Les riches sont d’abord des entrepreneurs

Contrairement aux idées reçues, la plupart des riches ne sont pas des rentiers mais des entrepreneurs qui prennent des risques.

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Les riches sont d’abord des entrepreneurs

Publié le 24 octobre 2013
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Par Bernard Zimmern et Valérie d’Emploi2017.

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Les incessantes attaques sur les riches n’ont cessé depuis des années à partir de différents thèmes :

  • les riches sont responsables des inégalités et l’inégalité détruit notre société (Stiglitz, Piketty).
  • les riches sont responsables de la crise ; ce sont eux qui sont à la tête du CAC 40 et des banques américaines.
  • les riches détournent la richesse des pays en voie de développement.

Ce que ne voit pas l’opinion publique, c’est qu’il s’agit d’une attaque en règle sur l’origine même de ce qui faisait la richesse de notre pays et de l’Occident : l’entreprise et la prise de risque.

Les anti-riches veulent nous faire croire que les riches sont :

  • les boursiers qui s’enrichissent sans ajouter vraiment de valeur comme Georges Soros, enrichi en jouant contre la livre (et, paradoxalement, le généreux donateur d’associations anticapitalistes) ;
  • les rentiers, les fils de famille qui n’auraient rien fait d’autre que de naître avec une cuillère en argent dans la bouche ;
  • ceux qui savent exploiter la misère des foules ou la sueur de milliers de travailleurs pour leur extraire la plus-value, suivant la mythologie de Marx.

Or les riches sont bien autre chose. Ils sont d’abord des entrepreneurs qui se sont enrichis en prenant des risques que ne courent pas les salariés et encore moins les fonctionnaires, garantis de l’emploi. Et ces entrepreneurs non seulement s’enrichissent mais enrichissent la société tout entière.

Des recherches économiques américaines permettent de chiffrer l’importance des entrepreneurs parmi les riches et le niveau du risque qu’ils prennent sur leur revenu par rapport à des salariés, a fortiori par rapport au risque nul d’un fonctionnaire français.

La plupart des riches sont des entrepreneurs1.

Des statistiques développées par des chercheurs américains montrent en effet que parmi les riches, les entrepreneurs sont beaucoup plus nombreux que ceux qui ont conservé la sécurité du salariat.

En descendant dans l’échelle des revenus, on voit ainsi se réduire le pourcentage des entrepreneurs dans la population considérée (voir tableau ci-dessous), ce qui montre bien que la richesse est associée à l’entrepreneuriat.

Niveau de fortune sur 100 % d’Américains Pourcentage d’entrepreneurs dans la fraction
1 % le plus élevé 65 %
5 % le plus élevé 51 %
10 % le plus élevé 42 %
20 % le plus élevé 30 %
Source Cagetti and DeNardi (2006)

 

Les statistiques sur lesquelles s’appuient ces deux chercheurs étant un peu anciennes (1984), des travaux plus récents par Wolff portant sur 2007 (et répétés sans grands changements sur 2010) montrent que :

Pourcentage fortune en business non incorporés et immobilier Pourcentage possédant une activité non incorporée
1 % des plus fortunés 52,3 % 73,8 %
19 % suivants 28,5 % 29,7 %
Les trois quintiles du milieu 9,3 % 8,8 %
Ensemble des ménages 31,3 % 12,0 %
Source http://www.levyinstitute.org/pubs/wp_589.pdf tableau 6.

 

Même si Wolff a agrégé la valeur des propriétés immobilières aux patrimoines industriels (mais en limitant à ceux pas incorporés, c’est-à-dire n’ayant pas le statut de société), il est clair que le pourcentage d’entrepreneurs, de foyers qui dérivent leur fortune d’une entreprise est beaucoup plus élevé dans le 1 % des plus fortunés. Wolff est d’ailleurs sidéré de constater, et il l’écrit, que les trois-quarts des riches américains soient à la tête d’entreprises n’ayant même pas le statut de société.

Le risque de l’entrepreneur

Dans nos sociétés modernes, pour devenir riche, et surtout très riche comme Jobs, Gates ou Buffet, la voie presqu’unique est d’être entrepreneur, de créer ou de reprendre une entreprise et de la faire grandir avec tous les risques d’échec associés.

Si l’on reste salarié, les risques sont bien moindres mais même pour les hauts salariés fortement payés, il est difficile d’accéder au club des millionnaires, a fortiori des milliardaires.

Il est déjà remarquable que 75 % des Américains qui figurent dans le 1 % des plus riches ou des plus hauts revenus soient des entrepreneurs ; mais ce qui enrage les égalitaristes qui sont presque tous des fonctionnaires qui ne pourront jamais accéder à ces niveaux, c’est que 75 % des 400 plus riches Américains du classement Forbes sont devenus riches de leur vivant et non par héritage.

Et ce risque est double. Il existe quand on se lance car le nombre d’entreprises qui ont mal tourné est à peu près toujours le même quel que soit le pays ou l’époque : la moitié en cinq ans. Mais, ce qui est pire, c’est qu’il est beaucoup plus difficile à un entrepreneur de rester en haut de la pyramide des revenus et du succès. Des travaux réalisés par des économistes américains sur les déclarations d’un panel de contribuables fournies par le Treasury Department s’étendant sur la période 1987 à 2009 montrent que d’une année à l’autre, la probabilité de tomber du décile de revenu le plus haut à des déciles inférieurs est de 25 % pour un entrepreneur, de 15 % lorsqu’on est salarié et que la chute peut être beaucoup plus grave pour un entrepreneur du premier décile puisque 4 % tombent au bas de l’échelle des revenus tandis que les salariés du premier décile tombent au plus 4 déciles en dessous2.

