François Hollande, un social-démocrate ?

Pour de nombreux commentateurs, François Hollande aurait effectué un virage social-démocrate. On se demande bien avec quelles mesures ?

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François Hollande, un social-démocrate ?

Publié le 26 février 2013
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Pour de nombreux commentateurs, François Hollande aurait effectué un virage social-démocrate. On se demande bien avec quelles mesures ?

Par Vladimir Vodarevski.

Selon les médias français, François Hollande mènerait désormais une politique social-démocrate, ou même « sociale libérale » parfois ! Oublions cette dernière expression qui n’a aucune signification, au contraire de la social-démocratie. Cette dernière fait notamment référence au programme des sociaux-démocrates allemands présenté à Bad Godesberg, dont la page wikipedia offre un résumé des principes. En particulier, le programme de Bad Godesberg abandonne le socialisme, pour défendre l’économie de marché, la libre initiative de l’entrepreneur, la libre concurrence. La social-démocratie reconnaît un aspect utile à la partie économique du libéralisme, dans le sens où l’économie de marché permet la création de richesses qui permettent de financer l’État. Quelles seraient donc les mesures conformes à ces principes mises en œuvre par François Hollande ?

Le rapport sur la compétitivité de l’industrie est mis en avant pour justifier ce virage social-démocrate. En quoi chercher à aider un secteur d’activité en particulier correspond-il à favoriser la libre entreprise ? Il est plutôt focalisé sur les grosses entreprises. Le choix du secteur a même un goût de soviétisme de la grande époque, ce que rejette la social-démocratie.

Le nouveau crédit d’impôt compétitivité emploi est également présenté comme une mesure social-démocrate. Là encore, en quoi une mesure en faveur des grands groupes, qui complexifie encore plus une réglementation qui l’est déjà, est-elle une mesure en faveur de la libre entreprise ? La mesure n’est même pas financée, l’État comptant sur la croissance future, et demandant aux banques de financer ce crédit d’impôt.

Enfin, l’accord entre le patronat et les syndicats est présenté comme un accord de « flexisécurité », à l’image de ce qui se fait dans les pays nordiques, exemples de social-démocratie. Alors que tout ce que propose cet accord est de sécuriser les plans sociaux, qui pouvaient être menacés par différentes voies de recours pendant plusieurs années, au détriment finalement à la fois des employeurs et des salariés. À nouveau une mesure centrée sur les grands groupes, et qui renforce même le rôle de l’État puisque celui-ci peut être amené à valider le plan. Quel rapport entre les plans sociaux validés par l’État et la flexisécurité, qui permet de licencier sans contraintes ?

Les mesures qualifiées de social-démocrates, ou même de libérales, se caractérisent ainsi par un interventionnisme en faveur des grands groupes. Rien à voir avec la promotion de la libre entreprise. Au contraire, celle-ci est pénalisée par les mesures fiscales à l’encontre de l’investissement privé dans la création et le développement d’entreprises. Alors que, par comparaison, la Suède, présentée comme un exemple de social-démocratie, a diminué le taux d’imposition du capital par rapport au taux d’imposition du travail, en 1991, pour relancer l’investissement. Et c’est dans le numéro 333 de Challenges, un magazine de gauche, que l’économiste Philippe Aghion le souligne. Le contraire de la politique fiscale française.

Pourquoi avoir qualifié ces mesures de social-démocrates, ou même libérale ? Parce que le mot compétitivité apparaissait, et parce ces mesures étaient destinées aux entreprises. Ainsi, toute politique qui prétendrait promouvoir une sorte de compétitivité, ou qui simplement s’adresserait aux entreprises, mériterait le qualificatif de libérale ! Est-ce le summum de l’ignorance de la part des médias, ou de l’idéologie ? Mais, répétés dans tous les médias, ces commentaires donnent l’idée aux Français que les socialistes ont fait un pas vers l’économie de marché, et fournissent des raisons à l’extrême-gauche du PS de faire de la surenchère.

Gageons que les prochaines mesures d’économie qui s’annoncent provoqueront le même type de commentaires. Pourtant, il n’y a là encore aucune intention d’arriver à un État moins dépensier, moins interventionniste. C’est juste le problème de l’expansion de la dette qui force à faire des économies, dont on espère que la reprise économique permettra d’y mettre fin très vite. C’est une politique d’expédients, toujours basée sur la dépense, mais le gouvernement ne peut pas dépenser autant qu’il le voudrait.

Ces commentaires sur une pseudo politique social-démocrate ou libérale de François Hollande illustrent deux phénomènes. D’une part, l’ignorance (ou l’aveuglement idéologique ?) des journalistes. Le fait qu’une politique soit officiellement en faveur des entreprises ne signifie pas que ce soit une politique en faveur de l’économie de marché. Même la social-démocratie est mal connue. C’est avant tout le rejet du socialisme. Mélenchon, le parti communiste, mais aussi Montebourg et l’aile gauche du PS sont des extrémistes pour les sociaux-démocrates. Les centristes de l’UMP sont plus sociaux-démocrates que le PS.

D’autre part, l’absence de débat en France sur la politique du gouvernement est extraordinaire. Tous les médias établis diffusent la même opinion, une pensée unique. Tous diffusent que le gouvernement a pris des mesures social-démocrates ou « social-libérales ». Il n’y a aucune pluralité. Aucun débat. Est-ce une question d’enseignement, d’idéologie ? Toujours est-il que les citoyens ne peuvent pas se faire une opinion en croisant différents commentaires, à moins d’aller sur le net, sur des sites comme Contrepoints, pour avoir le contrepied de la pensée unique. Mais combien ont-ils réellement le temps de le faire ?

