Réforme : un discret revirement d’opinion dans la fonction publique

Un terrain favorable à de véritables réformes significatives de la fonction publique se développe.

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Réforme : un discret revirement d’opinion dans la fonction publique

Publié le 4 avril 2014
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Par J. Sedra.

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Pour un grand nombre de libéraux, il est entendu que la fonction publique française est impossible à réformer en pratique, que seul un gouvernement d’une grande fermeté et ouvertement hostile au statut de fonctionnaire (ainsi qu’à tous les avantages catégoriels qui lui sont associés) serait éventuellement à même d’imposer, sans pouvoir éviter une confrontation directe, des réformes comparables à celles qui eurent lieu en Nouvelle-Zélande au siècle dernier. Heureusement, cette vision caricaturale des choses est de plus en plus éloignée de la réalité.

Lors des dernières élections professionnelles se sont vues confirmer des tendances plutôt positives : la semaine dernière à la SNCF par exemple, les syndicats qui privilégient la réforme et la négociation ont continué de progresser au détriment des syndicats immobilistes.

Les résultats publiés vendredi confirment en effet la montée en puissance de l’Unsa, qui privilégie la négociation à l’opposition frontale. Déjà en progression lors des précédents scrutins, le syndicat augmente son score de 1,5 point, à 23%, et confirme sa place de deuxième organisation de l’entreprise. « Cela valide notre stratégie basée sur la politique contractuelle », avance un cadre du syndicat.

La CFDT, le seul des syndicats représentatifs de l’entreprise à ne pas avoir appelé à faire grève contre la réforme, n’a pas été sanctionnée par les électeurs cheminots. Le syndicat progresse de 0,9 point, à 14,7%.

L’effet disruptif des grèves des services publics, sur lequel comptent les syndicats confrontationnels attachés à la lutte des classes, se fait de moins en moins perceptible, la mobilisation des fonctionnaires baisse à chaque nouvelle occurrence au point que CGT, SUD et FO en arrivent à se ménager sur le recours systématique à la grève.

Pour rappel, presque tous les grands syndicats français ont changé de chef en moins de trois ans, la CFTC avec Philippe Louis, la CFDT avec Laurent Berger, la CGT avec Thierry Lepaon, le Medef avec Pierre Gattaz ou encore la CFE-CGC avec Carole Couvert. Un point commun à pratiquement toutes ces nouvelles têtes : une plus grande propension au dialogue et des vues plus réformistes.

Dans le même temps, des livres brisant le tabou de la critique de la fonction publique par des fonctionnaires, se multiplient, à l’instar du succès populaire Absolument débordée de Zoé Shepard, et de ses nombreux spin-offs s’engouffrant dans son sillage.

Tout cela témoigne d’un basculement d’opinion au sein même de la fonction publique française : la prise de conscience d’une part grandissante d’entre eux que le peuple français ne mérite pas d’avoir l’administration la plus chère, la plus privilégiée et la plus absentéiste du monde développé.

img contrepoints203 mammouthJe constate ce changement parmi les fonctionnaires avec qui je travaille, et j’ai eu de la part de libéraux également en contact avec la fonction publique un écho similaire : les choses bougent, lentement certes, mais elles bougent, et par exemple le recours au privé a tendance à être encouragé, l’idéologie fait petit à petit place à un pragmatisme bienvenu, des initiatives d’économie et de dé-bureaucratisation se mettent en place. Ce changement se heurte évidemment aux contraintes monumentales de l’administration ordinaire, mais il témoigne quand même d’un revirement d’opinion chez les individus eux-mêmes.

L’accumulation de casseroles et d’affaires, l’explosion du « système Guérini », l’avortement tardif du rapport Perruchot sur le financement des syndicats, les échecs de l’État à Florange comme ailleurs, et aussi la communication de l’Ifrap (en particulier sa vice-présidente Agnès Verdier-Molinié), ont sérieusement entamé la confiance qu’avaient les fonctionnaires français dans le rôle politique de leur classe et dans la légitimité de ces syndicats. La nullité patente du gouvernement socialiste d’Ayrault et Hollande a entamé les liens idéologiques qui permettent traditionnellement à la gauche d’instrumentaliser les fonctionnaires.

