Pauvres, pauvres députés !

Les députés ont la vie dure. Les bureaux mis à leur disposition sont des « cagibis », le rythme de publication des lois est trop rapide, et 11 000 euros nets par mois, ce n’est pas vraiment la joie.

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Pauvres, pauvres députés !

Publié le 14 août 2013
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Les députés ont la vie dure. Les bureaux mis à leur disposition sont des « cagibis », le rythme de publication des lois est trop rapide, et 11 000 euros nets par mois, ce n’est pas vraiment la joie.

Un billet d’humeur de Baptiste Créteur.

Les Français ont la réputation d’être râleurs, et leurs représentants se doivent de les représenter. C’est ainsi que les députés expriment, l’un après l’autre, leur mécontentement.

D’abord, ils ont trop de travail.

«On a légiféré de manière intense et même excessive. Cela ne peut être qu’un rythme de première année», estime Thierry Mandon, porte-parole du groupe PS à l’Assemblée, qui est parti se reposer en famille dans le Connemara (Irlande). «Les parlementaires ont besoin de vacances et de prendre du recul», ajoute le député de l’Essonne qui, malgré les vacances, dit être joignable par les journalistes pendant l’été.

Claude Bartolone, le président de l’Assemblée, parti en vacances avec ses proches en Corse, n’a eu de cesse de mettre en garde le gouvernement contre un usage abusif de la procédure accélérée. Le président du groupe des députés radicaux de gauche, Roger-Gérard Schwartzenberg, qui a pris ses quartiers d’été en Normandie, «pas trop loin de Paris au cas où il faudrait revenir», dénonce, lui, la LGV, «la législation à grande vitesse» et parle d’un «long tunnel depuis les législatives de 2012, puisqu’on n’a pas arrêté».

C’est amusant : plus les parlementaires ont de travail, moins les Français en ont, tout lien de causalité étant évidemment à exclure.

Les parlementaires ont effectivement besoin de prendre du recul pour mieux mesurer l’inutilité de leur frénésie récente. En réfléchissant un peu (pas trop, c’est les vacances), ils s’apercevraient que la croissance, le chômage et la justice sont dans une situation un peu délicate et trouveraient sans doute des pistes pour améliorer la situation ; différents mouvements leur ont fait des propositions, ils pourraient commencer par là.

Cet excès de travail est assez habilement compensé par la capacité des députés à faire abstraction, prendre du recul et préparer leurs soirées, s’enquérir de la façon dont on peut obtenir des billets gratuits pour des événements sportifs ou culturels. Quand ils ne sont pas absents, les députés glandouillent.

Mais ce n’est pas tout. Non contents de travailler beaucoup, beaucoup, les députés travaillent dans des conditions déplorables. Écoutons Henri Guaino :

Fin juillet 2012, après avoir siégé son premier mois dans l’hémicycle, celui qui gagnait plus de 20.000 euros par mois à l’Élysée se plaignait de son bureau, trop petit, à l’Assemblée nationale. Et déclarait alors : « Je pourrais être dépressif quand je vois le cagibi dans lequel je travaille ! »

Oui, parce qu’aujourd’hui, il déclare :

On est très mal payé. On travaille dans des conditions déplorables, à cela s’ajoutent les soupçons. Le climat est vraiment pourri.

Des soupçons ? Allons, complétement injustifiés sans doute. Jérôme Cahuzac était entré en douce dans l’hémicycle, au même titre que Sylvie Andrieux et tant d’autres députés au-dessus de tout soupçon.

Soupçons que ne renforcent bien sûr pas les déclarations du député Guaino :

Si les députés sont obligés de justifier chaque dépense, alors ils ne vont plus être des députés libres.

Évident. S’ils doivent justifier l’utilisation qu’ils font de leurs indemnités représentatives – net d’impôt, 5 900 euros mensuels – les députés ne seront plus libres d’en faire ce qu’ils veulent, et ça sera beaucoup moins rigolo ; ils ne pourront plus compter que sur les 5 200 euros (net) de rémunération, payés par le contribuable.

Le contribuable, parlons-en. Les Français gagnent en moyenne moins que les députés, beaucoup moins : 2 410 euros par mois (brut). Et ils paient des impôts sur l’ensemble de ses revenus, notamment pour financer le train de vie de l’État.

Les députés font partie du 1% des Français les mieux payés, catégorie qui commence à 7 654 euros mensuels – soit 3 500 euros de moins qu’un député. S’ils s’estiment très mal payés, comment décrire l’horrible situation de 99% des Français qui gagnent moins qu’eux ?

