Pourquoi le FDP ne siège plus au Bundestag

En défendant des politiques centralisatrices, égalitaristes et socialistes, le FDP ne pouvait être choisi comme un parti libéral.
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Pourquoi le FDP ne siège plus au Bundestag

Publié le 27 septembre 2013
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En défendant des politiques centralisatrices, égalitaristes et socialistes et en étant incapable de défendre de manière crédible la libre concurrence, la subsidiarité et la responsabilité individuelle, le FDP ne pouvait être choisi comme parti libéral.

Par Luis I. Gómez

Pratiquement aucun observateur politique sérieux n’aurait osé pronostiquer la débâcle électorale du 22 septembre dernier. Après tout, le FDP fait partie de l’inventaire démocratique et parlementaire des 60 dernières années. De fait, en regardant posément les chiffres, on voit comment dans les Länder de l’ouest, les troupes de Rösler dépassent bien la barrière magique des 5%. C’est dans l’est que les libéraux ont définitivement perdu leur condition de « parti parlementaire », là où a fait le plus mal la « trahison ».

FDP bundestagswahl

Le FDP a maintenant, grâce aux électeurs de l’est allemand et après la tentative de tromperie brutale des électeurs, une occasion unique pour récupérer, depuis l’opposition extra-parlementaire, les principes fondateurs sur lesquels se base le « F » de leur sigle : Freiheit, Liberté. Et, croyez-moi, c’est une magnifique opportunité.

En premier lieu, ils disposent d’une opportunité extraordinaire pour se libérer de tous les appareils et groupuscules enkystés après des décennies de vie à l’ombre du pouvoir des autres. Fini l’open-bar au Bundestag, la vie facile aux dépens du budget général de l’État, choses qui, soit dit en passant, ne collent pas très bien à un parti libéral. Soudainement, les « libéraux » qui vivaient aux crochets de l’État depuis 60 ans se retrouvent en situation de « désintoxication ». Ce sera très dur, comme l’est toute thérapie visant à arrêter la consommation d’une drogue, mais peut-être arriveront-ils à récupérer la santé perdue. Le retour au parlement en 2017 (en supposant que l’on ne doit pas voter avant) ne sera en aucune manière facile. Du coup, les « libéraux » ne seront plus invités aux débats politiques télévisés. Devant l’apparition de nouvelles lois ou de changements de celles existantes, les rédacteurs des différents médias auront peu d’intérêt pour savoir ce que pensent les « libéraux », éloignés du bouton de vote parlementaire. Absents des conseils des ministres, des photos du gouvernement, et même sans invitations pour les festivités officielles… juste pour un « nous voulons être sur la photo », ils ont trahi l’essence libérale fondatrice de leur propre parti.

Pour le dire en peu de mots :

Ils ont trahi sans pudeur le principe libéral de subsidiarité, c’est-à-dire, pour reprendre les mots de F.A. Hayek, le principe selon lequel « alors que l’ordre spontané global que la loi procure est la condition indispensable pour le succès de la majeure partie des comportements privés, les services fournis par le gouvernement – à part celui de garantir le respect des normes de droite conduite – doivent avoir, par contre, un caractère purement collatéral ou subsidiaire en relation avec la fourniture des besoins basiques normalement satisfaits par le secteur privé. » La politique européenne est du centralisme pur et l’acceptation du fait qu’une instance centrale-étatique assume les problèmes privés, en l’espèce d’États particuliers et d’entités financières particulières. Le slogan « Plus d’Europe » n’est rien d’autre que « Plus d’État ».

Ils ont commis un péché contre le principe libéral de la libre concurrence du marché. Prêcher en faveur de lois et de systèmes d’harmonisation (fiscales, bancaires) au sein de l’Union européenne n’est pas autre chose que limiter la liberté du marché via l’égalitarisme, des régulations et l’annulation de la libre concurrence.

Ils ont trahi le principe de responsabilité individuelle avec l’agression constante au commandement du traité de Maastricht « No Bail Out ». Non seulement ils ont aidé à détruire le mur qui existait entre les contribuables/épargnants allemands et les mains percées méditerranéennes, mais ils ont en plus appuyé la socialisation en douce des dettes ( de presque tous) au sein de la zone euro.

Un parti qui en Europe défend des politiques centralisatrices, égalitaristes et socialistes, alors qu’en même temps, chez lui, il n’est pas capable de défendre de manière crédible la libre concurrence, la subsidiarité et la responsabilité individuelle ne peut être choisi aux élections comme parti libéral.

Il leur reste quatre très dures années à partir de maintenant pour changer… ou pour disparaître définitivement.

___
Traduit de l’espagnol.

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  • Ils se sont surtout fait avoir par Merkel, qui a muselé toutes les tentatives du FDP de défendre et d’appliquer les points du programme pour lequel ils avaient obtenu un très bon score lors des élections précédentes. On peut reprocher à Schwesterwelle et consorts d’avoir été naifs et de ne pas avoir négocié sérieusement le programme de la coalition.
    Il est aussi intéressant de noter que l’AfD est le parti vers lequel la fuite d’électeurs du FDP a été l’une des plus importantes (derrière la CDU/CSU, qui ne s’est pas gênée pour asséner un méchant coup de couteau dans le dos du FDP en motivant l’électorat à voter 1ère et 2ème voix pour l’union). Ce parti prône entre autres une politique intransigeante et en totale contradiction avec celle du « No Bail Out », et voudrait permettre aux états en situation de faillite de pouvoir quitter la zone euro. Si le FDP crève, ce sera certainement au profit de l’AfD.

