Partir cubain de La Havane, arriver espagnol à Nassau

Comme elle, beaucoup de cubains prennent un vol pour Nassau avec l’intention de se servir là-bas de leur nationalité espagnole. Ils sortent de Cuba en montrant une pièce d’identité nationale et atterrissent à Nouvelle Providence en montrant leur autre identité d’appartenance à l’Union européenne.

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0
Aéroport International de Nassau (Bahamas) vu d'avion

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Partir cubain de La Havane, arriver espagnol à Nassau

Publié le 16 mars 2012
- A +

Comme elle, beaucoup de cubains prennent un vol pour Nassau avec l’intention de se servir là-bas de leur nationalité espagnole. Ils sortent de Cuba en montrant une pièce d’identité nationale et atterrissent à Nouvelle Providence en montrant leur autre identité d’appartenance à l’Union européenne.

Par Yoani Sanchez, depuis La Havane, Cuba.

Elle gravit les marches de la passerelle de l’avion. Elle a dans son sac à main les lunettes, un morceau du sandwich qu’elle n’a pas eu le temps de terminer et le passeport qui la consacre citoyenne espagnole. Mais il n’est pas encore temps de le montrer. Tant qu’elle est sur le territoire cubain elle pourra seulement montrer cet autre, bleu avec sur son écusson une palme solitaire, signe qu’elle est née à La Havane. Elle vient de passer le contrôle de la douane, elle est sortie radieuse d’avec le fonctionnaire qui a vérifié son permis de sortie et elle a payé –en rechignant- la taxe d’aéroport excessive. Les haut-parleurs annoncent le départ de son vol pour les Bahamas et elle sait qu’elle va expérimenter une transformation. Elle n’écoute même pas quand l’hôtesse de l’air souhaite la bienvenue à bord, ni ne remarque le signal lumineux qui lui indique d’attacher sa ceinture. Son esprit est concentré sur le fait de se dépouiller d’une nationalité pour en endosser une autre, de se secouer de l’enfermement insulaire pour se sentir faire partie du monde.

Comme elle, beaucoup de nos compatriotes prennent un vol pour Nassau avec l’intention de se servir là-bas de leur nationalité espagnole. Ils sortent de Cuba en montrant une pièce d’identité nationale et ils atterrissent sur l’île de Nouvelle Providence en montrant leur autre identité d’appartenance à l’Union européenne. La transformation se passe dans les airs, sur la portion qui sépare les Antilles des Bahamas, dans la frange de bleu qui sépare les deux archipels. Procéder ainsi leur permettra d’entrer sur le territoire américain sans avoir besoin d’un visa et d’éviter les regards suspicieux aux points de contrôle à l’arrivée. L’aéroport international de Lynden Pindling est le lieu de la métamorphose, l’endroit où ils peuvent faire valoir une double nationalité qui ne leur est pas reconnue dans leur propre pays.

Et puis arrive le moment du retour. Le moment de ré-expérimenter la même mutation mais à l’envers. L’avion atterrit au terminal cinq de notre capitale, les familiers cherchent des yeux la nouvelle arrivée. Un officier de douane la couvre de questions, pendant qu’on lui demande de passer dans une pièce pour vérifier minutieusement ses bagages. Au fond du sac à main repose son passeport espagnol, ce petit livre à la couverture rougeâtre qu’elle garde pour retourner un jour à Nassau. Dans cette île magique où à la différence du miroir d’Alice le monde n’apparait pas à l’envers mais à l’endroit.

Traduction : Jean-Claude Marouby / Sur le web

Voir les commentaires (3)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (3)
  • Pour votre information, la taxe d’aéroport de 20 Euros ou 25 USD (25 CUC) n’a absolument rien d’excessive et est comparable à celle prélevée dans d’autre pays comme le Brési, le Mexique ou le Pérou par exemple.

  • Les commentaires sont fermés.

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

L’agression russe contre l’Ukraine a déjà des conséquences démographiques dramatiques. La stratégie militaire archaïque de l’armée russe consiste à envoyer au front une masse de soldats mal formés et mal équipés. La jeunesse russe est décimée. Mais les jeunes les mieux formés, pouvant travailler à l’étranger, ont quitté le pays pour ne pas être mobilisés. Pour les Russes, il en résulte une vision sombre de l’avenir, peu propice à un sursaut nataliste.

 

Le déclin démographique russe ne date pas d'hier

Le graphique suivant f... Poursuivre la lecture

Mon grand-oncle Joseph est né en 1867. Il appartenait à une famille de dix enfants (trois garçons et sept filles) qui vivaient chichement au XIXe siècle sur une pauvre exploitation agricole, dans un village des Alpes du Sud : Saint-Bonnet (aujourd’hui Saint-Bonnet-en-Champsaur), situé dans la vallée du Drac à environ 1000 mètres d’altitude.

Quand il fut majeur, à 21 ans, c’est-à-dire en 1888, mon oncle réalisa qu’il avait à choisir entre survivre à Saint-Bonnet, sans aucun espoir de voir sa situation s’améliorer, ou alors partir.

<... Poursuivre la lecture
1
Sauvegarder cet article

Je suis récemment intervenu dans le cadre d’un groupe de réflexion où l’on m’a demandé de me livrer à un petit exercice de prospective sur « La France dans 10 ans » dans mes domaines d’expertise, à savoir la démographie et l’économie. Je me suis dit que ces réflexions pouvaient également intéresser mes lecteurs, d’où cet article.

Disons-le d’emblée : à moins de véritables miracles, la situation en France dans 10 ans sera pire qu’aujourd’hui !

Toutes les données stables sont en effet mauvaises, la démographie comme la productivit... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles