L’individu face à ses choix (4) : L’infiniment petit est l’infiniment grand

Le meilleur argument pour la liberté est une vie bien vécue.

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L’individu face à ses choix (4) : L’infiniment petit est l’infiniment grand

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 30 juillet 2014
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Le meilleur argument pour la liberté est une vie bien vécue.

Par Baptiste Créteur.

Nous avons vu que la complexité du monde ne justifie pas qu’on décide pour l’individu, mais au contraire qu’on le laisse faire. L’histoire démontre d’ailleurs que la fragmentation est plus favorable à l’innovation que l’unité politique ; à tous les niveaux, il vaut mieux décentraliser. Le système politique idéal est donc celui qui rend l’individu libre et responsable de ses choix. Mais une fois rendu maître de son destin, comment l’individu doit-il se comporter ?

D’un point de vue moral, c’est-à-dire que l’on doit attendre de chacun, l’individu doit simplement ne pas empêcher son prochain d’être maître de son propre destin ; il ne doit attenter ni à sa sûreté, ni à sa propriété, et le laisser penser et croire ce que bon lui semble.

D’un point de vue éthique, chacun doit alors être maître de soi-même et faire bon usage de sa liberté. Comprendre sa responsabilité dans le monde : la liberté repose sur les hommes libres. Le bon fonctionnement de la société n’est pas assuré uniquement par des droits individuels qui sont autant d’interdictions envers les autres, mais aussi sur le comportement vertueux de ses membres. Autant que possible, le droit empêche de nuire ; autant que possible, chacun doit agir bien.

Non seulement en se tenant prêt à défendre ses droits, mais en veillant à défendre aussi ceux des autres. Être plus libre, c’est avoir plus de choix ; la « concurrence » des modes de vie et de pensée doit être assurée. Pas de liberté économique sans liberté sociale, et inversement.

Dans une société volontaire, nous sommes un individu et en tant que tel une partie du tout. Nos actions ont une influence sur les autres ; il faut se concevoir alors comme responsable du monde entier.

Sans culpabilité pour ce que nous n’avons pas fait, nous avons une responsabilité sur ce que nous pouvons y faire. Ce n’est, encore une fois, pas une obligation ; la morale nous interdit de contraindre autrui à adopter nos valeurs et visions. Mais cela a du sens pour l’individu, pour agir bien. Sans être nécessairement celui qui l’a laissé tomber, on peut ramasser un détritus pour améliorer le confort de tous ceux qui passeront après nous et que nous aurions pu être. De même, sans accepter l’idée que le succès des uns se fait toujours aux dépens des autres, se montrer généreux avec ceux que l’on souhaite soutenir est ce qu’il est bien de faire. Sans obligation.

Et on se rend compte alors que la plus grande contribution que l’on puisse apporter au monde, c’est de vivre sa passion, son talent, son don. Apporter au monde ce qui l’embellit, l’enrichit. Exceller en soi-même.

Cela requiert bien évidemment d’être dévoué à son propre accomplissement, car c’est par la pratique que s’acquiert la maîtrise, et seule la passion permet de supporter les efforts.

Le meilleur argument pour la liberté est une vie bien vécue.

Il faut montrer l’exemple de ce que serait une vie bien vécue dans une société volontaire. Il ne faut pas faire du manque de liberté la cause de tous nos maux, ni l’excuse à tous nos échecs.

Car nous avons aussi en nous la peur du changement et de la responsabilité. Prendre responsabilité sur sa vie, c’est considérer qu’aucun obstacle ne doit nous empêcher d’atteindre nos buts et que si un obstacle résiste, il faut l’écarter du chemin. Attendre que la liberté vienne à soi ne peut pas aboutir, l’histoire le montre. Il faut d’abord créer l’espace dont elle a besoin.

Et cet espace est d’abord en nous. Si nous sommes malheureux, est-ce uniquement la faute de l’État ? Quel syndicat, quel fonctionnaire des URSSAFF peut nous empêcher d’exercer nos talents, d’exprimer notre créativité et notre compétence ? Quelle censure, explicite ou implicite, nous empêche de diffuser nos idées et d’être patient et bienveillant envers nos proches ?

Quelle patience avons-nous envers ceux qui ne sont pas d’accord avec nous, aussi victimes que nous (et peut-être plus) d’un système qui les empêche d’être libres, et leur en éloigne l’envie ? La liberté est une idée si belle qu’il est difficile d’en faire la promotion ; une fois qu’on a compris sa beauté, elle semble aller de soi. Mais ce n’est pas le cas, loin de là ; en nous tous, il peut y avoir un homme intègre ou un homme mauvais, et souvent simplement un homme ignorant.

