Non, l’esclavage n’est pas l’enfant du capitalisme et vice-versa…

Le lien supposé entre capitalisme et esclavagisme est une légende tenace.

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Non, l’esclavage n’est pas l’enfant du capitalisme et vice-versa…

Publié le 6 novembre 2014
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Pour beaucoup, le lien entre capitalisme et esclavagisme va de soi et le développement de l’Occident serait la conséquence du commerce triangulaire reliant les deux rives de l’Atlantique. Cette idée reçue ne résiste pourtant pas à l’analyse comme l’ont démontré les travaux des historiens ces dernières décennies.

Le trafic négrier a beaucoup excité les esprits et les chiffres les plus abracadabrants ont circulé : les bénéfices auraient dépassé les 100 % ! Aujourd’hui, les études ont montré la relative modestie des profits, entre 5 et 10 %, que ce soit aux Provinces-Unies, en France ou en Angleterre, les Anglais étant néanmoins les mieux lotis. En effet, l’industrie anglaise offrait plus de produits intéressant les vendeurs d’esclaves que la France, les navires étaient plus légers, plus rapides, utilisant moins d’hommes d’équipages, etc.

Un investisseur français pouvait obtenir un profit comparable à ceux offert par la traite en souscrivant à un emprunt d’État. Mais les profits de la traite étaient surtout très irréguliers et nombreuses étaient les expéditions déficitaires : c’était donc une loterie où l’on espérait réussir un gros coup. Et certains le réussissaient.

Le système entre en crise à la fin du XVIIIe siècle. D’où le retrait du Danemark par exemple, premier pays à renoncer à l’esclavagisme.

Au XIXe siècle, la traite devient illégale, du fait de son interdiction par le Royaume-Uni et de la chasse aux négriers par la Royal Navy, et dominée dès lors par les Brésiliens et les Cubains. On ne peut dire pourtant que l’esclavage ait contribué très positivement au développement économique de Cuba et du Brésil.

Mais qui sont les négriers ?

À Nantes, capitale française de la Traite, les armateurs sont des fils de négociants pour les deux tiers, auxquels s’ajoutent les petits nobles bretons. Tous cherchent un moyen d’ascension sociale. Mais l’armement est très concentré : 22 familles réalisent le quart de l’armement français. Que la traite ait enrichi un certain nombre d’individus, nul doute là-dessus. Que ces capitaux aient fortement contribué à la formation du revenu national est une autre affaire.

C’est la fameuse question de l’accumulation primitive du capital chère à Marx et qui aurait été nécessaire au décollage industriel. Il voyait dans la conquête et le pillage le développement de l’esclavage en Amérique puis en Afrique un élément important.

C’est d’ailleurs le sujet même de Capitalism and Slavery publié en 1944 d’Éric Williams pour qui le commerce colonial, dont la traite, a été « un des principaux ruisseaux de cette accumulation du capital ».

Le lien supposé entre capitalisme et esclavage, serait donc avant tout le financement de l’industrialisation par les profits de la traite : malheureusement pour cette belle théorie les études ont montré que ce rôle avait été plus que faible.

Un des grands mythes est celui du financement de la révolution industrielle par les énormes profits du commerce colonial, formulation savante du « pillage du Tiers monde par l’Occident ». Ainsi l’industrialisation serait le résultat de l’« exploitation coloniale » et de la traite des esclaves.

Liverpool aurait « fertilisé » le Lancashire tandis que les tobacco lords de Glasgow seraient les financiers des débuts de la révolution industrielle en Écosse. Ces thèses séduisantes ont fini par être abandonnées faute de preuves. Toutes les recherches ont montré que les fortunes amassées par les nababs des Indes orientales (l’Asie) et les merchants des Indes occidentales (l’Amérique) ont été utilisées à des achats de domaines fonciers ou de fonds d’État, à des prêts hypothécaires aux planteurs, mais certainement pas à des investissements dans l’industrie.

