvernement ne s’est exprimé aussi clairement sur cet enjeu jusqu’ici. Quelques députés aussi courageux qu’isolés se sont aventurés sur ce terrain, comme Richard Mallié. Mais sans succès. Face à l’opposition coalisée de petits commerçants craintifs face à la grande distribution, de la gauche vent debout contre la « marchandisation » du dimanche et de la droite traditionaliste, la pression des salariés n’a pas faibli.
Les personnels des entreprises sanctionnées pour non-respect de la loi sur le travail dominical n’ont pas hésité à manifester et à s’organiser. Ainsi est né « Yes week-end ! » il y a un an. Les images des salariés de Bricorama dans la rue contre leurs représentants syndicaux ont bien illustré l’archaïsme du prétendu « dialogue social ». Contre l’accord de la majorité des salariés, les syndicats ont fait de ces poursuites systématiques contre le travail du dimanche un vrai business. Une simple union départementale de Force Ouvrière a admis en 2012 avoir engrangé plus de 2 millions d’euros grâce aux dommages perçus lors des condamnations d’entreprises pour non-respect de la loi sur le travail dominical, une somme qui lui a permis de s’offrir un nouveau siège départemental. Au détriment des emplois perdus, du pouvoir d’achat des travailleurs… et de la dynamique de croissance qui a besoin de toutes les ouvertures possibles.
Le gisement d’emplois découlant de ce jour supplémentaire est considérable. En décembre 2013, Philippe Houzé, président de l’Union du grand commerce de centre-ville, avait annoncé possible la création de 1 000 emplois pour le Printemps et les Galeries Lafayette, boulevard Haussmann pour la seule autorisation du travail dominical. Le Medef estime les nouvelles embauches à 300 000 en cas de libération du travail le soir et le dimanche. Un chiffre d’une telle ampleur améliorerait la confiance des ménages, réduirait les déficits sociaux et mettrait de l’huile dans les rouages de plus en plus grippés de l’économie française.
Ce gain de croissance faciliterait aussi la vie des Français. Avec l’abolition des frontières et des horaires grâce au web, conserver ces blocages ancestraux n’apparaît pas seulement archaïque mais profondément contraire à l’intérêt des familles. Elles n’en peuvent plus de courir faire leurs courses samedi seul, d’autant que c’est souvent le jour des activités parascolaires des enfants… accompagnés par leurs parents. À moins de rêver d’un monde exclusivement numérique. Le rêve idéologique ou religieux n’a plus sa place au XXIe siècle dans un monde ouvert pour déterminer arbitrairement les modes de vie des citoyens français qui sont, faut-il le rappeler, majeurs et responsables. À eux de choisir librement s’ils veulent travailler ou non le dimanche.
Du point de vue salarial, ces postes du dimanche font le bonheur de tous ceux qui ne distinguent pas le dimanche d’un autre jour de la semaine, en particulier les étudiants et les passionnés heureux de pouvoir décaler leur jour de repos à un autre jour de la semaine pour vivre leur projet personnel. Ils ne sont pas seuls. Travailler le dimanche s’accompagne d’augmentations de salaire significatives, souvent le doublement. Comment ne pas comprendre que gagner plus en travaillant autant est un slogan porteur ?
La droite avait calé devant l’obstacle. La gauche au pouvoir, cette fois, est mobilisée. Laurent Fabius s’est déjà exprimé dans ce sens au printemps en évoquant le touriste à pouvoir d’achat important qui, s’il voit un magasin fermé dimanche, « ne va pas revenir le jeudi ». Un million et demi de touristes font vivre 7% des emplois en France. Nous pouvons faire mieux pour ce public qui ne cesse de grossir, et dont le budget moyen augmente avec l’arrivée de l’Asie.
Le gouvernement doit aller rapidement au bout de sa démarche de simplification du mille-feuille réglementaire qui distingue les zones touristiques, les PUCE, les commerces par catégories autorisées ou non à ouvrir ce jour-là . Il doit aussi abolir l’interdiction incompréhensible du travail en soirée qui bride des activités également créatrices d’emplois. C’est une revendication des salariés concernés comme l’atteste par exemple Séphora. Cette complexité d’un autre temps serait risible si elle ne contribuait pas à tuer notre pays à petit feu. Encourageons le gouvernement dans ce sens : en avant pour la modernité !
