L’austérité n’est toujours pas une réalité en France !

Démonstration chiffrée de l’absence d’une réelle austérité en France.

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L’austérité n’est toujours pas une réalité en France !

Publié le 15 septembre 2014
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Par Alex Korbel.

En pleine rentrée politique, nombreux sont ceux qui critiquent l’austérité des États, français et plus généralement européens. « Le monde entier nous supplie de faire cesser ces politiques d’austérité absurdes qui continuent d’enfoncer la zone euro dans la récession » lançait ainsi le lundi 25 août 2014 le ministre de l’Économie démissionnaire Arnaud Montebourg.

Étant donné que ce qui est en jeu ici est la souffrance des populations française et européenne, il est urgent de clarifier cette notion ambiguë d’austérité en faisant le point sur les niveaux d’endettement, de dépenses et de revenus de l’État.

Austérité France (Crédits : Alex Korbel, tous droits réservés)

Comprendre d’où vient le problème

Lorsqu’un État dépense plus que ce qu’il récolte en taxes, il a la possibilité de demander à emprunter la différence auprès d’investisseurs gérant l’épargne de personnes comme vous et moi.

Mais lorsque cela cesse d’être ponctuel et que le fait de vivre au-dessus de ses moyens devient une habitude pour l’État, les investisseurs se demandent s’ils reverront un jour leur argent. Ils cessent donc d’en prêter, ou demandent davantage de garanties financières.

C’est exactement ce qui s’est passé en Europe en 2009-2013 lors de la crise des dettes publiques de la zone euro. Certains États-membres – l’État grec par exemple – ayant vécu au-dessus de leurs moyens pendant des décennies ont perdu la confiance des investisseurs.

Le problème vient donc de ce que la dette de l’État grossit de plus en plus à cause du choix de l’État de dépenser plus que ce qu’il ne récolte en taxes, et ce sur une longue période.

 

La dette de l’État français augmente-t-elle ?

Pour savoir si l’État français peut un jour se voir confronté à un problème similaire, il faut se demander si sa dette grossit de plus en plus.

Regardons donc les chiffres.

Année 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013
Dette de l’État français en % du PIB 64,2 68,2 79,2 82,7 86,2 90,6 93,5
Dette de l’État français en milliards d’euros 1212 1319 1493 1602 1725 1841 1925

Dette de l'Etat français (crédits : Alex Korbel, tous droits réservés)
Oui, la dette de l’État français grossit de plus en plus. Pire, elle a presque doublé au moment même où la priorité aurait du être de la réduire. Elle représentait 64,2 % du PIB au début de la crise en 2007 et représente 93,5 % en 2013.

 

De quel type d’austérité parlons-nous ?

Lorsqu’un État très endetté décide de changer de politique afin de réduire sa dette publique, on parle d’un programme d’austérité.

Mais ce mot est ambigu car il peut signifier deux choses différentes.

En théorie, un État peut réduire sa dette publique en augmentant les impôts, en baissant ses dépenses ou en faisant un peu des deux.

Mais ce qui rend le tout confus est que certaines autres politiques dont l’effet est de réduire la dette ne sont pas qualifiées de mesures d’austérité. Par exemple, réduire les impôts peut permettre de redynamiser l’économie, donc d’augmenter les recettes de l’État, donc de réduire le déficit.

Cette expression d’austérité provoque donc une incompréhension. Les personnes favorables à un État limité disent que « l’Europe n’est pas engagée dans un programme d’austérité » car elles estiment que les dépenses publiques n’ont pas diminué, et qu’augmenter les impôts est une erreur. Les personnes favorables à un État illimité leur répondent « bien sûr que si, et il faut que cela cesse » en pointant du doigt les hausses d’impôts et en affirmant que les dépenses de l’État ont baissé.

Qu’en est-il en France ?

 

Les dépenses de l’État français baissent-elles ?

Année 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013
Dépenses de l’État français en % du PIB 52,6 53,3 56,7 56,6 55,9 56,7 57,1
Dépenses de l’État français en milliards d’euros 993 1030 1069 1095 1118 1152 1176

Dépenses de l'Etat français (Crédits : Alex Korbel, tous droits réservés)

Les dépenses de l’État français n’ont pas baissé. Au contraire, elles ont même fortement augmenté pendant la crise, tant en valeur qu’en pourcentage du PIB français : de 52,6 % en 2007 à 57,1 % aujourd’hui.

Lorsqu’un homme politique ou un commentateur parle de coupes sauvages dans les dépenses de l’État français, vous savez maintenant qu’il est soit un ignorant soit un menteur. Et s’il est ministre de l’Économie, il s’agit sans doute de la seconde option.

 

Les revenus de l’État français augmentent-ils ?