On n’a relevé que quelques cas exceptionnels : une fonderie de cuivre en 1737 près de Swansea par des négociants des Indes occidentales de Bristol et une usine métallurgique à Sirhowy en 1778 par des négociants en thé et épices de Londres, par exemple. Certes, l’essor du commerce colonial a pu stimuler indirectement la croissance industrielle en élargissant les marchés et en enrichissant le pays : mais alors pourquoi la Révolution industrielle anglaise s’accélère-t-elle après 1783 avec la perte des Treize colonies et la décadence des « îles à sucre » ?

L’étude des grandes familles nantaises par Olivier Pétré-Grenouilleau (L’Argent de la traite, Paris 1997) a montré qu’ils n’ont été que des industriels d’occasion.

Et puis, il faut en avoir conscience, François Crouzet en a fait la démonstration, nul besoin de capitaux importants dans les débuts de l’industrialisation : l’équipement fixe était relativement simple et bon marché. À la fin du XVIIIe siècle, on pouvait acquérir une petite machine à vapeur pour 150 à 200 livres sterling, une grosse pour 500 à 800. Les filatures hydrauliques selon le système d’Arkwright valaient 3000 à 5000 livres dans les années 1780. Les industriels qui s’installaient recouraient à divers expédients, notamment la conversion d’un bâtiment existant (moulin, grange, entrepôt voire maison d’habitation) ou bien pouvaient louer plutôt qu’acheter. Et les profits furent régulièrement réinvestis : l’industrialisation a financé l’industrialisation, les capitaux « externes » ne jouant qu’un rôle secondaire.

Mais ces thèses ont la vie dure.

Joseph Inikori en 2002 a repris l’antienne dans Africans and the Industrial Revolution in England publié par les presses de l’université de Cambridge. Pour lui, le commerce international a joué un rôle essentiel dans la révolution industrielle, or il était principalement colonial et atlantique. Les Africains étant d’une part consommateurs de produits européens et anglais, producteurs comme esclaves de denrées coloniales ou bien « monnaie d’échange », ont joué un rôle essentiel dans ce commerce. Bref, c’est toujours la rengaine des méchants Blancs qui ont sucé le sang des pauvres Noirs pour s’enrichir et que continuent d’ignorer les travaux de François Crouzet. Le mythe de l’accumulation du capital perdure malgré tout.

Pourtant, aujourd’hui comme hier, les facteurs endogènes du développement ont été déterminants, expliquant pourquoi chaque État est entré dans le processus à son rythme et à sa manière. Le commerce intra-européen a joué un rôle beaucoup plus important que le commerce colonial.

Mais, s’est interrogé Pierre Boulle, le commerce négrier n’a-t-il pas joué un rôle comme marché de la production européenne ?

Les produits de la traite étaient en partie standardisés (textiles, armes…) et destinés à des marchés importants. 250 livres tournois d’assortiment divers étaient nécessaires pour acheter un captif mâle en bonne santé. Remarquons qu’on est loin des « colifichets » chers à l’imaginaire de la Traite. En Angleterre, qui assure la moitié du trafic négrier, plus de 40 % des toiles exportées vont en Afrique. Mais les débouchés américains vont peu à peu supplanter l’Afrique. Et surtout, après 1750, le marché intérieur devient le principal débouché de l’industrie anglaise.

Dans les régions portuaires françaises (Nantes, Rouen, Le Havre), on assiste après 1750 à la création de grandes manufactures d’indiennes pour fabriquer des toiles destinés aux Africains. Mais à Rouen, l’indiennage démarre avant que la ville ne s’intéresse à la traite. Et ces expériences ne devaient guère connaître le succès finalement. Cette belle aube devait se révéler sans lendemain.

Ce sont les négriers qui n’ont cessé de vouloir légitimer leur trafic en clamant qu’ils étaient indispensables aux pays qui le pratiquaient. En fait, la traite représentait une part infime du commerce atlantique. À son apogée, les navires négriers représentaient moins de 1,5 % des navires de la flotte britannique et moins de 3 % de son tonnage. Le produit brut des colonies esclavagistes britanniques représentait celui d’un comté britannique. Et là où le commerce colonial a joué un rôle de plus en plus important, celui-ci n’a pas toujours été positif : le cas français est exemplaire à la fin du XVIIIe siècle avec la réexportation de denrées coloniales coûteuses qui ne génère aucune activité industrielle et profite avant tout aux intermédiaires et à l’État grâce à sa fiscalité.

