L’indécence commune

L’État-providence est devenu une religion, la haute fonction publique est son clergé et nos politiciens en sont les prophètes.

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L’indécence commune

Publié le 17 mars 2013
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L’État-providence est devenu une religion, la haute fonction publique est son clergé et nos politiciens en sont les prophètes.

Par Georges Kaplan.

En 1848, la deuxième République n’a que quelques mois mais la Révolution de 1848 et le printemps des peuples semblent déjà bien loin ; déjà, avec le Parti de l’ordre à droite et les Socialistes à gauche, une nouvelle fracture politique se dessine ; deux camps que tout oppose à l’exception d’une chose : le rôle prépondérant qu’ils veulent accorder à l’État. Frédéric Bastiat, lui-même élu député des Landes avec la majorité républicaine modérée de 1848, résume en une phrase le danger qui guette notre société : « L’État, c’est la grande fiction à travers laquelle tout le monde s’efforce de vivre aux dépens de tout le monde.» [1]

Ce que Bastiat pressent, dès ce milieu du XIXe siècle, ce sont les prémices de notre État-providence moderne. Déjà, il a compris ce qu’il adviendrait de la solidarité entre les hommes si elle était administrée par l’État ; déjà, il dénonce les effets pervers de ces groupes de pression qui cherchent à attirer les faveurs de la puissance publique ; déjà, enfin, il anticipe la conséquence ultime de l’irrésistible ascension de la social-démocratie : « une population qui ne sait plus agir par elle-même, qui attend tout d’un ministre ou d’un préfet, même la subsistance, et dont les idées sont perverties au point d’avoir perdu jusqu’à la notion du Droit, de la Propriété, de la Liberté et de la Justice.  » [2]

Qu’avons-nous fait depuis 60 ans ? Nous avons fait du social – « Social », cet étrange adjectif qui, pour paraphraser Friedrich Hayek, a acquis la propriété de dénaturer les noms qu’il qualifie. Qu’est-ce que le Droit social ? Le remplacement du Droit par la coercition. Qu’est-ce que la Propriété sociale ? Ni plus, ni moins que l’abrogation de la Propriété. Qu’est-ce que la Liberté sociale ? Le principe qui permet de priver des individus de leur Liberté au motif qu’ils jouiraient d’une chimérique liberté collective. Qu’est-ce, enfin, que la Justice sociale ? L’idée selon laquelle vous et moi sommes en droit de vivre aux dépens de nos voisins.

Qu’attendriez-vous d’une telle société ? Que pourrait bien devenir une société dans laquelle le bien-être de tout un chacun ne dépend plus de son intelligence, de son ardeur au travail ou de sa capacité à prendre des risques mais de sa faculté à éluder l’impôt tout en réclamant des subsides publics ? Eh bien vous obtiendriez immanquablement une société divisée, la guerre de tous contre tous ; une société de la défiance, du ressentiment, de la lutte des classes, des races et des castes ; une société dans laquelle tout le monde s’efforce de vivre aux dépens de tout le monde ; une société, en somme, où la décence commune si chère à Orwell ne serait plus qu’indécence.

Pensez-vous que j’exagère ? Eh bien sortez un instant de nos frontières et comparez donc nos supposées vertus à celles de ces étrangers, proches ou lointains, que nous considérons avec tant de mépris condescendant. C’est l’exercice auquel se sont livrés deux de nos compatriotes, Yann Algan et Pierre Cahuc, qui ont publié il y a cinq ans de cela La société de la défiance ou « comment le modèle social français s’autodétruit ». Les conclusions sont sans appel : en 60 ans, nous sommes devenus – et de loin – le peuple le plus méfiant, le moins civique et, sans surprise, le plus notoirement antilibéral du monde développé.

