Le déclin italien en trois graphiques

Le déclin italien est particulièrement marqué sur les quinze dernières années, et il doit non à l’Euro mais surtout à l’incapacité des politiques à réformer.

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Le déclin italien en trois graphiques

Publié le 7 décembre 2012
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Le déclin italien est particulièrement marqué sur les quinze dernières années, et il doit non à l’Euro mais surtout à l’incapacité des politiques à réformer.

Par l’auteur d’ItalianAllegro.com, depuis l’Italie.

Certains de mes étudiants m’ont demandé quel fait pourrait montrer, de la manière la plus éloquente, le déclin de l’économie italienne dans les 10 à 15 dernières années. La meilleure “image” de ce déclin est, à mon avis, le “PIB italien par habitant en parité pouvoir d’achat standard (PAS)”, avec comme base 100  la moyenne des mêmes données pour les 27 pays de l’Union européenne. De cette manière, nous obtenons une ligne qui diminue très rapidement, continûment et sans aucun signe de changement dans la tendance : vous pouvez le voir dans le graphique ci-dessous.

PIB par habitant (PPA) en Italie, comparé au reste de l’Europe

Dans le milieu des années 1990, le PIB italien par habitant en parité pouvoir d’achat standard PAS-” était 21% supérieur au-dessus de la moyenne des 27 pays membres de l’actuelle Union européenne, et même 6% au-dessus de la moyenne des 15 pays originaux de l’Union européenne. En 2003, le chiffre italien est descendu sous la valeur moyenne des 15 pays membres, et à la fin de la décennie la différence avec la moyenne des 27 pays membres de l’UE était nulle.

A côté de l’image du déclin italien, il est utile d’observer les différentes évolutions du PIB en Italie et dans l’Union européenne. Le graphique suivant montre les deux PIB réels depuis 1995.

PIB Italien vs PIB EU 26 (27 moins l’Italie)

Depuis 1995, l’Italie a toujours eu  moins de croissance que le reste de l’Union européenne (sauf en 1999-2000) : de 1995 à 2007, la dernière année avant la crise en Italie, nous avons accumulé une croissance totale de 20% (par rapport à 38% pour le reste de l’Union européenne), mais à peu près la moitié de cette croissance a été perdue en 2008-2009, et la petite amélioration de 2010-2011 a été complètement consumée par la récession suite à la hausse des impôts en 2012.

Résultat final ? Pendant qu’en 2012, le reste de l’Union européenne (qui contient également les autres pays faisant face à des “problèmes” sauf nous), a complètement regagné le niveau de PIB de 2007. L’Italie ne l’a pas fait et notre PIB est de retour au niveau de 2001, trois mandats politiques plus tôt.

Mais il y a quelque chose de pire. Pendant cette période, la population italienne a grandi, ainsi le PIB par habitant a diminué de manière encore plus dramatique.

PIB et PIB par habitant (Italie et EU26)

Le PIB italien par habitant a chuté au niveau de 1998, l’année où l’Italie a été admise dans la monnaie européenne (l’Euro). Je sais que je vais donner un point aux “grillini” (les fans du politique comique Beppe Grillo, qui demande la sortie de l’Italie de la monnaie Européenne, pour retrouver la “liberté” d’un déficit des balances de paiement), mais le graphique nous dit que, pendant toute la période avant l’adoption de l’Euro, il n’y a pas eu d’amélioration dans le PIB par habitant, et, puisque la population italienne a vieilli, et qu’il y a de plus en plus de besoins pour assurer un niveau de vie donné, nous pouvons raisonnablement croire que, même avec le même et vrai PIB par habitant, le niveau de vie moyen italien est maintenant sous le niveau de 1998.

De toute évidence une coïncidence n’est pas causalité, et l’euro n’est pas vraiment relié au déclin italien. Quand l’Italie a été admise dans l’Euro, le déficit public était sous les 3% du PIB, et grâce à la mise en place de l’Euro, et la conversion des bons du trésor italien, il y a eu une chute marquée dans les dépenses consacrées à rembourser les intérêts de la dette, d’environ 7% du PIB.

Avec une telle chute des intérêts payés, aurait-il été possible de ramener le déficit public à 0, d’arrêter l’augmentation du stock de dette, et d’accélérer la baisse du ratio dette sur PIB ? Il aurait même été possible de diminuer les impôts sur le PIB de 4%. Si nous avions réalisé toutes ces petites choses, nous n’aurions maintenant aucune récession et aucun problème de financement de l’État également. Nous avons choisi de ne pas faire ces politiques, et avons été nous-mêmes, nos gouvernements. Cela n’est pas dû à l’Euro, ou n’importe qui d’autre qui était aux affaires avant Angela Merkel.

Sur le web – Traduction Nicolas B/Contrepoints

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  • l’euro est bien sur une cause du déclin italien comme français, vous connaissez la dévaluation? ces pays en étant plus qu’attachés avant cette monnaie unique calqué sur le DM. Mais bon l’euro c’est cool pour les libéraux, ça permet aux riches de s’enrichir, c coolos….

