Sortie de l’Index of Economic Freedom 2012 : la France encore mal classée.
Par la rédaction de Contrepoints.
On ne sait pas trop qui a employé pour la première fois le mot « globalisation », mais il devait certainement s’agir d’une personne qui n’aimait pas trop le capitalisme. Ce mot sent son bureaucratique à plein nez et laisse entendre que l’économie mondiale serait sujette au contrôle d’une entité maléfique située au-delà de l’influence humaine. La réalité est que l’économie mondiale jouit d’une prospérité plus solide grâce au talent de milliards d’individus au moment de prendre de manière indépendante leurs décisions en accord avec leurs propres intérêts.
Depuis 1995, l’Heritage Foundation et le Wall Street Journal mesurent ce phénomène grâce à un indice de liberté économique. Tout au long de ces années, cet indicateur, basé sur l’enquête et l’analyse des politiques économiques à travers le monde, a clairement démontré le lien entre liberté économique et prospérité, de même qu’il a établi un point de référence à partir duquel il est possible d’estimer les chances de succès d’un plan économique. Depuis les scolastiques espagnols de l’École de Salamanque jusqu’aux théoriciens de l’école économique autrichienne, en passant par Cantillon ou Smith, on sait que les institutions qui protègent la liberté des personnes dans la poursuite de leurs propres intérêts économiques sont également à la base d’une plus grande prospérité pour l’ensemble de la société. Quoi de mieux donc qu’un indicateur fondé sur des éléments objectifs pour convaincre tous ceux chez qui l’idée de liberté semble trop sophistiquée et qui se laissent séduire par la démagogie populiste, qu’elle soit démocratique ou autoritaire.
L’objectif de l’indice de liberté économique confectionné par l’Heritage Foundation et le Wall Street Journal est donc de catégoriser les institutions, les politiques et les pratiques économiques de manière quantitative et rigoureuse. Cependant, il s’agit plus qu’une simple classification, il identifie également les variables que comprend la liberté économique et analyse l’interaction entre la liberté et la richesse. Le rapport 2012 sur l’indice de liberté économique couvre, à partir du second semestre 2010, 184 pays et en classe 179 sur base de dix facteurs spécifiques de liberté économique (commerce, commerce international, fiscalité, taille du secteur public, monnaie, investissement, finance, droits de propriété, corruption et liberté du travail). L’ensemble de ces dix libertés offre ainsi une description empirique du degré de liberté économique d’un pays selon une optique de responsabilité personnelle, de non discrimination et de proportion de la concurrence.
Points significatifs de l’indice de liberté économique 2012
La liberté économique globale a diminué l’année dernière. La tension entre le contrôle gouvernemental et le marché libre a augmenté partout dans le monde, en particulier dans les pays développés. En affaiblissant les succès péniblement obtenus les années auparavant, la charge croissante et incontrôlée des dépenses publiques a dépassé, dans beaucoup de cas, les gains obtenus en termes de liberté économique dans d’autres secteurs.
La moyenne globale de liberté économique de l’indice 2012 est de 59,5, ce qui représente une diminution de 0,2 points par rapport à l’année antérieure et équivaut au second niveau le plus bas des 10 dernières années. L’instabilité et la stagnation économique provoquée par la crise de la dette souveraine dans plusieurs économies développées clés ont porté un dur coup au progrès économique mondial.
L’indice de 75 économies s’est amélioré, mais 90 pays ont perdu en liberté économique et 14 en sont resté au même point. Des 75 pays qui ont amélioré leur situation, 73 correspondent à des pays émergents ou en voie de développement. Beaucoup se trouvent en Asie, dans le Pacifique, dans l’Afrique subsaharienne, l’Amérique latine et les Caraïbes. L’Australie et l’Islande sont les uniques deux pays développés qui ont enregistrés des améliorations de leur indice de liberté économique en 2012, en partie grâce à leurs efforts pour contrôler leurs dépenses publiques.
Le Chili et l’île Maurice ont progressé jusqu’à faire partie des dix meilleurs classés de l’indice 2012. Le Chili revient parmi les dix premiers, où il était pour la première fois en 2008. Quant à l’île Maurice, c’est la première fois que ce pays occupe ce rang. C’est la première fois également qu’un pays de l’Afrique subsaharienne occupe un rang si haut. L’Irlande et les États-Unis ont perdu du terrain et tombent respectivement au 9e et 10e rang. Malgré son élevée efficacité régulatrice et un solide État de droit, le Danemark n’est pas dans les dix premiers à cause de ses énormes dépenses publiques, équivalent à presque 60% du PIB, et de l’élevée charge fiscale correspondante. Le Bahreïn a quitté les dix premiers suite à ses mauvais résultats relatifs à la corruption, la protection des droits de propriété et les dépenses publiques.
Chaque région continue d’être représentée une fois dans les 20 économies les plus libres. Neuf de ces économies d’élites se trouvent en Europe, avec à leur tête la Suisse, l’Irlande et le Danemark. Six se trouvent en Asie et dans le Pacifique. Taïwan a rejoint les 20 économies les plus libres en remplaçant le Japon comme 18e économie. Le Canada et les États-Unis représentent l’Amérique du Nord. Chacune des autres régions est représentée par un pays : le Chili pour l’Amérique du Sud, central et les Caraïbes, l’île Maurice pour l’Afrique subsaharienne et le Bahreïn pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord.