Avec les médias diffusant une pensée officielle, le pays apparaît comme pris dans une chape de plomb. Que faudra-t-il pour se ressaisir ? Un effondrement total ? Que de vies gâchées en attendant.


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  • Que tous les médias diffusent une pensée officielle, c’est une évidence, mais en plus cette dernière est mensongère, et bidouillée.

    Effectivement, Sarkozy, était sans arrêt traité de libéral, voire d’ultra (néo-turbo-hyper), quand on aime, on ne compte pas ! hors qu’il était intrinsèquement social-démocrate, et qu’ il avait lui même expliqué sa réprobation envers la pensée libérale.

    Donc les trotskistes du gouvernement, sont baptisés sociaux-démocrates ce qu’ils ne sont pas. Personne pour relever, que pour le moment la seule vraie opposition est en fait les khmers verts, l’extrême gauche, et que le gouvernement pour leur plaire, ce qui ne les dérangent pas vu justement leur positionnement politique, leur lâche des sucres d’orge sociétaux,comme le mariage pour tous, pour les calmer.

    Qui peut croire, qu’un vrai gouvernement social-démocrate, hurlerait contre la finance  » internationale, apatride  », contre les entreprenants traités de  » riches » en fait seuls créateurs de vrais emplois, non subventionnés ?

    Des gens qui aujourd’hui comme hier, trouvent normal et logique de s’allier et d’avoir la même communauté de pensée, avec des communistes ou avec l’extrême gauche, ne peuvent en aucune manière être des sociaux démocrates.

  • C’est lui faire un honneur qu’il ne mérite pas.
    Hollande est simplement un opportuniste improvisateur, plus fait pour gesticuler sur les bancs d’une assemblée, en donnant l’impression qu’il s’oppose alors qu’il ne fait que ce qu’il sait faire.
    un imposteur parmi tant d’autres

  • La citation de JFrançois REVEL est toujours de rigueur : « la France n’avancera pas tant qu’elle n’aura pas crever l’abcès de son passé communiste ». CQFD !
    Les français n’osent pas encore s’élever contre l’idéologie socialo communiste. Un jour, Il faudra bien remettre en cause le CNR (conseil national de la résistance) et ses décisions monopolistiques. La sécu devra tomber comme en son temps le kremlin pour l’URSS. La sécu n’est qu’un des donjons du château communiste. Comme l’a dit un russe avant 89 : « Il faudra prendre le donjon pour faire écrouler le château (donjon = Kremlin et Château = URSS). Les Français ne pourront pas encore longtemps accepter ce fait. Car il en va de leur avenir.
    Aujourd’hui nous savons que la sécu est un monopole illégal (voir article de contrepoints : http://www.contrepoints.org/2013/02/16/115020-je-quitte-la-secu-episode-3), que ce premier donjon tombe et comme les dominos, les autres suivront, SNCF, EDF, RATP…ect. Sans oublier le pire de ces monopoles, car pour paraphraser Frédéric Bastiat, de mémoire : le pire des monopoles c’est celui de l’instruction publique, car si vous insérer une erreur dans celui-ci c’est toute la société qui en subira les conséquences »
    Seul le temps permet aux gens de comprendre !

    • « Les français n’osent pas encore s’élever contre l’idéologie socialo communiste ».
      Mais une majorité de français vit très bien de l’idéologie socialo communiste et se fout totalement de ce qu’elle coûte à la minorité. Dans ce pays, on peut être nourri, logé , soigné et avoir ses enfants éduqué sans avoir besoin de travailler! Que demander de plus!

      • L’immobilisme du pays repose sur la croyance insérée systématiquement dans tous les esprit que nous sommes tous globalement bénéficiaires du système. La seule option qui nous est décrite est une pure anarchie barbare où les gens s’entre-tuerait pour un oui ou un non. Les pauvres, même chômeur, ne réalisent pas que leur état vient souvent du carcan qui les emprisonne et les empêche de réussir leur vie. Les plus riches sont enchaînés par leur cotisations au système avec l’impression que s’en aller c’est perdre leur investissement passé. La peur du risque et de l’étranger est aussi très forte alors que l’insécurité règne en fait chez nous en maître. A force d’ajouter des droits, les gens ne voient que ce qu’ils peuvent perdre avec le changement. Ils ne voient plus les contraintes et tous les devoirs qui pèsent sur leurs épaules et porte-monnaies. Une révolution est donc quasiment impossible. De ce point de vue là, le gouvernement se méfie des jeunes qui ont moins à perdre et subissent un chômage très élevée. Hollande a clairement dit qu’au dessus de 25%, le chômage des jeunes était dangereux (sic). Si révolution il y a, elle viendra d’un communautarisme qui serait plus fort que celui d’appartenance à ce système clientéliste.

  • Quand on voit que toute la classe politique, du FDG au FN, en passant par l’UMP et le PS, était d’accord avec l’idée de Montebourg d’une nationalisation temporaire de Florange, il n’y a malheureusement pas que les médias qui souffrent de pensée unique…

  • Personne ne va capitaliser les titres français, c’est quoi ce hoax…

    • Mais si voyons, en particulier les banques françaises. La législation les obligent à prendre de grande quantité de titres souverains de leur pays pour sécuriser leurs investissements. C’est à cela que sert les notations. Les livrets défiscalisés qui passent par la caisse des dépôts investissent habituellement un bon tiers en bon du trésor français. Vu l’explosion en cours du livret A alors que l’investissement dans le logement social stagne, ce doivent être actuellement de très gros acheteurs. On parle aussi des suisses qui pour maintenir le niveau de leur monnaie on diversifier leurs achats de bons du trésor en ne prenant pas que des allemands qui ne rapportent rien …

  • Il a surtout effectué un virage immobile oui!

  • un quadruple virage à droite ?

  • Les commentaires sont fermés.

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