    • Bonjour rockeur
      Contrairement à ce que vous pensez les libéraux ne sont pas pour les riches ou pour les ‘patrons’
      Pour ce qui est la monnaie et l’euro les opinions des libéraux divergent (lire: http://www.wikiberal.org/wiki/Euro)

    • Avez vous lu que pour l’auteur de l’article l’Euro a eu des avantages certains sur le taux d’endettements italiens?

      • Oui, c’est une grosse sucette pour les politiques : les allemands avaient des taux bas du fait de leur politique monétaire stricte et de leur économie solide.
        Après l’euro, tout le monde a profité des taux allemands pour s’endetter en clientélisme. L’euro va s’effondrer entrainant l’économie européenne avec lui, tout le monde pointant le voisin du doigt. A quand la prochaine guerre ?

  • Un libéral qui défend les pauvres j’en connais pas… sinon il parait évident qu’il faudrait une monnaie commune pour rétablir la vrai valeur de la monnaie des pays, imposer une monnaie unique nous a conduit à une situation inextricable du point du vu économique. C’est un non sens économique cette monnaie, mais bon on crée bien de la monnaie par milliards à la BCE et cela adossé à aucune création de richesse.

    • effectivement, vous ne connaissez pas de libéraux. les libéraux ne défendent que les notions de bases qui sont la liberté, la responsabilité et la propriétés et TOUS les individus quel que soit leur niveau de richesse contre l’oppression des états.
      l’euros n’est en aucune mesure responsables de nos problèmes actuels, les responsables sont les gouvernants qui depuis des dizaine d’année ont dépensés sans compter. maintenant il faut rembourser et nos poches sont vides puisque l’état à tout dilapider en petit four et privilèges.

    • rockeur: « Un libéral qui défend les pauvres j’en connais pas… »

      Ce site est bourré à craquer d’article sur les méfaits du socialisme sur les pauvres et sur les avantages du libéralisme. Pour passer à coté il faut vraiment ne pas savoir lire.

      Même sans il suffit de regarder les effets des niveaux de libertés économiques sur les pays: qui est en haut, qui est en bas et ou il fait bon vivre ou pas pour les pauvres.

      Le socialisme prétend défendre les pauvres mais à toujours fini par les écraser sous encore plus de pauvreté avec en plus les privations de liberté et la coercition indispensable au pillage socialiste.

      Quand on regarde les apparatchik des deux bords et le haut de l’appareil d’état c’est la fête à la grenouille. Tout ce qui est pillé sous couvert de bonne morale n’est pas perdu pour tout le monde sinon il ne resterait pas un seul pauvre dans ce pays. Et ça fini systématiquement comme cela il est difficile de le nier.

      En bref les libéraux sont bien les seuls qui défendent les pauvres dans la vraie réalité. C’est vrai qu’on ne croit pas à la distribution contrainte de poissons (pris de force chez les autres) pour nourrir les gens mais on prétend au contraire leurs apprendre à pêcher.

      Cerise sur le gâteau: tout le monde est non seulement plus riche mais aussi plus libre.

      • @ illryn : discours pour le moins manichéen ! Pour votre gouverne, d’après tous les indicateurs des institutions internationales , le pays où il fait bon vivre de manière la plus élevée du monde est le danemark. Les danois , qui d’ailleurs ont gardé leur monnaie propre , ont su merveilleusement combiner liberté et RESPONSABILITÉ . Pourtant c’est le pays au monde où les prélévements obligatoires sont les plus élevés du monde, loin devant la France . Seulement là-bas l’esprit civique est une vertue trés développée ! ( on le remarque quand on y va ) Et les riches l’ont AUSSI . Ils se disent j’ai réussi , certes , mais est ce que les efforts que j’ai réalisés valent le fait que je sois riches pour 4 générations et que je quitte le navire pour me fiscaliser en suisse ? La réponse est non , car l’entraide est une vertue trés importante là-bas , la société danoise y est trés attaché . D’autre part les élites politiques et FINANCIÈRES se doivent de donner l’exemple . A l’autre bout de l’échelle un chômeur sans incapacité de travail qui ne cherche pas de job est aussi mal vu car il nuit à la société . D’autre part , on en a pour son argent concernant les services publiques . En France , les élites financières ont un comportement déplorable . Industriels comme arnault qui s’expatrie gentillement vers la belgique pour que ses enfants aient le moins d’impôts de succession à payer , nos chanteurs et acteur qui s’en vont vers la suisse ( delon, darc, feux distel , ) sportifs dont la formation a été prise en charge par l’état français ( mauresmo , tsonga , prost , santoreau tous autour de genéve ) Robert Louis Dreyfus qui avait pris ses quartiers à Zurich , les décamps en belgique , mulliez aussi , enfin la liste est longue comme le bottin mondain ! On a un peu l’impression que le poisson pourrit …par la tête chez nous! En France . Je connais assez peu de personnalités danoises mis à part matthias lauridsen et helena christensen , tous deux mannequins professionnels faisant partie du top le plus payé au monde dans ces jobs , et bien ils vivent à Copenhague malgré le montant d’impôts coton qu’ils doivent payer au regard des salaires reçu dans cette profession . De plus le Danemark est le pays avec la suéde où l’écart entre les plus riches et les plus pauvres est le plus faible . Donc tout ça est une question de moral et de sens civique , donc oui au libéralisme mais absolument non au libéralisme anglophone-saxon , générant misère , frustration , violence , pour ceux que la nature où le fait d’être bien né les empêchent de prendre le train en cours de route . Je crois d’ailleurs que qqun comme de Gaule aurait trés mal jugé ces désertions  » financières  » !!!! D’ailleurs je suis beaucoup plus en clain à pardonner une personne de la classe moyenne supérieure français a planqué ses économies à droite ou à gauche quand il voit ses fortunes effarantes se tirer et en fait être le seul a vraiment beaucoup d’impôts versus son revenu annuel . Mme bettancourt , qui est loin d’être la pire payent 14 % de ses revenus en prélèvements divers alors que mes parents , seulement cadres dans l’industrie pétrolière en payent 40% . Où est l’exemple dans ça , le sens civique et de l’exemple ?