Messieurs les députés, soyons sérieux. Les Français paient vos rémunérations plus que confortables, vos collaborateurs, les locaux mis à votre disposition, vos enveloppes parlementaires, vos trajets gratuits en 1ère partout en France en train ou en avion, vos voitures avec chauffeur, vos régimes de retraite plutôt avantageux – ils paient pour vos privilèges.

Comment pouvez-vous prétendre être mal payés ? Les Français constatent, subissent même, les conséquences de votre incompétence. Ils vous paient pour produire les lois qui conduisent la France à l’État de décrépitude dans lequel elle est, les lois qui entravent la production et l’échange qui les font vivre et grâce auxquels ils vous font vivre. Avec de tels résultats, un dirigeant perd habituellement son travail, pas vous ; au pire, si vous n’êtes pas réélu, vous êtes facilement recasé ou reprenez vos fonctions dans l’administration.

N’hésitez pas, si vous trouvez que les conditions de travail sont si mauvaises et la rémunération si misérable : démissionnez. Si vous ne l’envisagez même pas après des condamnations qui devraient vous couvrir de trop de honte pour prétendre représenter qui que ce soit, c’est que la soupe ne doit pas être si mauvaise, après tout.

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  • Oui, c’est lamentable. On pourrait commencer à interdire les ipad lors des assemblées. Obligation de présence physique. Vote respecté avec présence physique…il y a magouille de partout, c’est à gerber. Mais vous le savez mieux, ou aussi bien que les autres: les Mr Mouch, Taggart et autres parasites vivent dans l’idéologie de la mort, le cynisme et la méchanceté. La corruption, les connivences, les jeux du pouvoir: ça coute Un bras. Allez, au boulot les petits Français, tant qu’il y a du jus dans le citron !

  • On se demande vraiment, vu leurs lamentables conditions de travail, pourquoi ils sont toujours aussi nombreux à se presenter. Petite suggestion, faites autre chose, si vous en êtes capables….

  • Votre article mérite surement une réponse élaborée.

    La mienne, dans les faits : Je ne vote plus.

      • Non desole, pas d’accord : l’abstention n’est pas une solution !

        Ce genre de vote n’est comptabilise que pour « le fun ».
        Meme avec 99% d’abstention le premier connard en lice peut etre envoye au palais Bourbon (je sais, d’aucun dira que c’est deja en partie le cas…).
        Le systeme actuel entube donc les abstentionnistes.

        Qui ne dit mot consent.

        A l’oppose, je vous propose de continuer a voter, mais de ne plus JAMAIS donner votre voix a un candidat ou un parti qui vous a enfume.

        C’est comme a la maison : les ordures il faut s’en debarasser regulierement.

        • « l’abstention n’est pas une solution » :
          1. Imaginons un candidat libéral aux prochaines élections (peu probable)
          2. Supposons qu’il remporte la majorité des votes (encore moins probable)
          3. Supposons que les résultats des élections ne seraient alors pas truqués (toujours très peu probable)

          Un tel candidat aurait encore des difficultés non négligeables à faire passer des mesures libérales, à moins qu’il ne prenne les pleins pouvoirs par quelque procédé peu démocratique, car en France comme ailleurs, l’opposition au libéralisme est forte, c’est le moins qu’on puisse dire. Les sénateurs, députés et autres hurluberlus de la classe politique, sans compter les syndicats / lobbys, les fonctionnaires, les médias, etc., risquent de lever une forte opposition, certainement suffisante pour déloger durablement le libéralisme du gouvernement.
          La moindre petite mesure d’inspiration libérale nous vaudrait une troisième guerre mondiale de la part de nos compatriotes socialistes.

          Voter, c’est soutenir la démocratie actuelle. S’en abstenir, c’est refuser de participer à un système corrompu.

          Si vous voulez vraiment faire quelque chose pour votre pays, alors réglez le problème à la racine : puisque la loi est injuste, pourquoi la respecter ?

          Elle nourrit de vos impôts les parasites, qui s’en servent entre autres pour vous soutirer toujours plus de taxes.

          Pourquoi financer l’organisation criminelle la plus puissante de France ?
          Parce que « être hors-la-loi, c’est pas bien » ?
          Que « les lois sont faites pour être respectées » ?
          Que « si chacun en fait à sa tête, c’est le bordel » ?
          Que « la liberté est dangereuse et doit être restreinte » ?
          Qu’« il est nécessaire de mettre les hommes en cage pour éviter qu’ils ne s’entretuent » ?
          Que « le fascisme, finalement, c’est pas si mal » ?
          Que « le totalitarisme, c’est un peu dur au début, mais avec le temps on finit par trouver ça sympa » ?
          Que « l’individu n’existe qu’à travers l’État » ?
          Que « les impôts, c’est rigolo » et que « la fraude fiscale, c’est pas moral » ?
          Que « la démocratie interdit l’apostasie » ?
          Que la liberté, « c’est de la propagande inventée par les banquiers ultra-libéraux » et que « ça n’existe que dans les films américains » ?
          Que « préférer le marché noir au marché blanc, c’est du racisme » ?