Tenez par exemple : lorsqu’on nous demande notre avis sur la fraude fiscale, nous ne sommes que 48% à juger qu’elle n’est « jamais justifiable ». C’est, sur la base des données des World Values Surveys [3], le chiffre le plus faible au sein des pays développés – 58% de nos voisins britanniques condamnent les tricheurs, les japonais sont 83%. Mieux encore : nous ne sommes que 42% à condamner la fraude aux aides sociales ; là encore, c’est un record : aux Royaume-Uni, ils sont 64% et ce chiffre monte jusqu’à 80% aux Pays-Bas ! La triste réalité, c’est que Bastiat avait vu juste : nous sommes devenus les champions de l’indécence commune.

Et maintenant que notre fameux modèle social s’effondre sous le poids de ses propres vices, voilà que les ligues de vertu disputent la charogne aux adeptes du relativisme. Et que nous proposent-ils ces braves gens ? Plus d’État, plus de redistribution, plus de lois : le déni français poussé jusqu’à l’absurde. L’État-providence est devenu une religion, la haute fonction publique est son clergé et nos politiciens – qui n’hésitent pas à pousser l’indécence jusqu’à refuser de participer eux-mêmes aux efforts qu’ils exigent de nous – en sont les prophètes. S’il vivait encore, Voltaire aurait sans doute conclu : « Écrasez l’infâme ».


Sur le web

Notes :

  1. Frédéric Bastiat, L’État, paru dans le Journal des Débats le 25 septembre 1848 en réaction à la publication du Manifeste Montagnard.
  2. Frédéric Bastiat, Harmonies Économiques (1848-1850),chap.XIV.
  3. Disponibles sur le site des WVS.
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  • Merci pour ce texte qui comble mes lacunes et en libéralisme et en histoire. Je crois que la France de demain a besoin de gens comme vous et comme le dit Dido : no freedom without love, no love without freedom.
    Je voudrais que le libéralisme deviennent plus populaire, moins exclusif, plus abordable. Les idées peuvent être les mêmes mais moins brutales et ne pas faire fuir notre Français méfiant. Je sais que cela va déplaire aux 10% de libéraux convaincus qui vont dire : on ne touche pas à la pureté du libéralisme…mais le problème c’est de convaincre les 90 % de la population pour les prochaines élections.
    Pour le pouvoir, avant la révolution on avait les rois, des empreurs, le clergé, la dime et la gabelle, et encore avant, celui qui trouvait le plus gros mammouth restait en vie. En gros c’est juste un instinct de survie d’une classe dirigeante, souvent plus maligne ou intelligente que le reste de la population. Le libéralisme ne cherche pas à rendre l’humain meilleur que ce qu’il est mais juste à supprimer le pouvoir pour lui laisser une chance d’exprimer son potentiel. J’ai cependant encore une question qui me perturbe : les interets particuliers concourrent aux interets de tous selon Milton (les crayons), cela semble logique, mais si l’on prend le monde en valeur absolue on voit bien qu’il existe toujours des luttes de pouvoir politique, argent, armes. Si on imagine un monde libre, un vrai, cela voudrait dire que les humains auraient dépassés leurs démons et leur propre nature, en gros des semi Dieux. Pour moi cela est impossible, sauf pour des Boudhistes qui refusent l’exitence de l’ego. Sinon dans tous les autres cas on retournera toujours à une forme ou une autre de lutte pour le pouvoir, et ce peut importe ce qu’il représente. Je défend le libéralisme, mais en même temps, je doute sur les capacités humaines à le comprendre et à l’appliquer. C’est là, que vous et tant d’autres hommes de qualités de ce site devez intervenir, avec amour et patience pour nous élever vers le haut….

    • Ce qu’il faut c’est laisser les gens responsables. Laisser choisir c’est respecter la dignités des gens. En faisant des choix vous formez votre personnalité, vous apprenez de vos erreurs et vous prenez confiance grâce a vos succès. Des responsabilités transforment une personnalité.

      En Nouvelle-Zélande par exemple quand Roger Douglas a mené la réforme de la sécurité sociale (divisée en 5 caisses concurrentes), les plus pauvres qui avaient du mal a payer le coût de l’assurance recevaient des aides mais le choix de l’assurance continuait a leur appartenir !

