Le populisme de la campagne présidentielle

Les politiciens français n’ont aucun modèle à proposer, et aucune volonté de se remettre en cause. Ils vendent donc une protection contre un ennemi imaginaire

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Le populisme de la campagne présidentielle

Publié le 9 février 2012
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Les politiciens français n’ont aucun modèle à proposer, et aucune volonté de se remettre en cause. Ils vendent donc une protection contre un ennemi imaginaire, tous les vrais débats étant soigneusement évités.

Par Vladimir Vodarevski

Nous sommes au XXIème siècle, dans un pays développé, qui ne connaît qu’un analphabétisme résiduel. A priori, la France est composée d’une population capable de se prendre en charge, capable de comprendre les enjeux d’une élection, à qui il est possible de s’adresser sérieusement.

Pourtant, certains thèmes de la campagne présidentielle 2012 sont résolument populistes, sans que personne ne le relève: l’appel à plus ou moins de protectionnisme, et, surtout, la désignation d’un ennemi invisible, apatride et tout puissant, exploiteur, cause de tous les maux du pays, et contre lequel il faut lutter: la finance.

Que des extrémistes, du Front National au Front de gauche, s’emparent de ces thèmes, semble normal. C’est leur audience qui est à déplorer. Mais les candidats réputés modérés ne se privent pas d’utiliser la même dialectique douteuse.

Ainsi, c’est Nicolas Sarkozy qui au salon des entrepreneurs accuse les banques de ne pas suffisamment prêter aux entreprises. Et c’est surtout François Hollande qui a explicitement désigné à la vindicte cet ennemi invisible, dans une rhétorique digne de l’extrême gauche.

C’est une image fausse de la réalité qui est donnée, en même temps qu’une absence de modèle à proposer.

Il n’y a pas d’ennemi invisible, de complot financier qui expliqueraient la crise. Il y a des politiques interventionnistes et de régulation. Ce sont les autorités, gouvernement et Fed, qui ont encouragé le crédit aux USA, en particulier en direction des plus démunis. C’est une politique de soutien monétaire à l’économie qui a été menée. Ce sont les régulateurs qui ont construit un système prudentiel sur les marchés financiers centrés sur les agences de notation.

Ces politiques ont été menées pour assurer la croissance et éviter les crises. Que l’inverse se soit produit pose problème. La réflexion doit donc s’orienter soit, selon les idéologies, vers une redéfinition des politiques interventionnistes et de régulation, soit vers une libéralisation.

La finance n’a rien à voir non plus dans le niveau de la dépense publique, du déficit public. Ni dans la baisse d’efficacité du système de protection social, dans celle du système éducatif. Ce sont des politiques de dépenses publiques et d’endettement public qui ont donné ces résultats.

Là encore, la question est de savoir s’il faut poursuivre cette politique de dépense et d’endettement, et sous quelle forme, puisque celle appliquée jusqu’à présent a échoué. Ou s’interroger sur une diminution de la dépense publique, et une libéralisation de l’économie.

La France aime prendre l’Allemagne pour modèle. Or, ce n’est pas en dénonçant un ennemi extérieur ou invisible que l’Allemagne a mené une politique qui la rend si forte aujourd’hui. C’est au contraire en s’interrogeant sur elle même, et en se réformant. De même pour la Suède.

Les politiciens français n’ont aucun modèle à proposer, et aucune volonté de se remettre en cause. Ils vendent donc une protection contre un ennemi imaginaire. Tous les vrais débats seront soigneusement évités. Au risque de rendre les français encore plus désabusés, et de les jeter dans les bras des extrémismes.

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