Le libéralisme, fléau court-termiste. Vraiment ?

Le libéralisme est-il une idéologie portée à gaspiller les ressources ?

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Crédits : René Le Honzec/Contrepoints, CC-BY 2.0

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Le libéralisme, fléau court-termiste. Vraiment ?

Publié le 5 septembre 2014
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Par Marius-Joseph Marchetti.

 

libéralisme rené le honzecLors d’un de mes précédents articles, j’avais abordé un des sophismes souvent appliqué à la pensée libérale, à savoir la gratuité.

Il me semble nécessaire d’aborder cette fois-ci un sophisme non moins grand, à savoir la croyance en un libéralisme totalement et ouvertement court-termiste gaspilleur de ressources. Pour briser cette allégation récurrente, je me permettrais d’aborder l’instance naturelle de la propriété et de l’opposer à la propriété dite publique, qui n’est publique que parce qu’elle a été volée et confisquée au préalable dans la plupart des cas. Mais passons outre les commentaires dits désobligeants et affreusement dogmatiques destinés à nos très chers amis les politiciens, qui, s’ils nous ont conduit sur la route de l’enfer, ne l’ont fait que car ils avaient de bonnes intentions.

Intéressons-nous ainsi à la gestion des « biens collectifs » par les hauts fonctionnaires. Lorsque ceux-ci sont élus, ils héritent du domaine public pendant X années. Mais ils ne détiennent pas la valeur capitalisée de ces biens, ils ne possèdent que l’usage courant de ces ressources. Il s’ensuit naturellement une consommation anti-économique de la ressource puisque seul l’usage peut être possédé. Personne n’aura d’incitation à la conserver et il sera avantageux pour tout propriétaire de la consommer rapidement. Ils ont ainsi une très grande incitation à avoir une vision court-termiste.

Quelle incitation avez-vous à avoir une vision long-termiste si on vous offre une maison, mais seulement pour une durée de cinq ans, et qu’on vous explique de manière très explicite que ce n’est pas vous qui paierez les pots (pardon, les vases) cassés ? Vous n’en avez aucune. Vous aurez au contraire une très grande incitation à consommer le capital le plus vite possible avant que les prochains propriétaires n’arrivent.

Je me permettrai de faire un petit commentaire hors du propos initial. C’est en cela qu’on peut potentiellement voir la supériorité, du moins sur ce point-ci, de la monarchie sur la démocratie (attention, je ne justifie ni ne souhaite l’instauration d’une monarchie : mes propos sont purement théoriques). Dans une monarchie, le dirigeant n’aurait pas d’incitation à gaspiller le capital car il détient la valeur capitalisée, du moins jusqu’à sa mort ou jusqu’à ce qu’il soit destitué.

Ainsi, il aura intérêt à gérer convenablement le domaine public car le risque de révolte y est grandement supérieur à celui dans une démocratie. En effet, les individus vivant dans les démocraties sont bercées dans l’illusion de la liberté grâce au droit de vote. Combien n’ont jamais entendu le célèbre « nos aïeux sont morts pour le droit de vote » ? Personne. Nous pourrions rétorquer que nos aïeux se sont battus, non pas pour le droit de vote mais pour la liberté. Différence notable et non négligeable. En démocratie, un individu commun n’aura pas d’incitation à se révolter. Il se contentera de se dire qu’il votera autrement la prochaine fois. Et la boucle est bouclée.

« Un homme autorisé à se choisir un nouveau maître après un intervalle de quelques années n’en est pas moins esclave. » — Lysander Spooner

Pardonnez-moi chers lecteurs, mais le détour occasionné me semblait toutefois capital dans l’explication de ce sujet.

Ainsi, le problème de la propriété publique est qu’elle n’est pas en réalité une propriété commune des citoyens, mais qu’elle n’est que la propriété de hauts fonctionnaires ne pouvant en bénéficier qu’un temps. L’un des facteurs faisant de la propriété ce qu’elle est est également la possibilité de la « dépropriété ». Si la propriété publique appartenait véritablement aux personnes la finançant, nous serions en quelque sorte chacun des actionnaires. Chaque contribuable aurait pu ainsi avoir la possibilité de vendre sa part qui lui est naturellement due par son financement constant. Il n’en est rien vu que la possibilité de la « dépropriété » n’existe pas.

Chacun d’entre nous – et les politiciens en premier lieu – n’a aucun intérêt rationnel à consommer avec parcimonie le capital car il ne nous appartient pas, et nous ne pouvons nous en libérer. Tout individu composant le public et pensant posséder cette propriété peut essayer de s’approprier la part qui lui revient de par son financement pour son usage personnel.

Il est ainsi curieux qu’on oppose de manière systématique que les propriétaires privés, de par leur préférence temporelle, devraient avoir une vision à court terme alors que les fonctionnaires posséderaient une vision à long terme. C’est précisément l’inverse qui est exact. Ainsi, l’individu libre assuré de la propriété de ses ressources aura tout intérêt à avoir une vision à long terme et essaiera de garantir la valeur capitalisée de son bien. C’est le fonctionnaire aux commandes qui devra se hâter pour consommer le capital à sa disposition.

