Présidentielle : une campagne affligeante !

Si jamais l’un ou l’autre des compétiteurs destiné par les médias à sombrer dès le premier tour, avait une idée réaliste à proposer au pays, c’est le moment de le faire

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Présidentielle : une campagne affligeante !

Publié le 27 mars 2012
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Si jamais l’un ou l’autre des compétiteurs, destiné par les médias à sombrer dès le premier tour, avait une idée réaliste à proposer au pays, c’est le moment de le faire. Les deux boucs qui font la course en tête s’évertuant à ne pas en avoir, elle ne pourrait qu’être entendue.

Par Marc Suivre.

Les sondages qui ne savent plus quoi sonder nous l’annoncent régulièrement, les Français ne s’intéressent pas à la campagne présidentielle qui se déroule sous leurs yeux ébahis. Comment leur en vouloir, quand ce qui tient lieu de débat se résume à un pugilat de cour de récréation entre deux hommes et leurs ayants droit. Nous sommes pourtant à un tournant de l’histoire du Monde (la planète, pas le journal subventionné). Pour la première fois depuis des siècles, la prééminence occidentale semble remise en question, en termes économiques tout du moins, par la montée en puissance de ce que l’on appelle commodément, les pays émergents. Face à cette redistribution des cartes, nos habitudes doivent drastiquement changer et nous n’avons en face de nous qu’un duo stupide interprété, d’un côté comme de l’autre, par deux clowns qui donnent la triste impression de ne se disputer le même siège que pour mieux s’asseoir dessus.

Dupond et Dupont font la course en tête

Si encore ces ambitions de placements fessiers étaient appuyées sur des propositions à la hauteur des enjeux, ce ne serait pas bien grave. Le problème tient au fait qu’aussi bien dans le camp des sortants que dans celui des postulants, on ne propose rien – ou si peu. Ils nous étalent, sous couvert de réalisme, le navrant spectacle de leur impuissance programmée. Le seul suspense est de savoir qui sera livré à la vindicte populaire (et comme tel tondu à la Libération) : le riche d’un côté et l’assisté de l’autre. En réalité, Nicolas Sarkozy comme son adversaire corrézien n’ont aucune vision d’avenir à nous proposer, aucune solution de sortie de crise à faire valoir. L’un veut persister dans l’être tandis que l’autre aspire faire la même chose… à sa place.

D’où ce sentiment de malaise grandissant dans une opinion qui sent bien, confusément, que l’on se fout ouvertement de sa gueule. Tout le monde est d’accord à l’UMPS pour augmenter les impôts mais personne ne parle de réduire les dépenses, « Hollandréou » se distinguant même particulièrement, en créant 20 milliards de dépenses nouvelles. Pourtant toute personne sensée, ayant dépassé, dans l’analyse économique, le stade de la capacité cognitive de la paramécie, sait pertinemment que nous ne sortirons de notre panade qu’en agissant, aussi et surtout, sur le niveau des dépenses pharaoniques du dernier des États soviétiques de la planète. Dans quelles dépenses couper, voilà bien le secret le mieux gardé de cette campagne.

Malgré ces évidences, les deux représentants des « partis de gouvernement » se jettent mutuellement dans l’anathème, la traque de l’incongruité sémantique et la victimologie. Chacun accuse l’adversaire d’être d’une violence « inouïe » à son endroit. Pauvres canards ! Il faut dire que depuis le temps que les chaisières du commentaire politique défaillent au moindre « casse-toi pauv’con », il ne faut pas s’étonner que l’on ne puisse plus s’interroger sur la pertinence des techniques d’abattages rituels au 21ème siècle, sans être, au moins, accusé de nazisme. Nous pataugeons donc dans un brouet de petites phrases calibrées, panacée destinée à masquer au bon peuple l’indigence des propositions des candidats au pouvoir suprême.

Casse-toi, tu pues !

Puisqu’ils n’ont visiblement aucune envie de changer les choses durant les cinq prochaines années, les deux candidats placés en tête des sondages ont fait un trait sur une campagne dite d’adhésion. En réalité, puisqu’ils ont en partage, la même absence de solution, leur seule tactique consiste à faire détester leur adversaire. De ce point de vue, François Hollande part avec une longueur d’avance, ce qui explique, mieux que toutes les théories fumeuses sur les courants du PS, son absence de programme et ses contorsions fiscales improvisées. Il faut dire qu’il a été puissamment servi par son adversaire, tant celui-ci s’est évertué, durant les deux premières années de son mandat, à donner corps à la caricature de « Président de riches » que lui tricotait le PS.