Année 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013
Revenus de l’État français en % du PIB 49,9 49,9 49,2 49,5 50,7 51,8 52,8
Revenus de l’État français en milliards d’euros 941 965 928 959 1015 1053 1087

Revenus de l'Etat français (Crédits Alex Korbel, tous droits réservés)

Oui, les recettes de l’État français ont beaucoup augmenté depuis le début de la crise. Entre 2007 et 2012, les contribuables ont connu 205 augmentations différentes de leur fardeau fiscal. Le taux d’imposition marginal sur le revenu est passé de 40 % en 2010 à 45 % en 2012.

 

Rigueur ou faustérité, qu’est-ce qui fonctionne le mieux ?

austérité hollande le honzecCette différence entre l’austérité pour l’État (moins de dépenses étatiques ; nous l’appellerons « rigueur » ici) et l’austérité pour les citoyens (plus de taxes ; nous lui donnons le nom de « faustérité ») est essentielle car l’expérience porte à croire que la nature du type d’austérité choisie importe plus que sa taille.

Historiquement, les politiques de rigueur fonctionnent en effet bien mieux que les politiques de faustérité.

Alberto Alesina et Silvia Ardagna, de l’Université Harvard aux États-Unis, ont examiné 107 plans gouvernementaux visant à réduire la dette publique dans 21 pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) entre 1970 et 2007. Leur étude est gracieusement disponible en ligne.

Leurs résultats laissent entrevoir que les réductions d’impôt sont plus favorables à la croissance que l’augmentation des dépenses de l’État dans le cas d’une relance budgétaire.

Ils ont aussi constaté que la réduction des dépenses de l’État est le moyen le plus efficace pour réduire le ratio d’endettement :

« Nous montrons que les réductions de dépenses publiques sont beaucoup plus efficaces que les hausses d’impôts afin de stabiliser la dette de l’État et d’éviter les ralentissements économiques. Mieux, nous présentons plusieurs cas où la réduction des dépenses de l’État adoptée afin de réduire le déficit public a provoqué une forte croissance économique en lieu et place d’une récession. » (page 3)

La conclusion de l’étude montre que dans les cas où les plans de réduction du ratio d’endettement réussissent (une réussite étant définie comme la réduction cumulative du ratio d’endettement d’au moins 4,5 points sur trois ans), ils sont le résultat d’une baisse de deux points de PIB des dépenses publiques et d’une baisse d’un demi-point des rentrées fiscales.

Des résultats encore meilleurs peuvent être obtenus si l’État libéralise le marché du travail et accomplit d’autres réformes structurelles (réformer en profondeur son système de retraite, de santé, d’éducation, etc.).

 

La France ou l’exemple à ne pas suivre

On l’a vu dans les graphiques ci-dessus, depuis le début de la crise des dettes publiques de la zone euro, et que cela soit sous la présidence de Nicolas Sarkozy ou de François Hollande, l’État français a choisi un programme de faustérité en taxant davantage les citoyens, tout en augmentant ses dépenses publiques.

Sans surprise si l’on connait l’expérience internationale, cette politique de faustérité n’a pas résolu le problème. Au contraire, la dette de l’État français n’a cessé d’augmenter.

En matière d’austérité, la faustérité française a été tentée depuis sept années, et elle est un échec. La rigueur n’a pas été tentée, et l’expérience des autres États de l’OCDE montre que c’est un succès.

Il faut donc se défaire de la notion ambiguë d’austérité et privilégier les termes de faustérité et de rigueur afin de clarifier le débat et d’aboutir à des mesures politiques qui sauvent l’économie au lieu de l’enterrer  – comme c’est malheureusement le cas actuellement en France et plus généralement en Europe.

 

Conclusion

La solution aux problèmes français et européens de dettes publiques est une politique de réformes structurelles, combinée à une baisse des dépenses de l’État et couplée dans la mesure du possible avec une réduction des impôts.

Article original publié le 10 septembre 2014 sur 24hgold.com

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  • en ce qui me concerne , l’austérité je ne connais pas ; en revanche , je m’impose la rigueur , celle de ne pas dépenser l’argent que je n’ai pas , en me méttant un crédit sur le dos par exemple alors que je n’ai aucune certitude à pouvoir le rembourser ….et quand on voit l’avenir dans ce pays , ça n’incite pas à aller voir son banquier pour obtenir un crédit ;

  • Lu sur Le Figaro :

    « En plein ras-le-bol fiscal, l’exécutif estime que rehausser la TICPE ne peut pas être considéré comme une nouvelle hausse d’impôt dans la mesure où il s’agit de compenser une recette manquante. Par ailleurs, la baisse des prix des carburants suite au recul des cours du pétrole, devraient rendre la facture moins lourde à supporter pour les ménages. »

    Quand les sous ne rentre plus en valeur absolue, on augmente la valeur relative (le taux de prélèvement qui atteint déjà 52.8%). Et on profite des variations de prix pour cacher la poussière sous le tapis, sachant bien quelle ressortira dans quelques semaines.

