Après avoir fait campagne pendant des décennies pour le droit d’être traités comme tout le monde, certains militants homosexuels exigent maintenant le droit d’être traités différemment.
Par Daniel Hannan, depuis le Royaume-Uni.
Michael Cashman a écrit sans le faire exprès un billet de blog hilarant, une série d’épithètes insultants jetés de façon ondiscriminée à la figure des conservateurs, « homophobe », « souillure », « néanderthal », etc. Cet eurodéputé travailliste est agité, ou plutôt, fait mine d’être agité, parce que nous n’avons pas soutenu une motion qui, d’après lui, « représente les vues qui sont le courant dominant en matière de droits des holebi-trans ». il insiste pour me citer nomément. (Ce bon vieux gars fait ça souvent. C’est ce que Bridget Jones appelle la « mentionite ».)
Hm. Examinons les preuves sur la salade Hannan-est-un-homophobe. J’étais virtuellement le seul conservateur, non seulement à soutenir la suppression de la section 28 (texte entendant empêcher la promotion de l’homosexualité par les autorités locales, NdT) en 2008, mais aussi à m’opposer à son introduction en 1998. J’ai soutenu l’égalisation de l’age de consentement en 1994. J’ai soutenu les unions civiles (équivalent du PACS, NdT) en 2004, et je suis assez relax à l’dée de les promovoir jusqu’au statut de mariage. La marraine de l’un de mes enfants est dans une telle union, et elle et sa partenaire sont elles-mêmes de merveilleux parents.
Ouais, ouais, bien sûr, mais tout ça ne compte pas. Comme le fait remarquer Cashman, j’ai « voté contre la motion, ensemble avec l’extrême droite ». J’aime particulièrement ce bout là, une façon merveilleusement non spécifique de marquer quelqu’un du signe de la bête. Je soupçonne que lui même -que les anges et les ministres de la grâce nous défendent !- vote plus souvent qu’à son tour comme l’extrême droite : nombre de nos divisions portent sur des questions techniques et de procédure.
Mais voyez-vous comment il définit l’homophobie ? Pas au sens littéral d’une peur irrationnelle des homosexuels. Pas non plus dans son usage plus politique : ne pas vouloir traiter les homosexuels de façon aussi juste que les autres. Et pas non plus dans le sens légèrement plus tendencieux de l’opposition au mariage avec quelqu’un du même sexe, une question sur laquelle des gens bons et sincères peuvent certainement aboutir à des conclusions différentes.
Non, pour cet ancien acteur d’Eastenders (grand soap de la BBC sur des gens normaux qui dure depuis 27 ans, NdT), l’homophobie signifie désormais penser que l’orientation sexuelle n’est pas les fichus oignons de l’Union Européenne. Il ne voit pas, ou du moins il fait mine de ne pas voir, qu’on peut être en faveur de l’égalité pour les gays, et en même temps penser que les questions morales devraient être décidées par chaque nation à travers ses propres mécanismes et procédures démocratiques.
La raison pour laquelle je mentionne tout ça est pour illustrer à quel point la politique est la proie de ce que les Français appellent la déformation professionnelle (en Français dans le texte, NdT). Aucune organisation, et certainement aucun lobby ou groupe de pression, ne se porte volontaire pour se dissoudre une fois qu’il a atteint ses objectifs. Pendant des décennies, les homosexuels ont lutté pour parvenir à l’égalité complète devant la loi. Selon à peu près n’importe quelle définition, cette fin est désormais accomplie. Il est temps, pourrait-on penser, pour les militants de se donner une médaille et de se retirer avec les honneurs.
Mais, la nature humaine étant ce qu’elle est, personne n’aime laisser tomber ses occupations, ou encore, puisqu’il s’agit de ça, la vision du monde qui lui est familière. Et donc, au lieu de passer à autre chose, les lobbyistes, et Michael parmi eux, doivent continuer à trouver de nouvelles campagnes pour agiter leur base et continuer de recevoir leurs frais d’adhésion. Comme il est triste, cependant, de les voir aller au delà de l’égalité légale, pour exiger une série de droits séparés : la créations de crimes de haine, la mise hors la loi d’opinions qu’ils n’aiment pas, l’interdiction des publicités chétiennes sur les bus, et ainsi de suite. Après avoir fait campagne pendant des décennies pour le droit d’être traités comme tout le monde, ils exigent maintenant le droit d’être traités différemment.
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