L’entrepreneur et l’indigné

Un petit livre d’entretiens très instructif qui nous rappelle que deux mondes totalement différents s’affrontent dans notre société : ceux qui croient en la réussite individuelle et ceux qui attendent tout de l’État.

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L’entrepreneur et l’indigné

Publié le 21 janvier 2013
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Un petit livre d’entretiens très instructif qui nous rappelle que deux mondes totalement différents s’affrontent dans notre société : ceux qui croient en la réussite individuelle et ceux qui attendent tout de l’État.

Par Bogdan Calinescu.
Publié en collaboration avec l’aleps.

D’un côté, Philippe Hayat, entrepreneur et fondateur de l’association « 100 000 entrepreneurs ». De l’autre, Gilles Vanderpooten, jeune salarié du milieu associatif, militant et co-auteur avec Stéphane Hessel du manifeste « Engagez-vous ! ». Le modérateur est une journaliste de la revue Challenges, Jeanne Dussueil.

L’entrepreneur se méfie de l’« indignation » des jeunes aujourd’hui. S’indigner ne veut pas dire grand-chose ne serait-ce que désigner des coupables faciles : les patrons, les banques, les marchés financiers, etc. À force de s’indigner ils oublient leurs propres responsabilités. Lorsqu’ils s’indignent contre la réforme des retraites de 2010, les lycées font preuve d’une naïveté déconcertante et d’un manque de jugement évident. À l’heure où l’on se prépare à réussir dans la vie, certains ont choisi de « lutter pour préserver les retraites ». Mais c’est exactement l’inverse qu’ils devraient faire : sachant qu’une fois salariés ils vont payer de plus en plus pour une retraite par répartition en faillite, ils devraient justement demander une vraie réforme des retraites. « Pour un jeune, cette démarche est suicidaire », dit justement Philippe Hayat. « Il faudrait, au contraire, l’aider à prendre sa vie en mains, malgré l’imperfection du monde »…

Son interlocuteur, le jeune indigné Gilles Vanderpooten, veut changer le monde « d’une manière plus ou moins radicale ». Mais pour en faire quoi ? Il ne le dit pas mais il rejette la croissance et croit en l’utopie et en l’avènement d’une nouvelle société. Celle de l’« homme nouveau » qui a déjà fait des dizaines de millions de morts ? Il ne croit pas à « la moralisation du capitalisme » et c’est pourquoi il faut tout changer. Ses paroles s’enchaînent comme le crépitement d’un fusil…

Philippe Hayat a les pieds sur terre. C’est l’entrepreneuriat qui peut encore sauver notre économie. Et c’est ce qu’il faudrait dire aux jeunes : Entreprenez ! Ce n’est pas l’indignation qui doit pénétrer dans les salles de classe mais l’esprit d’initiative et l’entrepreneuriat. La France compte aujourd’hui plus de 3 millions d’entreprises dont 4 700 seulement dépassent 250 salariés. En Angleterre c’est deux fois plus d’entreprises avec plus de 250 salariés et en Allemagne, trois fois plus !

L’indigné veut plus de l’État et des politiques. Il veut du « social ». Mais « entreprendre et innover, c’est aussi faire du social » lui rétorque à juste titre l’entrepreneur. « Un entrepreneur qui réussit est aussi un entrepreneur social ! L’argent n’est pas son unique moteur. Contrairement aux idées reçues, c’est bien son désir d’épanouissement et d’indépendance, plus que l’appât du gain, qui a provoqué son déclic entrepreneurial ». Contrairement aux clichés marxisants, de nombreux entrepreneurs se rémunèrent après leurs salariés et souvent il ne reste rien dans les caisses. D’autres gagnent beaucoup d’argent qu’ils réinvestissent ou qu’ils donnent à des fondations.

D’un côté il y a donc ceux qui croit en l’individu et, de l’autre, ceux qui misent sur la rédemption collective. L’Histoire a déjà montré que la manipulation des masses a pris le visage de la Terreur.


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  • L’argument de l’Indigné par définition, c’est l’outrance, qu’il jette à la face de son interlocuteur. L’Indigné est outré, et ça doit suffire à clore le débat.

    La clé du succès du bouquin de papy Hessel, c’est qu’il a popularisé l’idée qu’une attitude scandalisée suffit à servir d’argument, dispensant de réfléchir. Le résultat, ce sont des hordes de pauvres petits Gilles Vanderpoorten, à qui on a donné l’autorisation de remplacer le raisonnement par la colère, qui se retrouvent incapables de mener une réflexion structurée, tout outrés en permanence qu’ils sont. Et qui entendent bien faire taire par tous les moyens les nazis qui oseraient manifester de l’irrespect pour leur douleur en exprimant un désaccord.

    Le visage de la Terreur, vous ne croyez pas si bien dire. Ils me terrifient pas mal moi, ces gens.

