La seule gagnante des élections

Dans cette élection, point terminal d’une campagne minable, une seule gagnante se dégagera à coup sûr…

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La seule gagnante des élections

Publié le 22 avril 2012
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Je ne sais pas quels seront les scores du premier et du second tour. Je ne peux pas dire non plus qui va décrocher la timbale le 6 mai prochain. J’ai bien lancé le pronostic, ici même, que Sarkozy serait réélu (et qu’il aurait même droit à une cohabitation dans la foulée), mais je n’ai, comme tout le monde, aucune certitude. En revanche, si je suis bien sûr de quelque chose, c’est qu’il y aura de l’abstention, et avec, de bien croustillants commentaires.

Ici, je ne vais pas me bercer d’illusion en imaginant que cette abstention sera monumentale au point de remettre en question la légitimité de l’élu. Il ne faut pas rêver : même si quelques articles (notamment sur Contrepoints comme ici et ) poussent à s’abstenir de glisser des papiers gras dans des urnes douteuses, et même si mon penchant naturel me pousse naturellement à encourager cette même abstention, il ne faudrait pas prendre ses désirs pour des réalités et imaginer que l’abstention passera la barre des — mettons — 40%.

Mais quoi qu’il arrive, quel que soit le score de celle-ci (qu’on peut imaginer autour de 20% tout de même), nous aurons le droit aux commentaires navrants sur le chiffre de l’abstention.

Le brouhaha mièvre et dégoulinant de démocratisme ronflant sera d’autant plus fort que cette fois encore, la loi française, fossilisée dans un vingtième siècle déjà sépia, obligera les médias français à se tortiller la nouille entre 18:30 et 20:00. En effet, c’est pendant cette courte période que tous les autres médias internationaux commenteront déjà des résultats légalement indiscutables et infuitables en France. Et c’est donc pendant cette bien trop longue période d’agonie que TF1, France-Téloche, les radios et les journaux en ligne français rongeront leur frein pour ne pas détailler les estimations des votes. Il ne leur restera que les estimations de cette fameuse abstention.

Il est donc parfaitement prévisible que nous aurons droit à la cataracte habituelle des fausses analyses en carton sur celle-ci, sur le mode “les jeunes se sont plus / moins déplacés que les années précédentes alors que les personnes âges sont toujours très présentes et patati patata” et autres interviews – trottoirs statistiquement sans intérêt permettant de bien éclairer la position de Germaine Dubouchu, de Châteauroux, au sujet du devoir de chaque citoyen.

De façon toute aussi évidente, nous aurons le droit aux remarques navrantes d’imbécilité des chroniqueurs habituels sur des plateaux télés pimpants.

On peut déjà gager qu’il y aura une petite remarque sur le calendrier vraiment pas favorable de cette élection : elle tombe en plein pendant les vacances, ce qui démotive l’électeur. Argument d’ailleurs déjà entendu dans les rangs socialistes qui ont bien compris le risque de laisser son électorat s’avachir dans une torpeur vacancière coûteuse électoralement. En effet, ces vacances scolaires favoriseront l’abstention des profs, groupe sociologique traditionnellement marqué à gauche. Ce serait tout de même ballot que le second tour de Hollande soit mis en péril par un calendrier si chafouin ! Il en va de l’avenir du pays, que diable ! Mobilisez-vous, enfin, sinon l’abhôminable dictateur sanguinaire omniprésidentiel sarkozyste pourrait repasser !

Si l’argument du calendrier semble acquis, l’autre, celui d’une météo défavorable, jouera en second temps, un peu comme la seconde lame qui empêche le poil de repousser. En gros, s’il fait beau, attendez-vous à la remarque que “certains méchants électeurs auront préféré aller à la pêche par ce joli dimanche d’avril plutôt que voter”. L’argument météorologique est pratique : on peut l’inverser lorsqu’il fait moche : “avec un temps aussi pourri, pas étonnant que les gens soient restés chez eux.”

politics, before & after elections...

Il n’y a plus qu’à souhaiter un temps gris, des petites ondées passagères et des températures ni trop chaudes, ni trop froides pour éviter cet argumentaire catastrophique. Un temps mollasson, humide et gris, c’est d’ailleurs parfaitement en phase avec cette élection, mollassonne, humide et grise.

Bref, on va avoir droit à du lourd en terme d’analyse, mais en tout cas, vous n’aurez pas de remarque sur la stupéfiante enfilade de conneries invasives que nous auront proposée les candidats, enfilade qui justifie à elle seule de se tenir le plus loin possible de cette mascarade. Pas un seul candidat libéral, pas un seul candidat qui se décide à laisser les gens travailler sans les taxer tour à tour de riche, de capitaliste, ou les taxer tout court. Pas un seul candidat qui décide, ouvertement, de couper dans tous les services non régaliens de l’état pour laisser le peuple respirer, rembourser cette dette colossale et remettre le pays en état de marche. Et comme cette analyse ne sera pas faite, l’abstention sera toujours aussi mystérieuse.

Et devant ce mystère, les démocratistes (qui sont à la démocratie ce que les nationalistes sont au concept de nation), on va nous ressortir l’une des propositions massues pour résoudre le problème, à l’instar de ce pignouf fadasse de Duhamel dans un vieil article de Libération : le vote obligatoire, pardi, parce qu’on sait que le rendre obligatoire résout le problème démocratique comme le prouve par exemple la Belgique (qui ne s’est jamais aussi bien portée que lorsqu’elle n’avait pas de gouvernement du tout), parce qu’on sait que le suffrage universel a été acquis dans le sang (mais si, rappelez vous toute la longue liste des gens morts pour avoir le droit de glisser un papier dans une urne, voyons, mais si, enfin, hmmm, enfin, voyons !) et parce qu’on sait que tout ceci est nécessaire pour prolonger la fête !

Je n’évoque pas ici ceux qui oseront l’argument du vote électronique, partant du principe que voter chez soi, sur internet, c’est Trop De La Balle, et que cela réduira donc d’autant cette abstention honnie. Il y a juste de quoi baffer de tel impétrants : sauf à proposer des systèmes relativement complexes basés sur des cryptages asymétriques, tout système qui occulte le vote d’une façon ou d’une autre est une escroquerie supplémentaire sur celle du vote lui-même…

Au vu de ces éléments, et rien que pour voir l’œil hagard des journalistes (à commencer par Duhamel, tiens), je ne peux que vous conseiller cette abstention : elle fait hurler les imbéciles démocratistes et constitue un parfait détecteur de pignoufs.
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