OGM : L’abominable vengeance de M. Séralini

Petit tour dans le monde merveilleux de la désinformation sur les OGM.

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0
img contrepoints060 OGM Séralini

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

OGM : L’abominable vengeance de M. Séralini

Publié le 2 septembre 2014
- A +

Par Wackes Seppi.

img contrepoints060 OGM SéraliniFood & Chemical Toxicology a – finalement – retiré (dépublié), en novembre/décembre 2013, l’« étude » de Séralini et al. « Long term toxicity of a Roundup herbicide and a Roundup-tolerant genetically modified maize » initialement mise en ligne le 19 septembre 2012 .

M. Gilles-Éric Séralini a trouvé l’asile scientifique (enfin… il serait plutôt écolo-politique) chez Environmental Sciences Europe, un titre du groupe Springer. Il y a republié son œuvre sous un titre vengeur : « Republished study : […]» .

Et la vie continue à F&CT.

Le 31 janvier 2014, F&CT a mis en ligne un article de Bryan Delaney, Laura M. Appenzeller, Jason M. Roper, Pushkor Mukerji, Denise Hoban et Greg P. Sykes, « Thirteen week rodent feeding study with processed fractions from herbicide tolerant (DP-Ø73496-4) canola ». Une étude classique de toxicité subchronique à 90 jours sur 12 rats par groupe ; et sept groupes par sexe : un groupe recevant une alimentation contenant du colza tolérant la molécule herbicide glyphosate, lequel colza a été produit avec emploi du glyphosate pour le désherbage ; un groupe recevant ce même colza, mais cultivé sans recours au glyphosate ; un groupe recevant un colza quasi isogénique ; quatre groupes recevant un autre colza.

Les auteurs ont précisé : « Tous les aliments ont été formulés en tant que variantes de l’aliment de laboratoire standard PMI® Nutrition International, LLC Certified Rodent LabDiet® 5002 (PMI® 5002). ». Le tourteau et l’huile de colza se substituaient à ceux du soja. Les auteurs ont conclu : « Aucune différence toxicologiquement significative n’a été observée entre les traitements et les témoins. Les résultats décrits ici étayent la conclusion que le tourteau DH [déshuilé/dégraissé et grillé] et l’huile RBD [raffinée/décolorée/désodorisée] sont aussi sains et nutritifs que le tourteau DH et l’huile RBD obtenus à partir de graines de canola non GM. »

Cela n’a pas plu à M. Gilles-Éric Séralini et son équipe rapprochée (MM. Robin Mesnage, Nicolas Defarge et Joël Spiroux de Vendômois). Ils ont donc écrit une lettre à l’éditeur, M. A. Wallace Hayes, celui qui avait osé décider – seul selon lui – de dépublier M. Séralini.

Que disent-ils en substance ?

Que les conclusions de l’étude peuvent être utilisées par des instances de régulation ; que, selon leurs propres tests sur la Purina Certified Rodent LabDiet 5002, celle-ci contenait du maïs transgénique et du glyphosate, ainsi que son métabolite, l’AMPA ; qu’en conséquence, « la présence incontrôlée des résidus de pesticides et autres OGM rend l’étude non concluante » ; que « selon les critères de l’éditeur de F&CT, l’étude devrait être retirée à son tour ». 

On peut dire que c’est de bonne guerre ; mais aussi du niveau de la cour de récréation.
Sur le plan scientifique, c’est d’une indigence crasse. L’objet de l’étude était d’étudier les effets d’un colza transgénique en comparant une alimentation le contenant à des rations contenant d’autres colzas – toutes autres choses étant égales par ailleurs. C’était bien le cas.

M. Delaney a répondu par une lettre à l’éditeur. Lapidaire et cinglante : « Mesnage et al. n’ont pas analysé les rations témoins de notre étude. » Il nous faut gâcher un peu cette étourdissante chute. Mais il y a encore matière à Schadenfreude ; M. Delaney et ses co-auteurs sont employés par la firme DuPont Pioneer. Ils ont déclaré une absence de conflits d’intérêts, et formellement relevé le parrainage de DuPont Pioneer. M. Delaney est un des directeurs de rédaction de F&CT. MM. Mesnage, Defarge et Séralini se sont prévalus du CRIIGEN et de l’Université de Caen (dans cet ordre), M. Spirous de Vendômois du seul CRIIGEN.

La lettre à l’éditeur de Mesnage et al. a été mise en ligne le 2 juillet 2014 ; la réponse le lendemain. Cela n’a pas empêché Mme Claire Robinson de produire un article sur GMWatch (tiens… pourquoi pas sur GMOSeralini dont elle est la directrice de rédaction ?), « The farce of GMO industry safety studies », daté du 11 juillet 2014, qui occulte la réponse de M. Delaney.

Et il y a mieux encore : le CRIIGEN (donc M. Séralini, etc.) a publié une traduction et adaptation le 17 juillet 2014, « Analyse toxicologique des OGM : la mauvaise farce des études de l’industrie », toujours sans tenir compte de la réponse.