  • Quel ramassis d’ineptie!
    De pauvres esprit manichéens qui parlent de réflexion sous couvert dogmatique. L’entrepreneur assisté, c’est bien se qui caractérise ce pays, le montant des aides et subventions aux entreprises atteint près de 70 milliards d’euros…
    Oui, ce sont bien les dérives du monde bancaire qui sont à l’origine de cette crise financière, née sous la bienveillance des conservateurs. Des conservateurs qui n’ont jamais su proposer la moindre solution efficace pour lutter contre la précarité et la pauvreté, à part l’exploitation pour s’enrichir un peu plus. Et l’aumône pour se donner bonne conscience.

    • Les 1800 milliards de dettes contractés par la France ont-elles pour origine les dérives du monde bancaire ?

      Et toujours cette litanie sur l’exploitation des uns par les autres: je vous apprend tout de même que Germinal, c’était il y a 128 ans.

      Depuis lors les patrons peuvent être désormais séquestrés, les licenciements sont une galère pas possible, les syndicats dirigent contrôlent et cassent les entreprises, il y a des machines comme le CHSCT, les délégations,des lois à ne plus en finir qui protègent les salariés, les prudhommes qui sont favorables à 80% aux employés, des commissions anti harcelement-sexisme-homophobie-stress, 5 semaines de congés, 10 jours de jours fériés, jusqu’à 25 jours de RTT, 14 jours de congés paternité, 4 mois de congés maternité, des CE qui vous envoient en vacances pour une bouchée de pain, qui vous remboursent sports, activités artistiques et culturelles, bientôt l’obligation de vous payer une mutuelle, deux ans de chômage payés et j’en oublie, fatigué que je suis de vous énumérer l’enfer que vivent ces malheureux Français !

    • « Oui, ce sont bien les dérives du monde bancaire qui sont à l’origine de cette crise financière …  »

      http://www.contrepoints.org/2011/08/31/43228-ceci-nest-pas-une-crise-du-capitalisme-liberal

    • Il est toujours déplorable de voir des gens qui parlent des 70 milliards d’aides aux entreprises sans voir que de l’autre coté l’Etat prend plus de 1100 milliards dans les caisses des entreprises.

      Moi je suis d’accord pour supprimer les aides en contrepartie de l’arrêt des prélèvements.
      Et vous ?

  • De ce que j’ai compris des indignés ils ne revendiquaient justement pas plus d’état. Pour moi les indignés ne se reconnaissent dans aucun parti politique vraiment établi et dénoncent plutôt les arrangements entre grands industriels et les gouvernements, un « détournement » légal de leurs impots au profit d’intérêts particuliers. Après on peut leur reprocher de ne pas avoir de revendications construites et de ne se projeter dans aucun programme collectif, mais on ne peut pas en même temps leur reprocher l’inverse. Les indignés se rassemblaient en tant qu’individus et n’ont pas vraiment réussi à se fédérer (comme le mouvement « occupy wall-street », remarquons par exemple que le Tea-Party est bien plus collectif).
    L’histoire des indignés serait plutôt le réveil de la libido d’une masse autrefois passive, qui serait prête (il ne faudrait pas grand-chose) à dépasser le salariat pour se projeter dans l’entrepreneuriat. Je pense que les libéraux auraient dû essayer de les pousser un peu plus loin dans leur logique, au lieu de ça ils se sont placés du même côté que les socialistes, les communistes, les jacobins, les industriels… c’est bien dommage.

  • Il est quand même très paradoxal de voir que c’est dans les pays les plus « ultra-libéraux » (USA, Angleterre, Canada) que la transmission des biens entre génération est la plus faible.
    En effet, les grands industriels ont tendance à transférer leurs fortunes vers des Fondations plutôt que de la léguer en héritage, et au passage de « forcer » leurs descendances à créer leurs propres fortunes !!!

  • Monsieur,
    Ou vous ne savez pas lire, ou votre idéologie simpliste et clivante vous aveugle.
    Justement il ressort de ce livre que l’entrepreneur et l’indigné se rejoignent, et que l’indigné n’a rien de sectaire. C’est avec des gens comme vous que montent la haine, le mépris, l’incompréhension, le sectarisme.
    Prenez le temps d’une lecture un peu plus attentive et tentez de voir ce qu’il y a de constructif dans cette confrontation entre deux hommes intelligents et à l’écoute l’un de l’autre.

  • Vraisemblablement vous n’avez pas compris le propos. Derrière le titre provocateur, il s’agit précisément de dépasser les clivages. Le jeune interlocuteur dit « l’indigné » est d’ailleurs autant indigné qu’engagé puisque manifestement c’est un entrepreneur lui aussi ! Il a simplement une fibre plus sociale et écologique, et revendique la priorité de ces finalités dans tout projet. Ce qui se dégage de l’ouvrage, au-delà de l’opposition philosophique, c’est surtout qu’il y a deux conceptions de l’entrepreneuriat. Et que les deux sont tout aussi pragmatiques l’un que l’autre.
    A aucun moment me semble-t-il il n’est question de « plus d’Etat », si ce n’est pour réguler les dérives des marchés financiers… ce que personne aujourd’hui ne peut contester.
    Votre article reflète donc une lecture assez partielle de la chose.

  • Les commentaires sont fermés.

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Les auteurs : Miruna Radu-Lefebvre est Professeur en Entrepreneuriat à Audencia. Raina Homai est Research Analyst à Audencia.

 

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