Pour présenter les choses simplement, j’observe parmi ces fonctionnaires quatre grandes catégories :

  • Celle des militants, presque toujours syndiqués (principalement Sud, CGT, FO), qui sont mus principalement par la loyauté à leurs camarades d’idéologie. Ceux dont la « flamme » militante ne s’est pas éteinte à la chute du mur de Berlin voient doucement sombrer leur monde avec l’apathie grandissante des engagés, leurs alliés naturels, la baisse progressive de la mobilisation dans les grèves, le recul de leurs syndicats aux élections professionnelles… Ils s’accrochent, un peu en vain semble-t-il, à la distribution de tracts et aux pétitions internes.
  • Celle des engagés, dont les valeurs se sont figées en mai 68 ou qui ont hérité de celles de parents eux aussi engagés. Ils ne conçoivent pas de travailler dans le secteur privé, sinon comme une trahison de leurs idéaux et de l’intérêt général. Quant aux autres, leur engagement est érodé voire neutralisé par l’accumulation des affaires, le mépris implicite des élites pour le peuple français, et le constat d’échec de la politique socialiste menée par Hollande et Ayrault. Ils doutent.
  • Celle des réalistes détachés, qui ont conscience que leur classe socio-professionnelle doit abandonner une partie de ses prérogatives et de ses missions, qu’ils doivent se recentrer sur leurs priorités les plus essentielles en laissant de côté la communication, l’esbroufe et le facultatif, au risque de ne plus pouvoir à terme assurer le cœur de leur fonction, mais sans parvenir à prendre d’initiative dans ce sens. Ils restent dans l’expectative en espérant que les circonstances les forceront à faire plus avec moins, et la défaite électorale du PS aux municipales les laisse froids voire les conforte dans leur détachement envers la gauche.
  • Celle des pragmatiques, qui ont souvent déjà travaillé dans le privé et envisagent sans arrière-pensée d’y retourner. Ils disent de plus en plus ouvertement que la fonction publique doit réduire la voilure, renoncer à ses avantages catégoriels, adopter plus de logique commerciale dans son fonctionnement, sous peine de manquer de respect envers les citoyens, et de détruire toute équité entre public et privé.

Mon sentiment est que les deux dernières catégories sont devenues majoritaires, certes pas partout et particulièrement pas dans les instances dirigeantes de la bureaucratie française, mais je vois bien une telle tendance globale. Si cela se confirme, il pourrait bien y avoir un terrain favorable à de véritables réformes significatives et mêmes efficaces de la fonction publique, plus vite qu’on ne le croit. Mais pour cela il faut que le sommet de l’État accompagne ce mouvement, ce qui va dépendre entièrement des attitudes et motivations de Benoît Hamon, fraîchement nommé ministre du « mammouth » de l’Éducation nationale, et de Marylise Lebranchu, nommée à celui de la Réforme de l’État et de la Fonction publique.


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  • Curieux de commencer un article sur la FP par l’exemple de la seuneuceufeu. Cette entreprise est assez exceptionnelle du point de vue de son fonctionnement, et des conditions d’existence de ses agents (employés ?). Je ne pense pas que l’on puisse en tirer des enseignements pour la totalité de la FP.

    Elle est tellement étendue et diverse que je ne pense pas que l’on puisse en faire un portrait politique général sans perdre en fidélité. Je ne dis pas que l’auteur se trompe, mais je doute que son vécu s’applique à toutes les situations.

    En tant que modeste jeune fonctionnaire (et oui !) il me semble que mes collègues ne sont pas farouchement opposés à des réformes, y compris de leur statut. Par exemple, la suppression de la PFR, initiée pour faire plaisir aux syndicats, a été mal accueillie par mes collègues, pas tellement par crainte d’une baisse de leur revenu que par hostilité à l’idée de diminuer la part résultats de la prime. Ironie du sort, les syndicats ont fraîchement accueilli le projet…

    De la même façon, personne parmi mon entourage (y compris en école) ne doute que le fonctionnement de la FP ne la mette en danger : irresponsabilité managériale, privilèges de certains (j’insiste) corps, bureaucratie étouffante…

  • Désolé, mais ça relève du wishful thinking.