Aussi Arthur Young pouvait-il écrire en 1788 dans ses Voyages en France :

On ne voit pas que la culture de la Martinique a pour rançon les landes de Bordeaux, la richesse de la Guadeloupe la misère de la Sologne.

Les critiques du capitalisme se focalisant davantage sur la traite que sur l’esclavage, n’est-ce pas ce commerce à longue distance qui marquerait l’esprit du capitalisme ? Ne s’agit-il de la manifestation de la « marchandisation du monde », de la tendance du capitalisme à transformer toute chose en objet commercial ?

Et l’on pourrait en faire un slogan : Non, l’homme n’est pas une marchandise ! Et puis ne retrouve-t-on pas dans ce trafic risqué le goût du risque, passion au cœur du capitalisme ? N’est-ce pas là l’esprit du capitalisme, sa « liberté » qui se révèle sous son vrai jour de « sauvagerie » ?

L’accumulation du capital ayant pris l’eau de toutes parts, les contempteurs de l’économie de marché se sont donc rués vers ce type d’analyse.

Aussi s’est-on penché sur l’utilisation des lettres de change (je me souviens avoir analysé deux lettres de change de négriers quand j’étais étudiant), le développement des assurances maritimes, le rôle des commissionnaires. C’est là notamment l’approche de Kenneth Morgan dans Slavery, Atlantic Trade and the Brittish Economy en 2000, aux presses de Cambridge. En réalité, ces techniques n’ont pas été inventées par la traite. On a pu souligner que le commerce en Méditerranée et la pêche hauturière avaient permis de forger ces techniques, à la véritable origine du grand capitalisme maritime.

En fait, la traite s’inscrit dans le cadre d’économies nationales protégées par le système de l’exclusif : les abolitionnistes vont d’ailleurs associer la lutte pour l’abolition et à la lutte en faveur du libre-échange. La traite paraît ainsi une gêne pour l’essor du commerce maritime au XIXe siècle. Esclavage et mondialisation libérale semblant dès lors antagonistes.

Décidément, les faits sont têtus. Les légendes aussi. Mais un mensonge répété 1000 fois ne devient pas pour autant une vérité.

À lire : Olivier Pétré-Grenouilleau, Les traites négrières. Essai d’histoire globale, NRF, Gallimard, 2004.

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  • Excellent article! Bravo.

  • Merci pour cet article fort intéressant.

    Je rajouterais juste un point (que les « culpabilisateurs » ont tendance à commodément oublier) : les esclaves pour la plupart n’étaient pas enlevés mais achetés ! et pas par des colifichets comme le précise votre article.

    Dès lors, il est difficile de parler de pillage du tiers monde et les pays africains qui osent réclamer des indemnités ont la mémoire sacrément courte.

    Il faudrait également mentionner les marchands arabes spécialisés.

    Ceux qui veulent toujours faire peser la responsabilité sur les seuls occidentaux (ex. loi Taubira, votée à la quasi-unanimité par des députés incultes) passent toujours sous silence ces faits.

    Ceci étant posé, ça n’enlève rien à l’horreur de la traite et à la honte que des pays « civilisés » aient pu s’y prêter.

  • L’esclavage ayant existé depuis les débuts de l’Histoire et dans toutes les régions du monde, en faire l’enfant du seul homme blanc capitaliste est saugrenu.

  • l’esclavage, jusqu’à une période récente à l’échelle de l’Histoire, constitua l’une des pratiques les plus universelles pratiquées par l’humanité, sur les cinq continents et probablement depuis que cette humanité existe. Les paléontologues mirent récemment en évidence des traces d’esclavage à l’ère paléolithique, c’est-à-dire 6000 ans avant JC. toutes les civilisations ont pratiqué l’esclavage, la première a l’avoir abloi c’est la civilisation occdentale. l’esclavage fut aboli dans les royaumes chrétiens d’Europe occidentale dès le XIII ème siècle. Ainsi Louis XIV déclarait-il « tout esclave posant les pieds en mon royaume sera immédiatement un homme libre ». L’Occident chrétien fut, pendant plusieurs siècles, la seule civilisation à avoir banni l’esclavage sur son sol. La quasi-totalité de l’humanité le pratiquait alors.

