Inciter les médecins à se déconventionner

Inciter les médecins à se déconventionner permettrait de sortir d’une étatisation trop pesante du système de santé.

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Inciter les médecins à se déconventionner

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 16 janvier 2014
- A +

Une interview de Cécile Philippe.
Un article de l’Institut économique Molinari.

médecine

Inciter les médecins à se déconventionner. Expliquez-nous en quoi ça consiste.

Cela signifierait que les médecins – y compris les dentistes – quitteraient plus facilement le système de la sécurité sociale. Concrètement, ils cesseraient d’interagir avec la sécu. Ils ne sont donc plus remboursés par le système de l’assurance maladie, mais ils cesseraient de subir les contraintes de plus en plus lourdes qu’elle fait peser sur eux. Il faut les encourager à le faire.

Quel serait l’intérêt ?

L’objectif principal serait d’éviter une étatisation trop pesante du système de santé qui s’est accélérée en 1996 avec la création de l’ONDAM, l’Objectif national de dépenses de santé.

Des exemples ?

Cet objectif comptable de maîtrise publique des coûts se décline à tous les niveaux du système de santé, à commencer par la liberté des patients en matière de choix de leur médecin et par un contrôle bureaucratique plus strict dans la délivrance des soins. Fin de la liberté d’installation des infirmières, remise en question de celle des médecins, arrêt de la liberté des tarifs. En 2011, les médecins se sont même vus proposer une rémunération à la performance dans le cadre de contrats d’amélioration des pratiques individuelle (CAPI).

Et quel est le problème ?

Le principal problème des systèmes étatisés, c’est qu’ils organisent la pénurie ou le rationnement par les files d’attente. C’est ce qu’on constate depuis des décennies au Canada et Angleterre et c’est ce que nous commençons à voir apparaître dans plusieurs spécialités en France.

À long terme, c’est un gage de non qualité voire de mise en danger des patients. La Cour suprême canadienne a, par exemple, reconnu dans un arrêt historique de 2005 que des patients meurent « en raison de listes d’attente pour la prestation de soins de santé publics ».

Se déconventionner, n’est-ce pas ouvrir la voie à une privatisation du système de santé ?

Oui, ça l’est partiellement, mais il s’agit surtout de maintenir la vitalité des piliers privés qui existent encore en France mais risquent de disparaître sous l’effet des politiques actuelles. Or l’offre privée explique en partie la vitalité du système. Le colloque singulier conduit le praticien à engager sa responsabilité individuelle, ce qui est une garantie de la motivation des professionnels et de la qualité des soins.

Mais comment éviter un système à deux vitesses ?

Je vois plusieurs possibilités. La première, c’est d’inciter les praticiens qui se déconventionneraient à discriminer leurs tarifs en fonction des possibilités de leurs patients. Il ne devrait pas y avoir de tabou sur le fait de payer un tarif plus élevé en fonction de ses moyens.

Ensuite, au fur et à mesure que le nombre de médecins déconventionnés augmentera, la croissance de ce marché permettra son organisation et la création de systèmes d’assurance parallèles susceptibles de prendre en charge les personnes démunies.

Enfin, rien n’empêche de mettre en place un système d’aides directes aux personnes qui en auraient besoin. C’est beaucoup plus efficace que d’organiser l’étatisation complète du système.


Chronique de Cécile Philippe, directrice de l’Institut économique Molinari, diffusée sur les ondes de Radio classique le 14 janvier 2014.

Voir les commentaires (20)

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  • Hou là ! J’entends les échos des instances US qui crachent sur la « socialized medecine » depuis toujours.
    Oui, la carcan de la SS pose problème, mais je ne absolument pas sûr que permettre aux médecins d’en sortir mène au résultat affiché par votre article.
    Cela a plus de chances de mener à une augmentation éhontée des tarifs des consultations et à cette fameuse vitesse dont vous parliez, sauf qu’il n’y absolument rien qui garantisse que les mutuelles suivront l’escalade.
    Quant au nombre de médecins qui tariferont moins pour les plus pauvres, j’ai un gros doute que les agissements de beaucoup de médecins ayant perdu depuis longtemps la vocation et se concentrant sur les revenus vient confirmer……

    • On est déjà dans un système à deux vitesses, il y a déjà des pénuries (merci le numérus clausus des médecins).

