Résultats du premier tour : bilan et perspectives

Si, comme on l’attendait, François Hollande et Nicolas Sarkozy sont bien qualifiés pour s’affronter au second tour de l’élection présidentielle, les résultats du premier tour ont tout de même réservé quelques surprises

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Résultats du premier tour : bilan et perspectives

Publié le 22 avril 2012
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Si, comme on l’attendait, François Hollande et Nicolas Sarkozy sont bien qualifiés pour s’affronter au second tour de l’élection présidentielle, les résultats du premier tour ont tout de même réservé quelques surprises, déjouant les prévisions des sondages. La campagne du second tour risque d’être amusante.

Par Stéphane Montabert.

Ça y est, après un après-midi de tergiversations, les estimations sont tombées.

Le 2e tour devrait voir s’affronter, sans surprise, Nicolas Sarkozy contre François Hollande. Pour le reste, pas une estimation clé correctement livrée par les instituts de sondage : le score de Jean-Luc Mélenchon est décevant (comme je l’avais prédit ici même) et Marine Le Pen occupe sans doute possible la troisième place. Finalement, contre toute attente, la participation est très élevée, plus de 80%.

Et des gens payent ces sociétés pour fournir des estimations ?!

La campagne pour le deuxième tour va être très amusante. En effet, en 2007, François Bayrou avait été le troisième homme : les deux candidats avaient multiplié les avances vers le centre pour séduire l’électorat du Béarnais.

Ici, le fléchissement vers le centre n’est plus possible, ou en tous cas, il ne suffira pas : avec près d’un électeur sur cinq, Marine Le Pen vient d’entrer dans la vie politique française par la grande porte – alors même que la participation est très élevée, ce qui coupe court à toute théorie “d’accident”. Non seulement elle dépasse le meilleur score de son père, mais ce résultat n’a rien d’inespéré, ni même de surprenant.

Il fallait être un politicien du sérail (ou l’employé d’un institut de sondage) pour croire que le ras-le-bol se concrétiserait du côté de Jean-Luc Mélenchon plutôt que de Marine Le Pen.

Piquant d’entendre ce soir Jean-François Copé faire quelques additions rapides sur le plateau de TF1 juste après les premières estimations : finalement tout ne va pas si mal, tant de pour-cents pour la droite, tant de pour-cents pour la gauche, et l’indéchiffrable François Bayrou au centre. Pardon ? Désormais, l’UMP additionne les voix du Front National aux siennes ? Voilà une sacrée nouveauté !

La gauche a une longue tradition d’alliance et d’unité. Même si on se déteste cordialement, lors des grandes échéances on répond présent. François Hollande n’aura qu’à jouer la carte de la modération pour emporter une bonne partie de l’électorat centriste.

À droite, avec le cas particulier du Front National français, l’exercice est plus difficile – une division entre droite fréquentable et droite infréquentable dans laquelle l’UMP n’a pas hésité à renchérir. Le président sortant paye ses pots cassés. Nicolas Sarkozy, qui affichait quelques jours encore son mépris souverain pour Marine Le Pen, devra convaincre l’électorat frontiste que ses préoccupations sont respectables et qu’elles seront défendues dans un second quinquennat (alors même que Marine Le Pen continue d’être le diable incarné, bien entendu.)

Pas facile de faire passer un tel message en deux semaines !

Certes, Nicolas Sarkozy a ponctuellement tenté des “ouvertures à droite”, mais celles-ci étaient tellement cousues de gros fil qu’il faut être un indécrottable naïf pour y avoir cru – et nous voyons ce soir que ceux-là ne sont pas nombreux à s’y être laissés prendre. À l’inverse de 2007, les électeurs du Front National ont choisi le vote Front National.

Tout n’est pas joué pour autant, bien entendu. Entre les deux tours, le président sortant brossera un portrait apocalyptique du destin qui attend la France en cas de victoire de François Hollande ; si l’homme du PS est aussi borné et aveuglé par l’idéologie qu’on peut le craindre, le tableau pourrait refléter la vérité. Mais il y en a d’autres qui font le pari du pragmatisme de la part du candidat socialiste – sachant de toutes façons que la marge de manÅ“uvre de la France est extrêmement étroite.

Personne n’est à l’abri d’une bourde mémorable, évidemment. Mais toutes choses étant égales, la trajectoire est favorable à François Hollande. Quand Nicolas Sarkozy se présentera comme le président des défis à relever, il ne pourra pas empêcher une bonne partie de l’électorat de se demander en son for intérieur “pourquoi avoir gardé ces réformes si essentielles pour un second mandat ?”

Qu’avez-vous donc fait de votre premier mandat, M. Sarkozy ? La timidité de vos réformes, vous la payez ce soir.

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