    • Le brave Louis XIV réglemente néanmoins soigneusement l’esclavage dans les île à sucre fournissant son cher royaume. C’est facile de l’interdire sur le sol du royaume européen mais de le maintenir et de l’organiser sur le sol non-européen mais néanmoins relevant de la suzeraineté française.

      • certes. néamoins cela ne change rien à mon propos général. c’est la civilisation occidentale qui a aboli la première l’esclavage

  • sez l’Histoire des traites négrières de l’historien Olivier Pétré-Grenouilleau, spécialiste de l’histoire de l’esclavage. il y a eu 11 millions d’Africains victimes du trafic occidental, 14 millions pour la traite inter-africaine, 17 millions pour la traite orientale.

  • Vous avez perdu le débat avant même de le commencer si vous entrez en matière pour montrer que l’esclavage n’était pas profitable, puisque vous admettez ainsi implictement la prémisse qui voudrait que l’esclavage est bien associé au capitalisme. En effet, si vous devez montrer que l’esclavage n’était pas profitable ou n’explique pas la réussite financière des capitalistes, vous êtes en train de sous entendre que les capitalistes étaient tout de même bien des esclavagistes, mais qu’ils faisaient un mauvais calcul de la sorte. Vous avez ainsi admis le lien entre les deux, ce dont les socialistes vont se suffire sans avoir besoin d’argumenter plus avant.

    Vous pouvez ensuite sortir tous les chiffres que vous voulez, même si le profit de l’esclavage aurait été nul, même si les capitalistes ont fait leur profit ailleurs et autrement, l’association entre capitalisme (ou libéralisme) et esclavage persistera dans leur esprit. Ce n’est pas une question de sous-profitabilité de l’esclavage, ce n’est pas une question des faits qui le montreraient, ce n’est même pas non plus une question de lien causal objectif entre l’un et l’autre.

    Indépendamment du profit que peut générer ou non l’esclavage et même quand vous décortiquer la construction logique des propos qui associent l’esclavage au capitalisme, cela n’a aucun impact dans leur esprit. Ils ne sont pas là pour séparer le vrai du faux et trouver le système le plus à même d’assurer dans la réalité à chaque individu le bohneur subjectif le plus élevé. Ils sont là pour imposer une utopie à l’ensemble des gens, dans laquelle bien sur c’est eux qui auront le contrôle sur les autres, de façon à les « libérer ».

    Ainsi, la discussion sur l’association entre capitalisme et esclavage c’est uniquement une question de dénigrement du détracteur et de sa position par la production de propagande qui permet de rendre l’alternative, en l’occurence la leur, plus attractive par comparaison relative. Si notre position est associée à l’esclavage, la leur en devient nécessairement meilleure. Ce moyen permet de ne pas avoir besoin de démontrer quoi que ce soit quand au système alternatif utopique qu’ils proposent et de se rassurer de façon illusoire quand à ses qualités intrinsèques.

    Et à ce sujet, l’enjeu n’est pas que l’esclavage historique, le vrai, l’enjeu c’est ce qu’ils voient comme un « esclavage moderne ».

    Leur position consiste à dire que lorsque la propriété privée et la liberté économique sont protégées, c’est-à-dire lorsque chacun peut disposer de lui-même et du fruit de son activité, lorsque personne ne peut contraindre qui que ce soit à contracter ou à rester de force dans un contrat contre sa volonté, lorsque chacun peut échanger librement comme il l’entend, c’est une forme d’esclavage.

    Par contre, lorsque la collectivité peut disposer des individus et du fruit de leur travail, qu’elle peut décider de quels contrats ils peuvent faire ou ne pas faire, qu’elle peut décider de contrats dans lesquels ils snt obligés d’entrer ou dans lesquels ils doivent rester de force, là c’est la liberté.

    Comprenne qui pourra, moi, il y a longtemps que j’y ai renoncé. Quand on discute avec un socialiste, on a l’impression d’être face à un répondeur téléphonique, qui quoi qu’il se passe débite et répète inlassablement le slogan de novlangue de 1984 : « la liberté c’est l’esclavage ».

