L’État doit-il soutenir les industries stratégiques ?

Quels sont le sens de l’action publique et sa capacité à prévoir le futur ?

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L’État doit-il soutenir les industries stratégiques ?

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 22 novembre 2013
- A +

Par Jean-Louis Caccomo.

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L’État doit-il soutenir les industries stratégiques ? Oui si l’action de l’État est efficace. Mais il y a de quoi se poser des questions quand on visite l’histoire moderne.

Cette question taraude en fait nos dirigeants depuis Colbert. Mais le grand Colbert lui-même avait averti son monarque : « si une entreprise subventionnée par l’Etat n’est pas rentable au bout de 3 ans, il faut couper les aides ».

Dans les années 60, Bull comptait parmi les dix constructeurs mondiaux du secteur informatique balbutiant. Bull décida de faire une alliance avec l’américain Honeywell. En effet, Bull était intéressée par la technologie US et l’émergence annoncée de la Silicon Valley tandis que la perspective du marché européen (traité de Rome) attirait Honeywell1. Les entreprises, qui ne sont pas seulement motivées par la compétition, savent aussi nouer des mariages d’intérêts croisés.

Mais, au nom de la sacro-sainte « indépendance nationale », le Général de Gaulle a cassé cette joint-venture en mettant en avant l’intérêt hautement stratégique du secteur. Après plus de deux décennies de subventions, au frais du contribuable, Bull fut définitivement exclu du marché informatique, en effet stratégique, qui explosa à partir des années 80 avec la miniaturisation.

De son côté, Honeywell attaqua le marché européen par des alliances croisées avec l’allemand Siemens et l’italien Olivetti, trop heureux de prendre de vitesse les Français.

Cela devrait inviter à faire réfléchir sur le sens de l’action publique et sa capacité à prévoir le futur.


Sur le web.

  1. Caccomo J.L., Innovation technologique et évolution économique, L’Harmattan, Paris.
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  • L’État taxe puis redistribue aux entreprises, donc prend à celles qui gagnent le plus pour donner à certaines de celles qui gagnent le moins.

    Or celles qui gagnent le plus sont celles qui dont l’activité est la plus rentable, donc leur laisser leur argent leur permettrait de se développer davantage sur leur créneau plus créateur de valeur.
    L’action de l’État ne peut donc être que préjudiciable à l’économie.
    Si des fonctionnaires ont de brillantes idées d’investissement, qu’ils entreprennent !

    L’exemple du Crédit Impôt Recherche est symptomatique de la bêtise du socialisme: Il est exact que la création de valeur provient d’innovation qui provient de recherche; mais il est faux que l’État puisse orienter les ressources vers les recherches susceptibles de mener à des innovations.

    Résultat: Les entreprises consomment des ressources pour remplir des dossiers, ou paient des spécialistes pour ce faire, puis doivent se soumettre à la décision d’un fonctionnaire contrôleur qui doit appliquer un formalisme administratif.

  • La conclusion basee sur un seul exemple (malheureux), manque a mon sens de substence. Il y a beaucoup de contre exemples, en France et aussi a l’etranger (il s’agit ici d’un debat d’idee economique et non pas d’une analyse sur la France).

    Quant a la recherche, ses subventions et son orientation; Je me permets de renvoyer sur le fonctionnement des Etats Unis ou l’etat est le premier financier de la R&D. Ceci devrait aider a elever le debat!

    • Oui aux USA l’état finance la recherche d’entreprises privées dynamiques
      mais pas des mammouths publics ( CNRS) cela fait toute la différence .

  • Les commentaires sont fermés.

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