C’est d’ailleurs là un repositionnement tactique récent de la gôôôche. Souvenons-nous qu’en 2007, le tropisme prêté à Sarko c’était plus d’être « facho » que de servir la soupe aux « aristos ». Compte tenu des espoirs, hélas vite déçus, que souleva dans le Peuple la perspective d’avoir enfin un Président doté des attributs de virilité qui faisaient si cruellement défaut à ses prédécesseurs, les socialistes s’aperçurent avec effroi que le « populo » ne s’effrayait pas à la perspective de se donner à un fasciste. C’est ainsi que leurs incantations rituelles sur « le retour des heures les plus sombres de notre histoire » tournèrent à l’avantage de l’adversaire…

Le fasciste et l’inexpérimenté

Le problème c’est qu’après avoir posé un bon diagnostic sur les maux de la société française et, après avoir incarné l’espoir d’une réaction salutaire d’une droite jusque-là honteuse de ne pas être de gauche, le candidat de la rupture de 2007 s’est transformé en Président mou du genou. Il est d’ailleurs cocasse de voir aujourd’hui la gauche lui reprocher les résultats d’une politique d’identité nationale, qu’il n’a pourtant  pas menée, se contentant, au mieux, de l’invoquer. Seulement voilà, dénoncer l’inaction de Nicolas Sarkozy en la matière, s’eût été affaiblir dangereusement l’image de Néron nationaliste que l’on s’est plu à donner de lui. C’est ainsi qu’une gauche de tartuffes se repend en incantations sur la paix sociale perdue. Elle dénonce les intentions du Président sortant plus que ces actes et lui décerne, ce faisant, l’oscar du meilleur acteur de fiction. Car enfin, ambitionner de « limiter » (sic !) l’immigration légale à 100 000 personnes par an, ce n’est qu’en revenir aux chiffres qui prévalaient sous Jean-Pierre Chevènement, le prédécesseur de Nicolas Sarkozy, Place Beauvau, il y a 10 ans. Bel effort !

On le voit, difficile d’exploiter le filon de la France terre des droits de l’Homme, sans risquer une fois encore de perdre l’élection. Et voilà comment la gauche en vient à reprocher au Président sortant une situation économique dont il est incontestable qu’elle eût été pire si, au fur et à mesure que la crise mondiale se propageait, l’on avait appliqué les recettes préconisées par la rue de Solférino. Voilà pourquoi on nous sert à satiété les projets de grand soir fiscal comme si nous vivions à l’abri de frontières que les amis de Laurent Fabius ont largement contribué à démolir.

Pour ne pas être en reste, le Président s’évertue, lui, à nous décrire son adversaire comme inexpérimenté au plan international et donc inapte à la fonction par gros temps. Comme les autres, il en rajoute une couche sur son esprit indécis. Que le capitaine de pédalo soit de l’avis du dernier qui ait parlé est d’une telle banalité dans le monde politique d’aujourd’hui que cela ne choquera plus que les candides. C’est vrai que ce n’est pas le reproche que l’on adresserait spontanément à Sarkozy mais ce n’est pas pour autant un argument. Quant au fait que l’ex de Ségo ait toujours préféré la Corrèze au Zambèze, j’ai bien peur qu’il faille rentrer un peu plus fort dans le concret pour que cela porte. Il conviendrait donc de décliner, à l’aune de ces deux tares, toutes les bourdes contenues dans ses rares propositions, pour que la tactique fonctionne. Nous en sommes loin car on ne peut pas expliquer la complexité des relations internationales à coup de petites phrases.

Conclusion

L’incompétence se démontre plus qu’elle ne s’annone, tout comme les penchants supposés à la dictature. À défaut on risque, par ses incantations, de donner à son adversaire un crédit inversement proportionnel à l’effet d’effondrement escompté. Une campagne ne se résume pas à des slogans et des anathèmes, c’est un exercice d’explication et de pédagogie. Quand rien ne vous distingue vraiment de votre adversaire, vous avez tout intérêt à démontrer la pertinence de vos jugements sur l’individu d’en face, puisqu’au final c’est à un concours de beauté que vous invitez les Français. Si jamais l’un ou l’autre des compétiteurs destiné par les médias à sombrer dès le premier tour, avait une idée réaliste à proposer au pays, c’est le moment de le faire. Les deux boucs qui font la course en tête s’évertuant à ne pas en avoir, elle ne pourrait qu’être entendue.


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