    • L’article, dont je suis l’auteur, ne dit pas que l’esclavage n’était pas profitable : s’il n’avait pas été profitable, il n’aurait pas été si universel. Il met l’accent sur le rapport entre la traite, et ses profits entre autres, et le développement du capitalisme.
      D’autre part, partir du principe que ceux qui ne pensent pas comme vous sont nécessairement hermétiques au raisonnement et aux faits est un principe un peu désespérant d’un côté et une attitude bien méprisante de votre part. Il faut toujours supposer qu’un certain nombre de personnes se trompent de bonne foi. Il ne s’agit pas de convaincre les gens de mauvaise foi mais les gens honnêtes et ouverts à la discussion : si, si, cela existe.

  • Il aurait fallu pour être complet indiquer que l’esclavage volontaire (pour dette par exemple) est possible dans un système libéral.

    http://www.wikiberal.org/wiki/Esclavage#L.27esclavage_volontaire_est-il_lib.C3.A9ral_.3F

    • « Ce point de vue est minoritaire chez les libéraux. » et heurseument d’ailleurs. il y a juste quelques libéraux qui défendent cette idée absurde

      • Cher Jacques, vous pratiquez visiblement un libéralisme daté milieu du XIXème, version pépère peinard à pantoufles made in France, ou pas. Dans la version adélienne du libéralisme, dite turbo-libéralisme 2.0, bien plus de choses sont possibles. Il faut vous mettre à la page.

      • Il n’y a aucune absurdité à ce que quelqu’un qui vous doit de l’argent travaille pour vous jusqu’à ce que la dette soit remboursée.

        • C’est même justice. Mais cela n’entraine en rien le transfert de propriété de sa propre personne jusqu’au point que ce tiers puisse lui-même vous vendre à un troisième larron. Il est tout de même heureux que vous puissiez solder vos dettes sans devenir esclave. Ou alors c’est votre définition de l’esclavagisme qui est très extensible. Comptez vous y mettre l’ensemble des salariés ? Ca aurait de la gueule comme approche.

          • « Comptez vous y mettre l’ensemble des salariés ? Ca aurait de la gueule comme approche. »
            Non seulement ça aurait de la gueule comme approche, mais de plus ça serait cohérent. Le salarié, c’est l’esclave 2.0, un esclave enrichi de la fonctionnalité d’alimenter lui-même le système qui l’aliène.

            • Je trouve assez ignoble de mettre sur le même plan le malheureux qui est forcer à travailler sous la menace de terribles sévices, dont fouet, viol, mutilation, et mise à mort, et le gars qui est payé, peut cesser à son gré, et même va faire des procès à son employeur qui met fin à leur relation professionnelle …

        • Cette « technique » s’appelle la « contrainte par corps ». Elle a été abolie à Athènes dès la fin du VI°s avant JC.

    • Après avoir lu le lien de wikiberal sur l’esclavage volontaire que vous citez, tous les libéraux-libertariens ne sont pas de votre avis, par exemple (extrait) :

      « Pour Murray Rothbard, l’esclavage volontaire est impossible en raison de l’inaliénabilité de la volonté humaine :

      « Un homme peut aliéner les services de son travail, mais il ne peut pas vendre la valeur future actualisée de l’ensemble de ses services à venir. Autrement dit, la nature étant ce qu’elle est, il ne peut pas se vendre en esclavage et faire exécuter cette vente, car cela voudrait dire qu’il abandonne à l’avance le contrôle même de sa volonté sur sa propre personne.
      « L’homme peut naturellement faire profiter quelqu’un d’autre de son travail actuel mais il ne peut pas, même s’il le voulait, se transformer sans retour en un bien de capital appartenant à quelqu’un d’autre. Car il ne peut pas par lui-même se débarrasser de sa propre volonté, qui pourrait bien changer d’idée dans l’avenir et désavouer son choix actuel. Le concept d' »esclavage volontaire » est bien, en effet, antinomique : le travailleur qui est complètement mais volontairement soumis à la volonté de son maître n’est pas encore un esclave puisque sa soumission est consentie ; alors que s’il changeait d’avis plus tard et que son maître lui imposât l’esclavage par la force, l’ esclavage ne serait pas volontaire. » (Éthique de la Liberté, chap. 7)  »

      Personnellement, je suis d’accord avec lui.