      • En quoi un système à plusieurs vitesses est un problème ?

        • Effectivement, quand on me parle du problème j’aime bien répondre que l’idéal serait carrément un système avec autant de vitesses que de patients, et non une prise en charge monolithique sclérosée par des protocoles et souvent inadaptée.

    • Mon dieu, les médecins à bac+10, 60h par semaine de travail et la vie des gens en jeu, veulent être payés ce qu’ils méritent ?
      Pourquoi pas 23€ par consultation brut, soit 8€ net après toutes les charges, et l’oppression d’un système de santé étatique et illogique ?

      Pourquoi pas proposer d’aligner les tarifs des médecins sur les plombiers ? Au moins, les médecins seraient mieux rémunérés.

      Votre frustration et votre méconnaissance du système de soin libéral est ridicule et risible.

  • Désolé pour les erreurs de frappes et autres oublis de ma réponse précédente.
    C’était, bien sûr, LE carcan et « à cette fameuse médecine à 2 vitesses dont vous parliez ».

    J’ai aussi oublié de terminer par : il me semble que l’article fait montre d’une grande partialité, voire d’un biais certain, voire même d’un début de propagande en faveur d’une libéralisation totale du système.

    • Bonjour Lpv
      « voire même d’un début de propagande en faveur d’une libéralisation totale du système »
      Non, Contrepoints, pro-libéral, on m’aurait menti !

      Sans rire, de toute façon comme la sécu dérembourse de plus en plus les soins, il y aura un moment où il deviendra rentable pour les médecins d’être hors convention.

      • Je ne parlais pas des médecins, dont je me contrefous un peu.
        Si la plupart avaient gardé leur vocation oridinelle, ainsi que leur intégrité, au lieu de l’abandonner au système et aux labos (oui, oui, j’entends déja que c’est pas vrai, que c’est seulement quelques brebis galeuses, que « mon docteur à moi, il est pas comme ça du tout ! »), j’aurai un peu plus de respect pour eux.
        Non, je pensais plutôt aux patients, ces naïfs qui croient encore que les médecins oeuvrent pour le bien public……….. Il me parait assez évident que moins il y a de contrôle sur une population pas toujours intègre, plus il y aura d’abus, et pas dans le sens du bien public.

        Si je suis hors sujet, je m’en excuse.

        Et sinon je rappelle aux grincheux que quitter la sécu est légalement possible, lourd et long, mais possible……

        • y sait pas ce qu’est la justice le monsieur? Parce que dans un système libéral, il y a la liberté mais il y a aussi la responsabilité.

        • Vous pensez vraiment que les médecins après une consultation se frottent les mains en se disant « Chouette, j’ai réussi à expédier ma consultation sans vraiment me poser la question de ce qu’avait mon patient, 10€ (23-charges…) de plus dans ma poche, en route vers la richesse » ??
          Vous pensez vraiment qu’il y a des médecins qui seraient prêt à ne pas donner le meilleur traitement à leur connaissance à un patient parce qu’un labo leur verse de l’argent pour faire autrement??? car c’est ce que vous sous-entendez…

          Vous savez, il y a un monde entre vouloir s’assurer des revenus confortables (ce que j’assume parfaitement), et être prêt pour cela à faire n’importe quoi.

          Vous êtes extrêmement insultant envers moi-même et mes collègues, et cela se voit que n’avez vraiment aucune idée de nos pratiques.

          Il n’y a pas besoin de se sentir habité par une puissance divine, d’avoir une vocation indomptable, ce que je ne prétends pas avoir d’ailleurs, pour être un bon médecin.

          Vous pouvez nous reprocher de ne pas œuvrer pour le bien public, je vous avoue que ce n’est pas ce que j’ai à l’esprit tout au long de ma journée. Mais de ne pas, sciemment, œuvrer dans l’intérêt du patient, non.

        • Notre vocation, nous l’avons gardée, sinon, ça fait belle lurette que nous aurions fermé nos cabinets pour faire des grèves illimitées pour gueuler contre les conditions de travail que la sécu nous impose.

          Mais ça, vous ne pouvez pas comprendre…

          Et pour les labo, sachez que nous avons obligation de déclarer à partir de 10€ de « cadeaux », ce que je n’ai jamais eu de ma vie. Combien d’autres professions ont la même exigence ?