    Pour une raison très simple : les fonctionnaires votent massivement PS (Hollande 2012).

    Que les lignes syndicales bougent un peu, au gré des personnalités ou des modes, d’accord, mais le fond demeure.

    Absentéisme, jemenfoutisme, esprit de corps, esprit de classe, esprit mafieux…. Fonctionnaire un jour, fonctionnaire toujours.

    Bref, d’ici à ce que ces millions de parasites votent bien sagement pour :

    -la fin de leur status, de leurs privilèges (retraites, garantie de l’emploi etc)
    -et la réduction du tiers de leur nombre

    …. les poules auront des dents en titane, et Ségolène Royal sera élue présidente.

    • Des millions de parasites… Vous demandez parfois pourquoi le libéralisme est impopulaire ? Vous aliéner des gens qui pourraient par ailleurs être d’accord avec vous n’est pas très malin. Surtout si c’est pour tenir des propos aussi pertinents et constructifs.

      Et pour répondre à votre objection :

      D’abord le vote principal des fonctionnaires est celui des français : l’abstention. Quant au vote il est très inégalement reparti, et en perte de vitesse dans ses bastions historiques (profs).

      Mais surtout, la réforme de l’État et de la FP sont complètement decorélés du vote. La droite et la gauche se rassemblent d’ailleurs sur le diagnostic et la plupart des solutions, modulo des points d’achoppement secondaires. Il suffit de voir les réformes successives (lolf, réat) faites dans l’indifférence médiatique générale alors qu’elles ont profondément impacté le fonctionnement de l’État et le travail des agents. Je connais des agents ‘PS’ qui sont les premiers à vouloir une réforme du statut, une rémunération au mérite etc.

      • Ps et Ump , Fn et écolos sont socialistes , ils veulent augmenter le poids de l’état et de l’état providence et donc de sa fonction publique …Leurs divergences analytiques sur le poids des fonctionnaires dans l’état sont marginales !!!
        Le pb est de se demander pourquoi nous sommes passés d’un état de type libéral , entre les deux guerres mondiales à cet état providence et pourquoi nous n’avons pas maintenu un état régalien dont le côut annuel était environ de 10 % du Pb contre une soixantaine actuellement ?

        • Je ne pense pas que la question du pourquoi soit très importante, mieux vaut se poser la question du que faire.

          • si vous voulez mais pour savoir  » que faire  » comme disait Wladimir Illitch , il faut quand même comprendre pourquoi on en est arrivés là !!!

            Ou alors , on arrive au pb de financement de l’état ( nous y sommes en fait ) et la grande UE prend les rênes du pays , Sapin et Hollande devenant les DRH chargés d’appliquer les mesures !!!

          • Sanson: « mieux vaut se poser la question du que faire. »

            Tout simplement introduire de la vraie démocratie parce que les pays qui vont le mieux (et sont aussi les plus libéraux) sont les plus démocrates. Facilement constatable en croisant les deux tableaux, indice de démocratie et liberté économique:
            http://fr.wikipedia.org/wiki/Indice_de_d%C3%A9mocratie
            http://www.heritage.org/index/

            Après on laisse faire le « marché » pour décider des lois plutôt que de laisser cela à des hauts fonctionnaire en mal de cadeaux électoraux.

            C’est une idée facile à promouvoir et les français ne demandent que ça, face à l’échec des élites le rejet de cette aristocratie est énorme. Mais je ne comprend pas pourquoi cette idée, ce levier d’attaque, pourtant idéal, n’est pas populaire du tout chez beaucoup de mes collègues libéraux français qui ont une attitude bien peu pragmatique je trouve.