      • L’esclavage volontaire ne viole pas l’axiome de non-agression. C’est un contrat comme un autre. L’inaliénabilité de la volonté humaine c’est du flan kantien. Si on est vraiment libre on peut faire ce qu’on veut y compris se vendre ou se suicider ou vendre ses organes etc…

        • Définition de l’esclavage : « L’esclavage est la condition d’un individu privé de sa liberté, qui devient la propriété, exploitable et négociable comme un bien matériel, d’une autre personne. »

          J’aimerais que tu m’expliques comment, en devenant un esclave volontaire, on peut continuer de se considérer libre. Pour celui qui aime par-dessus tout la liberté, c’est la meilleure façon de la perdre. Que tu échanges une dette avec ton travail est un contrat consenti entre deux parties. Le terme d’esclave volontaire me parait complètement aberrant et antinomique en relation avec le libéralisme.

          Par ailleurs, je ne vois pas le rapport avec se suicider ou vendre ses organes. Dans ces deux cas, tu ne perds pas la liberté.

          • J’ai jamais dit qu’on conserve sa liberté on y renonce volontairement.

            • Si la personne fait le choix de renoncer à sa liberté, elle doit avoir la liberté de la retrouver en rompant le contrat (elle n’y renonce pas donc), quitte à ce que ce contentieux se règle devant la justice, sinon votre « libéralisme de demain » ressemblerait à de « l’arrièrisme » (ce que je pense de plus en plus à la lecture de vos différents commentaires, vous faites peur… )

            • MDR ! C’est ça ton but ? renoncer volontairement à la liberté ? et après ça tu prétends être une libérale libertarienne ? je suis obligée de rigoler !

            • p.s. tu disais « cependant préférer l’expression libéralisme de demain »… et ben si c’est ça ton futur, l’esclavage volontaire, je te le laisse, je préfère celui d’aujourd’hui: LA LIBERTE

        • On comprend sans effort que l’esclavagiste viole l’axiome de non agression. Par conséquent, le candidat à l’esclavage volontaire ne peut jamais trouver de contrepartie. L’esclavagisme, même volontaire, est impossible dans le cadre d’une pensée libérale correctement assimilée et comprise. L’esclavagisme est en revanche la condition nécessaire du socialisme lorsqu’on le met en pratique. La collectivisation, notamment celle des capitaux, n’est qu’une forme un peu plus élaborée de l’esclavage qui vise à dissimuler le rapport maître/esclave au profit des véritables propriétaires des biens collectivisés, à savoir la nomenklatura du parti au pouvoir.

          L’homme libre est confronté à la pleine responsabilité de ses actes face à la morale. Pour l’homme réellement libre, ce qu’il veut est donc nécessairement ce qu’il doit. Il suit qu’on ne peut être esclave volontaire que de soi-même, en étouffant sa part de divinité (liberté) pour ne garder que sa part d’animalité (instinct). L’humain immoral, esclave de la fraction animale de lui-même, est un humain altéré, jusqu’à la vente d’organe, dégénérescence supplémentaire, ou au suicide, altération ultime. On note que l’idéologie socialiste repose entièrement sur l’agitation des bas instincts immoraux des hommes, la peur, l’envie… Le socialisme se résumant à la haine de la liberté, comment pourrait-il en être autrement ?

    • Contre toute attent, Adèle défend le principe de la femme soumise dans le cadre du mariage 😉

  • c’est le capitalisme, en remplaçant l’homme par la machine, qui a rendu l’esclavage économiquement obsolète

    • Bonne remarque !

      Certains historiens estiment d’ailleurs que, si le Sud des Etats-Unis était plus riche que le Nord jusqu’au milieu du XIX°s, son déclin relatif par rapport au Nord était inéluctable.
      Le fait de disposer de trop de main d’oeuvre bon marché empéchait toute recherche d’innovation technologique.
      Le Nord privé de cette « ressource » avait donc entamé sa révolution industrielle avec beaucoup d’avance.

