À rebours de ce que fait le gouvernement dans le budget 2013, il faut annoncer un gel total des prélèvements pour encourager la création de richesses.
Par Michel de Poncins.
Chaque année, à l’automne, la même cérémonie recommence. Le monde politico-médiatico-économique montre une grande agitation autour du prochain budget. Chacun envoie ses salves accompagnées parfois de défilé plus ou moins musclé. En cette période où l’économie française s’écroule de toute part la cérémonie semble particulièrement dérisoire.
L’idée commune parfaitement illusoire est que toutes les calamités observées seront résolues par le budget. Si cela ne marche pas il y aura des lois de finances rectificatives. Le pouvoir, très provisoirement en place, gagnera du temps et se donnera à bon compte l’impression d’agir. De la sorte, le système continuera cahin-caha à progresser sans que les vrais problèmes reçoivent les véritables solutions qui existent pourtant.
L’illusion est multiple.
En manipulant les compteurs de la galaxie d’usines à gaz super étatiques, chacun s’imagine faire surgir du gaz à son profit. Les innombrables lobbies se démènent à cette fin.
Louis Gallois a été chargé, à grands frais, de remettre un rapport sur la compétitivité des entreprises. Après de multiples parlotes, le copier-coller sur un sujet universellement connu le conduit à suggérer de baisser de 30 milliards les cotisations sociales, patronales et salariales. Après avoir salué sans conviction la baisse nécessaire des dépenses publiques, il préconise, à la place, une hausse de la CSG, de la TVA et une nouvelle fiscalité dite écologique sur le diesel. Ce faisant, il ignore, ou feint d’ignorer, que tous les impôts sont mauvais pour les entreprises. Un budget est une machinerie tellement complexe qu’il est vain de chercher un résultat flagrant en le manipulant.
En outre, le budget ne dépend plus seulement du pouvoir français mais aussi de l’Europe. Par des voies multiples et complexes Bruxelles pèse sur le budget français. En sacrifiant à l’idéologie européenne, les gouvernements successifs se sont liés les mains et accroissent l’incertitude générale. Cette incertitude supplémentaire augmente encore l’illusion de croire à l’efficacité budgétaire.
Une fausse équation
Une fausse équation est l’une des composantes de l’illusion budgétaire. Il y a une crise et par suite de cette crise, la panne de croissance est inévitable et totale. Or, pour résoudre les problèmes multiples dont celui lancinant et en accroissement constant du chômage, il faut de la croissance, laquelle est au plus bas avec des perspectives très sombres. Sur ce, les ordinateurs tournent comme des fous : si l’on atteint tel chiffre de croissance, la réussite sera proche. Le calcul est erroné et nous nous trouvons devant une chimère. Sans être mathématicien chevronné nous voyons bien que les vrais résultats attendus si l’on suit cette feuille de route sont repoussés dans le lointain comme un mirage. Ce n’est pas en manipulant les impôts que l’on créera de la croissance.
Et le Medef ?
Cette organisation, par la voix de Laurence Parisot, vient de déclarer que la situation est gravissime. Soit, mais il est un peu tard pour le déclarer car la catastrophe est connue depuis longtemps. Si elle se réveille brusquement, c’est à cause du mouvement des pigeons, ces entrepreneurs qui n’en peuvent plus. Il est « gravissime » que le Medef vogue ainsi au hasard des vents sans réelles convictions.
Elle donne une bonne description de la situation : rythme accéléré des faillites dans tous les secteurs, découragement des investisseurs français ou étrangers, démoralisation des entreprises et de leurs cadres.
Au titre des remèdes elle tombe à pieds joints dans l’illusion budgétaire. Bien entendu elle demande que des impôts compensent la baisse des charges. Elle montre bien qu’elle n’est pas pressée puisque le prétendu choc pour être « rapide » pourrait s’étaler sur deux ou trois ans maximum ! On s’installe dans le désastre ! Elle dit bien qu’il faut s’attaquer aux dépenses : cela ne l’empêche pas toutefois de demander au Haut conseil du financement de la protection sociale, machin coûteux bien inutile, de dépenser de l’argent pour simuler l’impact de ses propositions.
Où est l’issue ?
Comment faire pour sortir de cette illusion et soulever la chape de plomb qui écrase les entreprises seules créatrices de richesse ?
Le Gel Fiscal Total (GFT) revient à supprimer tout impôt nouveau du prochain budget et il faudrait l’annoncer pour l’exercice 2013. Il devrait s’étendre aux collectivités. Pour équilibrer et bien au-delà, il faudrait supprimer des dépenses. Cet objectif dépasse et de beaucoup les gamineries dont on parle ou les projets de réduction du nombre de fonctionnaires dont l’effet est à horizon lointain. Supprimer et non réduire : la suppression implique la disparition d’administrations entières avec les bureaux et les réglementations abusives.
Il est clair que le GFT déclencherait un ouragan de prospérité dans le corps social. Les entreprises assurées de ne plus être des « Pigeons » recommenceraient sans tarder à embaucher et les investisseurs à investir.
Le pouvoir tel qu’il est a les capacités de faire ce GFT dès le budget 2013.
Il y a deux difficultés. Ce pouvoir, drogué à la dépense publique, devrait se libérer lui et ses compagnons de route de cette drogue meurtrière.
Il lui faudrait aussi vouloir le bien réel du peuple et non le service d’une idéologie mensongère.
C’est peut-être le plus difficile.
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