La destruction des BTS

Le contingentement des élèves à l’entrée des BTS a produit ce qui était tout à fait prévisible, c’est-à-dire la destruction de ces formations. Retour sur un échec annoncé et effectif.

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La destruction des BTS

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 4 juin 2014
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Par Jean-Baptiste Noé.

étudiantsLes BTS sont censés être réservés aux bacheliers de bac professionnel et technologique. Mais depuis une dizaine d’années, de plus en plus de bacheliers de bac généraux, notamment des S, posaient un dossier de candidature dans ces filières et étaient admis. D’après L’Étudiant, 20% des bacheliers S optaient pour cette voie en 2013. Sauf qu’aux yeux de l’Éducation nationale il y avait un problème de concurrence. Les BTS préféraient recruter des bac S, dont le niveau est meilleur, plutôt que des bac pro, qui du coup se retrouvaient sur le carreau, alors même que ces formations étaient initialement conçues pour eux. La formation en BTS était souvent bonne, parfois excellente, et les étudiants en sortaient en décrochant des postes de bon niveau, avec des rémunérations au-dessus du smic.

Si j’emploie le passé, c’est que, vous l’aurez compris, les temps ont changé. Pour mettre un terme à la concurrence jugée déloyale des bac généraux à l’entrée des BTS, il a été décidé il y a deux ans de leur interdire ces formations dans les lycées publics. Les lycées privés peuvent encore, pour l’instant, recruter des bac généraux. Pour rendre la mesure effective, il a fallu revoir les programmes pour les mettre à la portée des élèves, c’est-à-dire rabaisser les exigences et le niveau. Des élèves de bac pro qui étaient moyens pouvaient espérer progresser en BTS, étant tirés par la tête de classe issue de bac S. Désormais ce n’est plus le cas. La formation a donc terriblement baissé, et les postes autrefois intéressants se ferment aux titulaires de ces formations. Le mensonge se met en place : on fait croire à des lycéens de bac pro et technologique qu’ils vont pouvoir faire un BTS et obtenir un poste de bon niveau, sans leur expliquer que l’on est en train de sabrer les exigences de leur formation. Ces jeunes suivent avec espérance cette voie, et se retrouvent deux ans plus tard dans une impasse. D’où leur rancœur, leur amertume et leur colère. Ils sont victimes du mensonge, et victimes aussi de leur illusion : si on leur disait la vérité sur la qualité de leur formation, l’accepteraient-il ?

On comprend les bons sentiments qui ont amené à prendre cette mesure : empêcher que la bonne monnaie chasse la mauvaise. En interdisant la bonne monnaie de rentrer dans les BTS on contribue à dévaluer encore plus la mauvaise. Les bac pro et technologique, qui étaient déjà perçus comme des voies de garage, vont l’être encore plus, et les employeurs vont se détourner de ces formations pour recruter ailleurs les salariés dont ils ont besoin.

Encore un bel exemple de l’échec du contingentement, de l’étatisme et du dirigisme scolaire.


Sur le web.

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  • La baisse de niveau est une réalité aussi dans les bts privés, bien peux regardant sur le recrutement .
    Ce sont des entreprises commerciales à but lucratif : elles doivent satisfaires leurs clients.

  • merci Jean-Baptiste. Auriez-vous quelques sources à nous mettre sous la dent ?

  • j’ai un BTS ( agricole ) passé en 1990 . la formation d’entré au BTS , sanctionné par un controle continu et un examen final difficile avait écarté la moitié des élèves de ma classe qui n’avaient pas eu leurs diplomes , avec probablement dés l’origine , un problème de recrutement puisque nous étions seulement 20 a etre entré en classe de seconde, le lycée avait du racler les fonds de tiroir et orienter vers une filière longue , des jeunes qui auraient été mieux en BEP .
    le niveau du bac pro m’a permis de passer mon BTS les doigts dans le nez..
    à cette époque, le BTS était une formation reconnu et les sortant trouvaient généralement trés facilement du travail. il faut dire qu’en sortant du BTS , nous avions 6 mois de stages en entreprises derrière nous…
    le niveau a du sérieusement baissé dans le bac pro pour que les filières S leur taille des croupières car à mon époque , c’était plutot le contraire : les élèves issues de formation générale souffraient énormement dans les matières techniques, celles la mèmes qui interressent les employeurs .

    de toutes façons , pour faire chomeurs , il n’y a pas besoin de BTS …

  • A ma connaissance, le BTS n’a jamais été prévu pour les BAC S, ni pour aucun des BAC dits « généraux », plutôt appelés à suivre des études longues de type BAC+5. Ni pour des BAC PRO, qui ne sont absolument pas préparés à suivre ce genre de formation (et là je sais de quoi je parle). Le BTS est, était ?, la voie logique des élèves des sections technologiques, leur apportant en 2 ans un diplôme « professionnalisant ». On peut bien entendu admettre des passerelles, car l’orientation est une chose complexe. Un excellent BAC PRO peut vouloir poursuivre et un BAC S moyen se relancer. Mais vouloir mettre des « contingents » obligatoires des uns ou des autres dans une filière qui ne leur est pas destinée révèle bien la folie du système.