Et voilà notre responsabilité dans le monde : faire en sorte de pouvoir exprimer son talent, et qu’autrui le puisse aussi. Il n’y a alors plus aucune concurrence entre les individus, à proprement parler ; personne ne se considère en compétition avec autre que soi-même. Et pour cela, il faut vivre nos vies avec passion et diffuser nos idées avec discernement. Vivre autant que faire se peut comme si on était libre, et faire tout ce que l’on peut pour le devenir un jour.

Car alors, ce jour viendra.

—-
Lire aussi les trois premières parties :

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  • Il n’y a rien d’autre à dire. La série d’article est par ailleurs magnifique.

    La valeur d’exemple se fait par le quotidien, le talent, la passion, le courage, le travail et la volonté de se dépasser. On ne laisse qu’une seule chose après son passage sur Terre : son œuvre. Qui est le produit de ces mamelles universelles.

    La politique ne peut rien pour un peuple si les individus qui le composent n’ont pas des normes personnelles et individuelles de très haut niveau.

    Le socialisme n’a produit que des anti-valeurs, car toutes « ses valeurs » sont les anti-thèses des valeurs exprimées au-dessus, car elles seraient les sous-produits d’une société, d’une morale bourgeoise réactionnaire. Le talent, la grâce, le travail, le mérite, le courage, la volonté de se dépasser… seraient des valeurs bourgeoises réactionnaires.

    On voit bien dès lors que l’individu produit par le socialisme est un sous-homme, puisqu’il rejette tout ce qui faisait antérieurement la valeur d’un homme, tout ce qui lui permettait de s’élever.

    Ce sont les seuls raisons pour lesquelles la politique doit s’en tenir au domaines régaliens.
    Au-delà de ces limites est totalement hors de sa compétence et propre à l’individu et à ses choix personnels.

    Tant qu’il faudra du courage et de la force pour escalader les montagnes, traverser les océans, faire de longues études, composer une symphonie ou bâtir une maison de ses mains… le socialisme n’aura jamais raison. Craignons alors une société des loisirs prônée par les forces matérialistes où les robots nous remplaceraient pour effectuer toutes les tâches et activités créatrices de bonheur individuel par l’effort individuel.

    C’est en ligne de mire des progressistes.
    Alors la civilisation disparaîtra et les humains avec.

  • Avec vous, il faut, nous devons et on doit attendre de chacun. Il y a votre vision du bien et du mal.
    Cela me laisse dubitative.

  • Bonjour,
    Je reviens en même temps sur certains de vos chapitres précédents.
    (a) Sur le chap. 2. Vous parlez de « bons » choix et de « mauvais » choix. Je trouve assez ambigüe l’emploi des ces termes relevant surtout de la morale. Il convient mieux de parler de choix qui ont du succès plutôt que des choix bons ou mauvais. Je prends un exemple : le clavier AZERTY (ou QWERTY) pour les anglo-saxon. Au niveau de la vitesse de frappe, il est largement dépassé par le clavier DSK et pourtant il reste la convention dominante ! Vous nous dites l’uniformisation n’est pas efficace, mais il y a là un peu de contradiction car finalement la concurrence peut conduire aussi à l’uniformisation, c’est d’ailleurs ce que vous décrivez. Vous parlez d’intérêt général et ensuite vous nous dites « certains peuvent faire le bon choix ». Ce sont deux problèmes distincts.
    (b) Sur le chap. 3. Vous dites : « en rendant chaque individu dépendant de tous les autres ». Mais personne ne rend les individus dépendant des autres, c’est un fait : chaque individu dépend des autres. Toute action individuelle a un impact sur les autres individus (sauf respirer ou marcher). Prenez l’exemple de conduire sa voiture, en première analyse, cela ne concerne personne d’autre que le conducteur mais en réalité, la pollution engendrée a bien un impact sur tous les autres individus et le conducteur lui-même et cela alors que lui-même n’en a pas conscience. Il y a une distinction épistémologique essentielle entre sélection naturelle et ce que vous décrivez que je nommerai sélection sociale. Dans le premier cas, les individus agissent et sont sélectionnés par une entité externe (ce qu’on nomme la nature, l’environnement, peu importe le terme, ce qui compte c’est que c’est quelque chose d’extérieur, de plutôt indépendant (même si pas tout à fait) de l’ensemble des individus). Dans le cas de la sélection sociale, la sélection se fait non pas par une entité externe mais par l’ensemble des individus eux-mêmes (ce qu’on nomme la société). Or les individus agissent bien plus fortement sur celles-ci et tous n’ont pas le même poids et la même influence dans celle-ci. Je ne comprends pas bien votre critique du comportement des hommes politiques car ce que vous décrivez rappelle foncièrement le fonctionnement du marché et de la concurrence : « ils s’attellent […] à faire en sorte que ce soit eux plutôt que leurs rivaux qui dirigent les Français – à leur propre profit, cela va sans dire. » Mais en remplaçant « dirigent » par « vendre », c’est exactement ce qu’on pourrait dire d’une entreprise marchande !
    (c) Sur le chap. 4 (celui-ci), vous dites « être plus libre, c’est avoir plus de choix », c’est à mon sens une conception un peu étroite de la liberté. En effet, en disant cela vous risquez de faire de l’individu libre, un être passif tout juste bon à choisir entre des choix qu’on lui impose. Je préfère la conception de A. Sen qui parle de capabilité. Etre plus libre serait alors avoir plus de capabilités, ou de « puissance d’agir » si on est spinoziste, c’est-à-dire être pouvoir faire ce à quoi on aspire.