Les pouvoirs ont toujours voulu gérer le temps des activités.
L’histoire, parareligieuse de l’Eglise en atteste. Elle scandait les heures et les jours fériés et Å“uvrés.
C’est moins une affaire économique qu’une affaire d’inconscient collectif laïco-républicain.
La lecture de “Histoire du temps”, Jacques ATTALI et “Le traité du sablier”, Ernst JUNGER est édifiante.
Bon dimanche.
“Le gouvernement doit aller rapidement au bout de sa démarche de simplification du mille-feuille réglementaire”
Où avez-vous vu une démarche du gouvernement ? Le marchand de sable de “Bonne nuit les petits” vous a jeté de la poudre aux yeux, sans doute…
Avec 5 à 7 millions de chômeurs, le droit des salariés à refuser de travailler le dimanche est quasi nul.
Encore un droit plutôt gauche !
Et ?
Je préfère travailler le dimanche que d’être au chômage.
P.S. : Il m’arrive de travailler de nuit, les jours fériés et/ou le dimanche. J’ai même déjà travaillé la nuit d’un jour férié qui était un dimanche. Je vous rassure : je ne suis pas mort.
Les attaques ad hominem sont donc impossible, en la matière, à mon égard.
Il y a un véritable problème en France vis-à -vis du droit à agir.
Un certain nombre d’officine, au demeurant largement subventionnées d’argent public, ceux sont fait pour spécialité que d’intenter des actions en justice aux noms d’autrui, ou d’un soit disant “intérêt général”.
D’un coté la loi interdit à des gens de se réunir librement pour former une action collective, mais de l’autre elle ne trouve rien à redire contre des officines, parce qu’elles sont reconnues par un fonctionnaire, d’attaquer à peu près n’importe qui pour à peu près n’importe quoi, tout en gagnant dans le processus plusieurs dizaines de milliers d’euros.
Faudra m’expliquer :
1/ En quoi cela regarde un syndicat que des employés et un employeur contractent librement pour travailler librement.
2/ Quand bien même, en quoi il possède qualité et intérêt à agir pour attaquer le dit employeur.
3/ Quand bien même, en quoi il peut se prévaloir de dommages et intérêts n’ayant subi aucun préjudice.
Pour ma part, je croyais les “punitives damages” interdit en France pour cause d’illégalité de l’enrichissement sans cause.
Depuis le temps qu’on en parle, on se demande pourquoi ce n’est toujours pas appliqué. On rétorque que ça créera une discrimination à l’emploi, sous le prétexte qu’on ne peut pas dire non à un patron sans perdre son job, ce qui n’est pas vrai, enfin si, enfin non, enfin si à moitié.
Les problèmes que ça posera dans 2 cas :
– A l’embauche, si on nous demande si on peut travailler le dimanche, on sait que si on dit non on est pas pris (on convient pas au poste, le poste nous convient pas, la réflexion s’arrête là ) sauf qu’on préfèrera serrer les fesses et tout de même prendre le boulot car dans l’état du marché, on est pas vraiment libre de chipoter.
– Dans l’entreprise, si on nous demande de changer nos horaires et de travailler le dimanche, logiquement, on dit non, le patron cherche une autre solution et ça s’arrête là , sauf que c’est quoi l’autre solution ? On ne peut plus embaucher de temps partiel en dessous de 24h par semaine et donc qu’est-ce qu’il reste comme solution ? Soit le patron va vouloir nous éjecter (il y a des c*ns partout), soit il se résigne à pas pouvoir se développer, soit il trouve quelqu’un d’autre payer au black.
Conclusion : Autoriser seulement le travail le soir et le dimanche ne fera pas plus avancer le schmilblick, il faudra accompagner ses mesures avec un ensemble d’autres lois qui permettront ENFIN de déboucher un bon coup l’évier à chômage.
“Autoriser seulement le travail le soir et le dimanche ne fera pas plus avancer le schmilblick, il faudra accompagner ses mesures avec un ensemble d’autres lois qui permettront ENFIN de déboucher un bon coup l’évier à chômage.”
Merci pour ce rappel, trop souvent oublié par ceux qui défendent un point de vue libéral dans le débat.