Abracadabra : comment le gouvernement augmente nos impôts sans en avoir l’air en 4 leçons

François Hollande est comme Nicolas Sarkozy. Il voit le navire couler, mais plutôt que de repenser intelligemment notre système sociale, il préfère approfondir sa technique de tonte indolore des contribuables.

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Abracadabra : comment le gouvernement augmente nos impôts sans en avoir l’air en 4 leçons

Publié le 23 août 2012
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Plutôt que de repenser intelligemment notre système sociale, François Hollande préfère approfondir sa technique de tonte indolore des contribuables.

Par Aurélien Véron.

François Hollande est comme Nicolas Sarkozy. Il voit le navire couler, mais il se tâte dans le choix de la colle à rustine dans l’espoir de colmater les brèches dans la coque. Le coût de la protection sociale atteint presque 1/3 de notre PIB, avec des dérapages annuels considérables aggravés par le vieillissement de la population.

Avec un âge de départ à la retraite prématuré, des freins considérables à l’activité qui suppriment la croissance et créent un chômage élevé, le coût de ce modèle ultra dépensier s’éloigne de plus en plus des recettes. Plutôt que de repenser intelligemment notre protection sociale, la gauche préfère comme la droite approfondir sa technique de tonte indolore des cotisants contribuables par les impôts.

Leçon numéro 1 : brouiller l’écoute du contribuable

Il faut plonger le contribuable dans la confusion afin que l’information fiscale ne lui parvienne plus clairement. L’impôt sur le revenu n’est pas aimé, et il rapporte peu. Sa mauvaise image interdit de l’augmenter sans opérer un choc fiscal électoralement préjudiciable.

Il existe toutefois pour l’État des solutions malines qui s’intitulent prélèvements « sociaux ». Sur les revenus du travail et de l’épargne. Sur l’épargne, par exemple, en 1996, 1997, 1998, 2004 et 2009 sont inventés la CRDS à 0,5%, temporaire, la CSG (contribution sociale généralisée) à 3,4%, également temporaire, le « prélèvement social » à 2%, la contribution de solidarité autonome à 0,3% et le prélèvement pour le RSA à 1,1%.

Leçon numéro 2 : multiplier les petites hausses pour tromper l’ennemi

La CSG passe de 3,4% à 7,8% en 1998, 8,2% en 2005 et sans doute 10,2% en 2012. C’est temporaire on vous dit. Le « prélèvement social » passera de 2% à 3,4% en 2011 et à 5,4% en 2012, c’est pour financer les retraites insiste-t-on. Que des petits chiffres avec des noms que personne ne retient. Au final, la note grimpera tout de même à 17,5% de prélèvement lorsque les promesses de François Hollande seront réalisées.

Ça, c’est hors impôt sur le revenu et hors ISF, c’est prélevé discrètement à la source avec plein de lignes pour noyer le poisson. Et spolier l’épargnant, essentiellement issu des classes moyennes et supérieures, celui qui a sacrifié une partie de sa consommation pour épargner et financer l’économie. Les quelques milliers de super riches servant d’argument de vente à l’électorat populaire, y échappent eux largement, beaucoup vivent ailleurs à l’image de nos grands sportifs et artistes célèbres qui se partagent entre Londres, Bruxelles, la Suisse et les États-Unis, ou qu’ils bénéficient de conventions fiscales dérogatoires.

Leçon numéro 3 : faire bouillir l’eau à petit feu pour attendrir le gibier sans douleur

En 2010, les prélèvements obligatoires pesaient 822 milliards d’euros. En 2011, 872 milliards, et 921 milliards en 2012, soit 100 milliards de plus en deux ans. Pas mal, non ?

Et pourtant, personne ne bronche. Pour arriver à cette léthargie collective, il faut multiplier les petites hausses qui donnent chacune l’impression que ce n’est pas grand chose. Pas grand chose plus pas grand chose, et on a monté la charge de 100 milliards (et une pression fiscale qui passe de 42,5 à 44,5% du PIB). C’est pas du grand art, ça ? Si le gouvernement était aussi bon à réduire son train de vie qu’à réduire celui des contribuables, la question du déficit serait réglée depuis belle lurette. Mais ça, il n’en est pas question.

Leçon numéro 4 : attirer l’attention sur le doigt du sage qui montre la lune

En ouvrant le débat sur la préférence pour une hausse de la CSG plutôt que de la TVA, François Hollande centre l’attention de l’électorat sur ces acrobaties fiscales obscures, pour mieux le détourner du véritable enjeu, la réforme structurelle de notre modèle social, inadapté et obèse. La gauche n’a pas plus envie que la droite de mettre le sujet sur la table. Dans un monde ouvert où l’information circule vite, aucun citoyen correctement informé ne tolérerait le maintien en l’état de notre protection sociale, une passoire ruineuse qui protège mal les cotisants au profit de rentiers (malins ou chanceux) du système. Le mieux est donc de ne pas ouvrir ce chapitre fondamental.

