Tout le monde souhaiterait pouvoir bénéficier des avantages du marché et de la concurrence, sans leurs effets rigoureux et exigeants, cette fameuse dictature des marchés. Est-ce possible ?
Par Jean-Louis Caccomo
Le monde dont nous héritons aujourd’hui, grandement marqué par la mondialisation, ne date pas de la révolution industrielle. Les lois de l’économie de marché ne sont pas apparues brutalement à cette époque même si c’est à ce moment qu’on les a découvertes, puis formalisées au XXe siècle, et qu’elles ont commencé à déployer la puissance de tous leurs effets à l’échelle du monde.
Newton a découvert les lois de la gravité, mais elles existaient avant lui et depuis toujours, et elles existeront toujours telles les lois de l’échange humain. La science évolue et met à jour en des principes intangibles en même temps qu’elle se renouvelle. Contrairement à la religion ou à l’idéologie, elle n’est ni fermée ni figée.
Ainsi, l’innovation, qui nourrit la croissance, n’a pas démarré à l’aube du XIXe siècle. En fait, nous sommes là grâce à l’homme préhistorique lui-même. Dès les origines, l’homme a appris à utiliser ce qui marche et à se détourner de ce qui ne marche pas, car sa survie même était en jeu. C’est pourquoi l’économiste raisonne ainsi : il ne l’a pas inventé, il l’a découvert en observant notre propre histoire millénaire. Et c’est comme cela que le premier homme, sans le savoir, a déclenché un formidable processus d’apprentissage qui ne s’est jamais arrêté depuis, tout comme Christophe Colomb était loin de se douter qu’il avait ouvert la voie à un nouveau continent.
Alors, le premier homme a découvert qu’il pouvait se mettre debout, ce qui a libéré ses membres supérieurs. Il a émis des sons pour communiquer et a peu à peu inventé le langage articulé. Il a façonné des outils. Puis les générations successives, héritant de ces savoir-faire soigneusement transmis, ont découvert le feu, la roue, l’écriture et on ne peut pas arrêter ce mouvement inscrit dans la nature humaine unique, même si ce processus s’est amplifié avec l’époque moderne parce que nous nous sommes dotés d’institutions et d’organisations humaines favorables aux échanges et à la production, ce qui a fait décoller la science et l’innovation. Et on transporte tout cela dans nos gènes : il a fallu des milliers d’années pour conquérir le langage, et nos bébés apprennent à parler (certes une langue spécifique selon les pays dans lesquels ils naissent) en deux ans.
Bien sûr, il y a certaines époques plus sombres où les pays, cédant aux sirènes barbares, se ferment et se bloquent à toutes initiatives individuelles, notamment en persécutant les savants et les chercheurs. Après la chute de l’Empire romain, l’Europe a replongé dans les ténèbres avant de resurgir avec la Renaissance, redécouvrant son héritage gréco-romain si riche (philosophie, mathématique, droit, culture…). Au XXe siècle, des régimes totalitaires se sont mis en place, dominant une grande partie de la planète, pour échapper aux lois du marché au nom du « bonheur des peuples », mais ils ont récolté misère, arrêt du progrès technique et déclin social et culturel. Le balancier de l’histoire peut toujours s’inverser et l’homme préhistorique lui-même a failli maintes fois disparaître.
Mais, l’échange est inscrit dans la nature profonde de l’homme. Dans la sphère économique, elle se traduit par l’existence de prix qui mesurent la valeur des choses, permettant d’orienter nos décisions.
Dans les autres domaines, on ne peut pas mesurer nos échanges même s’ils existent quand même. Même si, par définition, on ne peut voir la « main invisible« , elle agit sans cesse. Dans l’amitié (ou l’amour), on est vite déçu si nos amis nous abandonnent au premier coup dur alors qu’ils sont autour de vous quand tout va bien. Alors on les élimine peu à peu de nos relations. Cela n’en vaut pas la peine. L’économiste traduit : le coût marginal est supérieur au prix (la valeur). Et vos amis feront la même chose.
Dans le monde entier, même si les rapports humains s’expriment dans leur diversité psychologique et culturelle infinie, tout le monde se comporte ainsi. Il suffit de voyager et d’aller vers les autres pour s’en rendre compte. Et quand on a compris cela, le champ de vos relations s’accroît indéfiniment sinon on reste tout seul.
Internet, parti de la Silicon Valley (et il ne pouvait partir que d’un pays ouvert aux échanges libres malgré ses origines militaires tenues longtemps secrètes par le gouvernement américain), démultiplie aujourd’hui ces possibilités d’échanges dans toutes les sphères de notre vie.
Les pays ou les organisations (entreprises, universités, familles), qui s’obstinent à se fermer à ce courant au motif de s’en protéger pour survivre, se condamnent eux-mêmes en fait alors qu’ils continuent à accuser aveuglément les autres, forcément coupables de leurs propres turpitudes.
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Article paru initialement sur Le Cercle Les Échos.
RT @Contrepoints: Dictature des marchés, une autre lecture http://t.co/VqGuLJN1
Avant la prise de pouvoir par les Seigneurs Capitalistes via leur relai démultiplicateur, l’EuroReich, les pays Européens s’en tirait très bien sans « ouverture des marché » vu qu’on fait 90% de nos transaction en Occident
Mais les capitalistes, comme Marx l’avait prédit ont plus de bénef a faire travailler des pauvres.
Maintenant on est juste un troupeau de veaux à dépecer,
S’ajoute l’€ bloqué à 1$30 car les banques d’Allemagne sont de grands créditeurs dans Target2 donc ne veulent pas de dévaluation
http://caccomo.blogspot.fr/2009/09/la-dictature-du-marche.html?updated-min=2009-01-01T00%3A00%3A00%2B01%3A00&updated-max=2010-01-01T00%3A00%3A00%2B01%3A00&max-results=46