    • J’aime, Réflexion intéressante ( notamment la fin et Spinoza)!

    • @ goodman (appréciation personnelle ?)

      a/ bon et mauvais choix s’entendaient des choix technologiques par rapport à la finalité d’une entreprise. Trouver une ambiguité… oops. Si l’on avait omis ce terme « technologique » on aurait pu effectivement inclure le choix de sous-traiter à une entreprise chinoise (Foxcon) et alors effectivement on aurait pu parler morale.

      b/ « en rendant chaque individu dépendant de tous les autres » : si on commence à parler de dépendance des individus à cause des impacts si ténus soient-ils, on est aussi dépendant des feuilles des arbres (si je glisse dessus), du vent et des crottes de chien. Mais vous n’êtes pas dépendant de moi si je me suis arrêté au feu rouge alors que vous me suivez. Vous le serez si je ne démarre pas au feu vert car alors j’interférerai avec vous et votre liberté de circuler. Mais là, vous êtes dépendant comme moi du feu rouge.

      La dépendance des individus doit être entendue ici comme une des relations avec lesquelles on a uni les individus : ici l’échec individuel d’un membre du groupe.

      Pas d’accord d’utiliser « sélection sociale » et là je dirais que vous avez mal compris le propos : le parallèle avec la sélection naturelle tenait au fait que c’est une des caractéristiques de l’individu (SES choix) qui va le sélectionner comme c’était ses caractéristiques génétiques (ses aptitudes) qui le sélectionnait dans la nature. Nous sommes responsables de nos choix et ils ne dépendent que de nous.

      c/ Là encore vous raisonnez comme si les choix étaient finis (en nombre) et proposés et imposés par d’autres. Non, ce sont les choix que l’on fait en étant dans les mêmes conditions initiales que les autres et qui feront que l’on sera différent des autres, un individu. A mon avis vous raisonnez trop socialement par rapport à une offre finie. Les entrepreneurs ne raisonnent pas comme cela et font souvent des choses hors des standards, il suffit de ne pas avoir d’oeillères, de filtres que justement la société impose, elle qui vous rend dépendant. Pour les capabilités je ne parlerai pas de puissance d’agir, mais de volonté. Vouloir c’est pouvoir.

      • Bonjour gameover (j’espère que ce n’est pas prophétique pour vous….)
        ce n’est pas tant une appréciation personnelle qu’un hommage à Nelson Goodman, brillant philosophe, trop oublié.
        (a) Je vous rappelle mes propos : Il convient mieux de parler de choix qui ont du succès plutôt que des choix bons ou mauvais. Nous disons donc la même chose, mais je donne un exemple montrant qu’un choix issu du marché (le clavier AZERTY) n’est pas le meilleur choix.
        (b) je ne crois pas que la pollution engendrée par les transports soient négligeable ou ténue. Ceci dit, votre comparaison avec les feuilles d’arbre est assez curieuse car je parle de dépendance entre individus, c’est-à-dire des actions des individus, actions qui n’ont rien de nécessaires (au sens premier du terme). Maintenant si mon exemple vous pose problème, faisons de la philosophie du code de la route. Même sur la route, lorsque vous arrivez à un feu vous êtes dépendant de l’autre : si son feu est rouge et le vôtre vert, vous êtes dépendant de son bon-vouloir de respecter le feu. Dans une société idéale, où tout le monde respecte les règles, vous n’en êtes pas dépendant, mais l’expérience de la route montre que nous ne vivons pas dans un tel monde.
        A propos de sélection sociale/sélection naturelle, la distinction vient du fait que dans le cadre de la sélection naturelle, l’individu n’a aucune prise sur le processus de sélection. Dans le cas de la sélection sociale, l’individu faisant partie de la société a une prise dessus. Sommes-nous responsables de nos choix ? Voilà une question digne du bac de philo ! la réponse oui est un peu rapide. Elle est l’héritière d’une conception ultra-rationaliste de l’individu. Mais l’observation de la réalité montre que c’est loin d’être toujours évident. La mode est justement un exemple de comportement non pas individuellement souverain mais au contraire mimétique. L’exemple des nouvelles technologies en est un aussi : ce sont les contraintes extérieures (pouvoir communiquer plus rapidement) qui imposent aux sujets de s’équiper pour être joignable, avoir accès au web, à tout instant. Les publicitaires ont compris cela depuis longtemps.
        (c) Lorsqu’on parle de choix, on a tendance à penser à une alternative qui s’impose à nous et à laquelle on doit répondre. Choisir l’alternative A, B ou C. C’est d’ailleurs en économie le modèle traditionnel : vous avez des offreurs qui proposent des choix et le consommateur choisit, il n’est pas actif mais passif. C’est en cela que je critiquais l’équivalence libre=avoir le choix. Si vouloir c’était pouvoir, je ne crois pas qu’existerait un seul pauvre (sauf peut-être des masochistes !).