  • On ne s’en sortira jamais si l’Etat ne dénonce pas les tricheurs. nos technocrates ne font pas le moindre effort pour eux-mêmes alors qu’ils nous pressent comme des citrons. arrêter immédiatement le flux migratoire qui vient chez nous et stopper toute alloc pour ces gens qui violent nos lois et exiger que tout le monde soit à la même enseigne.

  • que l’Etat commence à donner l’exemple avant de nous presser comme des citrons, ce qui est déjà fait… et stopper toute aide sociale à ces flux migratoires qui violent nos lois sociales et civiles.

  • merci pour ce billet , ce qui est hallucinant c’est de voir un modèle aussi dévastateur perdurer des décennies , et ce n’est pas fini … hélas ..

  • excellent!

    cependant nos compatriotes ne comprennent pas que le salut ne peut pas venir de la cause des maux mais d’eux mêmes

    si c’est impossible, il faut dissoudre le peuple et en élire un autre

    • Oui mais comment dire qu’un peuple est mieux qu’un autre. Sur quelle base doit on fixer les critères ? On remplace un pouvoir pour un autre et cela va rendre l’humain différent ? Hum, j’ai des doutes sur notre capacité….mais bon, pourquoi pas, qui sait. Après tout ça marche dans d’autre pays. Et même la Chine et la Russie sont plus libérales que nous…on a donc encore de la marge de progrès. De là, à vouloir faire d’un Français autre chose que d’un Français : bonne chance 😉

      • quand on circule dans certaine de  » nos  » villes, on en vient a penser que bientot, les francais seront autre chose que des francais ( hehe …. )

  • les revolutionnaires de 1848, surement influencés par les idées socialistes naissance, avait eu l’idée de monter des atteliers nationaux, employant des chomeurs, autour de paris, grace bien sur a des subventions de l’etat. cela n’a pas marché, pourquoi ?
    car le montant des salaires y était fixé arbitrairement ( plutot haut ), par l’etat, en consequence, les travailleurs des environs, quitaient leur poste mal payé ( crise oblige ) pour venir s’y inscrire.

  • Pour attirer les Trolls, je déformerais bien une triste citation :
     » Quand j’entends le mot social, j’enlève le cran de sureté de mon revolver ! »

  • Excellent: l’État-providence est devenu la nouvelle religion dominante, la haute fonction publique est son haut-clergé et nos politiciens en sont les prophètes.

    Le bas-clergé, ce sont les journalistes et les faiseurs d’opinions. D’ailleurs ils s’habillent tous en style « clergyman »: costumes noirs et chemise blanche. A moins qu’ils ne s’habillent en ville comme pour leur tenue de loge.

    Si un fidèle prononce des paroles opposées aux « dogmes », il est « excommunié » (des médias).

    Les religions proclament « tu ne voleras point », sont à l’origine de la pensée libérale, les droits naturels.. Quand on entend certains ministres, l’Etat n’est pas une religion mais plutôt une secte maléfique.

    Sur le même sujet religieux, il y a une séquence intéressante dans l’actualité: le nouveau pape, les 700k pétitionnaires, la manif du 24 Mars. Il va y avoir du vent dans les haubans.

    • Ce qui rend d’ailleurs encore plus détestable ce bas clergé journaleux est son persistant mauvais goût a mettre des chemises noires

  • Plus il y a de lois, plus il y a de fraudeurs.

  • Quel grand écart.. Quel dilemme s’offre à moi !

    Georges Kaplan parle ici d’une indécence commune provoquée par l’État-providence (et de l’antilibéralisme ambiant), alors que Jean-Claude Michéa propose depuis déjà un moment de revenir aussi à la « décence commune ». (Et constate aussi sur la future guerre de « tous contre tous » de Hobbes).

    Le hic : Michéa est un philosophe français antilibéral et Kaplan, un libéral « chimiquement pur ».