Voici un exemple, qui je l’espère, pourra briser ce sophisme à la peau dure. La propriété publique en est un. Sa seule utilité est de consommer le capital avec une rapidité bien plus considérable que ce qui aurait été possible sur un marché libre.

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  • Vous allez où? Vive l’anarchie? Je vous suggère d’aller passer un peu de temps dans un pays anarchique…
    La démocratie est un compromis avec tous les défauts du compromis mais cela fonctionne plutôt mieux et cela sur tous les critères, que ce soit dans l’exploitation des ressources ou dans l’expression de la liberté individuelle.
    Quant à la question du court termisme supposé du libéralisme, ce n’est hélas pas son apanage…les régimes « planificateurs » faisant pire… Le court termisme c’est simplement le biais humain que je résumerai « après moi le déluge! »

    • « Je vous suggère d’aller passer un peu de temps dans un pays anarchique… »

      Dites-moi lequel, et j’y irais.

    • Donnez donc votre pays ou règne l’anarchie, c’est avec plaisir qu’on ira.

      J’ai bien peur que ce pays n’existe pas et que vous confondez anarchie et anomie.

      • Navré de cette erreur de débutant…ma culture anarchique est bien pauvre…mais vous pourriez un peu m’expliquer comment passer à l’anarchie sans tomber dans l’anomie?

        • L’anarchie c’est l’absence de gouvernement, d’autorité suprême, nullement l’absence de règles et de droits.

          Il y a plusieurs courants d’anarchistes, certains sont socialistes voir communiste et ainsi incompatible à le libéralisme mais d’autres, comme l’anarcho-capitalisme sont tout à fait compatibles.
          Le respect des droits naturels ne nécessite pas forcément le recours à une autorité supérieure, dans le cas de la sécurité des biens et des personnes par exemple, le recours à des sociétés privés peut remplacer très simplement la police d’état.

          Il y a une littérature très développée sur le sujet, Murray Rothbard, H-D Thoreau et Lysander Spooner sont à mon avis les plus importants. Vous pouvez aussi lire Robert Nozik, qui, même s’il est minarchiste, permet de bien comprendre le principe et les écueils.

          • Mais l’anarcho-capitalisme est une forme du capitalisme libéral, non pas du mouvement de l’Anarchisme historique. L’Anarchisme est bien d’abord un socialisme et uniquement, issu de la partie anti-marxiste de la première Association Internationale du Travail, et se dissociant des propositions de Marx,jugées trop autoritaires dans l’esprit de ce qu’ils entendaient par « socialisme ». C’estt bien,non tant du caractère individuel de Marx, mais bien l’autoritarisme de sa théorie qu’il s’agit,qui,en fait,est un centralisme,ce qui ne leur allait pas ! De là se sont auto-baptisés « Socialistes anti-autoritaires d’où « Socialistes Libertaires ». C’est de là que vient le mot, changé en Anarchistes à la suite d’une insulte de Marx à leur égard. Après laquelle c’est par défi que ce groupe dissident de l’A.I.T. a adopté ce terme.
            Lequel,dans leur esprit ne signifiait pas un choix pour l’anarchie sociale au sens du dictionnaire,qui est le désordre,mais simplement un refus de l’Etat et de toute centralisation.

            Mais,ceci, non pas pour un capitalisme individualiste, avec des sociétés capitalistes privées, mais une organisation collective basée sur l’entente et l’entraide. Car le mouvement Anarchiste(anciennement Libertaire),reste de type collectiviste,donc exclusif de tout capitalisme.

        • Donc,pour commencer, commencez par ne pas parler de culture « anarchique » qui ne voudrait dire qu’une culture sans unité ni direction,désordonnée.
          Vous vouliez sans doute parler de connaissances au sujet de l’ « Anarchisme »,mouvement politique,social et d’idées? Basé sur la critique de l ‘Etat et de tout centralisme.

  • A part des …qui mettent tous les ismes dans le même sac,ce qui fait qu’ils ne sont pas prêts de comprendre quoi que ce soit ni à la politique,ni à l’économie, le libéralisme n’est pas l’anarchie;De même que l’anarchisme non plus n’est pas l’anarchie !

  • La France est un pays anarchique, ou grosse république. Nos gouvernants font les lois et savent comment s’ en soustraire, les élus gonflent leurs fins de mois à coup de rond-points, les libéraux ne vont plus voter et les ex cocos votent Le Pen!
    Merveilleux.

  • Autre exemple :
    La valeur d’une ressource en fonction de son prix de vente….

    Prenons le cas de l’Or :
    L’état s’empressera de vendre une grosse quantité d’or pour renflouer ses caisses. Et se faisant il fera baisser les cours (plus d’or à vendre = baisse des cours). Ceci est une vision à courts termes.
    Un particulier vendra son or par petite fraction et surveillant l’évolution des prix. Vision à long terme.

  • Les commentaires sont fermés.

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