      • peut être qu’il y a beaucoup de fonctionnaires d’accord avec les libéraux. Mais deux problèmes se posent:

        -D’une part, l’image qu’ils renvoient est parfaitement contraire. Et d’ailleurs, il suffit de visiter une administration quelconque pour vite se rendre compte qu’il y en a encore beaucoup qui ne veulent surtout pas bouger… D’ailleurs, vous dites que vous êtes fonctionnaire, mais reste à savoir dans quelle branche aussi. Il est clair que le gros du problème ne vient pas spécialement des policiers ou des pompiers par exemple, mais bien d’avantage des administrations, qui sont disproportionnées par rapport au besoin, et ne sont débordées que par l’inaction totale de leurs employés, direction comprise. D’autant que la multiplication de normes, impots et taxes inutiles ont entrainé, logiquement, une croissance déraisonné du Leviathan. Et dans ces sphères là, l’envie de changement est bien moins importante que dans d’autres corps.

        -Deuxièmement, beaucoup souhaitent le changement…. Mais pas pour eux. Ils pensent qu’il faut diminuer la taille de la fonction publique, mais ne veulent pas perdre leur propre poste. Ils préfèrent que ce soit les autres qui en fassent les frais…
        Cela dit, il pourrait être intéressant de mettre en place des programmes de départs volontaires, en plus du non remplacement des retraités pour voir ce que ça donne. Car je pense que la solution de virer purement et simplement des centaines de milliers, voir des millions de personnes, parait légèrement impossible…

        Un exemple de ce qui déconne dans l’administration: mon père est arrivé en retraite en mars dernier. Son dossier n’est toujours pas bouclé, le montant de sa pension n’a toujours pas été calculée… (sauf pour sa retraite complémentaire chez AXA…). Le dossier est en instruction depuis 5 mois. Et il faut savoir qu’en plus donc de sa retraite complémentaire privée chez AXA, il y a 6 caisses de retraites différentes qui s’occupent de sa pension! 6 caisses publiques de retraites pour s’occuper d’un foutu dossier! Des dizaines de fonctionnaires pour un seul et unique dossier!
        Pourquoi ne pas faire une seule caisse qui s’occuperait de ça beaucoup plus efficacement?
        (je précise que mon père vient du privé, pas de la FP)

        • Desproges54 : « -Deuxièmement, beaucoup souhaitent le changement…. Mais pas pour eux. »

          C’est exactement pour cela que la démocratie directe est un système auto-correcteur qui libéralise toutes les sociétés dans lequel il est appliqué.

          Le « pas pour moi » majoritaire entrave le corporatisme et le lobbying. En bref les lois décidées par un petit groupe, pour un petit groupe ne passent plus.

          Laissons faire aussi le « marché » avec les lois.

  • Je ne vois pas pourquoi l’opinion de la fonction publique doit être prise en compte pour la réforme de la fonction publique.

    Enfin si, je vois, tout le monde voit. Il faut une nuit du 04 aout.

    Le statut (quel gros mot) de la fonction publique.

  • Cela confirme que, peut-être, le passage Hollande socialo-trotsko-communo-stalino-kmer vert aura été un mal nécessaire pour qu’enfin, une partie de la population prenne conscience qu à ne rien changer, (quitte à perdre une partie de ses privilèges),elle scie la branche sur laquelle elle est assise et qu’elle risque de tout perde. Et pourtant, il faut un état fort, efficace, conscient du coup pour le contribuable dont il fait parti, ce qui redorera son blason qui n’aurait pas dû se ternir par son refus obstiné et aveugle à l’adaptation, se considérant au dessus et à l’abri du reste de la société qui le fait vivre aussi.
    Mais bon, les syndicats mafieux veillent avec l’énergie du désespoir et un financement redoutable et occulte…

  • « … ce qui va dépendre entièrement des attitudes et motivations de Benoît Hamon, fraîchement nommé ministre du « mammouth » de l’Éducation nationale, et de Marylise Lebranchu, nommée à celui de la Réforme de l’État et de la Fonction publique. »
    Il paraît qu’à Lourdes, ils font des miracles.

  • Les fonctionnaires sont les premières victimes de la collectivisation du pays. Un grand nombre d’entre eux sont devenus fonctionnaires non par vocation mais à la suite de l’analyse pragmatique du marché du travail. Il se retrouvent piégé dans des structures professionnelles qui méprisent et écrasent les individualités.