      Ce qui conforte l’analyse de l’auteur de l’article.

    • « Si les navettes marchaient toutes seules » disait Aristote, on pourrait se passer d’esclaves. Ceci dit l’esclavage dans le Sud des Etats-Unis était rentable. Et c’est cette rentabilité même qui était une calamité pour le Sud. Les planteurs étaient prospères, le Sud arriéré.

    • Comme le travail des enfants.

      Il faut le répéter aux socialistes:
      Esclavage et travail des enfants existent hors du capitalisme, pas dedans.
      Partout où ils ont existé il y avait un État, mais pas de capitalisme, ou à son tout début.

      Et ce serait une conquête du gentil État contre le méchant capitalisme ?

      • la plupart des enfants qui travaillent dans le monde et en chne travaillent dans les campagnes dans les champs et non pas dans les usines. le seul moyen de lutter contre le travail des enfants c’est le capitalisme car celui ci permet de développer le pays et le développement économique est le seul moyen de mettre un terme au travail des enfants. je cite Paul Krugman, économiste vedette de la gauche américaine :
        « Est-ce que quelque chose pourrait être pire que d’avoir des enfants travaillant dans des ateliers de misère ? Hélas, oui. En 1993, on découvrit que des enfants produisaient des vêtements pour Wal-Mart, et le sénateur Tom Harkin proposa une loi interdisant les importations venant de pays employant de la main-d’œuvre enfantine. Le résultat direct fut que les usines textiles bangladeshis cessèrent d’employer des enfants. Mais est-ce que les enfants retournèrent à l’école ? Est-ce qu’ils retournèrent dans la joie à la maison ? Non, d’après Oxfam, la plupart de ces enfants se retrouvèrent à exercer des métiers pires encore, ou à travailler dans la rue – certains tombèrent même dans la prostitution. »

      • le problème du travail des enfants est intiment lié à leur besoin de travailler pour survivre, ainsi, peu importe la législation en place, ces enfants seront toujours impliqués dans l’économie

  • Je vous recommande l’exposé de Stefan Molyneux (youtube) The thruth about slavery.

    Parmi les constats édifiants:
    – Une fraction des Blancs possédait des esclaves, mais la loi les obligeait tous à pourchasser les fugitifs
    – Sans les lois limitant l’affranchissement, les esclaves Noirs aux États-Unis auraient tous été affranchis bien avant la guerre de sécession.

    Le libéralisme aurait donc éliminé l’esclavage bien avant la guerre de sécession.

    Constats analogues de Thomas Sowell ou Walter E Williams: Les discriminations sont toujours imposées par des lois; or on ne légifère pas pour imposer ce qui va de soi.
    La liberté élimine la discrimination comme tout ce qui ne marche pas.
    Comme dit Sowell: On ne discrimine pas avec son propre argent.

    • Autre constat plus provoquant de Molyneux: Les esclaves Noirs transportés aux USA furent de loin les plus chanceux ! Hélas ils furent proportionnellement bien peu.
      En effet, à condition de survivre à la traversée, ils purent vivre et fonder des familles.
      L’horreur de ce qu’ils auraient subi dans les autres traites, notamment arabo-musulmane, mérite d’être connue – mais préparez-vous à perdre vos dernières illusions quant à la nature humaine.

      En passant, on constate que la traite arabo-musulmane, plus importante en durée et en nombre, n’a pas produit en Orient les effets qu’on attribue en Occident à la traite atlantique.
      À faire observer aux socialistes.

  • Très bon article! J’ajouterais même que dans de nombreux cas les propriétaires d’esclaves ont été parmi les plus farouches opposants au capitalisme industriel. Au XIXème siècle aux États-Unis, par exemple, le Sud, plus pauvre, peu productif et fortement dépendant de la main-d’oeuvre esclavagisée était en opposition frontale avec l’économie du Nord, tirée par le développement de l’industrie, et l’augmentation continue de la productivité des travailleurs.