  • Le problème du FDP est bien son côté européïste qui est ressorti particulièrement ces derniers temps, et qui a tendance à être vu de plus en plus négativement par l’électorat.
    Un virage à 180 degrés sur ces questions est nécessaires: référendum sur l’appartenance à l’UE, refus de tout projet de loi de la commission et du parlement européen, refus de la voix centralisatrice en matière bancaire, désengagement de l’euro etc…
    Sinon le FDP continuera en-dehors du parlement.

  • 4,8% des suffrages et éjectés du Bundestag!
    Quand on pense qu’en France, 2% de EELV font la loi… au gouvernement!
    Toute la différence entre le social-totalitarisme et la sociale-démocratie…

  • Les libéraux français espéraient beaucoup voir la CDU et Angela Merkel devoir tenir compte des positions des libéraux allemands du FDP pour gouverner .
    Ils se prennent là, avec les résultats des élections outre-Rhin, une très grosse claque.
    Pas seulement en France,mais dans toute l’Europe les partis libéraux s’effondrent car personne ne veut subir leurs réformes mortifères.

    • Les libéraux Français ?? Mais de qui parlez-vous donc ??

    • C’est justement parce qu’ils ont été dans l’incapacité d’appliquer un seul des points de leur programme que les gens du FDP ont été mis à l’index, pas l’inverse.
      remi-enseignant, un pseudo très révélateur…

      • @jdlp

        Vous êtes vraiment très mauvais perdant.
        Vous cherchez toujours des justifications à vos déroutes électorales car vous n’ecoutez pas la voix du peuple.

        • remy est un alter comprenant qui malheureusement détruit nos impôts en enseignant l’alter raisonnement.
          On lui explique dans l’article que les partis qui se disent libéraux en réalité font du socialisme en abandonnant leurs principes, donc mentent à leurs électeurs, se prennent une déroute, et rémy traduit : les électeurs des partis libéraux ne veulent pas de libéralisme.
          Pauvre bouffon.

          • @wakrap
            Admettons que le FDP trahisse les véritables libéraux et que cette « trahison » explique sa déroute électorale
            Qu’est-ce qui aurait empéché ceux ci de former un nouveau parti plus en phase avec leurs idées ?
            Rien, sauf le vide sidéral que constitue la force libérale.

          • « le vide sidéral que constitue la force libérale » : bingo ! La devise des socialauds : si t’es pas une force, t’es un minable.

            Ici s’exprime le goût immodéré des socialauds pour les rapports de force, la loi du plus fort, la loi de la jungle, où ils se fantasment guidant le peuple vers la lumière. Ce sont ces mêmes obsédés de la force brutale sans frein, sur fond de haine, d’envie et de jalousie, qui nous parlent de leur renard libre dans le poulailler. Mais qui donc passe son temps à enfermer les populations derrière des grilles et des barreaux (des taxes et des réglementations) ?

  • je le dis, un liberal européiste trahit le libéralisme, l’Europe Fédérale cest l’anti-Europe libérale. L’Europe libérale c’est celle de Thatcher, des Etats-Nations, le marché libre et basta. A la rigueur l’Alliance militaire pour sortir de l’OTAN et nous défendre seule sans avoir a suivre ou compter sur les USA. Rien de +, il n’y a pas de nation européenne et l’intégration = + d’Etat et de redistribution à l’échelle européenne.

  • Vous faites du « choc de simplification »! L’article et les commentaires ne donnent pas une image fidèle de la réalité. Ce ne sont pas les positions de la FDP sur l’Europe qui lui ont couté sa popularité (sauf sur Contrepoints)

    Initialement les 19%(!) du FDP au parlement était un glissement tout aussi inoui mais passager des faveurs d’adhérants traditionnellement cdu (rappelons qu’ historiquement même le plus libéral de tous, L. Erhardt, adhéra techniquement à la CDU et fut franchement en conflit avec Adenauer – en particulier sur les retraites par répartition – mais fut contraint à démission à cause de la FDP !). La CDU n’a pas apprécié cette perte de pouvoir même si en fait, l’expertise de la FDP était bonne à récupérer. Merkel a laissé ternir l’image du partenaire: geste stupide jusqu’au bout car elle se retrouve aujourd’hui dans l’obligation de donner un beau gros ministère au SPD, pour avoir orchestré honteusement (sans y prendre garde peut-être) le passage de son seul partenaire constructif à la trappe des 5%, en déconseillant de lui octroyer la 2e voix. Pas très taoiste toutca.

    Ensuite il y eut le problème de Westervelle, génie politique de la victoire précédente mais personnalité homosexuelle controversée, qui eut le malheur de choisir le ministère aux relations extérieures au lieu de l’économie, dans les pas poussiéreux du duo Kohl/Genscher : c’était « une chute du mur trop tard » pour ainsi dire, et sans tenir compte du fait que la chancelière n’a manifestement plus besoin d’un secrétaire d’Etat qui centralise la coopération diplomatique (A ce sens il faudrait espérer que Steinmeier revienne à ce poste : cela éviterait la destruction économique intérieure) . Westerwelle s’était au moins retrouvé à sceller des accords de désarmement mondialement remarquables, mais dont personne ne s’est occupé. La baisse de TVA dans la restauration – première mesure de la FDP au gouvernement fut un désastre de la com. Elle fut perçue comme du particularisme en temps de grave crise de la dette.

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