Congrès US : nouvelle victoire des républicains anti-dette

Paul Ryan réélu dans sa circonscription du Wisconsin. Les républicains ont confirmé leur poussée extraordinaire d’il y a deux ans au congrès.

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Congrès US : nouvelle victoire des républicains anti-dette

Publié le 9 novembre 2012
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Les républicains ont confirmé leur poussée extraordinaire d’il y a deux ans au congrès. Paul Ryan réélu dans sa circonscription du Wisconsin.

Par Daniel Hannan, depuis Oxford, Royaume Uni.

Paul Ryan, réélu au Congrès US

Nous traversons des moments de malaise pour qui est candidat politique à la droite du centre. De nombreux électeurs pensent que nous traversons une crise du capitalisme. Ils mettent la crise du crédit sur le dos d’un manque de règlementation. Ils pensent que la solution au déficit est de taxer les banquiers qui, on leur assure, l’ont créé en premier lieu.

Il n’est pas facile pour un candidat de répondre que les sauvetages et les nationalisations sont l’exact opposé du capitalisme ; que, à l’exception de l’énergie nucléaire et des médias audio-visuels, il est difficile de trouver un secteur plus règlementé que les services financiers, et qu’exproprier tous les banquiers du pays ne ferait rien pour résoudre le déficit.

La plupart des élections en Europe depuis le krach ont été gagnées par la gauche populiste, en partie parce que la droite s’est enfermée dans l’euro-corporatisme, et en partie parce que le numéro joué par la gauche est meilleur en ce moment.

L’Amérique est censée être différente. Les électorats grecs ou français peuvent bien avoir une préférence pour l’étatisme, mais les États-Unis ont été fondés pour échapper à tout ça. Ils ont un des électorats les plus pro-liberté de toute la planète. Les républicains US, contrairement à la plupart des partis de centre-droite européens, tendent à être populistes et libertariens, au moins dans leur incarnation actuelle. Alors que les conservateurs de l’ère Bush étaient coupables de capitalisme de copinage, la plupart des candidats républicains de mardi se présentaient en tant qu’anti élitismes, anti gouvernement et anti corporatismes. Pourquoi donc n’ont-ils pas gagné ?

La réponse courte est que, en fait, si. Les observateurs étrangers, et c’est peut-être compréhensible, ne se concentrent quasiment que sur la course à la présidentielle. Mais ce n’est pas le président qui fixe les budgets. Cette prérogative repose solidement sur les épaules du congrès, représenté, dans ce contexte, par nul autre que Paul Ryan, réélu dans sa circonscription du Wisconsin.

Il y a deux ans, les républicains ont opéré une poussée extraordinaire à la chambre des représentants, ayant concentré leur campagne quasiment exclusivement sur les niveaux insoutenables d’imposition et de taxation, de dépenses et de dettes. À l’heure où j’écris ces lignes, ils semblent avoir préservé cette poussée extraordinaire.

C’est vrai que le président Obama a gardé la Maison Blanche, et félicitations à lui. Mais en tant que président, il a plus de pouvoir sur la politique étrangère que sur la politique intérieure. On peut au moins avancer l’argument – et pas mal de types orienté « recul de l’État » l’ont fait – que la politique étrangère d’Obama est moins coûteuse que celle de Romney. Presque rien de ce qu’Obama a dit pendant sa campagne ne peut être interprété comme un engagement à dépenser plus. (C’était déjà le cas la dernière fois, bien sûr, et ça ne l’a pas empêché, une fois qu’il était en poste, mais le point reste valide).

Si je devais deviner, je dirais qu’il a gagné parce que les gens l’aimaient mieux. Ses discours irradiaient la chaleur et l’inspiration, et il passait bien à la télé. Mitt Romney, manque de chance pour lui, avait l’air distant, riche, et froid. Pour ce que ça vaut, je pense que cette caractérisation est bien loin de la réalité, mais ce n’est pas ce que j’en pense qui compte. Pour de nombreux Américains, Romney semblait un retour au « Grand Old Party » impopulaire, très issu du Nord Est et des classes supérieures, de la moitié du XXième siècle. La raison pour laquelle sa remarque sur « les 47% » a fait tant de dégâts est qu’elle a confirmé l’impression négative que les gens s’étaient déjà faite, c’est-à-dire que son approche de la présidence était celle d’un consultant en management, pas celle d’un président.

L’Amérique n’a bas glissé vers la gauche mardi, pas le moins du monde. Oui, certains États ont voté dans un sens socialement libéral sur le mariage homosexuel et la légalisation de certaines drogues douces. Mais de nombreuses personnes – moi y compris – sont en faveur de ces choses tout en restant fiscalement conservateurs. Chacune de ces trois causes est, à un niveau ou un autre, anti-État.