    • Pourquoi « prévoir » des formation pour des gens ayant fait ci ou ça ? Pourquoi ne pas offrir une grande variété de formations avec leurs niveau d’exigence propre, et prendre les gens qui le veulent et le peuvent.
      Certains amis quoique scientifiques et issus des meilleures écoles « d’ingénieurs » du pays ont suivi avec profit des formations totalement en décalage avec ce « background ». Certains se sont reconvertis dans l’artisanat, d’autres ont fait de la philosophie, et d’autres encore de l’histoire. Ah mais, mon bon monsieur, le DEA d’histoire médiévale est fait pour les historiens, pas les polytechniciens…

      • En théorie vous avez raison. Mais dans la pratique les BTS étaient des formations supérieurs destinés à des élèves déjà très orienté professionnellement donc pas particulièrement adaptés à des élèves de bac généraux. Mais dans ce beau pays de France les termes professionnel, travail, spécialisation ne sont pas en odeur de sainteté et les écoles formant des BTS ont petit à petit délaissé leur vocation première pour s’orienté vers des formation beaucoup plus généraliste car il était évidant qu’une grande partie des élèves de bac généraux ne pouvaient pas espérer suivre la partie très technique de la formation tandis que la partie générale (math/physique) était bien trop simple pour eux. Il y a donc eu une dérive qui conduit les formations de BTS à ne plus du tout correspondre à ce qu’attendent les employeur à savoir des gens quasiment immédiatement opérationnel dans les labo ou les ateliers. Au lieu de cela les BTS viennent ajouter leur contingent de crane d’œufs incapable de rien faire sortie du calcul matriciel et autre suite limités. Il faut dire que pour les écoles il est beaucoup facile et moins coûteux de dispenser des cours de math que de faire tourner un laboratoire… l’autre travers de cette dérive réside dans le fait que les portes des BTS se sont fermés pour les bac technologique (le phénomène est identique à ce qui c’est passé pour les IUT à l’époque).
        Tou ceci reflète en fait la malédiction qui frappe la France et qui conduit toute la filière scolaire à privilégier les études généraliste. Contrairement à ce qui se passe en Allemagne ou des filière technologique sont considérés comme étant d’égale valeur. En France l’éducation est encore bien trop fantasmée et synonymes de progression sociale si bien que, tout comme en politique, ce ne sont pas les faits réels qui guident les choix des parents et des écoles mais plutôt la démagogie la plus complète.

        • Pour les parents sans diplome et salariés , la fillière BTS reste une rèussite scolaire. Un diplome obtenu rapidement, et qui reste assez technique pour espèrer une intègration rapide dans le monde du travail. Il y a 30 ans, le BTS c’ètait aussi la possibilité de poursuivre en FAC ou le CNAM pour obtenir un diplome permettant d’encadrer. Et avec un bon niveau thèorique le TS ètait autonome vis à vis de son ingènieur ou patron. C’ètait l’èpoque ou finalement les BTS fesaient un travail d’ingènieur journalier sans ètre payé comme tel. Les rapports dans l’Europe montraient clairement que la France exploitait allègrement cette filliale dans son industrie, car la formation ètait bonne et les nouvelles technologies ( micro informatique,laser, la robotisation, les cartes èlectroniques) ètaient enseignées pour permettre la modernisation des entreprises sans devoir faire appel à des ingènieurs trop thèorique, voir des chercheurs trop couteux. C’ètait le fin du bricolage,l’acquis par l’èchec. Les patrons jubilaient de s’offrir pour le prix de 2 OS une personne qui pouvait en faire travailler 100! Et comme les programmes enseignaient en BTS devanaient plus complexe car la technologie progressait ( la programmation, la CAO, les simulateurs informatiques, les capteurs numèriques pour l’acquisition comme les CCD, ,le pilotage sans fils, la chimie nuclèaire ,la biologie de l’ADN, voir l’avenue des nanotechnologies) la formation devenait plus pointue. Les ètablissements scolaires se tournairent donc vers le recrutement de plus des ètudiants de Bac gènèraux scientifiques et technologique qui pour divers raisons ne souhaitaient pas aller dans les classes prèparatioires voir un cursus universitaires long. Il faut dire que la France est l’Unique pays qui continue à maintenir 2 systèmes de formations supèrieures pour des raisons de prestiges dont l’une est bien bien plus avantagées financièrement… Mais voilà que 85% des jeunes ont un BAC, ce qui engendre automatiquement une scolarité prolongée, vu que les salaires de dèbut sont tellement proche du SMIC… Et donc l’Etat a choisit pour èviter un chomage des jeunes en progression , leur laisser la possibilité de suivre un cursus pas trop compliqué pour èviter les echecs et remttre le BTS au niveau du BAC des années 80…
          Je crains que cette stratègie engendrera encore plus de dèçus, car la France a cette grande spècialité de cloisonner les possibilités de carrière des travailleurs, car les tètes pensantes ne peuvent imaginer qu’une personne dans sa vie peut vouloir changer d’orientation avec un BTS. Avec un BTS au rabais ce sera de l’impossible si ce n’est dans des postes qui demandent quelques heures de formations. Au regard des exigences des entreprises pour des salaires 50% supèrieur au SMIC, je crains que des millions de jeunes seront frustrés d’avoir finalement reçu une formation limitée . Le nivellement par le BAS

  • J’ai pu très souvent constater dans l’entreprise et sur le terrain, que les meilleurs en sortie de BTS ne sont pas ceux qui sont passés par un bac S, mais ceux qui ont fait BEP + BAC PRO + BTS, si les employeurs ne l’ont pas compris c’est alors un manque de clairvoyance qui leur coûtera cher.

    • C’est évident. Ceux qui viennent d’un bac S, font une « poursuite d’études » en général… Il partent un ou deux ans à la fac, ou rejoignent une « grande école » par les voies parallèles.
      Ceux qui arrivent directement dans le monde professionnel n’ont pas en deux ans pu acquérir les réflexes utiles, et sont généralement trop formatés par « l’enseignement général » (intellectualisme de pacotille, arrogance et paresse…) pour se frotter directement aux dures lois du marché du travail.

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