Draghi et Hollande jouent aux Lego

Engagement illimité et flexi-sécurité sont des improvisations. Il faut repenser des solutions plus pérennes que celles de Draghi et Hollande

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Draghi et Hollande jouent aux Lego

Publié le 13 septembre 2012
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Engagement illimité et flexi-sécurité sont des improvisations. Il faudrait repenser des solutions plus pérennes.

Par Marc Crapez.

François Hollande et Mario Draghi

L’un parle d’engagement illimité, l’autre de flexi-sécurité. Draghi et Hollande proposent un bricolage destiné à colmater les brèches. Il est à craindre qu’il s’agisse de routes qui ne mènent nulle part. À l’image de ces décors Potemkine que sont certaines routes grecques financées par l’Union européenne.

La flexi-sécurité n’est pas une mauvaise idée en soit. Elle consiste à faciliter une flexibilité sur les postes de travail en échange d’une sécurisation des parcours professionnels. Mais, outre qu’une mesure bénéfique en période de conjoncture favorable n’est pas toujours bénéfique en période récessive, cette mesure n’est susceptible d’avoir des effets bénéfiques qu’à long terme, alors que le gouvernement s’est fixé des objectifs d’amélioration de l’emploi à brève échéance.

Le Danemark, qui l’expérimenta avec succès, offrait des conditions de possibilité, de réceptivité, de faisabilité que la mentalité française n’offre pas. Il est à craindre qu’ici les partenaires sociaux ne négocient qu’un accord a minima dépourvu du volet incitatif, à savoir l’impossibilité de refuser un emploi de substitution, préconisée par Sarkozy durant sa campagne et rejetée par les syndicats. En somme, faute de ce socle patriotique ou support civique tant décrié par les élites, la flexi-sécurité à la française risque d’achopper sur des effets d’aubaine et des possibilités de passager clandestin. Surtout si l’on ne redessine pas le périmètre de l’État.

À quoi bon un répit si l’on n’est pas vertueux

« L’euro est irréversible et les craintes sont infondées », assure Draghi pour faire grimper la bourse (avec des à-coups signifiant qu’elle ne demande qu’à redescendre au premier tournant). C’est une vision simpliste qui voit les marchés comme des grands enfants peureux et influençables. Les mots « irréversible » et « illimité » feraient office de sucettes euphorisantes.

Le mot « irréversible » a été repris par Pierre Moscovici. En 2000, ce dernier réclamait la « nécessité d’un approfondissement permanent » de l’intégration européenne car les « bienfaits économiques du marché intérieur sont partout ». Permanent, partout… comme s’il s’agissait de l’Esprit-saint ou du marxisme-léninisme ! Il n’est pas normal de décréter l’euro « irréversible ». Le propre des constructions politiques démocratiques est d’être ré-versibles en fonction des aspirations du peuple.

Certains ont une recette miracle : urgence des Euro-bonds et impératif d’engagement illimité de la BCE. S’y ajoutent de la relance, pour ranimer la croissance, et du fédéralisme à marche forcée, pour raffermir l’Union européenne. Cela peut difficilement fonctionner, pour la bonne et simple raison que cela recycle les mêmes ingrédients que ceux qui sont à l’origine de la crise. Il est difficile de croire que l’on puisse, par une sorte de subterfuge, recycler les causes de la crise pour en faire des solutions. La crise n’est pas celle de l’euro, c’est une crise de l’endettement dans le périmètre de la zone euro.

Les euro-obligations créeraient une strate de dette supplémentaire. Ils joueraient le rôle d’une eau de mer incapable d’étancher la soif, selon la formule du président de la Bundesbank. L’engagement illimité de la BCE, même strictement conditionné, risque de dévaloriser ses titres, en mettant à nu un problème de solvabilité, alors que l’intervention de la banque centrale américaine est seulement perçue comme palliatif à des problèmes passagers de liquidité.

Certains pensent qu’il suffirait de mieux répartir la dette sur l’assiette de l’euro, pour couper court à la spéculation. En offrant sa garantie sans bourse délier, un État évite de modifier sa comptabilité nationale officielle. Mais les marchés savent que ce procédé de recapitalisation engage des fonds publics. La dissimulation par des garanties publiques pose un problème de soutenabilité de la dette et de concentration du risque anesthésiant signaux d’alerte et correctifs. À trop tirer sur la corde…

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  • Tout se joue à coups de mots creux, largement médiatisés.
    Les politiciens en ressortent convaincus d’avoir résolu leurs absurdités passées.
    L’opinion publique (préformatée par médias interposés) s’en complait pour un temps…
    Les marchés affichent un sourire à court terme, mais prêts à s’inverser le jour suivant.

    Acheter l’opinion publique mène vers de nouveaux abus ? Qu’à cela ne tienne : la capacité d’oubli des citoyens-électeurs est incommensurable et versatile ! Ce qui semble arranger beaucoup de nos manoeuvriers, or que les distorsions de fond ne s’en trouvent nullement corrigées ! Un superbe bêtisier.

    • Yep, et le problème des politicons c’est ici que le marché et les créanciers n’oublient pas…

      « L’engagement illimité de la BCE, même strictement conditionné, risque de dévaloriser ses titres, en mettant à nu un problème de solvabilité, alors que l’intervention de la banque centrale américaine est seulement perçue comme palliatif à des problèmes passagers de liquidité. »

      On y viendra inévitablement, puisque les mêmes personnes avec les mêmes croyances et prenant le même type de décision collectivement quand on les place dans les mêmes circonstances, continueront tête baissée. Comme une mer se retirant, le marché du crédit va continuer de se dégonfler jusqu’à laisser voir qui est à poil.

  •  » l’impossibilité de refuser un emploi de substitution, préconisée par Sarkozy durant sa campagne et rejetée par les syndicats. »

    C’est pas très libéral cet emploi de substitution imposé, je suis étonné que vous ne l’ayez pas noté !

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