Déficit d’honnêteté et dette morale

L’INSEE a publié les mauvais chiffres de la gestion publique de l’État au lendemain des élections.

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Déficit d’honnêteté et dette morale

Publié le 3 avril 2014
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Par François Ménager.

L’INSEE publiait opportunément lundi 31 mars, au lendemain des élections municipales, les statistiques officielles du déficit et de la dette publics pour l’année 2013 :

  • Le déficit des comptes publics atteint 4,3% du PIB, supérieur à l’objectif de 4,1%.
  • La dette publique atteint donc 1925,3 milliards d’€, soit 93,5% du PIB, un ratio là aussi supérieur aux prévisions gouvernementales qui étaient de 93,4% du PIB « seulement ».

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Comme on le voit sur ce graphique publié par le journal Le Monde, et contrairement à ce que laisse croire une habile communication du gouvernement, la dépense publique a recommencé à augmenter depuis 2012. Aucun effort n’a donc été réalisé par l’État : la réduction du déficit entre 2012 (4,9% du PIB) et 2013 (4,3% du PIB) est largement due à l’augmentation des prélèvements fiscaux sur les ménages et les entreprises.

Cerise sur le gâteau, l’institut officiel révise également, en mal, les chiffres portant sur l’année 2012 :

  • Le déficit n’était pas en 2012 de 4,8% mais de 4,9% du PIB.
  • Et la dette avait atteint en réalité 90,6%, non 90,2% du PIB.

Au-delà des arrangements de chiffres, désormais habituels de la part de l’INSEE tant sur le sujet de la croissance que sur celui du chômage ou de la dette, arrangements qui, en détériorant les chiffres de l’année n-1, améliorent peut-être discrètement ceux de l’année n, on s’étonnera surtout qu’un scandale d’une autre nature passe totalement inaperçu aux yeux de l’opinion publique.

Comment expliquer, en effet, que des statistiques officielles, qui constituent une sorte de bilan objectif de la politique menée par le gouvernement depuis presque deux ans, soit sciemment dissimulées aux électeurs jusqu’au terme d’une échéance électorale ? Vote-t-on mieux dans l’ignorance ?

Comment se fait-il que des statistiques officielles, dont l’élaboration demande un travail long et complexe qui n’a certainement pas été terminé lundi 31 mars aux aurores (la dépêche AFP ayant été publiée a 7h05), n’aient pas été publiées avant le deuxième tour des élections municipales, qui a eu lieu dimanche 30 mars dernier ? Cette conjonction de dates me paraît à moi pour le moins troublante.

Si le journal Le Monde qualifie gentiment de « dérapage » cette crue continue et incontrôlée et émet une réserve polie quant à la crédibilité des objectifs budgétaires officiels pour 2014 et 2015, pas un mot en revanche sur le scandale d’une dissimulation manifeste (si l’on peut dire) de cette information aux électeurs. Même si l’aggravation du résultat électoral qui aurait pu résulter de cette publication pour le parti au pouvoir reste sans doute minime, la pratique qui consiste à étouffer une information gênante jusqu’au terme d’une élection n’en relève pas moins du mensonge, de la désinformation, ou de la propagande, et n’est en tout cas pas digne d’une démocratie.

De la même façon, le silence complice de la presse nationale, supposée indépendante, témoigne soit d’un soutien direct au gouvernement en place qui constituerait une infraction claire au principe d’indépendance de la presse doublée d’une trahison de la confiance des lecteurs et électeurs, soit, pire encore et malheureusement plus vraisemblable, d’une déréliction grave de l’éthique des journalistes français, ces derniers semblant désormais parfaitement inconscients de l’importance de leur rôle d’informateurs neutres et objectifs.

Que l’on plaide l’inconscience ou l’esprit partisan, il s’agit bien d’un sérieux déficit d’honnêteté, et dans tous les cas la réalité du budget s’imposera à tous tôt ou tard. Rappelons que nos partenaires européens, placés devant le fait accompli l’an passé, nous ont déjà fixé un délai de deux ans, jusqu’en 2015, pour amener notre déficit sous la barre des 3%.

Ils risquent d’être déçus, et la question se pose de savoir comment nous purgerons non seulement notre dette financière vis-à-vis des créanciers de la France, mais surtout notre dette morale vis-à-vis de nos voisins.


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  • « le silence complice de la presse nationale, supposée indépendante, témoigne soit d’un soutien direct au gouvernement en place qui constituerait une infraction claire au principe d’indépendance de la presse doublée d’une trahison de la confiance des lecteurs et électeurs, soit, pire encore et malheureusement plus vraisemblable, d’une déréliction grave de l’éthique des journalistes français »
    Pourquoi choisir entre les deux ?
    La presse nationale ( et l’audiovisuel public ) soutiennent directement les socialistes en place qui sont de leur famille et considèrent que leur rôle n’est pas d’informer de façon objective des citoyens responsables mais de leur apporter la bonne parole… les journalistes sont les nouveaux apôtres chargés d’évangéliser les brebis égarées qui n’ont pas encore été touchées par la grâce de l’humanisme laïque pour tous.

    • Voir Peillon et sa « religion de la République », un fanatique qui ne cache rien de sa démence, nommé ministre, donc dont la pensée est approuvée par ceux qui l’ont nommé.

  • Je suis d’accord avec vous sur l’aspect immorale de la dissimulation.

    Mais je ne pense pas que cela est un quelquonque impact sur les electeurs, ni sur leur choix: ceux qui sont sensibles à ces chiffres ne votent pas PS de toute façon.

    Je suis sur que les memes methodes etaient utilisés lors des gouvernements de droite.

  • Une solution : expulsion de l’Euro 😀
    Radical, ils pourront imprimer tout le papier (chiotte) qu’ils veulent :mrgreen:
    Les petits futés passeront au coquillage 🙄

  • « Ils risquent d’être déçus »

    La question est : comment fait-on pour être encore déçu par le socialisme ?

  • L’aspect immoral le plus profond est d’utiliser l’argent de nos descendants (par la dette) pour se permettre de raser gratis encore un peu plus longtemps. C’est du vol pur et simple.

  • Les commentaires sont fermés.

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