    (Il semble certes que l’un parte du principe que la société est actuellement antilibérale, et l’autre au contraire, qu’elle est « culturellement et économiquement » dans une logique libérale.)

    Y aurait-il une bonne âme pour m’expliquer les vraies teneurs de cette « common decency » ?

    J’y vois moi, une limite à mettre à la libéralisation comme projet global, un garde-fou utile, une morale humaniste faisant intervenir le « Bien » philosophique dans le système libéral qui ne le relègue qu’à l’état d’opinion privé et non souhaitable applicable à l’ensemble de la communauté.
    (Ex : le libéralisme valide de fait prostitution et mères porteuses ; quid de la marchandisation du corps des femmes, quid de la moralité et du « Bien » dans cette logique ? …Ne m’opposez pas le fameux argument de Pierre Bergé des « ouvriers qui louent aussi bien leurs bras », merci !)

    P.S. : Ni libéral pur, ni antilibéral convaincu, je vois le libéralisme comme le moins mauvais des systèmes idéologiques mais dont l’aboutissement ultime de la logique -axiologiquement et moralement neutre- qu’il porte en lui, n’est pas souhaitable.

    • « J’y vois moi, une limite à mettre à la libéralisation comme projet global, un garde-fou utile, une morale humaniste faisant intervenir le « Bien » philosophique dans le système libéral qui ne le relègue qu’à l’état d’opinion privé et non souhaitable applicable à l’ensemble de la communauté.
      (Ex : le libéralisme valide de fait prostitution et mères porteuses ; quid de la marchandisation du corps des femmes, quid de la moralité et du « Bien » dans cette logique ? …Ne m’opposez pas le fameux argument de Pierre Bergé des « ouvriers qui louent aussi bien leurs bras », merci !) »

      Pour les libéraux, l’État n’a pas à juger de la moralité des personnes ou des échanges, mais uniquement le respect du droit naturel.
      La moralité est une affaire privée, ce n’est pas du ressort de l’État. (Et « les vices ne sont pas des crimes »)

      L’État n’a pas non plus à intervenir pour interdire un échange (au sens large du terme, on ne parle pas ici uniquement des échanges rémunérés) entre 2 personnes qui se sont librement mis d’accord sur les termes de l’échange, dès lors qu’il ne nuit pas au droit naturel d’autrui.
      Ainsi, si une femme ou un homme a librement décidé de se prostituer ou si une femme a librement décidé d’être mère porteuse, ce n’est pas le rôle de l’État de leur interdire.

      Si mon amie Sophie a librement accepté de porter l’enfant de sa soeur, de quel droit irais-je demander à l’État d’interdire cet échange?
      Mais si je le fais, et que j’obtiens l’interdiction, il ne faudra pas que je vienne me plaindre lorsque mon voisin aura obtenu l’interdiction de telle ou telle ou pratique (respectueuse du droit naturel d’autrui) que j’aimais bien…

      C’est comme cela qu’on emprunte la « route de la servitude »…

      • « Pour les libéraux, l’État n’a pas à juger de la moralité des personnes ou des échanges, mais uniquement le respect du droit naturel.
        La moralité est une affaire privée, ce n’est pas du ressort de l’État. »

        J’entends bien ! C’est que ce dont je parlais en écrivant « opinion privée. » C’est ainsi qu’on peut objectivement déclarer le libéralisme comme amorale (pour ses défenseurs) ou immoral (pour ses contradicteurs).

        Vous me validez globalement si je prétends ce système uniquement régulée par le Droit (avec comme seul guide le droit naturel) et le Marché (ou échanges interindividuels) ?

        Ce qui me gène, c’est le pessimisme et la plus grande indécence (contrairement à ce qu’écrit l’auteur de l’article) que ce système propose s’il est accompli pleinement : « à quoi bon tenter de réguler des comportements individuels -aussi critiquables soient-ils, dans le paradigme encore plus ou moins en vigueur du « Bien et du Mal »- s’ils sont consentis » ?