Quatre économies d’Asie et du Pacifique, avec la Suisse, ont gagné le titre d’économie véritablement libre dans l’indice 2012, chacune d’elle ayant atteint un pourcentage supérieure à 80. Hong Kong a défendu avec succès son titre d’économie la plus libre du monde, pour la 18e année consécutive. Singapour continue d’être la deuxième économie la plus libre du monde et a réduit l’écart avec Hong Kong grâce à ses progrès en termes de liberté financière. L’Australie, la Nouvelle-Zélande et la Suisse ont gardé leur 3e, 4e et 5e rang. Ce n’est pas un hasard si ces cinq économies soient relativement fortes. Leur engagement constant à maintenir l’État de droit, la limitation du gouvernement, l’efficacité régulatrice et les marchés ouverts ont été la source de leur incroyable résistance en ces temps d’incertitude économique.
La relation positive entre la liberté économique et la prospérité s’est à nouveau confirmée en 2012. Le PIB par habitant est beaucoup plus haut dans les pays avec plus de liberté économique. Les graphiques ci-dessous montrent une relation positive solide entre niveau de liberté économique et PIB par habitant. Mais si une grande partie du monde a progressé vers des niveaux supérieurs de liberté économique, une proportion importante de la population mondiale vit dans des pays où la liberté économique et les opportunités sont limitées : presque trois quarts des personnes vivent dans des pays qui sont majoritairement contrôlés ou réprimés (leur indice étant inférieur à 60). Une grande partie de ces 75% viennent de deux pays : l’Inde et la Chine.
Comparaison et relation entre, d’une part, le degré de liberté économique et, d’autre part, le PIB/hab., le PIB/hab. en parité de pouvoir d’achat (PPA) et l’indice de développement humain (chaque point représente un pays) :
Il existe une corrélation étroite entre liberté économique élevée et élimination efficace de la pauvreté. L’intensité de la pauvreté est bien inférieure dans les pays ayant un degré de liberté économique supérieur, selon les mesures du nouvel indice multidimensionnel de pauvreté des Nations Unies, qui évalue les racines et l’intensité de la pauvreté au niveau individuel dans l’éducation et leurs répercussions dans la santé et la qualité de vie.
Le progrès de la liberté économique est crucial pour que les personnes atteignent une plus grande prospérité. Une plus grande liberté économique n’est pas seulement clairement liée à de meilleurs revenus par habitant, mais aussi à l’augmentation des taux de croissance de leurs revenus et l’accélération du progrès économique et social.
La liberté économique possède une forte corrélation avec l’activité des entrepreneurs qui créent de nouveaux emplois et augmentent les opportunités et les options offertes aux gens pour améliorer leur propre bien-être.
La rapide expansion du gouvernement semble être la responsable, plus que tout autre facteur du marché, de ce que le dynamisme économique chute. Les dépenses publiques non seulement n’ont pu freiner la crise économique, mais semblent la prolonger dans beaucoup de pays. L’approche par une intervention étatique élevée a conduit à une croissance excessive de la dette publique, ce qui a transformé un ralentissement économique et une crise fiscale doublée d’une stagnation économique qui s’est aggravée par un chômage prolongé.
La nécessité d’améliorer (ou dans certains cas, de rétablir) la liberté économique n’a jamais été aussi grande. Le défi consiste à préserver les succès obtenus quant à la liberté économique et garantir que les programmes de réformes se concentrent sur le développement d’une liberté économique plus grande et non moindre.
Malgré le contretemps représenté par la dernière crise, la confiance dans la liberté comme force morale et libératrice semble donc renaître. Au fur et à mesure que nous entrons dans le 21e siècle, chaque fois plus de pays comprennent l’importance de l’adoption de cadres institutionnels libéraux pour améliorer la vie de leurs citoyens. Partout dans le monde, les gens réclament à leurs dirigeants d’appuyer et de maintenir les conditions économiques qui offrent la meilleure chance de croissance économique et de création de richesse, comme, par exemple, la possibilité de pouvoir choisir librement son travail, de lancer une entreprise, d’accéder facilement au crédit ou d’employer une carte de banque, depuis l’achat d’une maison au choix libre d’un service de santé, d’être soumis à des impôts justes et à des tribunaux impartiaux. Et même s’il existe une opposition décidée à la libéralisation économique – ceux qui, par exemple, réclament un relèvement des barrières douanières – et qui exige encore et toujours un plus grand interventionnisme de l’État, il ne faut jamais oublier que les privilèges spéciaux concédés à quelques-uns se traduisent pour la majorité de la population par de plus grandes difficultés pour travailler, épargner, investir ou consommer, bref, par moins de prospérité.
Une des premières phrase est un peu bizarre :
« Ce mot sent son bureaucratique à plein nez et laisse entendre que l’économie mondiale serait sujette au contrôle d’une entité maléfique située au-delà de l’influence humaine »
Ce mot sent son bureaucratique ? On comprend l’idée, mais la tournure de phrase n’est pas géniale
(je suis d’humeur tatillonne)
Les graphiques ne sont plus visibles, peuvent-ils être restaurés?