Un gouvernement de « malgré nous »

Le gouvernement justifie son (in)action par l’urgence. En France, nécessité fait loi, et la loi fait mal.

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Un gouvernement de « malgré nous »

Publié le 2 octobre 2013
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À force de justifier leur action par l’urgence et la nécessité, les ministres vont finir par être considérés comme des « malgré nous » enrôlés de force pour un monde plus lourdement taxé. En France, nécessité fait loi, et la loi fait mal.

Par Baptiste Créteur.

Les socialistes ne sont pas connus pour leur réalisme. Ces derniers temps, les plus déterminés d’entre eux, c’est-à-dire les socialistes français, semblent toutefois étrangement proches du monde réel.

Jean-Marc Ayrault a été obligé d’augmenter les impôts, et il assume.

« C’est maintenant que tout ce joue [sic], ce n’est pas le moment de faiblir », a lancé ce mardi Jean-Marc Ayrault aux parlementaires socialistes réunis à Bordeaux. « Il faut tenir bon. Ne pas nous laisser intimider. Les choses sont en train de bouger ». «  Les Français attendent, parfois avec impatience, ils comptent sur notre détermination à les défendre, à les faire sortir de l’ornière où la France s’était embourbée », a souligné le Premier ministre.

Jean-Marc Ayrault a dit « assumer d’avoir été obligé d’augmenter les impôts ». « N’allons pas sur le terrain de la droite et de l’extrême droite », a-t-il lancé aux députés, sénateurs et eurodéputés socialistes. «  La question, c’est à quoi sert l’impôt. Est-ce qu’il est juste ? Nous revendiquons que l’impôt c’est pour financer des priorités : l’éducation, la recherche, l’emploi, le logement, les investissements d’avenir, la sécurité », a-t-il détaillé.

D’un côté, des Français qui grognent, de plus en plus fort, face à des impôts sans cesse croissants qui n’améliorent en rien leur sort, demandant au gouvernement une trêve à laquelle il consent — enfin, pas tout de suite. De l’autre, un gouvernement qui ne compte pas renoncer à ses priorités, qui incluent à peu près tout ce qui passe par la tête des ministres. Et pour qui l’impôt est par nature juste et bon, puisqu’il permettra de sortir la France de l’ornière.

Problème : si la France est dans l’ornière, c’est justement parce que les impôts y sont trop élevés et l’État incapable de remplir son rôle. L’éducation, à part la morale républicaine qui éduque les hommes politiques, syndicalistes et autres parasites que compte ce pays, n’est pas vraiment à la fête. La recherche est principalement la recherche d’un emploi pour de nombreux Français, qui attendent avec impatience l’inversion de la courbe du chômage qui est, elle aussi, retardée. Les investissements d’avenir sont une vaste blague, de la Silicon Valley à la française aux emplois d’avenir. Pour le logement, pas besoin d’impôts ; il suffit de laisser faire Duflot à la ramasse à la masse. Et la sécurité, n’en parlons pas ; entre bijoutiers de combat et antifascistes, les rues de France sont des coupe-gorges.

Mais le Premier Ministre a, évidemment, de quoi clouer le bec à tous les malades atteints de ras-le-bol fiscal :

Il n’y a pas de justice sans redistribution.

C’est dit, c’est fait. D’ailleurs, il assume la cohérence de l’action gouvernementale :

Le chef du gouvernement a aussi assuré : « Notre politique ne se divise pas, elle est toute entière au service des Français et du progrès ». « Il n’y a pas deux politiques au gouvernement, un zeste de politique de gauche et le reste qui serait une politique classique et libérale, mais de la cohérence », selon lui. «Une cohérence pour le redressement de la France !».

Qu’il n’y ait pas de politique libérale en France est une grande nouvelle ; les rédactions des principaux journaux se frottent la tête, se demandant déjà s’il ne faut pas censurer les déclarations du ministre pour pouvoir continuer à accuser le libéralisme plus tard quand sa politique cohérente n’aura pas fonctionné.

Oui c’est vrai c’est difficile, mais ça ne signifie pas impossible. Menons notre combat contre la fatalité.

Tiens donc. Une fois, on assume les augmentations d’impôt parce qu’elles sont inéluctables. Une autre, on mène un combat contre la fatalité. La cohérence du discours, tout comme celle de la politique, échappera sans doute à plus d’un ; mais difficile n’est pas impossible, et un tel élan de courage est toujours une belle façon de terminer un discours. Ne serait-ce pas aussi une belle façon de terminer une politique ?

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