Le monde de la désinformation n’est-il pas merveilleux ?


Sur le web.

Voir les commentaires (15)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (15)
  • Séralini a joué le héro minoritaire (alors que les OGM sont détestés par tout le monde dans ce pays), puis le martyr une fois sa farce démontée.
    Donc non pas d’accord avec vous, il a très bien joué son coup, boostant les ventes de son bouquin, et faisant progresser la méfiance à l’égard des OGM.

  • Mr Séralini est terrorisé par la chimie et la génétique ( un psy pourrait peut être l’aider à trouver les causes?) et il tord les études et les chiffres pour essayer de démontrer ce qu’il craint dans ses pires cauchemars. Dans un monde où les institutions n’ont pas de gouvernance efficace les mensonges ne sont pas filtrés( pas plus ceux de Séralini que ceux des politiques sur l’Ukraine ou l’Irak …) C’est donc au citoyen de reprendre la main et de faire l’effort de collecter les faits et de réfléchir car, in fine, c’est lui qui payera la note et assumera les conséquences des choix politiques. Grâce à Internet il est aujourd’hui assez facile, pour qui le souhaite, de démêler le vrai du faux sur les OGM . Certains sont attirés par les sectes anti OGM ( genre Séralini et autres) : parmi eux il y a les masos ( ils jouiront du déclin engendré) et les paresseux qui, pour n’avoir pas réfléchi, assumeront les conséquences du rejet des progrès.

  • J’ai laissé hier un billet sur mon blog au sujet de Goebbelisation de la science et de la politique, cette controverse sur le maïs roundup ready est ridicule. Je l’ai dit et répété de nombreuses fois dans mon blog climato-sceptique, pro-OGM et pro-nucléaire, je suis désolé mais je cumule le politiquement incorrect … le round-up ne peut pas être toxique pour les animaux puisque sa cible est un enzyme qui n’existe que chez les plantes et quand bien même il y en aurait des quantités massives dans une plante résistante, il n’aurait aucun effet. Ça n’a pas l’air de suffire à tous ces faux scientifiques qui réalisent des travaux en ayant écrit leur article « scientifique » avant même d’avoir conduit la moindre expérience. Cf :
    http://jacqueshenry.wordpress.com/2014/09/01/reflexions-sur-le-mensonge/

    • Tiens vous voilà revenu au statut de simple commentateur. C’est fini vos « articles » quasi-journaliers sur Contrepoints sur tout et n’importe quoi ? Quel dommage !

  • Quand une étude ne répond pas aux critères de bases de statistiques, alors elle doit être refusée et non publiée. Cela m’est déjà arrivé. Et j’ai du revoir mes analyses stats et refaire des expériences : 1 ans de plus. Je n’ai jamais crié à la manipulation des « méchantes entreprises » ou d’un « lobby caché voulant manipuler la vie des citoyens ».
    Et cela arrive souvent en recherche. Mais les vrais chercheurs acceptent leurs erreurs et revoient leurs travaux en fonction des remarques faites par les reviewers !!!

    Quand une étude de complaisance est publiée et qu’elle est démontée par la critique scientifique, alors il est normal de la retirer et les auteurs devraient faire profil bas… Mais Hélas, trois fois hélas… Dans ce cas de figure, les auteurs sont justement des fanatiques de la théorie du complot… avec leurs propres revues maintenant !!!

    La science se porte de plus en plus mal à cause de tels agissements et de telles personnes !

  • Le but visé par séralini est atteint.
    Il ne s’agit pas de science mais de com et pour être exact de com visant à influer sur la politique française..
    ça ne sert à rien de le brocarder il faut convaincre les médias du vide des études de séralini.

    • Vous êtes vraiment obligé d’aller faire vos courses dans les poubelles de Lutte ouvrière ?

      • Si même lutte ouvrière ne supporte plus les méthodes de Lepage et Seralini, l’être humain n’est pas si mauvais qu’il n’y paraît…

        D’ailleurs c’est assez cocasse, le directeur du cabinet de Lepage se fait repérer et allumer comme il poste un commentaire bien biaisé, sans dévoiler sa qualité « professionnelle ».

        Certes, le bloggeur déraille un peu sur la comparaison Seralini/Climatosceptiques vers la fin … mais donnez lui encore un ou deux ans de Hollandisme de plus, et il est bon pour du Contrepoints.

        • Yann Kindo est un mec bien, une belle ouverture d’esprit, un grand sens critique en général. Le gars est prof d’histoire-géo, il est super intéressant sur ses analyses de l’histoire. …. Mais pour le voir publier sur Contrepoints …. Laissez moi rire !
          Il est Politiquement …. à la gauche de la gauche ! Et c’est un point difficile à aborder avec lui … Sur cet état de fait il n’a aucune intransigeance ….. La lutte du prolétariat contre le méchant capital est la seule solution.
          Sinon je vous assure que sur les autres sujets, c’est un mec bien !

