Par Jacques Garello.
Un article de l’aleps.
Ils auraient pu dire « le plan BB », cela aurait eu un air coquin et tropézien. Mais il y a eu dans la grande presse assez de moqueries sur le sujet : « le mariage pour tous », « Bayrou et Borloo pacsés ». Je n’en rajouterai pas sur l’union des deux comiques troupiers.
Ainsi nous voilà proposée la nouvelle formule UDI + MoDem = Alternative. Formule alchimique, qui méritait bien d’être présentée mardi dernier à la Maison de la Chimie.
Nos deux compères ont découvert que les Français sont en « désespérance » et qu’ils attendent une « nouvelle offre politique ». Bravo : le constat est original. Le remède aussi : BB propose une « alternative politique, économique et sociale », une « reconstruction de la nation ». La nouveauté, précise Bayrou, c’est qu’on abandonne l’intérêt des personnes et des partis pour ne penser qu’à l’intérêt général. Par exemple, il faut changer les institutions (notamment en adoptant une dose de proportionnelle dans les élections), lutter contre l’illettrisme et contre le chômage de longue durée.
Je m’incline devant tant de lucidité, de créativité, d’abnégation et j’apprécie ce plan B pour la France. « Le plan B, c’est nous », martèle Borloo.
Cette affaire devrait être tenue pour négligeable si elle n’était pas un cas d’école : qui et comment changer l’esprit de la classe politique actuelle ?
Qui donc ? Les joyeux compères ont quelques hauts faits à leur actif. Non seulement Bayrou a soutenu explicitement François Hollande en 2012 mais, en tant que ministre de l’Éducation nationale, il est l’auteur de la réforme LMD dans les Universités, qui permet à des étudiants d’entrer en deuxième, puis en troisième année, sans avoir réussi la première année : ils se mettent à jour au fur et à mesure. Génial. Quant à Borloo, il s’est immortalisé avec le Grenelle de l’environnement qui a enfanté en particulier l’écotaxe, parmi quinze taxes écologistes nouvelles, et pondu plus de deux cents réglementations. Génial aussi. À l’image de bien d’autres, les BB ont retourné leurs vestes plusieurs fois, appartenu à maintes formations différentes et au sein même de leurs troupes, ils trouvent critiques et dissidences. La promesse d’aller ensemble aux élections est déjà écornée dans bien des endroits (à Paris en particulier), mais on sait bien que c’est l’intérêt général qui anime l’Alternative et pas du tout les calculs électoraux.
Et où serait donc le changement dans ce plan B ? Unir les centres. « La France doit être gouvernée au centre » avait déclaré VGE, en créant l’UDF. Le centre, c’est le marais, c’est le non-choix, il englobe (et c’est confirmé dans la charte de l’Alternative) les écologistes et les sociaux-démocrates. VGE ne faisait que transcrire les conclusions de l’analyse de l’école des « Public Choice » de James Buchanan et Gordon Tullock : dans une configuration électorale bipartisane (gauche/droite, Républicains Démocrates, Libéraux/socialistes), c’est l’électeur médian, celui qui permet de passer de 49,99 à 50,01% des suffrages, qu’il faut séduire et, pour ce faire, il faut aller chercher les voix « en face » et avoir les programmes les plus anodins, les moins repoussants possible. Avec BB, la victoire est assurée : ils n’effaroucheront personne et à l’image du Front National, ils capteront surtout les votes négatifs d’électeurs effectivement et légitimement lassés de l’UMPS. Sauf que Borloo a fait une belle carrière à l’UMP et que Bayrou a soutenu le PS. Dans plusieurs circonscriptions, l’Alternative fera alliance de fait avec leurs anciens amis, de gauche ou de droite.
Mais je me demande pourquoi je m’acharne sur le plan B et ses auteurs. D’une part, on ne tire pas sur une voiture balai, d’autre part, les autres acteurs de la vie politique française ne font pas mieux. Je n’en vois aucun prôner la véritable alternative, je ne vois aucune offre politique libérale faite aux Français. Dans un article à paraître, j’insiste sur le changement qu’il convient de faire : rompre avec le socialisme, de droite comme de gauche, en vigueur et en progrès depuis au moins un demi-siècle, mais aussi aller au-delà du capitalisme pour lui associer étroitement le libéralisme. Certes la défense du capitalisme est nécessaire, mais elle oublie trop souvent la dimension morale et humaine du libre échange et de la libre entreprise. Certes la liberté est notre choix, mais ce choix est ordonné à la dignité de la personne humaine.
Trop de gens imaginent que nous vivons dans un système capitaliste, alors que nous vivons dans un système dirigiste et socialiste, qui a parfois des apparences marchandes mais n’est en réalité que le capitalisme des coquins et des copains, né de la collusion entre un certain milieu des affaires et le milieu de la politique et de l’administration. Les Anglo-saxons dénomment ce régime « crony capitalism », le capitalisme des tricheurs, des menteurs.