    Beaucoup de fonctionnaires effectuent leur travail du mieux possible, en conscience, mais leurs qualités professionnelles sont broyées par l’idéologie socialiste de la collectivisation qui les oblige à agir en parasites de la société au lieu d’être au service des citoyens. Les suicides, le harcèlement, les ignobles petits chefs de la double hiérarchie (officielle et syndicale), la démotivation systématique par l’égalitarisme, l’injustice des faveurs aux copains, les arrêts maladie pour dépression et les diverses difficultés psychologiques rendant le travail insupportable touchent en priorité les fonctionnaires ou assimilés. Ce n’est pas un hasard : c’est un mode de management volontairement appliqué pour soumettre les fonctionnaires à l’Etat obèse socialiste, avec l’impitoyable élimination des récalcitrants.

    Les idéologues tentent de faire croire aux fonctionnaires qu’ils seraient encore plus malheureux dans le secteur privé. Il convient de déconstruire ce mensonge éhonté. La privatisation de pans entiers de services qui n’ont rien de public est la condition de l’épanouissement de nombreux fonctionnaires, pour que leurs indéniables compétences soient enfin mobilisées au service d’autrui.

    • Très juste ! L’Etat est un employeur autiste, radin, insensible et parfois même malveillant – alors qu’il est presque impossible de faire pression sur lui pour le faire changer. Et les syndicats ont leurs propres intérêt bien compris, plus souvent qu’on ne le pense contraires à ceux des fonctionnaires et des salariés en général : typiquement sur le SMIC ils mettent en opposition les actifs et les chômeurs, et sinon l’exemple de la gestion des retraites à la SNCF/ RFF est particulièrement scandaleux en la matière.

      Il me semble que de plus en plus de gens, dans le public et para-public, s’en rendent compte.

      • +1
        Ayant beaucoupe de membres de ma famille dans l’administration (dont l’EN), je peux en effet confirmer que l’Etat n’est certainement pas l’employeur le plus vertueux de France, le secteur le pire étant l’EN.
        Dans la fonction publique, les échelles de salaire sont disparates : elles dépendent uniquement de l’influence des syndicats de la branche. Par exemple, pour la FP territoriale, les salaires de la branche technique sont très supérieurs à ceux de la branche administrative (une prime d’agent de maîtrise technique peut être équivalente à celle d’un petit directeur d’administration).
        Les fonctionnaires (et assimilés) ne sont unis seulement quant leur staut général est remis en cause, sinon chaque sous-caste reste entre soi. J’ai déjà travaillé à la RATP et j’étais très amusé de voir mes collègues critiquer les fonctionnaires en les traitant de fainéants trop payés. Par contre, ils craignaient beaucoup les cheminots RATP, car en fait ce sont les plus puissants dans cette structure de par leur capacité de nuisance.

    • ça me fait penser à cet épisode lors de mon très bref passage à l’éducation nationale :

      Un ATTEE (les petites mains des collèges lycées), un jeune type sans formation ni véritable compétence qui était chargé de préparer les repas de la cantine, avait demandé à l’intendante de son lycée une formation en cuisine, afin de pouvoir apprendre le métier de cuisinier et plus tard évoluer.

      Celle-ci, navrée, lui avait répondu que la Région, qui gère ce type d’agents, allait probablement refuser la formation. Les missions des ATTEE ne les mettent jamais dans une situation où ce type de compétence est utile. Après tout ils sont là pour passer le balai, alors toute formation qui n’entrent pas dans ce cadre réduit est un gaspillage.

      C’est une bonne illustration des effets de bord de l’application du statut sans distinction à tout type d’agents. S’il avait été contractuel ou employé par une société en contrat avec l’établissement il aurait pu négocier sa formation. Et si son entreprise avait persisté à refuser il aurait pu trouver un autre employeur. Mais dès lors que la seule alternative est de se faire rayer des cadres, qui offrent une sécurité économique sans commune mesure avec un contrat de travail, la démarche de départ prend une tout autre importance, surtout quand on n’a aucune formation valorisable. Il ne lui reste qu’à se former sur le temps qu’il peut trouver, ou à se résigner à une carrière très peu valorisante…

  • Article réjouissant ! Allez regarder ce qu’a fait Laurence Vanhée au Ministère belge de la Sécurité sociale et vous verrez ce que n’importe quel être humain, fonctionnaire ou non, peut faire dès lors qu’on arrête de le prendre pour un idiot patenté. Le problème des organisations, c’est la hiérarchie et le contrôle. Quand on favorise l’initiative, la liberté d’action que l’on fait confiance, on obtient des miracles.