        • Mal né , voulais écrire !

          • Mais dans tous les cas , meme si l’on se fait plumer comme des dindons lorsque l’on appartient à la classe moyenne supérieure , on se doit moralement en respectant le droit fiscal de payer ses impôts en France rubis sur l’ongle ! En espérant que le sens civique reprenne ses droits et qu’enfin ce capitalisme sauvage qui infuse dans certains esprits égoïstes finissent par cesser !

  • L’euro est tout de même un grand responsable du manque de croissance des pays du Sud et du notre. Beaucoup de libéraux disent le contraire car en réalité ils ont peur que certains se servent de cet argument pour passer au second plan (voir enterrer) les reformes libérales que nous devons faire. C’est une erreur de ne pas admettre que l’euro unique est une aberration. Friedman avait tout a fait raison quand il disait que cette monnaie unique n’était pas une bonne, ne marcherait pas et entraînerait une crise car elle reposait sur du vide, aucune nation, aucun budget, aucune mobilité réelle des gens et des tissus économiques trop différents et divergents.

    1) Les pays sont trop différents pour une valeur unique.
    2) il n’y a pas de mobilité des travailleurs.
    3) Pas de transferts de budgets.

    Le 1) peut être modifiable pour les pays les plus riches comme le notre, on peut (et doit) converger vers l’Allemagne, l’Angleterre, les Pays-Bas.. Mais les pays du Sud ne peuvent devenir comme l’Allemagne. Ils ont besoin de monnaies moins fortes. Même la France a besoin d’une monnaie 20% moins forte que l’euro (ou plutôt a besoin que l’Allemagne est une monnaie 20% plus forte que l’euro actuel).

    Le 2) ne se réglera jamais non plus… Peu importe ce qu’en disent les européistes, nous ne sommes pas une nation européenne, nous n’avons pas la même langue etc.. on ne change pas de pays comme de région.

    Le 3) est possible par un coût de force anti-democratique comme ils savent si bien le faire… le fédéralisme budgétaire devrait impérativement passer par des référendums. On ne fédéralise pas des budgets nationaux sans demander aux peuples, ce n’est pas parce qu’on est élu une fois à la présidentielle qu’on a le droit de transférer la souveraineté du peuple et fédéraliser e budget de sa nation. Un fédéralisme budgétaire exigerait de l’Allemagne qu’elle donne 20% de son PIB aux autres… inutile de dire que ça ne se fera jamais.

    Que les européistes osent faire une bonne fois pour toute un référendum dans chaque pays de l’UE avec la question suivante : « Voulez-vous une Europe fédérale ? » Inutile de dire que je paris sur le NON.

    Quant on est conscient de ça on sait que JAMAIS nous n’aurons d’Europe fédérale. Alors autant se réveiller tout de suite au lieu qu’on s’enfonce tous un peu plus. Que tous les pays reprennent tous leurs pouvoirs. Supprimons l’UE et créons à la place une communauté européenne qui ne servirait qu’a faire de coopérations ambitieuses entre pays européens (industrie comme Airbus, recherche, université, armée) et un E27 ou E7 restreint des chefs d’Etat pour dégager une position commune européenne pour peser à l’international sur les règles du commerce, etc. Tout projet de « construction européenne » allant dans le sens d’un Etat Europe supranational ou fédéral comme depuis Maastricht est voué à l’échec car illégitime. De Gaulle l’avait compris, Adenauer l’avait compris, Thatcher l’avait compris, à nos contemporains aux manettes de le comprendre.

    • @Ron: Mouais bof pas très ambitieuses vos propositions.

      En gros on reviens en arrière appliquer les bonnes grosses recettes qui nous envois dans le mur depuis 70ans. Plus de pouvoir aux Etats…Dieu nous en garde !

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