La revanche de la géographie, par Robert D. Kaplan

Critique du livre de Robert D. Kaplan, La Revanche de la géographie, sur ce que l’étude des cartes peut aujourd’hui encore nous apprendre.

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La revanche de la géographie, par Robert D. Kaplan (Crédits : éditions du Toucan, tous droits réservés)

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La revanche de la géographie, par Robert D. Kaplan

Publié le 28 avril 2014
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Par Jean-Baptiste Noé.

d27bd500b7857ea09e92cbdb98701f69La géographie est si mal enseignée à l’école que les Français ont souvent des répulsions vis-à-vis de cette science. C’est un tort, car l’étude de l’espace, des paysages, des reliefs, des zones, permet de comprendre bien des choses du monde contemporain.

Robert Kaplan, qui a été grand reporter pour le compte de plusieurs journaux américains, propose un essai stimulant et imposant (500 pages) sur la permanence géographique, intelligemment appelé La revanche de la géographie.

Reprenant à son compte la pensée de nombreux auteurs anglo-saxons, et notamment MacKinder, il propose une analyse géographique du monde autour de ses points saillants.

La première partie, intitulée « Les visionnaires » se veut une critique acerbe de la vision idéaliste du monde portée par certains milieux américains. Il montre comment l’idéalisme et le pacifisme ont conduit à des guerres souvent désastreuses. Au contraire, il veut redonner ses lettres de noblesse au réalisme, c’est-à-dire à la compréhension du fonctionnement des peuples et des populations. Ce réalisme, il le fonde sur l’étude des réalités géographiques, ce qui forme l’essentiel de la deuxième partie, « La carte du XXIe siècle ». Il analyse ici l’Europe, l’Iran, l’Inde, la Chine, la Russie et le Proche-Orient, montrant comment l’histoire et la géopolitique de ces pays peuvent se comprendre par l’étude des cartes. Le lecteur français pourra être quelque peu décontenancé par cette approche qui est le propre de l’école américaine : de vastes fresques historiques à travers le temps, juste dans les grandes lignes, mais parfois à revoir dans les détails, et un certain déterminisme géographique où la description des paysages semblent justifier a posteriori l’attitude des peuples et des États. C’est toutefois très stimulant, d’autant que les permanences historiques à travers la géographie sont très fortes. Le lecteur découvre aussi de nombreux auteurs américains, importants dans leur pays, mais mal connus en France.

L’ouvrage a le grand mérite de proposer une véritable réflexion sur le sens de la carte et du territoire. Alors que certains auteurs voient le monde comme plat et sans culture, uniformément intégré dans la mondialisation qui connecte les pays et les peuples entre eux sans tenir compte des reliefs, terrestres et culturels, Robert Kaplan démontre que le monde à un relief, un territoire, et que la géographie reprend souvent ses droits sur les tentatives avortées des constructions humaines. C’est un bel ouvrage pour apprendre à lire les cartes, à regarder les paysages, à comprendre l’importance des montagnes, des cols, des mers dans la politique des pays.

La troisième et dernière partie est une analyse de la politique américaine et de son futur, ce qui ne surprendra pas chez un auteur américain, mais qui est faite à l’aune de l’ouvrage de Fernand Braudel, La Méditerranée à l’époque de Philippe II, ouvrage majeur de l’école des Annales, publié en 1949. Voilà comment un Américain peut réconcilier les Français avec la géographie, grâce à un auteur français un peu trop oublié de ce côté-ci de l’Atlantique, mais qui continue de vivre de l’autre côté.



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