Allongée sur le divan, la France est psychanalysée par le psychiatre Patrice Huerre et l’essayiste Mathieu Laine dans cet ouvrage intitulé La France adolescente.
Par Bogdan Calinescu.
Un article de l’aleps.
C‘est l’alliance insolite entre un psy et un analyste raffiné et cultivé. Ils ont décidé d’ausculter notre pays qui va très mal. C’est un pays qui a des crises d’adolescences. La France ne maîtrise plus les changements rapides de son corps et les évolutions de ce qui l’entoure. Elle semble perdue dans un monde en pleines mutations. Enfant, on est sûr de nous, à l’adolescence, on commence à douter. Pourquoi la France doute ? D’abord, sa démographie se transforme vertigineusement. On vit plus longtemps et on n’a jamais été en aussi bonne santé. Mais nous avons aussi les problèmes d’immigration : 60% de la population immigrée est concentrée dans les trois régions les plus peuplés du pays avec une très forte majorité de musulmans. La France n’a plus les atouts d’un territoire agricole, ses agriculteurs vivent surtout de subventions européennes. Paradoxalement, l’industrie aussi est en déclin depuis des années. Et les services n’ont pas encore compensé les pertes d’emplois. Au lieu de trouver les ressources pour s’en sortir en regardant l’avenir en face, la France adolescente préfère la nostalgie des Trente glorieuses.
La France souffre de l’acné juvénile dont elle n’arrive toujours pas à se débarrasser. Les auteurs ont raison de l’écrire :
Comme une adolescente, la France est chahutée, bouleversée dans ses certitudes identitaires. Comme une adolescente, elle se cherche des repères pour franchir les étapes du changement qui la saisit. Comme une adolescente, elle cède facilement au repli sur soi, emportée par ses tentations protectionnistes, fatalistes, rejetant avec une énergie qu’elle pourrait concentrer sur de la création, si ce n’est l’étranger, du moins la mondialisation. Et, comme une adolescente, elle se laisse volontiers aller à des refus, des blocages, et des provocations qui sont autant de manières d’affirmer son désarroi et de se rassurer dans un confortable déni…
Le pays a besoin de retrouver la confiance, de mettre fin à la centralisation et aux corporatismes. Les politiques doivent comprendre qu’en nous déresponsabilisant, ils nous enfoncent dans la dépendance et le dépit social. Il n’y a pas de meilleur remède que de donner aux individus la liberté d’agir et de les rendre responsables. Cessons de nous considérer comme des victimes – de la mondialisation, des États-Unis, de la Chine, etc. – et remettons-nous au travail. Sortir de la dépression de l’adolescence signifie avoir de la volonté dans un environnement plus libre. Ce sont les remèdes indispensables pour devenir adulte.
• Patrice Huerre, Mathieu Laine, La France adolescente, JC Lattès, 2013, 260 p.
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Sur le web.
Observation pertinente surtout face à la nouveauté et au changement comme vers le numérique où l’humain a la fois manque de confiance en lui, dans les nouveaux usages pour faire émerger ses talents et se laisse envahir par des peurs inventées justifiant son immobilisme pendant que le reste de la planète progresse et le double. Osons sortir du défaitiste ambiant en commençant par avancer chacun par des micro pas vers les autres à côté de chez soi. Ce qui bloque par le haut peut bouger par le bas.
C’est pire, me semble-t-il : la France est une vieillarde avec un développement mental d’une teen-agerdépressive … 🙂