  • C’est dommage, à lire l’article on a envie d’y croire. Puis vient la dernière phrase…

  • Deux remarques à cet article :

    – 1 – On a jamais vu une classe sociale jouer contre elle-même : ne vous faites pas trop d’illusions sur la prise de conscience des fonctionnaires, tant qu’elle reste au stade de constat autour d’un café et de pétitions de principe, vous trouverez des gens pour concéder sur la nécessité des réformes, mais de la coupe aux lèvres …
    -2 – Privatiser ou sous-traiter ne signifie pas systématiquement baisser les dépenses de l’État. Cela peut aussi impliquer, comme cela arrive souvent, une explosion de la facture sur tel ou tel projet ; une gabegie complète. Avec pour seul effet un transfert de moyens du public vers le privé, sans efficacité et contre-productif en terme de bénéfice. Ces transferts sont d’ailleurs souvent le fruit d’une réflexion assez dogmatique (voire même des choix clientéliste vis à vis de telle ou telle société d’infogérance ou tel consortium industriel) et sont très mal vécus des fonctionnaires eux-mêmes, impliquant chez eux une grande méfiance vis à vis des réformes de l’État (ont-ils complètement tort du reste ?). Un exemple (parmi tant d’autres) :

    http://www.zdnet.fr/actualites/comme-louvois-le-projet-onp-de-l-etat-termine-dans-le-mur-39798383.htm

    • Votre point 2 est de la plus haute importance : le Royaume-Uni l’a démontré en recourant massivement aux « QANGOs », organismes privés à délégation de services public. Tous les inconvénients du service public, et plus la paie explose, en particulier pour les chefs, sans compter les parachutes dorés.

      C’est principalement grace à ces machins que les avancées de Thatcher ont été anéanties et que la dépense publique a littéralement explosé.

  • Je confirme la tendance. J’ai moi-même travaillé dans la fonction publique – la justice – pendant six ans et demi. J’en ai vu, des collègues des deux premières catégories. Toujours à se plaindre (« on n’est pas payé assez pour ce qu’on fait », « on en fait toujours plus sans compensation », etc.), à suspecter la direction de cacher son jeu et de préparer un mauvais coup, à rechigner quand il s’agissait de modifier la façon de travailler, à menacer de faire grève. Jamais un esprit constructif. J’ai même vu une grève une fois, avec des slogans tous plus débiles les uns que les autres et des comportements scandaleux qui auraient mérité des sanctions disciplinaires immédiates…Mais j’en ai vu, aussi, des gens des deux dernières catégories. Très peu. J’en faisais partie et ne suis même forgé au fil du temps une réputation particulièrement anti-conformiste (« il est de droite, ça m’étonne pas ». « Il fait que bosser ». « il fait du zèle », etc.). Ça en énervait certains et je me faisais même un plaisir de prendre l’exact contrepieds des positions des deux premières catégories, histoire de les énerver un peu et puis accessoirement de les faire réfléchir sur les scandaleux avantages indûment perçus par les agents. Quand je suis arrivé, on avait potentiellement 52 jours de congés par an (sans compter les jour fériés), i.e. 5 les semaines de congés payés habituelles (25 jours) + 12 RTT pour compenser le régime de 37.5h hebdomadaires + 12 potentielles « récup » si jamais on faisait jusqu’à l’équivalent d’une journée d’heures supplémentaires par mois + 3 jours gracieusement octroyés par la direction pour arrondir les week end (genre le 24 décembre, le 13 juillet si ça tombait bien). Puis nous avons eu une réforme qui a supprimé le pointage horaire pour certains agents et en « compensation », les « récups » ont été en partie supprimées. En parallèle, comme le pointage n’existait plus, et les agents étant soumis à quota de dossiers, certains ont pris principe que rien ne les contraignaient à venir physiquement au bureau et qu’ils pouvaient travailler de chez eux (très peu d’agents cependant). À mon départ, nous n’avions donc plus « que » 45 jours de congés. 9 semaines ! Hallucinant. J’ai tenté comme j’ai pu de faire comprendre à des collègues que cela était foncièrement anormal, que la Nation n’avait pas à se saigner pour que payer ces avantages auxquels d’autres n’avaient pas accès, que les fonctionnaires sont beaucoup trop nombreux et devraient travailler 39, voire 40h. J’ignore si j’en ai convaincu beaucoup, mais ça a au moins eu le mérite d’aller à l’encontre du discours ambiant et communément partagé de la complainte éternelle du fonctionnaire. Ajoutez à cela une gestion d’ensemble de la maison assez…compliquée et une prise de conscience, peu à peu, de la situation économique du pays et du fait que l’on doit tous faire des efforts pour travailler mieux avec moins…Au bout du compte, je crois qu’à mon départ, beaucoup se posaient des questions qu’ils ne se posaient pas avant. Donc oui, step by step, ça progresse, les mentalités changent.