L’ennui, c’est que l’exercice relève de la quadrature du cercle. En 2011, les recettes des régimes obligatoires de sécurité sociale atteignent 426 milliards d’euros, ce qui ne freine pas l’explosion (annoncée depuis longtemps) des déficits « sociaux », un peu moins contrôlables chaque année (près de 20 milliards attendus cette année en incluant le Fonds de solidarité vieillesse ou FSV). À côté, la CSG ne rapporte environ « que » 85 milliards d’euros, et la TVA 131 milliards. Autant dire que pour diminuer sensiblement les charges sociales à modèle social inchangé, il va falloir augmenter considérablement TVA et CSG. Et inventer une palanquée de petits frères fiscaux. Le coût du travail baissera peut-être un peu, mais au détriment de notre pouvoir d’achat et de l’épargne surtaxés.

Inutile de nous demander à quelle sauce nous allons être mangés. Nous aurons probablement droit à la fois à une hausse de la CSG, et un autre jour à une hausse de la TVA. Fromage ET dessert. Avec plein de bonus, comme le 1% logement que Jérôme Cahuzac souhaite ponctionner d’un bon tiers au profit d’administrations publiques trop grasses, et surtout trop fainéantes pour se moderniser et mieux servir le pays avec moins de ressources. La vraie réforme n’est pas pour demain. En revanche, l’exode des talents et des capitaux n’est pas prêt de s’interrompre. On devine les répercussions de ces choix sur la croissance et l’emploi en France…

—-
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  • Ah que vous avez raison! Transformons nous en Américains, ça va tellement mieux la-bas et il y fait tellement bon vivre !!! Il voi reste une solution: l’exode ! Et vous nous manquerez pas !

    • @Maniak33 : Très constructif ce genre de commentaire … Reductio at Americanus.
      Niez-vous les chiffres avancés ? si oui, donnez vos sources.
      Sinon, que proposez-vous pour sauver ce « modèle » social du naufrage ?

    • Transformez vous en Canadien deja ce serait bien.
      Quand on mesure l’ampleur des effets pervers des politiques du gouvernement federal, de la FED et autres organisations exotico-publiques aux USA, on se dit qu’un grand nettoyage liberal ne ferait pas de mal.
      Cependant il n’y a pas de probleme d’emploi pour les diplomes et qualifies aux USA. Je ne parle pas du climat pour le business tres favorable dans certains etats. C’est deja ca. Les Francais « qui en ont » dans les poches ou sous la boite cranienne, peuvent continuer a y disparaitre et a y prosperer.

      • « Cependant il n’y a pas de probleme d’emploi pour les diplomes et qualifies aux USA » –> DrStefool, j’aimerais que vous eussiez raison, mais depuis la remontée du chômage en 2007, c’est devenu faux.

        Ca fait maintenant près de cinq ans que les Américains découvrent deux choses qui leur étaient complètement inconnues : le chômage de longue durée, et le chômage des diplômés. Peut-être aura-t-on d’ailleurs l’occasion d’aborder ce sujet sur Contrepoints dans quelques semaines.

        • Benjamin, Pour les 25 ans et plus, le taux de chomage des « bachelor’s degree and higher » tourne autour de 4.-4.5%. C’est a dire quasiment le plein emploi. Bon je veux bien croire que ca depend des secteurs, .. etc etc mais le taux des « less than high school » est encore autour de 13%. http://www.bls.gov/news.release/empsit.t04.htm

    • Ne vous inquiétez pas, on est déjà parti, et avec bonheur 🙂 Prochaine étape: le changement de nationalité.

    • @Maniak33 :
      Les États-Unis ne sont pas un modèle de libéralisme, loin s’en faut. Mais ils l’ont été, d’où leur ancienne prospérité…

      • @ CoucouHibou

        Exact. Lire d’ailleurs à ce sujet le livre de Luigi Zingales : A Capitalism for the People: Recapturing the Lost Genius of American Prosperity »

  • Bref une perestrès mal car non anticipée et préparée!oika qui ne dit pas son nom , on essaye par tous les moyens de sauver un système moribond et agonisant.En attendant sa chute qui fera mal ,tr

    • Le message de Sirtaki devient, une fois réécrit dans l’ordre :
      « Bref une perestroika qui ne dit pas son nom , on essaye par tous les moyens de sauver un système moribond et agonisant.En attendant sa chute qui fera mal ,très mal car non anticipée et préparée! »
      >> Ca devrait aider à comprendre, et à confirmer que vous avez raison… malheureusement…

  • « Brouiller l’écoute du contribuable », pour mieux le pomper ? Ok, je sors…

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