La presse européenne demeure critique sur cette France trop encline à la morosité. Elle souligne cependant ses atouts bien connus et dessine ceux qui, demain, pourraient, la faire gagner.
Par Benjamin Boscher
Un article de Trop Libre.
La promesse d’effectuer un passage en revue de la presse européenne plus favorable à notre situation (cf. La France Politique vue d’Europe : l’incurie a assez duré !), n’a pas été simple à respecter.
D’un côté, des articles tendent à réduire la France politique à ses faits politiques moindres, à parcelliser l’information et à favoriser par là même profusion et satiété de mots, de formules, d’apophtegmes et d’esprits.
De l’autre, de nombreux écrits s’attardent sur les phases de turbulences sociales, économiques et politiques que notre pays traverse depuis de longs mois.
En substance, ces derniers décrivent depuis un mois le déclin de notre stature internationale sur la scène européenne (The Economist) et notre morosité coutumière. Le journal suisse Le Temps dépeint la panne de confiance actuelle et ces appels à l’optimisme économique qui font l’effet d’un cri dans le silence du plateau du Larzac. Le Financial Time décrit notre « classe politique en-dessous de tout » et évoque « le malin plaisir » que prennent nos États voisins « à regarder la France se débattre avec ses problèmes ». Sans minimiser les préoccupations que suscite à juste titre la santé de la France politique, il ajoute cependant que : « Le prétendu “malaise français” est souvent exagéré. Le produit intérieur brut de la France est aujourd’hui supérieur à ce qu’il était en 2008, au début de la crise financière. Le pays n’a pas connu de grand chambardement de son secteur bancaire comme celui vécu par la Grande-Bretagne. La France reste un pays dont la culture est appréciée et enviée comme peu d’autres le sont. » Des échos flatteurs et rassurants.
Ces derniers rappellent ceux tenus il y a quelques mois par Roger Cohen, éditorialiste anglais du New York Times. Selon lui, la morosité de la France politique « n’est qu’un petit travers dans un pays où la médecine est superbe, où l’éducation fonctionne, un pays d’une immense beauté, dont les vins sont les seuls dignes d’être bus ». Ici encore, sont décrits des atouts biens connus de notre France politique. Ces derniers n’étant pas invulnérables, il est heureux de constater que nos voisins les apprécient encore !
Néanmoins, si la morosité ne semble pas compromettre directement leur pérennité, il faut que la France politique se mobilise pour la contenir puis « l’atomiser ». La presse européenne met en avant ce mois-ci deux forces nationales qui l’accompagnent dans son combat : son rayonnement sportif et son positionnement technologique. Et si ces vecteurs participaient aussi au sursaut tant attendu ?
- Ainsi l’attitude et la performance de l’équipe de France pendant la Coupe du monde au Brésil ont plu. Ce fut une « équipe excitante à voir » pour le Daily Telegraph, « un ouragan français » pour la Gazzetta Dello Sport, « un renouveau » historique pour le journal espagnol Marca. Le quotidien The Times, quant à lui, s’attarde sur la diversité de l’équipe nationale, célébrée dans l’Hexagone : « Le succès inespéré de la nouvelle formation au Brésil a permis aux Bleus – majoritairement des jeunes issus de l’immigration – de retrouver un statut de héros capables de redonner le moral à un pays en proie au pessimisme. On a perçu certains échos de l’esprit de 1998, lorsque la victoire de la France sur le Brésil en finale avait été interprétée comme le symbole de la nouvelle composition multiethnique du pays. »
- De même, partout en Europe, de nombreux articles relatifs au Tour de France sont publiés, à l’instar des écrits du FAZ (Allemagne). La Grande Boucle, régulièrement décrite comme une tournée mythique, demeure le troisième événement sportif le plus regardé au monde. Et comme l’a rapporté le Courrier International, la participation d’un coureur chinois pour la première fois dans l’histoire du Tour, est un fait éminemment symbolique. Elle est le témoin d’une mondialisation progressive et effective de cet événement français.
- Enfin, nos voisins se font l’écho du programme initié par Arnaud Montebourg « La nouvelle France industrielle » et de son plan consacré au Big Data – i.e. au traitement et à l’exploitation des bases de données complexes et massives. La presse européenne a souligné ce mois-ci la volonté de notre France politique de concurrencer les géants du Net. La presse italienne (datamanager.it) souligne le 16 juillet que ce plan permettra possiblement à la France de se positionner en leader mondial : « Ce plan encouragera les initiatives visant à accélérer le déploiement des données dans un certain nombre de secteurs tels que le tourisme, le transport, l’énergie et l’assurance ». La presse s’enthousiasme de cette France politique à l’offensive et de ce soutien historique et décisif au Big Data. Celui-ci permettra, en 2020, à la valeur du marché français d’avoisiner le montant de 9 milliards d’euros avec le maintien ou la création de plus de 130 000 emplois.
Toutes les initiatives et les énergies, utiles et rayonnantes, permettraient les prochains mois, à leurs échelles, d’inverser la logique dogmatique d’une incurable morosité française.
L’enthousiasme, la performance, et l’innovation y aideront forcément.
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