  • C’est « scéléralini » qu’il faudrait écrire… Décidément, la science est en de mauvaises mains.

  • Les études financées et publiées par les industriels n’ont d’autre but que de vanter les mérite et la soi-disant non-dangerosité de leurs produits (celles montrant de mauvais résultats n’étant évidemment pas publiées). La plupart n’ont donc aucun intérêt d’un point de vue objectif. Pourquoi perdre du temps à en parler ??

    • Les études financées par les verdâtres n’ont d’autre but que de démontrer leur dangerosité, la plupart du temps sans argument scientifique; au moins, les études des fabricants en présentent eux, alors le mieux serait de les réfuter, si tant est qu’ils le soient. Mais de ce côté, on ne trouve que des « scéléralinis » :mrgreen:

    • mais question…comment diable peut on demander à des gens de démontrer l’innocuité absolue d’un machin?
      c’est impossible, d’où un simple cadre réglementaire à respecter, forcement critiquable bien sur, mais les gens ne sont pas si fous que ça,il faut bien comprendre que de toutes façon vous aurez beau faire des études plus poussées à partir d’un certain moment on voit sur le tas…
      Les études faites sur les ogm ne montrent rien d’alarmant sauf à mettre des lunettes statistiques façon seralini…on ne voit rien de tranchant sur la santé publique aux usa alors quoi?
      d’une certaine façon les alarmistes qui ont peur de tout se retrouvent dans une posture inconfortable, ils critiques les pesticides en les accusant de tout cancers obésité allergies etc…alors que les effets sur la santé publiques sont ténus et ils critiques aussi les innovations supposées diminuer leur utilisation et bien sur les ogm causeront cancer obésité allergie tout autant…

    • vous ne comprenez donc pas que ce qu ennuye les gens ayant une petite culture scientifique ou les gens simplement logiquesest la démarche de seralini, qui tue la méthode scientifique, la papier de seralini est vide ..et pourtant il sonne le tocsin et alerte la presse…

      La majeure partie des gens raisonnables pensent qu’il serait fort étonnant voire extraordinaire que TOUS les ogm soient absolument sans danger, en fait , ils pensent même que tous les ogm doivent montrer d’un façon ou d’une autre une certaine nocivité..qu’il faut en gros non pas mesurer mais borner.

      Regardez l’andouille de bové, il a demonté un mac do…pour nous sauver de je ne sais quoi, c’est sympatoche non? sauf pour les employés du mac do forcement mais eux c’est pas grave, bon il fauche des champs ogm pour nous sauver il ne sais pas trop de quoi ..mais c’est grave et tant pis pour l’agriculteur qui n’a rien fait d’illégal…il est deputé europééen ..c’est sympatoche non? bové il doit casser des trucs pour vivre…je n’ose pas imaginer ce que j’aurais pu faire en voyant des zozos de ce genre venir chez moi pour arracher un truc…

      Que dira on aux gens qui vont aller faucher des champs de tabac plantés légalement, que dira on a des gens qui iront arracher des vignes? du houblon? voire de l’orge pourquoi pas…ça tue des gens au final…des vrais gens pas peut être des gens un jour dans longtemps…

  • Les commentaires sont fermés.

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

La nécessité de décarboner à terme notre économie, qui dépend encore à 58 % des énergies fossiles pour sa consommation d’énergie, est incontestable, pour participer à la lutte contre le réchauffement climatique, et pour des raisons géopolitiques et de souveraineté liées à notre dépendance aux importations de pétrole et de gaz, la consommation de charbon étant devenue marginale en France.

Cependant, la voie à emprunter doit être pragmatique et ne doit pas mettre en danger la politique de réindustrialisation de la France, qui suppose une... Poursuivre la lecture

OGM
3
Sauvegarder cet article

Les aliments génétiquement modifiés, également connus sous le nom d'organismes génétiquement modifiés (OGM), existent depuis l'aube de l'agriculture. Depuis près de 30 000 ans, l'Homme a modifié génétiquement les plantes et les animaux, d'abord par inadvertance, puis par le biais d'une méthode de sélection primitive.

Presque tous les produits alimentaires et animaux que nous considérons comme naturels et historiquement inchangés seraient méconnaissables dans leurs formes préhistoriques originelles.

Soyons clairs : la consommatio... Poursuivre la lecture

2
Sauvegarder cet article

Chaque année, le public se soucie davantage de l'environnement. Nous sommes de plus en plus conscients de l'impact que nous avons sur la planète, du changement climatique, de la pollution et de la manière dont nous dégradons la nature. Ce qui semble être une tendance plutôt positive.

Malheureusement, certaines marques semblent plus enclines à dissimuler les pratiques néfastes pour l'environnement dans leurs chaînes d'approvisionnement qu’à consacrer le temps et l'argent nécessaires pour y remédier.

 

De nombreux exempl... Poursuivre la lecture
Voir plus d'articles