  • L’esclavage c’est à dire l’utilisation de ma main d’oeuvre servile est essentiellement américain.
    Il est du à l’introduction de la canne à sucre asiatique en amérique tropicale au XVII° siècle par les deux puissances maritimes dont les galions allaient jusqu’en extrême orient et au Japon, c’est à dire le Portugal et les Provinces Unies.
    La culture de la canne à sucre puis sa transformation en sucre et en rhum nécessite une main d’oeuvre agricole importante que les colonies européennes dans les Indes Occidentales ne pouvaient fournir du fait de leur faiblesse démographique. Les colons produisaient leur cultures de subsistance et aussi quelques cultures tropicales destinées à la vente, aux Antilles, le tabac et l’indigo.
    La culture de la canne à sucre incita à la création de grands domaines agricoles qui ruinèrent les petits colons qui survécurent en pratiquant la pêche ou l’agriculture se subsistance sur les petits lopins qui leur restaient et qui se métissèrent. Les descendants blancs ou mulâtres de ces petits paysans d’origine ruinés refusèrent toujours de travailler la canne à sucre, celle-ci étant pour eux synonyme d’esclavage.
    Pour trouver leur main d’oeuvre et après avoir essayé des prisonniers européens devenant vite malades, les propriétaires se tournèrent vers l’Afrique où les tribus guerrières étaient disposées à leur vendre des captifs des tribus vaincues moyennant des armes ou des produits manufacturés européens. C’est ainsi qu’une partie du cheptel humain auparavant destiné au monde arabe fut détourné pour travailler en zone tropicale humide dans les Amériques. Bien plus tard, l’introduction de la culture du coton (péruvien et indien depuis des milliers d’années) donna un nouvel élan à l’esclavage en amérique.
    Là où le climat ne se prêtait pas à la culture de la canne à sucre et plus tard du coton, il n’y a jamais eu d’esclavage – pays tempérés d’Amérique du Nord ou tempérés d’Amérique du sud qu’on appelle aussi l’Amérique du sud blanche (Argentine, Chili …)

    • « L’esclavage c’est à dire l’utilisation de ma main d’oeuvre servile est essentiellement américain. » faux lisez mes commentaires au dessus. l’esclavage est une pratique universelle. les plus grands esclavagistes ce sont les arabes

      • l’esclavage qui est l’objet de ce fil concerne le commerce triangulaire et ne concerne donc que l’esclavage dans les Amériques caractérisé par l’importation de « bois d’ébène » acheté aux tribus guerrières africaines et arabes.
        En rappelant une évidence que connaissent les marins, la route normale vers l’Amérique avec des bateaux ne marchant que vent arrière ou troisquart arrière passe par l’Afrique (la côte du Sénégal) tandis que le voyage retour implique de prendre les vents portants au large des caraïbes. C’est le chemin qu’emprunta Alvarez Cabral quand il reconnut le Brésil avec sa flotte d’une bonne dizaine de navires.
        Sinon on peut remonter jusqu’à la république et l’empire romain, de grands esclavagistes. L’esclavage pratiqué dans les grands domaines appartenant aux patriciens ruina le peuple des agriculteurs romains, d’où la réaction des frères Gracques tous deux assassinés par les sénateurs et la création du parti populaire dont les affrontements avec le parti sénatorial (Marius et Caesar contre Sylla et Pompée) entrainèrent la chute de la république et l’instauration de la monarchie militaire fondée sur la puissance tribunicienne des anciens tribuns du peuple face au Sénat.
        Notre civilisation chrétienne interdisit l’esclavage dans les territoires contrôlés par l’Eglise et c’est pourquoi il n’y eut jamais d’esclaves sur le territoire du royaume de France. Le servage, qui en était une forme, disparut complètement sous le règne du roi Louis X le Hutin (1315).
        Enfin , les pays européens maritimes furent les premiers à interdire et à poursuivre la traite (Traité de Vienne 1815) et à interdire l’esclavage.
        Un des derniers pays à abolir l’esclavage fut l’empire du Brésil (la « loi d’or » signée par la princesse Isabelle de Bragance fille de l’empereur Dom Pedro II) en 1887.

  • article très intéressant

  • (sauf pour les appartements car on a jamais testa.. mais on trouve toujours des bons plans sur Internet aussi pour ne jamais payer le prix fort dans les hatels !)

  • Les commentaires sont fermés.

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