On peut encore gagner des élections sur une base anti-impôts et anti-État ; mais il ne faut pas se compromettre. Quatre ans après les événements, de nombreux Américains en veulent toujours aux républicains pour le fiasco des sauvetages de 2008, et ils n’ont pas tort. Avec un candidat qui aurait eu les mains propres sur cette question, et une personnalité sensiblement plus attirante, les républicains auraient pu gagner.

—-
Sur le web.
Traduction NdC pour Contrepoints.

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  • « Mais de nombreuses personnes – moi y compris – sont en faveur de ces choses tout en restant fiscalement conservateurs.  »

    C’est incohérent: Vous acceptez que l’État se mêle d’inciter à un choix de vie qui est contraire à l’intérêt général.

    S’opposer au mariage homosexuel n’est pas s’opposer à une liberté, mais à un « droit à ».

    Le mariage est une institution qui définit un choix de vie d’intérêt public supérieur, et qui veut pousser à l’embrasser et en encadrer l

    Pour autant qu’une telle institution soit acceptable d’un point de vue libéral, elle doit être ciblée précisément sur une définition dont l’utilité publique soit absolument incontestable; ou éventuellement, sur un usage établi non moins absolument incontestable qu’on ne saurait brutaliser au nom du libéralisme.

    Tel n’est absolument pas le cas du mariage homosexuel, et c’est pourquoi il ouvre la porte à toutes les dérives étatiques.

    L’attitude libérale est donc bien d’être contre.

    Notez bien que ce sujet n’est pas négligeable, même dans les présentes circonstances économiques et sociales (je pense surtout à la France): Les dégâts sociaux et économiques vont dépasser de très loin tout ce que vous pouvez imaginer.

    • L’attitude libérale, c’est surtout d’abolir le mariage civil, et sa myriade d’exceptions, de « droits » positifs, et autres macaqueries toutes plus farfelues les unes que les autres.

      Avec votre gloubi boulga sur les « choix » de vie (du moment qu’ils répondraient à un intérêt « public » ; du moment que cet intérêt public serait « supérieur » ; et donc du moment qu’ils ne répondraient pas à un intérêt « privé », « inférieur »), vous avez tous les atours du socialiste éructant, qui n’admet le choix que quand on fait le bon ; le sien.

      Laissez donc le mariage aux églises, ou même à qui vous voudrez, du moment que l’état ne s’en mêle plus, et qu’en dehors des personnes concernées, il ne touche plus personne. Voilà qui ferait du bien à tout le monde.

  • Les républicains ont confirmé leur poussée extraordinaire
    ….

    en raison du redécoupage électoral

  • Non désolé Fucius

    Le libéral soutient une sortie totale de l’Etat dans la question du mariage. Rajouter le mariage homosexuel n’est pas plus soutenable que de garder l’institution en l’état…

  • « Pourquoi les républicains n’ont-pas gagné ? »

    Vous vous trompez de réponse…
    La réponse est que le vote est ethnique, il y a de plus en plus d’immigrés, de minorités et ils votent démocrate. Point.

    Sur tous les plateaux télé on a entendu sans gène : « Les USA vont devenir un pays hispanique. Les minorités et particulièrement les latinos vont devenus majoritaires ». Mais quand on dit la même chose en France, les même qui disent ça pour les USA vont te sortir : « Ouhhhhh raciste ! menteur ! bla bla bla. »

    C’est triste, moi je le regrette. Le vote ethnique n’est jamais bon signe. Seuls les blancs américains ont voté moitié/moitié (un peu + pour Romney), les minorités ont voté à 75% minimum pour Obama (noirs, latinos, juifs). En France on a entendu le chiffre de 92% de vote pour la gauche chez les musulmans. Ce sont ces votes ethniques des minorités, vers la gauche, qui font les résultats.

  • « On peut encore gagner des élections sur une base anti-impôts et anti-État ; mais il ne faut pas se compromettre. Quatre ans après les événements, de nombreux Américains en veulent toujours aux républicains pour le fiasco des sauvetages de 2008, et ils n’ont pas tort. Avec un candidat qui aurait eu les mains propres sur cette question, et une personnalité sensiblement plus attirante, les républicains auraient pu gagner. » Peut-être. Le problème c’est que Paul Ryan à justement voté pour les sauvetages de 2008 (entre autre chose). En faire une référence est donc discutable.

    Plus largement « le populisme anti-état » pose un vrai problème : il fait passer pour radical ou farfelu des propositions en réalité très raisonnables (comme dire qu’on ne peut pas augmenter éternellement la dette, le déficit et les dépenses publiques). C’est une posture contre-productive à terme. Pour moi le style idéal c’est celui de Ron Paul : sans jamais rien céder sur le fond il évite les outrances.

  • Les commentaires sont fermés.

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