L’endettement des familles canadiennes, déjà à un niveau record, est encore plus élevé qu’on pensait, à 163% du revenu disponible.
Par David Descôteaux, depuis Montréal, Québec.
« C’est mon job de faire croire au monde qu’ils ont besoin de quelque chose, alors qu’ils n’en ont pas besoin. »
C’est l’aveu, sans gêne, d’un expert en marketing (qui préfère garder l’anonymat). Conjuguez cela à l’écrasement des taux d’intérêt par la Banque du Canada ces dernières années, et personne ne se surprendra de la dernière bombe que vient de lâcher Statistique Canada.
L’endettement des familles canadiennes, déjà à un niveau record, est encore plus élevé qu’on pensait ! L’organisme vient de réviser sa méthode de calcul. Notre taux d’endettement équivaut aujourd’hui à 163% de notre revenu disponible. Un record, encore…
La politique de taux d’intérêt bas a fortement encouragé les gens à consommer à crédit ces dernières années. Et contribué à gonfler la bulle immobilière. Mais ne négligeons pas l’impact de nos propres agissements. Ni les techniques raffinées de marketing, qui permettent d’assouvir nos besoins souvent artificiels.
Les barrières tombent
Depuis toujours — mais encore plus aujourd’hui —, nous sommes bombardés de stimuli. C’est rendu que même lorsqu’on va pisser dans un bar, on se retrouve la face collée sur une pub. Prête à réveiller en nous un besoin jusque-là inconnu. Quelque chose qui va nous rendre plus beau, meilleur…
Mais une chose a surtout changé ces dernières années : les barrières financières sont tombées. « Ça a maintenant l’air facile d’aller dans le sud une fois par année, me dit l’expert en marketing. Ça n’a pas l’air compliqué non plus de changer d’automobile. Avant ça coûtait 30 000 $, maintenant on te dit : “ça coûte 159 $ par mois”. La stratégie marketing s’est alignée sur la possibilité de consommer certains biens, même s’ils étaient hors de portée de votre budget auparavant. »
Cherchez un peu, et je suis sûr que vous pouvez trouver du financement sur douze mois pour un grille-pain…
Cocktail dangereux
Il y a probablement bien d’autres facteurs en jeu. Mais mettez ces deux-là ensemble (taux d’intérêt bas qui incitent à consommer, et marketing agressif qui vous dit : vous en avez besoin, et les moyens !), et on se retrouve avec un cocktail qui garantit un lendemain de veille collectif brutal. On ne s’en sort pas : trop de consommation aujourd’hui veut dire moins de consommation demain.
À voir les roues du marché immobilier grincer un peu plus chaque semaine, j’ai l’impression que demain, on s’en approche. Au moment même où les deux principaux stimulants de l’économie depuis quelques années, les projets d’infrastructures et la bulle immobilière, sont dans leur phase finale. Mauvais timing…
Pour reformuler une publicité bien connue, vous êtes moins riches que vous le croyez. Certains vont le réaliser bientôt.
RT @Contrepoints: Canadiens, vous êtes moins riches que vous ne le croyez http://t.co/RNVnx00L #dette #canada
Marketing agressif, on dirait presque qu’il met la faute sur ceux-ci. Culture de tarré, trop idiot pour dépenser intelligement la solution est d’accuser les compagnies de crédits ou de publicité pour sa propre irrationnalité plutôt que de faire un examen de conscience.
Ceci coûte encore cher à la liberté.
Je ne vois pas quel est le problème. Les gens sont endettés mais le savent non? Si j’achète une voiture à crédit je sais que je suis endetté.
Le marketing n’est pas un pouvoir obscur. Il ne force personne. Et à la longue les bonimenteurs ne vendent pas.
Penser que les marketeurs “arnaquent” les consommateurs, c’est avoir une bien mauvaise opinion des consommateurs ( qui méritent plus de respect).
On peut très bien critiquer l’auteur de mettre en cause le coté agressif du marketing de nos jours.Peut-être a-t-il raison, peut-être pas… On peut aussi bien respecter le consommateur individuel ou peut-être pas. Mais ce consommateur individuel devient un très gros boulet au niveau collectif quand la dette atteint des niveaux non anticipés. Ou on peut aller plus loin dans la réflexion et se demander si les lendemains seront autant chantant dans un future immédiat.
Va-t-on droit au mur en s’endettant toujours plus en rapport avec son actif? Quelle est la limite supportable pour le marché? 170? 180? 200? Ou bien plus?
D’autre part, au final, lorsque tout explose et qu’il faut ré-injecter du cash dans le système, qui est le vrai perdant dans tout ca? Celui qui emprunte à gogo, ou le père (ou la mère) responsable qui ne dépense pas plus qu’il détient?
J’ai bien l’impression que la responsabilité et le bon-sens seront très bientôt punis.