        L’exemple de la prostitution est frappant : nous imaginons facilement que la décision de se prostituer n’est pas une décision positive, mais plutôt celle d’un choix d’ultime recours face à un besoin financier.
        Le libéralisme abouti dit : c’est son choix, laissez-faire, laissez-passer.
        Le libéralisme « castré » dit : ce choix est dégradant pour la femme (l’Homme) et monnaie les corps, on le régule.
        Le droit naturel doit célébrer, affirmer l’Humain, et le distinguer des marchandises qu’il échange.

        C’est pour cela que je vois cette idéologie comme un moindre mal, comparée aux autres qui ont traversé le XXe siècle, mais qu’il faudra veiller à ne pas appliquer dans sa forme pur, sous risque de voir apparaître une société où tout comportement se vaut pour peu qu’un « contrat mutuel » le rationalise.
        (Je ne mentionnerai qu’à demi-mot l’inceste et la pédophilie « consentis », légalisés de fait dans ce système abouti, de peur de passer pour un troll.)

        L’idée première est très bonne et louable, mais la logique est déshumanisante, je pense.

        • «  »Pour les libéraux, l’État n’a pas à juger de la moralité des personnes ou des échanges, mais uniquement le respect du droit naturel.
          La moralité est une affaire privée, ce n’est pas du ressort de l’État. »
          J’entends bien ! C’est que ce dont je parlais en écrivant « opinion privée. » C’est ainsi qu’on peut objectivement déclarer le libéralisme comme amorale (pour ses défenseurs) ou immoral (pour ses contradicteurs).
          Vous me validez globalement si je prétends ce système uniquement régulée par le Droit (avec comme seul guide le droit naturel) et le Marché (ou échanges interindividuels) ? »

          Oui, le libéralisme est amoral, et ne peut donc pas être immoral (ou moral). Seuls les hommes le sont (dans un système libéral).

          « Ce qui me gène, c’est le pessimisme et la plus grande indécence (contrairement à ce qu’écrit l’auteur de l’article) que ce système propose s’il est accompli pleinement : « à quoi bon tenter de réguler des comportements individuels -aussi critiquables soient-ils, dans le paradigme encore plus ou moins en vigueur du « Bien et du Mal »- s’ils sont consentis » ? »

          1. Vous vous référez à cotre jugement de valeur, qui n’est pas forcément partagé par autrui. C’est justement pour cela que les libéraux refusent ce type d’intrusion dans les choix individuels par l’État: l’État ne peut imposer « LA » morale, mais uniquement celle, dans le meilleur des cas, d’une majorité. Et dans la pratique, il impose en fait les valeurs morales des dirigeants en place, ou tout du moins les valeurs morales affichées qui leur ont permis de devenir dirigeants.

          2. Ce n’est pas parce-que l’État ne se charge pas de la « régulation » dont vous parlez qu’il ne peut y en avoir. La « société civile » peut s’en charger. Et les libéraux pensent que c’est elle qui « doit » (ou pas) s’en charger, et non l’État, car c’est la seule façon de faire qui respecte les droits naturels de chacun.

          « L’exemple de la prostitution est frappant : nous imaginons facilement que la décision de se prostituer n’est pas une décision positive, mais plutôt celle d’un choix d’ultime recours face à un besoin financier.
          Le libéralisme abouti dit : c’est son choix, laissez-faire, laissez-passer.
          Le libéralisme « castré » dit : ce choix est dégradant pour la femme (l’Homme) et monnaie les corps, on le régule.
          Le droit naturel doit célébrer, affirmer l’Humain, et le distinguer des marchandises qu’il échange. »

          Le premier des droits naturels est la propriété de son corps (d’où découle la liberté), l’inverse étant l’esclavage. Et c’est justement cette « célébration de l’Humain », la reconnaissance de l’inviolabilité de son corps et de sa liberté, qui fait dire aux libéraux que personne, y compris l’État, ne peut dicter à autrui ce qu’il doit faire ou ne pas faire de son corps.

