Socialiste ou libéral ?

Le Gouvernement fait encore vivre les Français dans le provisoire là où ils ont besoin de retrouver la confiance en eux qui ne se construit que dans la pérennité assumée.

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Mirage social libéral (Crédits : René Le Honzec/Contrepoints.org, licence Creative Commons)

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Socialiste ou libéral ?

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 3 septembre 2014
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Par Jean-Philippe Delsol.

Mirage social libéral (Crédits : René Le Honzec/Contrepoints.org, licence Creative Commons)Faut-il se réjouir que le gouvernement Valls prenne un tournant social-libéral ? À dire vrai, je crains que ce ne soit poudre aux yeux. Un nouveau ministre, tout flamboyant tout beau, dit qu’il a pu souhaiter faire évoluer la loi sur les 35 heures, et le patronat y croit déjà quand bien même le Premier ministre vient aussitôt rappeler que le gouvernement ne touchera pas à cette avancée sociale qui a relégué la France au stade de lanterne rouge de l’Europe. Certes, Manuel Valls annonce une remise en cause de la misérable loi ALUR… mais sauf à Paris où elle fait le plus de ravages. Des mesures sont prévues pour réduire l’imposition des plus-values sur les terrains à bâtir ou favoriser les donations de terrains à construire, mais jusqu’en 2015 seulement.

Le gouvernement fait encore vivre les Français dans le provisoire, là où ils ont besoin de retrouver la confiance en eux qui ne se construit que dans la pérennité assumée. Il approfondit la rupture entre deux France, celle qui ne paye pas d’impôt et qui reçoit, dont il élargit la base, et celle qui travaille encore, malgré les 35 heures, sur les épaules de laquelle il alourdit le fardeau social et fiscal. Quand il veut aider les entreprises, il ne baisse pas leurs charges, mais leur prend plus pour leur en redonner un peu via un CICE, la grande machine administrative qui, elle, y trouve matière à s’engraisser en même temps qu’elle coûte toujours plus cher.

Certes, il y a quelques propositions heureuses à la marge pour aider les étudiants à créer leur entreprise, pour permettre le travail le dimanche, pour supprimer quelques normes excessives… Mais le déficit du budget et celui du commerce extérieur continuent de s’accroître et la seule parade est encore dans une politique de court terme tendant à rogner les dépenses et demander sans fin des délais supplémentaires à l’Europe, là où il faudrait des réformes structurelles pour libérer l’école, l’emploi, l’entreprise, le logement, favoriser l’initiative individuelle, rendre aux contribuables des marges de manœuvre, réduire le poids de l’administration au profit d’une société civile revigorée…

 

Alors… social-libéral ?

Social-libéral ne veut rien dire, car le socialisme de Manuel Valls et consorts pense encore que tout doit venir de l’État quand le libéralisme fait confiance aux hommes pour faire progresser la société. Social-libéral est un oxymoron, ou un pléonasme.

C’est un oxymoron s’il s’agit de dire que le socialisme et le libéralisme sont compatibles car ils ne le sont pas. Il faut choisir, sauf à finir par tourner ce mauvais film caricatural d’un communisme dit libéral à la chinoise qui emprunte les travers du totalitarisme en continuant d’emprisonner ceux qui ne pensent pas droit, en muselant la toile, en reniant ses propres engagements de démocratie à Hong Kong… Et qui se plie aux pires excès de la jungle d’un capitalisme d’État. Celui-ci est capable de faire prospérer des mafias profiteuses de monopoles et de contraintes imposés par une oligarchie enrichie de ces passe-droits et qui a envahi le faux parlement de cette superpuissance aux pieds d’argile. Le collectivisme n’est pas compatible avec le libéralisme, car celui-ci repose d’abord sur le respect des individus autant que sur la liberté et la créativité personnelles, que celui-là dénigre quand il ne les interdit pas.

C’est un pléonasme s’il s’agit de dire que le libéralisme est social, car il est le plus social de tous les régimes en « isme ». C’est lui qui a permis le progrès matériel et intellectuel de l’humanité, sorti les masses paysannes de l’extrême pauvreté, allongé l’espérance de vie… Il n’est pas parfait, car nul n’est parfait, mais il le sait à la différence de tous les autres. Et c’est sa faiblesse en même temps que sa force. C’est ce qui lui évite de vouloir une politique contre les Hommes.