        • a/ Oui on peut dire « choix qui ont du succès » mais outre que ça a une connotation de consommation c’est parce que votre notion du bon a un sens social mais c’est du pipo, c’est comme l’intérêt général, ça n’existe pas. Je peux être fabricant de bombes et faire de bons choix car le choix est individuel (au sens de l’entité : individu ou entreprise agissant comme un individu)

          Sans aller si loin (que les bombes)on parle souvent de bonnes émissions de télé (ou films), de bonne qualité, qui sont retirées du programme car elles n’ont pas rencontré leur public. C’est un contre-sens. Personne ne peut qualifier une qualité de bonne ou mauvaise sauf le public par l’audience. C’est la même chose pour une oeuvre d’art ou la culture. Il n’y a pas une ototorité de la bonne qualité (ah si, fail).

          D’ailleurs la norme ISO définit la qualité comme la propriété d’un produit ou d’un service à satisfaire le besoin du client. Bon ou mauvais doit s’entendre par rapport au résultat vu de l’INDIVIDU.

          Le clavier Dvorak est un mauvais produit car il est peut-être arrivé trop tard ou je ne sais quoi car il y a une raison. Ce n’est pas le meilleur choix sauf à croire que 99% des gens se trompent. Mais ça veut dire quoi « se tromper » dans ce cas là ; ne pas faire comme vous ? J’appelle ça la dictature de la pensée.

          GEM de Digital dans les années 80 était une interface graphique qui n’avait rien à envier à Windows sorti 5 ans plus tard. Pourtant IBM a choisi MSDOS car il a été mieux défendu par Bill Gates. Ce choix nous a bridé des années avec un système de gestion de la mémoire absurde ! Et IBM comme souvent a eu raison puisque ça a marché. (Windows a par ailleurs largement copié GEM par la suite).

          Une idée (comme un choix) n’est pas bonne ou mauvaise par essence. On complète d’ailleurs souvent avec « faut voir », ce qui implique que l’on va attendre le résultat.

          b/ « On est responsable de ses choix » doit s’entendre au sens de les assumer et non de ce qui les a induit.
          C’est indéniable que nos choix sont influencés dans nos comportements de consommation mais ils n’en sont pas responsables sauf à (i) nier notre capacité à s’auto-déterminer, (ii) n’avoir aucune lucidité et à vivre sous influence.
          Mais le courant progressiste (socialiste) actuel déresponsabilise les individus, les exonère de leurs erreurs (c’est la faute à la société, à papa, à maman, au grand kapital…) pour mieux les prendre en charge et conduire leur choix et ainsi se rendre indispensable auprès d’eux (assistance).

          Je dis souvent que si Mimi Mathy a réussi malgré son handicap c’est que tous les nains peuvent s’en sortir.
          Si un immigré arrive à créer son entreprise c’est que tous peuvent y arriver, l’échec ce n’est pas la faute de la société, c’est juste une bonne excuse.

          c/ c’est bien ce que je disais, vous faites des choix par rapport à une offre finie. les choix de vie ne se résument pas à des choix de consommation et ils sont infinis.
          Vouloir c’est pouvoir : oui, beaucoup de gens vivent sous influence et ils en sont responsables (retour au point b/)

    • Bonjour.