    Sinon, sans aucun rapport: j’ai entendu que l’incomparable Bruno Julliard devenait 1er adjoint de la nouvelle maire de Paris ? Le foutage de gueule n’a donc aucune limite. Ce type n’a strictement rien foutu de sa vie, un peu comme Hamon d’ailleurs, sinon foutre les étudiants dans la rue et mettre 8 ans pour passer son master. Ça lui a suffit pour être désigné « adjoint à la jeunesse », puis de la « culture » sous Delanoë (alors qu’il était dans le même temps sur la période mai 2012-janvier 2013 membre du cabinet de Peillon) et maintenant devenir le premier d’entre eux. Pauvre pays qui sombre. Les socialistes ne nous épargneront donc rien.

  • Un exemple très simple pour faire avancer les mentalités dans l’éducation nationale.

    Vous montrez aux profs qu’ils sont victimes de l’état très simplement avec leurs fiches de paie. Les salaires des profs français sont très en dessous de la moyenne de l’OCDE en moyenne.
    Vous leur montrez comment ils seraient plus prospères avec un autre système.
    Vous leur rappelez qu’ils sont les moins bien payés alors que le budget par élève et le plus important en France. Où va l’argent ? Comment se fait-il l’enseignement français coûte si cher alors que les enseignants sont si mal payé ?
    Là vous les mettez sur la bonne voie. (Embrayez sur la hiérarchie ubuesque de ce ministère pour bien les énerver.)

    Après honnètement, il faut leur faire intégrer que ce n’est pas sale de vendre de la connaissance, ce qui a du mal à passer encore. (parlez chèque éducation et égalité des chances un petit peu quand même.)

  • Analyse empirique… et fausse.

    La plupart des fonctionnaires d’état voudraient, comme la plupart des Français, conserver l’existant en espérant qu’il soit mieux géré. Ils ne parviennent pas a comprendre qu’ils sont trop nombreux, que l’état est devenu une gène pour l’économie.
    Alors certes ne ce sont pas tous des « rouges » partisans de la lutte des classes, mais la majorité est le produit de la société qui les as élevé : des étatistes remplis de bonnes intentions bisounours.

    De plus ce sont des êtres humains, ils dépendent de l’état pour survivre et n’ont souvent aucune compétence monnayable sur le marché du travail; ce sont des fonctionnaires et ils ne savent faire que ça.
    Ces gens là, la majorité, votera toujours pro-étatiste, non pas parce qu’ils sont fous, idéologues ou syndiqués, mais parce que leur survie immédiate à travers le salaire qu’ils perçoivent en dépend.

    Si demain vous mettez la moitié des fonctionnaires au chômage, 90% seront incapables de trouver un travail, car aucune entreprise ne voudra d’eux.

    • Je ne suis pas certain de ce que vous dites. L’être humain a des ressources insoupçonnables. Ce fonctionnaire qui, à priori, n’est capable de rien, peut réfléchir qu’il aime bricoler sa voiture le Dimanche et peut, quand ses indemnités vont baisser peu à peu, penser qu’il pourrait s’essayer au métier de garagiste.
      C’est fou ce que la nécessité de croûter peut donner de l’intelligence à de parfaits crétins.
      Certes, je vous en laisse 40-50% d’abrutis profonds incpables de rien, mais pas 90%.