  • Le déconventionnement pour les médecins, on en prend pas le chemin, pour les dentistes , si! Le gouvernement est en train d’entériner la mise en place des réseaux de soins avec remboursements différentiés en fonction du praticien que vous irez consulter. La sécu va se désengager du dentaire, donc le déconventionnement viendra de la sécu elle-même, et transfert vers les mutuelles. Pourquoi croyez-vous que les entreprise seront obligées de cotiser aux mutuelles pour tous les salariés, mis à part la manne financière que ça va leur apporter ? Et ça c’est prévu pour 2015.

  • Je rebondis sur votre dernière phrase. Elle est au coeur des problèmes de notre système.

    au départ, une idée géniale : la mutualisation des dépenses de santé, en payant en fonction de ses moyens et en recevant les soins dont on avait besoin.

    Sauf qu’aujourd’hui, il y a confusion entre les soins suite à maladie et les soins suite à accident.

    Pour moi,
    –> La maladie doit relever de la mutualisation ( SS ou privée, ou mixte) et de la solidarité
    –> les conséquences de l’accident ou des comportements individuels caractérisés doivent relever de l’assurance privée.

    • C’est déjà le cas la sécu réclame son du (ce qu’elle a réglé à l’hôpital) à votre assurance auto ou autre suite à un accident sauf si il n’y a pas de responsable sur qui se retourner.

  • Le 1er problème d’un déconventionnement dans un système reposant sur la solidarité nationale comme dans notre pays, c’est que les mutuelles prennent le relais (Le monde regorge de ce type d’exemples).
    Or une mutuelle ne peut légalement pas être déficitaire. Donc forcément cela revient à payer ses soins au final (en fait plus cher que les remboursements obtenus en retour).
    La mutualisation de la santé ne représente aucun intérêt financier pour une société moderne, et contribue à accroitre le coût des soins (remboursement= illusion de gratuité; donc déconnexion entre le prix et le service).

    Il faut libéraliser tout le système. Sinon on ne fait que céder au corporatisme médical. Et nous en avons assez de ce capitalisme de connivence en France.

    Sur le sujet: http://lacavernedeplaton.blogspot.fr/2013/09/v-behaviorurldefaultvmlo.html

  • « Il ne devrait pas y avoir de tabou sur le fait de payer un tarif plus élevé en fonction de ses moyens. »

    ce système est aussi utopique que celui que vous essayez de reformer…
    il va falloir justifier de ses revenus aux medecins ? et quid de la fraude ?

  • le problème est le tarif d’autorité
    tous patient allant voir un professionnelle déconventionné sera prise en charge sur la base du tarif d’autorité (soit 1.5 euro pour une consultation selon mes souvenirs moins le ticket modérateur ) puis un remboursement de la mutuelle , donc le patient sera lui aussi pénalisé et se dirigera donc plus volontiers vers un médecin conventionné

    • le tarif d’autorité est illégal: il est discriminatoire (les médecins à l’étranger(europe) ne sont pas conventionnés) après, c’est sur, il faudra essayer d’en convaincre un juge et comme la sécu est juge et partie.

      • La « medecine a deux vitesses » n’existe pas vraiment en France pour l’instant. ..allez voir ce qui se passe en Angleterre ou en Espagne et après on en reparle. ..le deconventionnement ouvrira les portes a un tel systeme mais regardons la vérité en face : la secu et la ministre me demande de facturer 23 euros un consultation qui me revient à 50 (charges ++++++!!!++++++). Que dois je faire ? Un emprunt pour ne pas mettre la cle sous la porte ou quitter la secu qui nous harcèle ??? ouvrez les yeux et arretez avec les legendes urbaines (labos pourvoyeurs, tous les toubibs en Mercedes, et j’en passe. …)

  • Ben comme une simple assurance; elles n’ont pas le droit de virer les patients qui ont déclarés une maladie alors qu’ils étaient couverts, ni d’augmenter les primes.
    Avec alignement des cotisations sur la moyennes des tarifs des organismes du secteur concurrentiel.Le différentiel de cout, c’est la solidarité donc l’Impôt.
    Pour les autres, encore en bonne santé, la liberté de choix de leur assurance avec des règles claires.

    Est ce impossible?

  • Les commentaires sont fermés.

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