          « C’est pour cela que je vois cette idéologie comme un moindre mal, comparée aux autres qui ont traversé le XXe siècle, mais qu’il faudra veiller à ne pas appliquer dans sa forme pur, sous risque de voir apparaître une société où tout comportement se vaut pour peu qu’un « contrat mutuel » le rationalise. »

          Encore une fois ce n’est pas parce-que l’État n’interdit pas telle ou telle pratique que « tout comportement se vaut », qu’il ne peut y avoir de jugement moral. La famille, les amis, la société dans son ensemble « rappellera » que non, tout comportement en ne se vaut pas.

          Vous tombez dans le même piège que les étatistes qui croient que « si l’État ne le fait pas, personne ne le fera ». Par exemple « si l’État ne finance plus les hôpitaux, plus personne ne soignera les gens hormis peut-être les plus riches ».

          « (Je ne mentionnerai qu’à demi-mot l’inceste et la pédophilie « consentis », légalisés de fait dans ce système abouti, de peur de passer pour un troll.) »

          Je crois qu’on peut légitimement penser que la pédophilie n’est pas consentie 😉

          « L’idée première est très bonne et louable, mais la logique est déshumanisante, je pense. »

          C’est la logique la plus humaniste et humanisante, au contraire: c’est la seule qui respecte la volonté individuelle de chaque être humain, qui ne souhaite pas que certains hommes dictent leur comportement à d’autres, qui a assez confiance en l’être humain pour considérer qu’il a le droit de choisir pour lui-même, qui ne considère pas que « l’État sait mieux que vous ce qui est bon pour vous ».

      • Justement : le droit naturel ne permet pas les mères porteuses. Il n’y a rien de naturel là-dedans. Le droit naturel ne permet pas le « mariage » homosexuel.

        Quant à la morale, elle n’est évidemment pas une affaire privée, sinon ce n’est pas de la morale. La morale est publique, toujours. Et il y en a une seule. Sinon, il n’y a plus ni morale, ni société.

        • @ Robert

          Vous avez une nouvelle fois perdu une belle occasion de vous taire! 😀

          @ Aux autres

          Alors, pour tous ceux qui ne savent pas exactement ce que veulent dire « droits naturels »: « naturels » ici ne fait pas référence à Dame Nature avec ses arbres et ses p’tits oiseaux qui font cui-cui, « naturel » fait référence à la nature humaine (usage de la raison et tout ça), et pour les libéraux les droits « naturels » sont ceux qui découlent de la nature humaine. Pour le reste, tout est très bien expliqué ici: http://dantou.fr/DroitNaturel.html

          Des droits naturels découle la liberté de passer un contrat avec toute personne consentant aux termes du contrat, même si ce contrat stipule par exemple les règles de vie à 2, ou de séparation, ou que sais-je encore, entre personnes, peu importe le sexe, qu’il soit identique entre les 2 personnes ou non…

          Et évidemment, LA morale, seule et unique, ça n’existe pas… Il y a DES morales.
          Ceux qui disent qu’il n’y en a qu’une sont juste assez arrogants et/ou autoritaires pour penser que seule la leur est « la bonne », « la vraie », « l’unique ».

          @ Paul T.

          Voici avec Robert l’exemple parfait du monde qui sépare les conservateurs* (à tendance islamophobe pour ce spécimen) et les libéraux! 🙂
          Les conservateurs, étant étatistes, veulent imposer leur idées et forcer autrui à vivre selon leurs idées, leur mode de vie, leur morale, par l’intermédiaire de la force publique, toute comme les socialistes.

          (*) Je ne parle pas ici des libéraux-conservateurs, qui, même s’ils ont de façon privée des opinions conservatrices, refusent de les imposer par la force publique

  • Superbe article, merci !

  • Article intéressant, mais je suis en total désaccord avec l’exemple de la fraude fiscale. Lorsque l’on vit dans un pays quasi champion du monde de la fiscalité confiscatoire, il n’y a rien d’indécent à ne pas condamner la fraude fiscale. On appelle cela la légitime défense face à son agresseur.

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