Anticor fête ses dix ans

Anticor prétend être garante de la morale républicaine. Visiblement, elle cherche plutôt à sauver le modèle social-démocrate, philosophiquement et légalement basé sur la corruption.

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Anticor fête ses dix ans

Publié le 12 novembre 2012
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Anticor prétend être garante de la morale républicaine. Visiblement, elle cherche plutôt à sauver le modèle social-démocrate, philosophiquement et légalement basé sur la corruption.

Par Alain Cohen-Dumouchel.

Anticor, qui fête son dixième anniversaire, se présente comme une « association d’élus et de citoyens contre la corruption ». La formule figure en préambule de ses statuts. On la retrouve schématisée dans sa dénomination et dans son logo qui représente un médicament censé guérir de la corruption. Tout cela semble parfaitement clair au premier abord. Pourtant si l’on s’intéresse à ce qu’Anticor défend au lieu de se laisser bercer par ce qu’elle combat, les choses sont un peu moins limpides.

La corruption légale, ça existe !

Ce que l’on désigne habituellement par corruption en politique est un ensemble d’opérations illégales, par exemple, l’utilisation de ses fonctions d’élu pour s’enrichir personnellement ou le financement des partis politiques obtenu par surfacturation d’appels d’offres publics. Normalement c’est à la police et à la justice de traiter les cas de corruption puisqu’ils sont punis par la loi. Pourtant, tout en ayant choisi un slogan et une dénomination sans ambiguïté, Anticor s’attaque à des pratiques parfaitement légales. Citons, sans être exhaustif :

  • le cumul des mandats,
  • la pratique des « réserves parlementaires »,
  • l’emploi par des élus de membres de leurs famille (Anticor ne va pas jusqu’aux amis),
  • l’élection ou la réélection d’individus ayant été condamnés pour des délits ayant trait à la gestion de l’argent public,
  • le lobbyisme des entreprises (lorsqu’il « dérive »),
  • le jugement des Ministres par leurs pairs, au travers de la cour de justice de la république, etc.

Anticor admet donc que l’on peut appeler « corruption » des comportements complètement légaux, ce qui signifie qu’à côté de la corruption illégale existe une corruption légale.

L’anti-corruption n’explique pas tout

Ceci posé, quel est le but réel d’Anticor, sous marin à peine immergé, de la gauche socialiste et écologiste ? Théoriquement ouverts à toutes les tendances, « de droite, de gauche, du centre et écologistes », les principes de l’association ne semblent pas susciter l’enthousiasme des candidats UMP, qui furent seulement trois à signer sa charte éthique en 2012. Fait plus étonnant, l’adhésion à l’association et la signature de sa charte sont interdites aux candidats du Front National.

Si le but d’Anticor était uniquement la lutte contre la corruption, pourquoi exclure un candidat FN qui serait prêt à s’engager contre le cumul des mandats ou la pratique des réserves parlementaires ? Et s’il faut éliminer les candidats des partis censés représenter un danger pour la démocratie, pourquoi ne pas écarter les communistes ? Les régimes communistes seraient-il soudainement devenus des modèles de démocratie et de lutte contre la corruption ?

On le voit bien, la lutte contre la corruption ne suffit pas à expliquer le positionnement d’Anticor, d’autant plus que le Front National a justement un message anti-corruption très marqué. C’est le fameux « tous pourris », que le FN diffuse à longueur de campagnes avec un succès grandissant.

Au contraire du FN, l’idée d’Anticor c’est d’apporter une réponse positive au sentiment de défiance des Français face à la classe politique et à la haute administration. Car malgré la propagande débridée de l’audiovisuel public en faveur de l’étatisme, malgré la diffusion de masse de bulletins municipaux, départementaux, régionaux, chargés de conter les bienfaits de l’administration, malgré les « journées du patrimoine », malgré les palais, les fêtes et le sport de haut niveau, censés impressionner ou occuper le peuple, les français se méfient de plus en plus de leur administration et de leurs élus.

Il faut dire que la faillite avérée de l’État et des collectivités locales, l’explosion du chômage conjuguée à celle des réglementations absurdes, le décrochage de l’économie administrée, sont des constats d’échecs cuisants qui remettent en cause l’État-providence lui-même.

Sauver la sociale-démocratie, c’est sauver la corruption

Le but que s’est fixé Anticor, c’est de sauver la démocratie représentative et la sociale démocratie avec un minimum de réformes structurelles.

La technique employée s’apparente à un hyperchleuasme (figure qui consiste à se déprécier ou à avouer un forfait pour essayer d’en cacher un plus grand). Il s’agit d’énumérer un ensemble de fautes commises par les politiques dans le cadre de la sociale-démocratie : oui nous cumulons les mandats, oui nous sommes souvent absents, oui certains d’entre nous s’en mettent plein les poches, oui nous disposons de cagnottes en argent liquide, oui nous sommes coupables… pour masquer le fait que la sociale-démocratie est, fondamentalement, philosophiquement et légalement un système basé sur la corruption.

Anticor prétend être garante de la « morale républicaine qui veut que tout élu soit un modèle d’exemplarité pour l’ensemble des citoyens » (sic). Au-delà du ridicule de cette formule qui mêle holisme primaire et élitisme douteux, les élus sociaux-démocrates, une fois débarrassés des quelques maux bien réels qu’Anticor a identifiés, deviendraient-ils « un modèle d’exemplarité pour l’ensemble des citoyens » ? Est-il vraiment « exemplaire » de se faire élire ou réélire en distribuant des faveurs à une clientèle électorale avec l’argent des autres ? Est-il exemplaire d’utiliser le pouvoir législatif pour satisfaire son camp, calmer des adversaires trop médiatiques, ou améliorer son « image » ? Est-il exemplaire de manipuler la monnaie ? Est-il exemplaire de faire croire que les fonctionnaires et les élus sont plus vertueux que les membres de la société civile ?

Dans ce système, qu’Anticor tente de sauver, les hommes politiques se comportent avant tout de façon parfaitement rationnelle. Ils assurent leur réélection, ils essayent de faire gagner leur parti, ils satisfont leur clientèle. Tant que des élus pourront distribuer de gigantesques faveurs sociales ou économiques sur la base de promesses électorales, sans la moindre conséquence pour eux et leurs familles, le système demeurera corruptif par essence. Les extrêmes traduisent cela par « tous pourris », Anticor utilise l’incantation « tous vertueux », et nous libéraux constatons : « tous normaux ».

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