  • Il me semble tout de même que les indemnités représentatives (5900€) ne sont pas destinées aux poches des députés.
    Prenons par exemple un député de Gironde. Il doit bien évidemment avoir un logement en Gironde, dans sa circonscription, et un à Paris pour siéger à l’AN. Ajoutez à cela les autres charges de représentations, il ne reste pas grand chose des 5900€ initiaux. Admettons qu’il reste tout de même 2000€, cela nous donne un salaire net de 7200€. Sachant que dans le privé la plupart des députés pourraient avec leur niveau d’études et leur expérience gagner facilement 10 – 15 – 20000 euros, tout ça sans être traîné dans la boue dans les journaux, sans avoir sa vie privée exposée à la France entière, et en ayant quelques week-end pour profiter de sa famille, je pense qu’Henri Guaino, n’a pas si tort que ca.

    • « Sachant que dans le privé la plupart des députés pourraient avec leur niveau d’études et leur expérience gagner facilement 10 – 15 – 20000 euros »

      faux , archi faux ! D’ailleurs faire de la politique ne devrait pas être un « métier ». Ces gens deviennent millionnaire à « faire de la politique « , c’est scandaleux. Ils doivent servir et non se servir !

      dans le privé, votre hiérarchie vous assigne des objectifs . Vous avez des comptes à rendre , vous avez des obligations de Résultats.

      et je vous rappelle que une forte proportion de députés vient de la fonction publique. La majorité ignore tout de l’entreprise, du monde réel.

      ils sont très grassement payés, n’ont aucune obligation de résultat, n’ont aucun compte à rendre……..

      ce qu’ils nous coûtent:
      http://www.dreuz.info/2012/12/les-revenus-de-nos-chers-deputes/

    • « Sachant que dans le privé la plupart des députés pourraient avec leur niveau d’études et leur expérience gagner facilement 10 – 15 – 20000 euros »

      vous rigolez j’espère. Regardez le CV d’une Baltho ou d’une Duflot, vous ne verrez jamais des cruches pareilles avec de tels salaires dans le privé. Et comme petitjean l’a déjà dit, ces clowns n’ont aucune appréciation, ni aucune connaissance du monde de l’entreprise. Bref, c’est pas demain la veille que le député moyen fera 10 à 20 K euros dans le privé sans pistonnage.

    • niveau d’étude !!!!!!!!!

      s’ils en étaient capables non n’en serions pas la !!!

      dans la fonction publique peut être ou le diplôme fait tout quel que soient les résultats .

  • nous sommes dans un pays en crise ; beaucoup de gens travaillent dur pour de petits revenus ; les députés qui se plaignent devraient avoir honte ; ces gens là ne connaissent vraiment rien au monde du travail ; abject ;

  • Et si on les payait en fonction des résultats économiques ?
    Je propose le smic plus 20 000 euros par mois par point de croissance au dessus de 1%. Avec les 2.5% de croissance qu’ils nous promettent pour dans 2 ans (depuis 15 ans, on est à 2.5% de croissance dans 2 ans), ça leur ferait smic+20 000*1.5, soit plus de 30 000 euros, elle serait pas belle la vie pour eux ?

    • D’une certaine façon j’aime bien votre idée, il ne reste plus qu’à rajouter une ponction sur leur patrimoine dans le cas d’une récession et ça aura de la gueule.

  • Dans l’histoire, il y eu des pays et des epoques ou les politiques furent traques et massacres en masse, des populations qui ont sciemment choisi la voie du totalitarisme…. meme en Europe et meme en France.

    Ne les critiquons pas trop. Il n’y a aucune fatalite, juste des choix humains bases sur les experiences collectives.

    Si nos hommes politiques etaient irreprochables, on n’irait pas voir ailleurs (Front National par exemple).

    Donc, messieurs les politiciens UMP ou PS, au lieu de pleurnicher sur votre sort ou sur le choix (encore libre) des electeurs desertant vos bobards, posez-vous des questions sur l’image minable que vous donnez.

  • c’est plus que minable

  • Les commentaires sont fermés.

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