Le socialisme réformateur qui s’amorce en deuxième partie du quinquennat viendra peut-être sauver la France et le socialisme lui-même d’un désastre définitif. Mais ça ne sera que pour faire vivre les Français dans un monde triste géré par des petits hommes gris. Il ne sera pas la révolution qu’il faudrait pour libérer les énergies et rendre aux Français envie d’être libérés plutôt qu’assistés. Hélas !

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  • Etre libéral c’est miser sur l’individu en pensant que le bonheur de tous peut être la somme des bonheurs individuels, dans la mesure de la contribution de chacun.
    Être socialiste c’est nier l’individu au nom d’une foi aveugle selon laquelle le bonheur de chacun doit résulter du bonheur collectif.

    Voir à ce sujet : https://docs.google.com/document/d/1sTgi_LftCtTzklhY0mxkZMqPSy-xaj4hJnfsTcwhfE4/edit

  • « le socialisme et le libéralisme sont compatibles »

    On ne peut pas défendre en même temps l’esclavage et la liberté.

  • « Manuel Valls et consorts pense encore que tout doit venir de l’État quand le libéralisme fait confiance aux hommes »

    Pour moi, le libéralisme n’existe pas : il n’est qu’une anti-thèse de toutes les utopies politiques. Si le « libéralisme » crée la prospérité, c’est que la nature humaine engendre la prospérité. Et toute contrainte imposée a toutes les chances de réduire ou annuler cette prospérité. Au plus, un penseur libéral tente de définir la limite des idéologies politiques.

    On peut discuter de la nécessité de réguler, protéger, partager … Mais il n’y a pas de social-libéralisme : seulement du socialisme plus ou moins mou, car on sait que le socialisme est fondamentalement mauvais pour la prospérité.

    Le problème du PS est qu’il est en concurrence avec tous les autres partis pour faire du socialisme. Et en période de crise, il est évidemment le pire car son abus de réglementation, protection, redistribution enfonce la société de façon évidente et insupportable. certains élus socialistes s’en rende compte (d’autres sont dans le déni), ils tentent de justifier leur alignement sur la droite en s’inventant « libéraux et socialistes ». Mais tout ça est du vent. La vérité est qu’ils sont inutiles et néfastes car le curseur de « réglementation, protection, redistribution » a été poussé beaucoup trop loin depuis beaucoup trop longtemps.

  • Pour les socialistes en guerre contre le monde de la finance ou pour les libéraux, une BD qui dévoile avec humour les coulisses d’une salle des marchés et de ses traders :
    laviereveedestraders.blogspot.fr

  • Où en t’on de la démocratie au service des ou du peuple français?

  • Il faut crier sur les toits que ce nouveau programme est tout sauf du libéralisme.

    Étant nécessairement voué à l’échec, appeler ces réformettes du libéralisme, c’est enfoncer un peu plus l’image déplorable qu’a le libéralisme dans les média et l’opinion publique.

  • Il est de la nature de l’Etat de vouloir accroître son emprise sur les individus, via le contrôle, la coercition.C’est pour cela que si l’Etat ne peut être totalement supprimé (débat sur ce sujet d’ailleurs), il doit à la fois être minimal mais ce n’est pas suffisant, il doit également être entouré de garde-fous afin que cette minimalité ne se transforme pas petit à petit en maximalité. Des contrôles extérieurs doivent être mis en place (cela peut passer par exemple par des contrôles de l’action de l’Etat par des organismes privés, la limitation des mandats (tout type confondu), mais il doit également être mis en place à l’intérieur même de l’Etat sa propre limitation, par exemple l’interdiction constitutionnelle pour l’Etat d’intervenir dans certains secteurs qui seraient à définir (cela pourrait être l’éducation, la santé, le travail (plus de lois mais des contrats), la culture, les « problèmes de société » (parité, prostitution, etc).

    C’est la différence entre un Etat socialiste et un Etat libéral.

    • Sauf que la notion de contrôle elle-même éloigne du libéralisme et conduit à le désavouer.

      • fondamentalement vous avez raison, mais à moins de croire qu’on peut se passer d’Etat, c’est à dire être anarchiste, le contrôle de celui-ci est nécessaire pour garantir la liberté des individus.

  • Les commentaires sont fermés.

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