Le compromis social-démocrate

Le modèle social est assez mal pensé par les intellectuels

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0
foule_1416

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Le compromis social-démocrate

Publié le 19 février 2012
- A +

Le modèle social-démocrate est assez mal pensé par les intellectuels. Tout se passe comme si l’alternative antérieure entre capitalisme et communisme était encore si fortement ancrée dans nos esprits qu’il nous était impossible de penser par-delà cette opposition.

Par Pasm, Bruxelles, Belgique

Étonnement, notre monde, féru d’histoire et d’idéologie, a assez mal pensé son propre modèle social. Les théoriciens de la “deuxième gauche” ont prétendu identifier un “capitalisme avancé” dont on ne sait exactement quand il a commencé à avancer ni ce qui l’a précédé. Quant aux penseurs centristes, ils ont approfondi l’étude de la “démocratie libérale”, incapables de voir que nos démocraties avaient cessés – justement – d’être libérales. Enfin, quelques réflexions éparses sur le “libéralisme politique”, le “capitalisme rhénan”, ou le “modèle républicain” ne sont jamais parvenues à s’instituer en socle théorique général. Tout se passe comme si l’alternative antérieure entre capitalisme et communisme était encore si fortement ancrée dans nos esprits qu’il nous était impossible de penser par-delà cette opposition.

La force intellectuelle du capitalisme et du communisme sont leur organisation autour d’un principe (propriété privée contre lutte des classes). Et si nous avons tellement de mal à penser le système actuel, c’est qu’il ne s’organise pas autour d’un principe, mais autour d’un compromis : ordre social contre gestion politique de la plus-value.

D’une part, on assure aux classes privilégiées le maintien de leur statut et de leurs privilèges. Les velléités révolutionnaires sont contenues par les organisations syndicales elles-mêmes. Les limites à l’activité économique garantissent la stabilité des classes établies se passant, de coopté à coopté, les entreprises déjà existantes. Et, enfin, le développement du salariat permet l’extension du domaine politique à l’ensemble de l’activité productrice. Plus de menaces populaires, plus de nouveaux riches, plus d’entrepreneurs, plus d’hommes libres. La reproduction sociale se fait sans frottement.

D’autre part, l’entreprise cesse d’être privée et se voit frapper d’innombrables réglementations qui détournent la plus-value des actionnaires (shareholders) vers les groupes d’intérêts (stakeholders). La propriété n’est plus garantie et chaque groupe est libre d’accaparer le bien du voisin s’il est capable d’en politiser la demande. Développement des avantages acquis pour les salariés, financement d’une administration pléthorique aux motivations aussi multiples qu’incohérentes, subsides à tout ce que la terre porte de projets généreux et non-rentables.

La stabilité du compromis, et le nécessaire arbitrage entre intérêts divergents, est assuré par des groupes plus ou moins officiels se retrouvant dans des instances plus ou moins discrètes : commissions paritaires, conseils économiques, tables rondes interprofessionnelles, etc. Selon la tradition nationale, le gouvernement aura ou non gardé un peu de pouvoir, mais nulle part, il n’est aujourd’hui capable de diriger sans l’accord des “partenaires sociaux”. Ce sont eux qui ont négocié le compromis social-démocrate, qui le renégocie en permanence, et qui constitue le véritable centre du pouvoir de nos sociétés.

—-
Sur le web

Voir les commentaires (2)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (2)

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

L’Union européenne, c’est vraiment une réussite : non seulement elle nous permet de faire l’expérience sur le sol européen d’une guerre essentiellement paisible, mais en plus, elle nous garantit une économie en croissance maîtrisée, bien à l’abri des tonitruantes innovations qui menacent régulièrement les citoyens européens de leurs bienfaits un peu trop positifs.

Ouf ! Sans les subtils efforts du commissaire Breton et de toute la Commission européenne derrière lui, les citoyens européens auraient été confrontés à l’arrivée de l’iPhone... Poursuivre la lecture

Un article de l'IREF

Parmi les pays européens, la France est considérée comme un État unitaire possédant trois niveaux de collectivités territoriales, voire quatre si l’on y inclut l’échelon des EPCI (établissements publics de coopération intercommunaux).

Sans remettre en cause ce principe, une série de grandes lois était censée augmenter le degré de décentralisation hexagonal et rationaliser ce que journalistes et politiques ont coutume d’appeler le « millefeuille territorial » : l’acte II de la décentralisation, porté par le g... Poursuivre la lecture

Image générée par IA
0
Sauvegarder cet article

Les politiciens prétendent que leurs projets de loi nous apportent de bonnes choses. Soins de santé gratuits ! La prise en charge des enfants ! Un téléphone portable pour tous !

Mais le gouvernement n'est pas le Père Noël. Le gouvernement est une force.

La plupart des lois nous privent d'un peu de notre argent ou de notre liberté, voire des deux.

La Heritage Foundation établit un classement de la liberté économique dans le monde entier. Les États-Unis ont déjà été classés au quatrième rang mondial, mais leur position s'es... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles