L’impasse de la mobilité verte

Il faut changer de regard sur la mobilité. Il ne sert à rien de taper et de brimer l’automobiliste.

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L’impasse de la mobilité verte

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 31 mars 2014
- A +

Par Hugues Lannoy, depuis Liège, Belgique.

right-leftNos villes doivent évoluer. C’est un fait indéniable. L’espace urbain n’est pas taillé sur mesure pour l’habitant. Il y a un déséquilibre entre le citadin usager et le visiteur. Des autoroutes urbaines sillonnent nos villes pour permettre d’y accéder, et dégradent le cadre de vie. Les moteurs engendrent une importante pollution de l’air. Ces prémisses sont largement acceptées et à juste titre. La ville doit attirer plus de monde et se densifier, diminuer le coût des services, limiter les empreintes écologiques. Mais les villes sont des centres économiques essentiels. Il faut donc également les considérer comme des lieux de travail, des endroits qu’il faut garder accessibles.

Sur le chemin de la transformation des villes il y a l’auto. Elle y prend trop de place, elle est trop souvent nécessaire. Elle est un obstacle à une mobilité plus douce. Il faut donc inventer des solutions pour la rendre contournable. Pour permettre aux navetteurs de rentrer en ville, pour faire cohabiter ces flux sans massacrer le plaisir d’y habiter. Car l’offre actuelle de transports en commun ne suffit pas. Il n’est pas souvent possible de les utiliser. Les bus en campagne sont une farce. Beaucoup de monde habite trop loin des lignes de chemin de fer : il n’y a pas de RER ou il est trop loin. Les chantiers potentiels sont énormes. Cela ne se fera pas du jour au lendemain. Les moyens structurels à mettre en place demandent du temps.

On voudrait aller vite, avoir des résultats visibles, mais aucune solution miracle n’existe pour que ces alternatives se développent et prennent le pas. Il faut des budgets importants, des grands travaux. Malgré cela, une minorité très vocale est, elle, très pressée et est en train de contraindre une majorité de travailleurs et de parents à vivre des cauchemars logistiques pour leur mobilité.. On tente de convaincre nos édiles que les villes devraient déjà ressembler à la campagne. On leur dit que l’auto doit disparaître tout de suite, tant elle entrave le bien-être urbain.

Et trop contentes d’améliorer facilement la qualité de vie apparente du citoyen sans devoir se heurter à la sécurité ou à la propreté ou toute autre mesure plus difficile à mettre en place, les municipalités embraient. Il est en effet beaucoup plus aisé de supprimer une bande de circulation ou de rendre un quai piéton pour s’offrir à bon compte un vernis de soin apporté au citoyen que de penser un plan de mobilité. Il est malheureusement plus simple de dire « garez cette auto ailleurs » que d’offrir une alternative de déplacement. Sous prétexte d’encourager « la rotation » et de lutter contre les vilaines voitures ventouses, qui ne sont en fait que des moyens de transports de travailleurs qui ne trouvent pas d’autre emplacement, on facture des fortunes pour le stationnement en ville.

C’est un investissement quasi nul : un peu de peinture pour réduire les bandes de circulation et des panneaux stationnement payant. On fait des travaux dans le centre ? On ne reconstruit qu’une bande au lieu de deux ! Un bénéfice immédiat en matière d’image auprès d’un certain public et des rentrées de sous de stationnement pour la ville. Électoralement bandant et économiquement fabuleux… si l’on regarde à court terme.

Car ce coût devient tout doucement prohibitif pour le travailleur, assommé de taxes par ailleurs. N’oublions pas la taxe de mise en circulation, le coût en accises sur l’essence (+/- 7€ de rentrées pour l’État par 100km, soit 70€ par semaine pour un navetteur dont l’entreprise est à 100km de chez lui, hors amortissement du véhicule*). Et ne parlons même pas de l’aberration des propositions de taxe au km, fort redondantes avec les taxes sur l’essence.

Il y a urgence ! Il faut cesser cette désinformation et cette guerre au travailleur ! Quand la ville sera devenue inaccessible physiquement ou financièrement les gens la quitteront. Une ville qui empêche les gens de venir à elle régresse. Elle perd ses habitants, elle perd ses entreprises et ses commerces. Il ne sert à rien d’avoir un centre accueillant si personne ne sait s’y rendre. Les villes où cela se passe voient leur attractivité baisser en 2-3 ans suite à ces changements de mobilité. Il suffit de compter les vitrines vides ou à louer.  Le risque est grand que ce frein à la présence en ville enclenche un nouveau mouvement d’exode vers la campagne, provoquant une rurbanisation aux antipodes des règles de développement durable. Avec un coût très important de maintien des infrastructures rurales (eau, électricité, égouttage), des pertes sèches en impôts pour les grandes villes et l’accroissement des problèmes de… transports en commun ! Bonne idée !

C’est pourquoi il faut changer de regard sur la mobilité. Il ne sert à rien de taper et de brimer l’automobiliste. Car attention je lance un scoop : ce n’est pas l’automobile qui cause les bouchons. C’est l’absence d’alternative !

L’automobile est un outil de déplacement. Une solution à un besoin de mobilité. Si une solution meilleure qu’elle était proposée elle s’effacerait. Aucune personne normale ne prend plaisir à s’entasser sur l’autoroute. Personne ne le ferait s’il avait le choix. Il est courant qu’un trajet en auto prenne moins de temps en voiture qu’en train et ce malgré les bouchons sur le chemin. Parce que les quelques kilomètres qui séparent le lieu de travail de la gare sont mal desservis.  Les 3 ou 4 km qui séparent de l’école peuvent prendre autant de temps en bus qu’à pied selon là où l’on habite. La majorité des gens n’habitent pas à proximité d’une grande gare. La plupart des campagnes ne voient passer qu’un bus le matin dans un sens et dans l’autre le soir. Les exemples sont légion. Et que font les sociétés de chemin de fer pendant ce temps ? Elles suppriment des trains, des lignes et des gares en zone rurale !

Alors ne me faites pas de mauvais procès d’intention. Il ne s’agit pas ici de refuser des villes plus agréables. Il ne s’agit pas de refuser le changement ou de s’accrocher à sa soi-disant sacro-sainte auto. Ce qu’il faut c’est étoffer l’offre d’accès à la ville, permettre aux gens d’aller travailler autrement. Inventer un nouveau paradigme qui rende enfin l’auto obsolète au lieu de stigmatiser le travailleur. Et le faire avant d’interdire l’auto.

Il s’agit non de régresser vers une immobilité et les bouchons pour tous, mais d’être progressiste. Le progrès ce n’est pas un changement qu’on impose au détriment de travailleurs qui n’ont pas le choix et dont on pourrit la vie. Le progrès, ça se partage. Le progrès permet à tous de vivre mieux, sinon il n’est qu’une ségrégation, une discrimination !

C’est en cela que l’extrémisme vert se découvre. Il est prêt à sacrifier le bien commun pour sa petite idée. Nous pénaliser tous pour trois boulevards urbains transformés en zone champêtre. Même si c’est contre-productif, même si c’est trop tôt, même si personne n’est prêt. Soyons prêts à leur dire non. Refusons les goulets qu’on nous impose ; non à la suppression des places de parking ou des moyens d’accès en l’absence d’alternative. Rangez votre pot de peinture. Des bandes blanches ne suffisent pas à peindre une mobilité réfléchie.

Construisons un nouveau modèle de mobilité qui rendra l’auto obsolète, mais n’empêchons pas les gens de bouger tant que ce n’est pas fait.

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  • Avatar
    victoria.melville
    31 mars 2014 at 9 h 03 min

    Je ne comprends pas pourquoi il faut densifier les villes. Définitivement, la pertinence de cette doxa m’échappe. Il est clair qu’on vit mieux dans les villes moins denses (Montréal) que dans les villes super denses (Paris). Les gens y sont plus heureux et s’y déplacent plus facilement, que ce soit en transports en commun ou en voiture. Alors ?

    • Tu ne comprends pas parce que tu raisonne du point de vue de l’habitant. Mets-toi à la place de l’organisation « pouvoir municipal » et de son chef le maire, dont l’importance (pouvoir, richesse, etc.) dépendent du nombre d’habitants sur son espace géographique délimité et fixé, et les choses s’éclairent !

  • Pourquoi avoir comme objectif de supprimer un moyen de transport autonome, libre, sûr, protégé des éléments, pratique pour la famille, une des plus belle inventions de l’histoire ?

    • Parce que les actuelles bandes de malfrats au pouvoir veulent contrôler les populations. TOut en douceur et graduellement.

    • J’y vois un conflit d’intérêt entre ceux qui habitent dans les villes, et ceux des alentours qui y travaillent et viennent y faire leurs achats. Le citadin a le pouvoir car c’est lui qui élie le conseil municipal. Son intérêt est de réduire la liberté de circulation des « étrangers » qui polluent SA ville par le bruit, les fumées de pots d’échappement, etc … De plus, la difficulté et l’augmentation des temps de transport valorisent l’habitat local et augmentent la valeur du patrimoine du citadin.

      Pourtant, ce sont les entreprises et le commerce qui enrichissent la ville et donc ceux qui y viennent de l’expérieur. Chasser les banlieusards étrangers qui viennent manger le pain des citadins n’est donc pas forcément une bone idée comme le souligne l’article.

      Mais bon, s’il fallait dénoncer tous les discours et comportements hypochrites et à courte vue, une encyclopédie ne suffirait pas.

    • Parce que l’auto est un moyen individuel et pour la famille de se déplacer où l’on veut, avec les 4×4, même plus besoin de route… Et c’est aussi un signe ostentatoire de richesse pour les pastèques…

      Liberté, fric, tout ce que déteste les cocos et affiliés.

  • Les transports publics sont largement financés par l’impôt, le voyageur n’en finançant généralement pas la moitié.
    Cela est valable même en Suisse, pas qu’en France ou en Belgique.
    L’automobile est une source de revenus via les taxes diverses, impôts sur les assurances, TVA sur divers frais, impôts sur les huiles minérales.
    Comment financer le report du parc automobile sur les transports publics si la source de revenus se tarie au fur et à mesure ?
    Il ne restera bientôt plus que l’impôt sur le revenu, la TVA …, ou ce qui serait plus logique, que l’usager des transports publics paye le coût réel de son déplacement.
    Vu les méthodes utilisées par les politiciens, ce sont les premières méthodes qu’ils tenteront d’utiliser, jusqu’au clash.

  • Sans toutes ces normes (code de l’urbanisme, sur l’automobiles…) le marché s’adapterait à la demande.
    Arrêtons de tout taxer, libérons le foncier (dont la voirie) et on réglera pas mal le problème.

    • Ça libérer l’espace public routier (sauf impasse ne desservant qu’un lotissement) je pressens de chouettes problèmes (liberté de circulation, coût d’entretien)

  • la seule justification des transports en commun est…..l’emploi des fonctionnaires et donc d’adhérents aux syndicats, toutes les autres justifications ne tiennent pas la route du point de vue économique ou médicale ou sociétale.

  • Vous l’avez senti vous aussi? ce petit parfum de constructivisme… avec la petite touche de malthusianisme incontournable qui dit que si les voies sont larges et longues, c’est la fin du monde, car ça coute en goudron, en tuyaux, en lignes électriques. Les plus futés iront même jusqu’à vous expliquer que ça coute en pétrole (là c’est bidon, évidemment : 2km dans un bouchon en 30 minutes ou 10km en moins de temps que ça…).
    Et pour aller chercher plus loin dans l’optique du « ce qu’on voit et ce qu’on ne voit pas », Bastiat suggérerait sans doute que l’économie que l’on fait en temps et en essence compenserait rapidement le surcoût des infrastructures étalées.
    L’article se finit d’ailleurs par le mot-clé :
    « CONSTRUISONS un nouveau modèle de mobilité »
    Tout est dit. Un libéral demande simplement à se déplacer sans entrave. Quand, pour faire deux fois 12 mètres linéaires de rails de tramway, on pose des barrières qui réduisent le nombre de voies de trois à… UNE, et ce pendant… QUATORZE MOIS, on est clairement dans un moquage de figure chimiquement pur. Sans doute aidé par notre irréprochable gestion de l’argent gratuit des autres, qui va de paire avec notre manière toute particulière de filer les chantiers publics juteux à des copains.
    La boucle est bouclée, on peut tourner le problème dans tous les sens : le poids et le pouvoir de l’Etat sont le problème.

  • Pourquoi aller chercher au pôle nord un grand-père tué par l’ours blanc quand il y a à chaque coin de rue des grand-mères mortes de froid tuées par la « pauvreté énergétique » ?
    Tant qu’à troller, autant être un troll futé.

  • L’ancien maire de ma commune (PS – Ecolo) avait, pour réduire la voiture en ville, rendu les parkings payants… Malgré le fait que nous sommes dans une petite ville de campagne (mais de montagne , 10 000 habitants). Sans aucun effet (si ce n’était l’augmentation des pv).
    Son successeur (UDI) a remis les parkings gratuits, mis en place trois petites lignes de bus (20 places) allant du centre ville vers les trois bourgs voisins.
    Et Ô miracle, le samedi, jour de marché, la ville n’était plus encombrée…
    Les gens pouvaient enfin venir facilement des bourgs (4 – 5 km) sans leurs voitures directement sur le centre ville.
    Pas de gros bus pollueurs, pas de dépenses somptuaires (les projets pharaonesques de l’ancienne mairie ont été enterré, les siens aussi quand il s’en rendu compte du ridicule et des dépenses), une liberté de déplacements…

    Les écolos habitent tous en villes, dans les grandes villes. Ils veulent imposer le vélo aux autres pour les déplacements… Mais ils prennent bien la voiture pour partir en week-end à la campagne.
    Et chez moi le vélo, c’est juste pour le sport. Car faire 20 kilomètres en plaine c’est pas pareil qu’en montagne…

  • en fait…on a du mal à raisonner car on a du mal à voir UN BUT d’autant plus d’ailleurs que les villes ne sont pas toutes des centres économiques de même nature, aussi on (municipalités) bricole à partir du’ne ville donnée à un moment donné et on dit si on fait ça ça fluidifie un peu effectivement..MAIS il y a des conséquences…

    Il est difficile d ‘apporter une réponse…. car on ne connait pas la question…

    Il n’y a pas de solution , les intérêts d’un maire ne sont pas ceux des habitants de la communes , des industriels et de ceux qui traversent… alors c’est du bricolage façon règlage un coup dans le zig un coup dans le zag..

    Et pourquoi diable faut il qu’une ville se développe????
    qu’ne ville soit prospère..ce n’est déjà pas mal, certes si une ville est prospère elle va se développer sans doute…mais c’est davantage une conséquence qu’un but à poursuivre..et encore même ça on peut le discuter…je m’en fous que ma ville soit prospère si MOI je suis prospère enfin bref…

    Il n’y a qu’un problème c’est comment JE me déplace, c’est aux commerçant de se débrouiller pour que leur commerces soient accessibles quitte à changer d’emplacement.

  • Les bobos verts parisiens sont la pire vermine qui existe.

    Paris comptent 2,5 millions d’habitants…
    Combien de centrale à énergie ?
    Combien de station de retraitement des eaux ?
    Combien de station de retraitement des déchets ?

    La merde c’est pour les autres…

    Je précise que je suis parisien et content de l’être, mais au moins je fais profil bas. De plus, la capital du pays se doit d’accueillir tout le monde: banlieusards, provinciaux, touristes étrangers.

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