Le risque ainsi mesuré est le risque sur le revenu mais il existe aussi un risque sur le patrimoine, d’autant plus important pour les entrepreneurs qu’ils ont la plus grande partie de leur fortune investie dans leur entreprise, généralement unique et que le risque de faillite est toujours présent.

Nos propres travaux sur les entreprises françaises montrent que les faillites représentent environ 15 milliards d’euros par an pour un patrimoine industriel total d’environ 860 milliards, soit un risque de faillite de 2 %.

Si l’on regarde maintenant non pas la perte par disparition mais la perte par diminution des capitaux propres de l’ensemble des entreprises non financières, il faut ajouter environ 30 milliards aux 15 milliards de pertes ce qui porte à environ 6% la perte de valeur de l’actif industriel au cours de l’année.

C’est à peu près le taux que trouvent deux économistes américains, Glover et Short, qui estiment à 5,9 % de ses dépenses annuelles le coût de la prime de risque que devrait payer un entrepreneur pour devenir indifférent au risque qu’il court comme entrepreneur.

Par comparaison, des économistes de la Carnegy Mellon University3 ont estimé le coût d’une prime de risque par un salarié pour se couvrir contre le risque d’être licencié ou de voir son salaire se réduire ne serait que de 1,17 % de leur dépense annuelle.

Ne parlons pas des fonctionnaires ayant la garantie de l’emploi comme en France, catégorie encore inconnue dans la plupart des pays mais à laquelle appartiennent tous ceux qui, au sein de l’Observatoire des inégalités, font carrière au frais des Français en allant chercher des écarts minuscules de prélèvements chez les riches, écarts minuscules à l’égard des primes de risque qu’ils paient.

Faut-il chercher ailleurs la raison de la disparition des entrepreneurs dans notre pays et du chômage ?


Sur le web.

  1. Ayant créé le plus souvent des emplois et enrichi les autres en s’enrichissant.
  2. Voir Les risques financiers des entrepreneurs ; « The properties of income risk in privately held businesses »septembre 2012 par JasonDeBacker et al.
  3. Storesletten, Telmer & Yaron, « The welfare cost of business cycles revisited », 2001.
Voir les commentaires (7)

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  • « Par comparaison, des économistes de la Carnegy Mellon University[3] ont estimé le coût d’une prime de risque par un salarié pour se couvrir contre le risque d’être licencié ou de voir son salaire se réduire ne serait que de 1,17% de leur dépense annuelle. »
    Ou vont-ils chercher des chiffres pareils? Je suis salarie et ma cotisation (parts salariale et patronale) aux assedic est de 4.45% du revenu global (paye par l’employeur)… Je veux bien croire que les assedic ne sont pas tres efficaces mais la, c’est presque 4x plus cher!

    • C’est très simple. Vous payez pour tout le monde… L’assurance mentionnée serait une mutualisation des risques entre salariés. Et aux US le taux de chômage est plus faible (nettement) qu’en France.

  • Même le riche agissant comme simple consommateur entretient le commerce de luxe, l’hôtellerie de luxe, les usines de jets privés, les chantiers dédiés aux yachts haut de gamme … Des activités qui font vivre des milliers d’artisans du pous haut niveau, et maintiennent un savoir-faire.

    Notons aussi, plus platement, que les allocataires vivent uniquement au crochet des riches, et que si cette espèce menacée venait à disparaître, ça ferait mal dans les HLM.

  • Aux Etats Unis, les sociétés qui se côtent en bourse créent tous les ans des milliers de millionnaires en dollars parmi leurs salariés (on les appelle des talents aux US) qui reçoivent des options parce qu’ils prennent des risques à se défoncer pour la réussite de leur société. Microsoft, a crée plusieurs dizaines de milliers de millionnaires en dollars depuis sa création et probablement une bonne dizaine de milliardaires… Lorsque Google est entrée en bourse, on disait dans la Silicon Valley qu’ils avaient crée en une journée au moins 2000 millionnaires en dollars. Tout cet argent se retrouve très rapidement dans l’économie… parce que ces gens achètent des voitures, des maisons, ils consomment, et beaucoup de ces salariées « odieusement » enrichis deviennent des business Angels qui réinvestissent dans des startup… On manque cruellement de ça en France…

  • Que nous dit le dictionnaire Larousse ?

    racisme
    nom masculin

    – Idéologie fondée sur la croyance qu’il existe une hiérarchie entre les groupes humains ; comportement inspiré par cette idéologie.
    – Attitude d’hostilité systématique à l’égard d’une catégorie déterminée de personnes : Racisme antijeunes.

    Il est donc évident que lorsque Hollande déclare qu’il « n’aime pas les riches », il démontre qu’il est raciste.

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Les auteurs : Miruna Radu-Lefebvre est Professeur en Entrepreneuriat à Audencia. Raina Homai est Research Analyst à Audencia.

 

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