Peu de commentateurs économiques semblent prendre en compte les effets d’un ralentissement chinois, la plupart supposant que son économie continuera à se développer. Pourtant, l’activité manufacturière de la Chine s’est contractée en décembre.
Par Richard North, depuis Bradford, Royaume-Uni
Au cours de la série de crises qui afflige l’euro, la perspective d’un sauvetage par la Chine émerge de temps à autre. Personnellement, j’ai des doutes, après avoir longtemps entretenu l’idée que l’économie chinoise est un cas désespéré, sur le point de s’effondrer.
Maintenant, deux articles dans les médias confirment ce point de vue, directement et indirectement. Dans le premier, Ambrose Evans-Pritchard, l’éditeur des affaires internationales du Telegraph écrit un article pour nous dire que la bulle de crédit Chinoise a finalement éclaté, avec le crash des valeurs immobilières.
Ensuite, il y a un article de Joseph Sternberg dans le Wall Street Journal, qui nous explique pourquoi la Chine ne signera pas d’accord sur les émissions carbones [de dioxyde]. Pour les réduire, il faudrait simplement que la chine restructure son économie, écrit Sternberg – ce qui s’applique aussi aux économies occidentales.
En lisant entre les lignes, pour tous les avantages politiques et économiques qu’on pourrait retirer en s’alignant avec l’obsession du changement climatique – toute action ne serait jamais autre chose que cosmétique – étant donné que l’économie chinoise est dans un état si alarmant que les autorités ne se soucient même pas d’esquisser un mouvement dans la direction de la conformité en termes de norme de pollution.
Toutefois, ce ne sont pas les seuls signaux d’imminence de problème à venir. L’AFP nous informe que l’activité manufacturière de la Chine s’est contractée en décembre alors même que les investissements directs étrangers ont chuté pour la première fois en 28 mois.
Les exportations chinoises devraient croître de 10% l’an prochain, alors qu’une hausse de 20% était prévue. Elles lestent la croissance économique à un niveau inférieur à neuf pour cent pour la première fois depuis une décennie, selon l’agence. Et bien que de tels taux de croissance déclencheraient des réjouissances débridées dans les économies occidentales si elles pouvaient se permettre la même chose, pour une économie attachée à des niveaux élevés de croissance, c’est plutôt signe de crise en Chine.
Mais comme Ambrose le fait observer, il est difficile d’obtenir des données fiables en Chine. Cette estimation à la baisse peut s’avérer optimiste, surtout si la crise de l’euro entraîne des économies européennes dans la récession.
Curieusement cependant, la Chine attire emplois et capitaux. Il se prépare un scandale majeur concernant le comportement de la compagnie General Electric à Waukesha, au Wisconsin. Implanté depuis 115 ans et spécialisée dans les rayons X, elle prévoit de déménager sa division à Pékin. En plus de déplacer son siège, la compagnie investira 2 milliards de dollars en Chine, formera plus de 65 ingénieurs et créera six centres de recherche.
C’est la même General Electric qui a fait un profit de 5,1 milliards de dollars aux États-Unis l’année dernière, mais qui n’a payé aucun impôt. C’est aussi la même compagnie qui emploie plus de personnes à l’étranger qu’aux États-Unis.
Mais la critique a été la plus forte lorsqu’Obama a nommé Jeff Immelt, le président de la GE, à la tête de sa commission pour la création d’emplois (le tsar de travail). Immelt était censé aider à créer des emplois, mais personne ne lui a dit qu’il était censé créer ces emplois aux États-Unis.
Ce tollé montre bien la résistance grandissante à l’exportation d’emplois vers la Chine, au moment où le chômage dans le monde occidental est en train de devenir l’un des principaux enjeux politiques. Et quand on voit la Chine gonfler les droits de douane sur les produits manufacturés américains, nous ne pouvons écarter les possibilités diverses de guerres commerciales qui affecteront les Chinois, puis l’économie mondiale.
Malgré cela, peu de commentateurs économiques semblent prendre en compte les effets d’un ralentissement chinois, la plupart supposant que son économie continuera à se développer. Cela signifie aussi qu’il n’y a pas d’inconnue majeure, qui pourrait sévir dans le monde développé. Notre dépendance aux produits manufacturés bon marché est énorme, et une perturbation de ce marché pourrait avoir des effets incalculables.
Par conséquent, si la Chine est en difficulté, c’est plutôt grave – un nouveau péril jaune, pour ainsi dire. Mais le problème, plus insurmontable encore, semble être que personne ne prend la mesure d’une catastrophe imminente qui pourrait se profiler à l’horizon. Ajoutée aux problèmes que nous avons déjà, ce pourrait être la goutte qui fait déborder le vase.
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Sur le web.
Traduction : JATW pour Contrepoints.