      • Donc si j’aime réparer ma voiture le dimanche, un garage va m’accueillir à bras ouverts pour changer des pneus et de l’huile ?

        Soyons sérieux… un fonctionnaire de 45 ans (age médian de la FP), femme de surcroit puisqu’elle sont majoritaires dans la FP, n’a aucune perspective d’emploi si il/elle se retrouve sur le carreau.

        Ce profil type, votera toujours étatiste.

    • Effectivement une partie n’ont aucune compétence, mais il y en a qui qui en ont mais les exploite pas du fait de l’égalitarisme ambiant présent dans les rémunération de la fonction publique ou voir de l’impossibilité d’utiliser pour la fp leurs compétences
      ( hiérarchie fermée) .
      Dans tout les cas le pb n’est pas la mais vient bien du coût astronomique de l’état en france

  • Oui risqué de démissioner de la FP ce que j’ avais fait il y a assez longtemps et c’ est sans regret ) surtout si l’ on a une famille des enfants ..
    Sinon je suis d’ac avec volna 10h22 nos divers socialistes se plieront aux contraintes extérieures c ‘ est à dire qu’ ils clameront par leurs chers médias  » c’ est pas notre faute nous ne sommes pas responsables  » et patati et patatra .
    on le sait qu’ ils sont irresponsables , 40 ans qu’ ils accumulent des budgets d’état négatifs

  • c’est beau de croire au père noël !
    c’est aussi beau que de croire que l’on peut reformer une entreprise de l’intérieur, alors que c’est admettre que la consanguinité n’est pas un fléau pour une société, ou nier l’apport culturel des immigrés

  • Les cheminots ne sont pas fonctionnaires, quand comprendrez-vous cela ?

    • Beaucoup d’agents ont conservé leur statut quand la SNCF est devenue une « EPIC ».

    • ah ! ça c’est bien vrai, mon pôvre monsieur….
      mais ces espèces sont trés voisines question productivité:
      35 h sur le papier
      30 heures de présence …au mieux
      20 heures de boulot réel et efficient ? Non faut quand même pas exagéré : la sécu est déjà bien plombée, il faut pas abuser avec une pénibilité qui va encore chargée la barque…des comptes Retraite !!!!

  • ah ! bienheureux le doux rêveur …

  • Les commentaires sont fermés.

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Aussi séduisantes qu’elles soient, les mesures scolaires annoncées par Gabriel Attal se révèleront inutiles et inefficaces pour résoudre les maux de l’école. D’une part parce qu’elles ne tiennent pas compte de la nature de l’Éducation nationale, d’autre part parce qu’elles ne s’attaquent pas à la racine du problème.

Ce pourrait être une épreuve du classement Pisa : dénombrer toutes les mesures prises par les ministres de l’Éducation nationale pour redresser ... Poursuivre la lecture

Le libertarien Javier Milei a été élu président de l'Argentine le 19 novembre, avec 55,7 % des voix. Mais les choses ne seront pas faciles pour Milei.

Le 24 novembre, quelques jours après l'élection, j'ai rencontré Nicolás Emma, responsable de la section de Buenos Aires du parti de Javier Milei, au siège du parti dans la capitale argentine. Plusieurs autres organisateurs du parti étaient également présents, notamment Gustavo Federico et Facundo Ozan Carranza. Au cours des conversations avec ces personnes et d'autres personnalités du pa... Poursuivre la lecture

C’est en Angleterre que sont apparus les premiers concepts HACCP suite aux nombreux problèmes d’hygiène rencontrés sur des produits alimentaires. L’origine étant que les salariés des entreprises alimentaires n’avaient pas le réflexe de se laver les mains avant d’opérer sur les lignes de production.

S’en est suivi un certain confort de travail pour les responsables qui, au lieu de se fâcher et risquer les conflits, pouvaient se contenter de se référer aux normes écrites que les salariés avaient eux-mêmes signées. L’autorité était rempla... Poursuivre la lecture

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