      a. Ne peut-on pas parler d’un bon choix quand il est couronné de succès, et d’un mauvais choix qui conduit à l’échec ?
      Le clavier QWERTY est dominant car la « preuve » de sa supériorité a été faite par Frank McGurrin, qui a surpassé ses compétiteurs dans un concours de frappe largement publicisé en 1888. La résistance au changement et le poids des conventions et standards ont fait le reste : beaucoup trouvent plus difficile de changer de clavier que d’apprendre à frapper, et il est pratique que les claviers aient tous localement la même configuration.
      Qu’est-ce que l’intérêt général pour vous ?

      b. Il faut distinguer :
      -le fait que nous subissons, positivement et négativement, les actions d’autrui, comme nous subissons la réalité et la nature ; nous subissons la tempête ou la chaleur, nous subissons le fait qu’il faut manger, et nous subissons le fait que nous pouvons acheter du pain (faisant intervenir entre autres un agriculteur, un meunier et un boulanger) ;
      -le fait que nous sommes contraints de voir nos destinées liées à celles d’autrui par des mécanismes de solidarité forcée et de redistribution imposée. Nul besoin d’ordonner au boulanger de produire du pain pour s’en procurer. Les entreprises ne peuvent pas imposer leurs décisions au consommateur par la force. Les États le peuvent, et ne manquent pas d’en abuser.

      c. Il y a des choix qu’on nous impose (le seul à pouvoir réellement nous les imposer, c’est l’État) et des choix que nous impose la réalité.
      Le choix n’est pas passif ; on peut se créer plus de choix. Chacun peut se créer plus de choix, avec l’aide d’une main charitable ou d’un mentor ou seul. Mais il est illusoire de penser qu’un individu peut avoir tous les choix ou les mêmes qu’un autre, même en tentant de contraindre tous les individus : on ne peut égaliser les individus que par le bas.
      Le premier choix, c’est donc celui de réfléchir et prendre la responsabilité de son destin. Avant de faire ce choix, on se condamne soi-même à des choix au moins pour partie passifs. Une fois ce choix fait en revanche, point de répit ; de la même façon que la connaissance permet de se rendre compte à quel point on est ignorant, prendre responsabilité sur soi-même permet de se rendre compte à quel point notre action dans le monde peut avoir du poids et à quel point les choses dont nous avons à nous libérer sont nombreuses.
      Le meilleur moyen à mes yeux de « capabiliser » les individus, c’est de les rendre libres, leur donner la possibilité d’être un jour maîtres d’eux-mêmes, seulement maîtres d’eux-mêmes (donc pas contraints par une quelconque autorité supérieure s’imposant à eux) mais pleinement maîtres d’eux-mêmes. Quelle alternative proposez-vous ?

  • J’ai cru pendant un moment que je m’étais trompé de site et que je lisais la Bible 🙂
    Heureusement le fonctionnaire de l’URSSAF m’a ramené à la réalité, ça n’existe pas dans la bible, hein ?

  • « D’un point de vue moral, c’est-à-dire que l’on doit attendre de chacun » : la morale bien comprise consiste à respecter à titre individuel les principes moraux avant d’exiger des autres un comportement similaire. On note qu’Il est écrit « tu ne voleras pas » et non « tu empêcheras autrui de voler ». Bien sûr, la deuxième proposition découle de la première mais justement, elle n’est que cela, une conséquence d’un comportement qu’on admet en priorité pour soi.

    Si la morale est universelle, la valeur d’un jugement moral dépend de celui qui le prononce. L’Etat-providentiel obèse, parce que fondé sur la rapine et le mensonge, est immoral. De ce fait, ses lois et jugements sont sans valeur. N’étant pas respectable, son pouvoir ne doit pas être respecté et chacun a le devoir de le faire échouer. L’Obèse ne peut prétendre que nous soyons individuellement moraux quand il s’exonère de l’être, au nom des principes de la fausse morale socialiste, marécage malodorant d’indignations émotionnelles factices. Comble de l’ignominie, qu’il soit immoral tout en exigeant de nous des comportements moraux est la perverse condition de sa survie. C’est ainsi qu’il en appelle à la solidarité ou au patriotisme, alors qu’il en est l’antithèse. Voilà l’impasse magistrale de la société socialiste périmée, indifféremment fasciste, communiste ou social-démocrate. Parce qu’il constitue un renoncement au fondement moral de la civilisation humaine, le socialisme mène inexorablement à la ruine économique, à l’anarchie légale et à la déliquescence sociale.

  • Excellent article Mr Crėteur, comme souvent d’ailleurs.
    Une question pas directement liée, dans un précédent article vous proposiez de vous rejoindre via une adresse mail. Je ne retrouve malheureusement pas cet article ! Pouvez vous m’aider ?

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