La véritable alternative, aux yeux des vrais libéraux, consiste à rompre avec la tricherie et, pour ce faire, à rompre avec le tout État, le tout ENA, qui nous ont menés à la prévarication, aux privilèges, aux injustices. Certes, je lance un appel solennel à Bayrou, Borloo, François, François, François, Nicolas, Jean Marc, Marine et tous les autres pour qu’ils viennent nous rejoindre dans cette entreprise de reconstruction nationale. Mais je crains qu’ils n’en soient qu’au b.a.-ba de leur apprentissage libéral. Le plan de libération sera sans doute porté par d’autres, tôt ou tard. Le plus tôt est le mieux, mais mieux vaut tard que jamais.
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Sur le web.
J’avais craint le pire en débutant la lecture du titre : « y avait il un journaliste qui puisse imaginer un recours de ce tandem »??
J’ai eu chaud, heureusement qu’à la lecture de vôtre billet, je me suis trouvé rassuré!!
Penser qu’une seule idée constructive pour nôtre société puisse émaner de ce binôme relève du doux rêve!
Je réitère mon idée, nous avons brûlé le seul qui avait les capacités nécessaires à nôtre remise en forme pour une histoire (somme toute banale) de fesses!!
Ca ressemble plus à une série B qu’à un plan B. Ceci dit, méfions-nous quand même des qualités prêtées au plan B (ou Q ?) de DSK, trop facile de réécrire l’histoire avec quelqu’un qui avait défendu les 35 heures, qui a raté l’entrée à l’ENA, et qui a trempé dans pas mal de trucs louches.
L’ alternative que propose l’UDI et le Modem n’est rien d’autre qu’une alternance, et l’ alternative à l’alternance non merci !
« Peut-on » (politique des petits pieds) parler d’alternative en politique, sans changer véritablement de paradigme, sans réformer nos institutions et associer les citoyens au débat démocratique ?
Qui aura les c……. de le faire ?
Tant qu’on aura des hommes attirés par le pouvoir (et seulement), sans une conscience plus vaste de l’intérêt général, on ne saurait donc changer de paradigme.
Derrière leurs tribunes et leurs leurs beaux discours à grand coup de référence à la République, ils sont farouchement déterminés à conserver leurs pouvoirs et divers privilèges, parce que la place est bonne !
Et puis, les hommes politiques en général, sont à notre image, opportunistes, calculateurs, hypocrites, prédateurs … rares et exceptionnels sont ceux qui ne pensent pas à leurs petits intérêts …on les élit pour ça d’ailleurs, parce qu’ils nous ressemblent !
Le véritable changement ou alternative, s’il devait se produire, consisterait donc à faire disparaître les partis, qui ne représentent plus, il faut bien le dire, qu’eux-mêmes.
La preuve, les français sont à ce point divisés, qu’ils peuvent se reconnaître à la fois dans des idées de gauche, de droite, libéral, libertaire, et des idées extrêmes … d’où la confusion ambiante et le manque de cap !
Tout cela n’ a pas de sens, n’a plus de sens !
Je ne sais plus qui disait : » prendre parti, c’est être partisan et être partisan, c’est être de mauvaise foi »
Alors à quand un homme ou femme au dessus des partis ?
Il y a beaucoup de pays qui sont plutôt gouvernés au centre ou avec de alternances relativement peu marquées (Allemagne, Scandinavie, Suisse, même ces temps l’Italie) On n’y remet pas en cause tous les acquis des prédécesseurs et on y cherche des compromis viables.
Pourtant en France on n’essaye même pas. Giscard s’était fait élire grâce aux erreurs d’une droite tiraillée puis descendre par cette même droite en 1981. Il est de bon ton de se moquer de B&B ou alors de leur dire qu’ils sont sympathiques mais que leur avenir est derrière eux. Bien sûr ces deux-là ont quelques retournement de veste à leur débit, cela donne un goût de réchauffé.
Mais au fond, hors des considérations politico-politiciennes et d’individualités, n’ont-ils pas certaines propositions intéressantes ?
Y-aura-t-il un jour autre chose que la polarisation pour mettre en ordre les affaires de ce pays?
Le « Centre » français est un frankenstein politique qui rassemble des démocrates chrétiens étatistes, ce qui reste de libéraux, et des conservateurs honteux qui se maquillent en progressistes.
Qu’y a t il à attendre de ces gens qui collaborent à l’étatisation de la France depuis 40 ans, et votent des budgets déficitaires quand ils sont au pouvoir avec la fausse droite ?
En 2 lignes j’avais déjà anticipé la teneur du billet.
Totalement orienté et comme souvent, avec peu ou pas d’arguments.
Un post qui devrait faire plaisir aux extrémistes frustrés de tous bords.
Malgré votre plume plutôt agréable, le rendu final nous prouve une fois encore que la vieillesse est un naufrage.
Vous osez user bêtement d’un racisme jeunesse-vieillesse ? Qui donc êtes-vous, jeune et con ??
A moins que vous ne soyez issu de cet entre-deux, là où s’égarent l’armada de nos naïfs et indécis ???
Oser prétendre que cette analyse lucide est orientée nous démontre l’entourage borné où vous évoluez…
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