    L’important est le triste constat de cet article : augmentation continue des dépenses de l’état, de la dette, de la pression fiscale sans aucune amélioration du service rendu au citoyen. Aucune volonté de se contrôler pour revenir sur les abus ou même les stabiliser. Dissimulation, manipulation et mensonges.

    Attention, les Dieux ont soif !

  • Merci pour cet article clair et net.

  • Bon article comportant des statistiques essentielles.
    Curieux de voir que les dépenses de l’Etat ont bien grandi malgré la crise, cela prouve qu’il y a un problème.

  • A noter quand même qu’en pourcentage du PIB, les dépenses publiques avaient commencé à baisser un peu sous Sarkozy. C’était une bonne tendance que Normal 1er s’est empressé d’inverser. C’était plus facile que d’inverser la courbe du chômage!

    • A ce rythme là on passera les 60% du PIB avant la fin du mandat d’Hollande.

    • Non, ça a baissé en pourcentage parce qu’il y avait eu un léger rebond de la croissance, croissance factice en vérité, car financée par 610Mds de dettes qui ont ensuite couler le peu de croissance que ça avait apporté.

      Ce qu’à fait Sarkozy, c’est purement cosmétique. Il a plombé la croissance de demain pour profiter de celle d’aujourd’hui. Et tant pis pour les cons d’après. En gros, ce qu’ils font tous depuis des années.

  • « la faustérité française a été tentée depuis 7 ans et est un échec »
    Non cela fait 40 ans que c’est le même système :
    1) Dépenser de l’argent public pour « relancer » la croissance.
    2) Augmenter les impôts pour tenter de combler le déficit public car la croissance n’a pas décollée.
    3) Emprunter de l’argent pour relancer les dépenses publics et donc la croissance.
    4 = 2) Augmenter les impôts pour tenter de combler le déficit public car la croissance n’a pas décollée.
    5 = 3) Emprunter de l’argent pour relancer les dépenses publics et donc la croissance.
    Etc etc etc…

    Et au final on obtient une dette gargantuesque et une économie moribonde !!!

    Le problème des étatistes (socialistes vrais et ump = faux socialistes) c’est le présupposé de leur idéologie commune : en dépensant de l’argent public on relance la croissance grâce à un effet démultiplicateur….

    Sauf que l’économie c’est un système réel et physique. Donc il répond aux lois de la physique :
    – Rien ne se crée, rien ne se perd, tout se transforme : la richesse « créée » n’est rien d’autre que la transformation d’une ressource en un bien ou service.
    – Tout système ne peut produire plus d’énergie qu’il n’en consomme. La richesse est l’énergie qui alimente l’économie. Et donc l’économie ne peut pas créer plus de richesse qu’elle n’en consomme !!!
    Il n’existe donc aucun facteur démultiplicateur…. Et encore moins quand le pays n’a quasiment aucune ressource naturelle qu’il peut transformer et vendre !!!!

    Toute « Politique de Relance » est vouée à l’échec : Il faudra rembourser les prêteurs, donc prendre de l’argent dans l’économie et créer une contraction de celle-ci. Et payer des intérêts, et donc reprendre de l’argent dans l’économie et la réduire encore plus !!!

  • Je mettrai un ajout sur la partie à propos de l’augmentation de la dette. En effet, la courbe ne montre pas l’exacte réalité, loin s’en faut. Car vu sur ce graphique, on voit effectivement la dette augmenter, mais ça ne parait pas totalement hors de controle. En revanche, ce qu’il est interessant de noter, c’est que la dette augmente en volume, oui, mais qu’en plus, les échéances sont de plus en plus courtes! Manque de confiance oblige!
    De fait, l’augmentation de la dette ne reflète pas l’augmentation de sa charge.
    Il est en effet moins contraignant d’emprunter 1000€ sur 5 ans que 1000€ a rembourser le mois prochain…

    • Par contre pour les recettes de l’Etat vous êtes certains?? Cela comprend quoi exactement? Parce que la CDC donne des chiffres autres pour les revenus de l’Etat (et en comptant également les revenus des collectivités locales etc).

    • D’ailleurs je viens de regarder: l’augmentation de la dette + dette hors bilan depuis dix ans équivaut à une différence bien plus importante entre les revenus et les dépenses: donc soit il y a plus de dépenses qu’annoncé (possible, hélas, avec les hors bilan c’est envisageable non?), soit il y a plantage sur les revenus.

  • Le lien vers l’étude d’Alberto Alesina et Silvia Ardagna ne marche plus, voici un lien vers le PDF : http://scholar.harvard.edu/files/alesina/files/largechangesinfiscalpolicy_october_2009.pdf

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